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In Nomine Domini

In Nomine Domini

« Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité » (Jean XVIII. 37)


Innocent XI et l'usage superflu du mariage

Publié par Jean-Baptiste sur 17 Avril 2021, 17:16pm

 

Il y a environ un an, des sédévacantistes ont publié une brochure numérique faisant état de la condamnation de cette erreur laxiste par le Pape Innocent XI :

"L'acte du mariage accompli seulement pour le plaisir est dénué de toute faute vénielle."

 

Il semble que leur publication se soit largement inspirée de la brochure de mon frère, qui a beaucoup parlé de ce sujet, parce qu'il s'est intéressé à l'historique de la décadence de l'enseignement en matière de morale conjugale, qui a conduit à la crise de l'Église, comme l'ont révélé les exorcismes suisses...

Ici, j'aimerais reproduire un article que Simon avait publié sur son blog à ce sujet, en formulant quelques propos introductifs.

Comme je l'ai déjà expliqué dans plusieurs articles et vidéos, les prêtres de la tradition connaissent rarement la condamnation prononcée par le Pape Innocent XI, et quand on leur en parle, ils la comprennent totalement de travers : c'est ce qui est arrivé à chaque fois que mon frère a correspondu avec des prêtres de nos milieux. Je n'en connais qu'un seul qui ait compris le sens de cette condamnation.

Dans la théologie moderne (c'est-à-dire des derniers siècles), plusieurs théologiens ont eu tendance à faire une distinction inconnue jusqu'alors, étrangère à la théologie de Saint Augustin et Saint Thomas d'Aquin :

-User du mariage pour le plaisir seul ;

-User du mariage par amour.

 

Or, l'amour n'est pas une notion juridique, pas plus que la "haine" dans les lois actuelles qui répriment "l'incitation à la haine raciale". Cette notion n'a donc aucun sens pratique, et la distinction est aussi artificielle et inapplicable dans un cas comme dans l'autre. Les fornicateurs aussi prétendent s'accoupler "par amour" ; aussi, il est vain d'employer une telle distinction, et c'est la raison pour laquelle Saint Augustin et Saint Thomas préféraient cette logique sans réplique :

« Garder la continence, c'est l'état le plus parfait ; rendre le devoir conjugal est une chose permise ; l'exiger en dehors des nécessités de la génération, c'est un péché véniel. »

Saint Augustin, Le Bien du mariage

 

« Rendre le devoir conjugal pour préserver le conjoint de la fornication n’est pas un péché, car c’est s’acquitter du devoir conjugal. Mais l’accomplir pour ne pas s’exposer soi-même à la fornication, c’est faire une chose superflue et commettre un péché véniel. Le mariage n’a été institué pour ce but que par indulgence, et l’indulgence suppose l’existence des péchés véniels (q. 49, 5). »

Saint Thomas d'Aquin, Somme théologique,  Q. 49, 5

 

Comme vous pouvez le constater ici, Saint Augustin et Saint Thomas distinguent DEMANDER l'acte conjugal et LE RENDRE : car le rendre lorsque la charité et la justice y obligent, ce n'est pas la même chose que de le solliciter. À cet égard les deux princes de l'Eglise sont très clairs, tous les historiens les comprennent en ce sens (Pierre Payer, Noonan, Jean-Louis Flandrin notamment), car il suffit de savoir lire ! Mais face à cette évidence, il y a habituellement deux réactions différentes de la part de nos prêtres :

-Les uns n'admettent même pas cette interprétation (visiblement ils ne savent pas lire) ;

-Les autres ont au moins l'honnêteté de reconnaître que c'est ce que disent Saint Augustin et Saint Thomas ( ! ), mais ils affirment - à tort - que le magistère enseigne le contraire (Pie XI et Pie XII).

Or les papes Pie XI et Pie XII s'exprimaient dans le cadre de l'indulgence attachée au mariage, et pour reprendre les termes de Saint Thomas "l'indulgence suppose l'existence des péchés véniels". C'est le péché qui fait l'objet d'une indulgence, et non pas les actes vertueux ou indifférents ! Ils envisagaient l'union de façon globale, sans évoquer l'acte au point de vue de l'un ou l'autre des époux : ainsi, il est parfaitement juste de dire que lorsque l'un des époux sollicite son conjoint à des fins