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In Nomine Domini

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« Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité » (Jean XVIII. 37)


Rétractation - L'enseignement de Saint Thomas à propos de la sexualité

Publié par Jean-Baptiste sur 7 Septembre 2020, 00:26am

 

Rétractation

- L'enseignement de St. Thomas à propos de la sexualité -

 

Ici, je tiens à formuler une rétractation ou a minima une réserve par rapport à ce que j'ai dit dans ma dernière vidéo sur l'enseignement de Saint Thomas d'Aquin concernant la sexualité.

1°) J'ai expliqué que depuis le péché originel, la sexualité est viciée par la concupiscence, qui est en soi une chose mauvaise : la concupiscence n'est pas un péché mais porte au péché, et donc elle est mauvaise.

2°) Comme l'enseigne Saint Thomas, pour être bon l'acte sexuel doit être excusé par les biens du mariage. Or, ajoute-t-il, ce qui doit être excusé pour devenir bon, c'est ce qui est mauvais.

3°) Néanmoins il faut distinguer l'acte sexuel de la matière à laquelle il se rapporte (la sexualité elle-même), car une action relève de l'espèce morale tandis que la matière relève de l'espèce naturelle. Saint Thomas fait observer - et c'est la comparaison qui vient tout naturellement à l'esprit - que le fait de tuer quelqu'un, par exemple, peut être bon ou mauvais suivant si l'on agit sous le commandement de la loi ou de la nécessité d'une part (guerre juste, autorité de justice, légitime défense), ou si l'on commet un meurtre d'autre part. Dans les deux cas il s'agit d'une même espèce naturelle, mais l'espèce morale est différente ; or, dit-il, c'est pareil pour la sexualité : pour une même espèce naturelle, il peut y avoir des espèces morales différentes (fornication, adultère, ou au contraire usage légitime du mariage). 

Et il s'agit d'un sujet très complexe, sur lequel il faut se montrer prudent, pour les raisons suivantes :

1°) À propos du mode de multiplication actuel, il y a deux opinions : les Pères latins enseignent que sans le péché originel, l'humanité se serait multipliée de la même façon qu'aujourd'hui mais dans  un acte exempt de concupiscence ; tandis que les Pères grecs et plusieurs mystiques (Sainte Brigitte de Suède, la Vénérable Anne-Catherine Emmerich notamment) enseignent qu'elle se serait multipliée tout à fait différemment. Saint Augustin était au départ de l'avis des Pères grecs ; quant à Saint Thomas, il s'est rangé sur les Pères latins, arguant que la nature est fondée sur un principe de transmission et de réception, tel qu'il se manifeste dans nos organes sexuels ; mais la Vénérable Anne-Catherine Emmerich a dit, dans Les mystères de l'Ancienne Alliance, que cette relation matérielle existe précisément depuis la chute originelle :

« Avant le péché originel, Adam et Eve étaient fort différents de ce que nous, misérables humains, sommes à présents mais à cause de l'usage qu'ils firent du fruit défendu. Ils reçurent un devenir formel et temporel, et tout ce qui en eux était spirituel se mua en chair, matière, instrumentalité et réceptivité. Auparavant, ils étaient un en Dieu, et leur volonté ne faisait qu'une avec celle de Dieu ; désormais, ils sont divisés en leur volonté propre, qui est égoïsme, concupiscence, impureté. En cueillant le fruit défendu, l'homme se détourna de Dieu, son Créateur, et ce fut comme s'il usurpait le pouvoir de créer. Dans l'être humain, toutes les forces, les actions et les qualités, et leurs relations entre elles et avec la nature entière, sombrèrent au niveau de la matière, dans l'ordre corporel, et empruntèrent toutes sortes de formes et d'expressions. À l'origine, l'homme avait été établi par Dieu maître de toute la création désormais, tout se trouvait en lui rabaissé au niveau de la nature, il était comme un seigneur que ses esclaves eussent soumis et lié, et il devait à présent lutter et combattre contre ces esclaves. Je ne suis guère capable d'exprimer ces choses : c'est comme si l'homme avait possédé en Dieu l'origine et le centre de toutes choses, et comme s'il les avait ramenées a soi, si bien que ces choses étaient devenues ses maîtres(...).

« Le péché ne se trouva pas accompli par le seul usage du fruit défendu ; ce fruit renferme en soi la faculté d'une reproduction tout arbitraire, reproduction dans l'ordre des sens, qui sépare de Dieu : il est le fruit de cet arbre qui plonge ses branches dans la terre pour se reproduire en poussant ainsi de nouveaux surgeons, ceux-ci se multipliant à leur tour de la même façon, même après la chute. Aussi, ayant consommé ce fruit dans la désobéissance, l'homme se sépara de Dieu. et la concupiscence s'implanta en lui, et par lui dans toute la nature humaine. Cette usurpation des propriétés du fruit eut en l'homme, qui voulut ainsi satisfaire son désir propre, de funestes conséquences : la division, la déchéance de la nature, le péché et la mort.

« Apres la création d'Ève, Dieu avait accordé à Adam une bénédiction porteuse d'une faculté permettant à l'homme de se reproduire dans la sainteté et la pureté cette bénédiction fut retirée à Adam à cause de l'usage qu'il fit du fruit défendu, car je vis le Seigneur passer derrière Adam lorsque celui-ci quitta sa colline pour rejoindre Ève et lui retirer quelque chose : et il me sembla que le Salut du monde devait sortir de ce que Dieu avait repris à Adam.

 

« Un jour, à la fête de la sainte et immaculée Conception de Marie, Dieu m'accorda une vision de ce mystère : je vis la vie physique et spirituelle de tous les hommes comme contenue en Adam et Ève, et gâtée par la chute et mêlée au mal, ce dont les anges déchus tirèrent une grande puissance. Mais je vis également la seconde Personne de la Divinité descendre vers Adam et lui retirer la bénédiction divine, avec une lame recourbée, avant qu'il consentit au péché. Au même moment, je vis la Vierge Marie sortir du côté d Adam, comme une petite nuée lumineuse qui s'éleva vers Dieu.  »

 

2°) Comme l'explique Saint Thomas d'Aquin, à cause de la concupiscence qui l'infecte, la sexualité comporte une certaine défectuosité, une certaine « ressemblance au mal », mais il serait probablement téméraire et inexact de dire qu'elle est mauvaise en elle-même. Pour ma part, il me semble avoir dit dans ma vidéo qu'elle est bonne dans sa finalité plus que dans ses modalités, et je pense qu'il serait imprudent d'aller plus loin, sur un sujet aussi complexe. Quand j'ai affirmé que la sexualité ne pouvait pas être déclarée « bonne en elle-même », il y a danger d'être mal interprété. On voit, chez la Vénérable Anne-Catherine Emmerich, qu'avec le péché originel la sexualité est devenue l'image même du péché, le symbole de notre révolte ; le terme de « ressemblance au mal » employé par Saint Thomas est donc très approprié. Ce dernier en parle d'une façon radicalement différente des catholiques d'aujourd'hui, allant jusqu'à évoquer « la honte » durant l'acte matrimonial, pour désigner le trouble qu'on éprouve dans l'âme, et il utilise les mots de « défaut » ou encore « défectuosité », loin de l'apologie effrenée et inconsidérée des rapports sexuels dans notre monde corrompu par l'idéologie hédoniste et la poursuite désordonnée des plaisirs, au détriment des biens spirituels et de l'élévation de l'âme vers les aspirations plus nobles :

 

« Cette honte qui se joint toujours à l’acte matrimonial et qui en fait rougir est une peine et  non pas une faute, car tout défaut inspire naturellement à l’homme un sentiment de honte. » 

(St. Thomas d'Aquin, Somme théologique, Supplément, Q. 49)

 

 

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Ce que je reproche au Père Barbara dans sa « Catéchèse sur le mariage », c'est de se situer dans l'héritage d'une attitude qui a consisté, au moment du déclin de l'Eglise, à décomplexer de plus en plus cette matière, et au lieu d'insister sur le danger des plaisirs profanes comme le fait l'Evangile, de nombreux théologiens du XXème en ont fait la louange, au moins dans une certaine mesure. Dès la Renaissance il y a eu un déclin dans la discipline et dans l'enseignement des moralistes à cet égard, qui suit un parallèle exact avec le déclin de l'Eglise. Dom Guéranger avait rédigé un article où il observait le parallèle entre le déclin de la discipline du Carême et le déclin de l'Eglise, mais il a omis d'établir la même comparaison vis-à-vis de la discipline et de l'enseignement en matière de pureté (sujet si souvent négligé), qui n'a pourtant pas manqué d'être observé par les historiens profanes (Noonan, Pierre Payer, Jean-Louis Flandrin, et beaucoup d'autres).

 

D'où les paroles de Notre-Dame de Fatima dans la prophétie de Jacinthe laissée sur son lit de mort ; d'où les paroles de Notre-Dame de la Salette, quand elle dit, juste avant de décrire la grande apostasie « Les prêtres, ministres de mon Fils, les prêtres par leur mauvaise vie, par leurs irrévérences et leur impiété à célébrer les saints mystères, par l'amour de l'argent, l'amour de l'honneur et des plaisirs, les prêtres sont devenus des cloaques d'impureté » ; la Sainte Vierge a voulu ainsi établir un lien entre cette apostasie et l'impureté des prêtres (dans leurs doctrines comme dans leur vie). D'où les paroles de notre Mère dans beaucoup d'autres apparitions du XXème siècle, combattues par un épiscopat rebelle aux avertissements divins, où elle a dénoncé ce vice, pour nous faire comprendre qu'il allait conduire à la ruine de la chrétienté.

 

Il n'est pas faux de dire, comme l'ont fait les papes modernes (Pie XII, notamment) : « le plaisir ordonné à Dieu n'est pas mauvais, et donc la recherche du plaisir est permise lorsqu'elle Lui est ordonnée » ; mais l'ouvrage du MJCF « Vatican II : l'Eglise à la croisée des chemins (Tome II) », résume très bien le problème, sans s'apercevoir que la critique qu'il adresse au Concile, on peut déjà l'adresser aux papes de la première moitié du XXème siècle :

 

« Il nous faut rappeler que notre nature est profondément blessée et malade depuis le péché d'Adam et Eve, en sorte que la concupiscence est l'un des plus grands ennemis de notre âme. Aussi l'Eglise n'a-t-elle cessé au cours des siècles d'exhorter les chrétiens à mortifier leurs passions(...). En faisant l'éloge des rapports conjugaux pour "l'enrichissement des époux" [comme l'a fait Pie XII, et surtout le Père Barbara qui va jusqu'à parler de moyen de sanctification !], Vatican II apportait à ces mêmes passions un alibi inespéré(...). Un exemple nous aidera à le comprendre : le vin est une bonne chose lorsqu'il est pris modérément(...). Mais qui serait assez fou pour faire l'éloge du vin à un ivrogne invétéré ? Or nous sommes tous des ivrognes en puissance. Aussi la Sainte Ecriture prend soin de nous mettre en garde : "Le vin et les femmes font apostasier même les hommes sages !" (Eccl., XIX. 2). Contre l'affirmation de ce texte conciliaire, signalons l'enseignement de Saint Thomas d'Aquin : le mariage et l'usage du mariage  ne sont de soi bons et utiles qu'en vue de la génération, ils sont plutôt nuisibles pour tout le reste. Aimer véritablement son conjoint, c'est l'aimer dans son âme plus que dans son corps, pour l'éternité plus que pour la vie présente. Et cet amour-là sera souvent beaucoup mieux "signifié" par la chasteté et la mortification des passions que par l'acte charnel. »

 

La comparaison avec le vin est excellente, et j'en reparlerai dans ma prochaine vidéo. Le seul reproche que j'émets à l'encontre de ce très beau texte du MJCF, c'est de faire remonter le mal uniquement à Vatican II, alors que le discours qu'il lui impute s'est manifesté avant, quoique dans une moindre mesure. Encore une fois, tous les historiens profanes (cités plus haut) ont bien remarqué cette évolution dans la manière de prêcher : Saint Augustin et les autres Pères de l'Eglise insistaient sur la mortification et le danger de la recherche du plaisir, Saint Thomas d'Aquin et les autres théologiens du Moyen-Âge ont globalement continué de le faire, et c'est avec la Renaissance que la façon de prêcher a progressivement changé. Le XXème siècle fut alors LA chute vertigineuse ; et si les papes de cette époque ont tant parlé du mariage, c'est parce qu'ils sentaient qu'il était tant bafoué ; comme le disaient mes professeurs quand j'étais étudiant en droit « on parle tant de la sécurité juridique aujourd'hui, parce qu'elle n'existe plus ! »

 

Le Père Barbara a eu le tort de présenter la sexualité comme un moyen de sanctification (rien que ça !), ce qui est à la fois imprudent et en grande partie faux, dans le sens où la sexualité est plus souvent nuisible que bénéfique à l'âme, comme l'écrit le MJCF à juste titre, et comme l'a toujours enseigné l'Eglise ; et si son usage peut être vertueux voire méritoire en certaines occasions (notamment lorsque l'un des époux s'exécute avec répugnance, ce qui implique des mérites), les mystiques ont toujours dit que la majeure partie du genre humain en use davantage pour sa perte que pour sa sanctification : Saint Brigitte de Suède en parle de façon abondante, et Soeur de la Nativité va jusqu'à dire « j'ai vu en enfer une infinité de personnes mariées ».

 

Suite à la publication de ma vidéo, un prêtre sédévacantiste m'a rapporté des choses pénibles à propos d'erreurs morales particulièrement graves qui circulent dans nos milieux, et malheureusement, j'en avais déjà entendu parler ; cela ne fait donc que confirmer mes craintes, et j'y vois un signe de la providence. Bien que la plupart de nos prêtres n'enseignent heureusement pas de telles erreurs, il semble qu'elles soient moins rares qu'elles le devraient.

 

Il y a beaucoup de choses à dire sur la question de la pureté, et prochainement, j'en parlerai avec plus de prudence et de réserve, en construisant mon exposé (le texte est déjà bien avancé).

 

Ces derniers mois, j'ai subi des persécutions très dommageables avec ma vidéo sur l'immodestie vestimentaire dans la tradition (qui a converti des âmes), et sur la dignité dans l'usage du mariage. Comme par hasard ce sont toujours les sujets qui fâchent.

 

En vérité, mes années d'apostolat laïque ont été motivées par l'amour de Dieu et de l'Eglise, comme à cette heure avancée de la nuit où j'écris cet article, et je n'ai pas voulu "cracher sur la Fraternité Saint Pie X" ou sur nos milieux, comme on a pu m'en accuser ; mais je ne veux pas voir mes frères ressembler aux modernistes et aux païens. La Fraternité que j'aime, ce n'est pas celle qui fait la cour à l'Eglise moderniste, qui n'est autre que la maison de Sodome et la prostituée de l'Apocalypse. La Fraternité que j'aime, c'est celle qui dénonce l'apostasie d'Assise, en enseignant la vérité face au monde antéchristique.

 

Quand j'ai dénoncé l'état moral et spirituel d'une partie de nos milieux (en particulier dans la jeunesse), j'ai agi surtout par douleur, parce que nous vivons au milieu d'un cauchemar éveillé, où les bonnes moeurs sont foulées au pied. Un monde où la femme a perdu sa pureté n'a plus grand chose d'aimable à offrir tant il suscite de répugnance au juste et à l'homme de bien. Un monde dont les idoles sont des fantômes vides de toute spiritualité, Kim Kardashian ou encore les joueurs de football que nos contemporains hébétés contemplent comme des bienfaiteurs de l'humanité, cependant qu'ils participent au pourrissement de la société, en lui faisant croire qu'être quelqu'un de bien, c'est accomplir des performances sportives ou se produire sur une scène. D'où également le problème des séries télé, qui contribuent à véhiculer cette idée qu'on est quelq'un de bien quand on accomplit des choses exceptionnelles ; même dans nos milieux, les jeunes se nourrissent de ce néant et vivent dans un monde artificiel, comme le serpent qui se nourrit de la poussière et rampe sur la terre, symbole du pécheur accroché aux plaisirs trompeurs d'ici bas. Rien d'étonnant alors que certains, en vivant à la ressemblance de cette humanité corrompue et en se laissant gagner par le vide spirituel, se laissent aussi séduire par les enfants du péché qui les conduisent à leur perte éternelle, là où ils auraient beaucoup moins de prise sur eux si leur élévation d'âme leur faisait voir la profonde indigence de ces êtres en perdition.

 

Ce sont les miens que je veux défendre contre le monde et ses serviteurs. Je ne prétends pas avoir toujours employé de bons moyens ou formé des choix opportuns, mais Dieu juge l'intention, pas les moyens. Durant les nombreuses nuits d'insomnies causées par ma maladie, j'ai pensé à l'Eglise et à ce que je pouvais faire pour Notre-Seigneur Jésus-Christ. Certains m'ont écrit pour me dire qu'ils s'étaient convertis en regardant mes vidéos ou en lisant mes livres (qui ne portent pas tous sur la survie de Paul VI), et tant mieux, le Christ gagne ainsi des fidèles désireux de L'aimer et de Le servir. Je ne vise pas le nombre mais la qualité, j'aimerais mieux obtenir la conversion d'un futur saint que de mille chrétiens médiocres à l'image des prétendues "converties" du site "femme à part", qui ne cherchent que l'auto-gratification, la satisfaction du moi et l'amour de soi pour soi, à l'opposé de la Cité de Dieu de Saint Augustin.

 

 

 

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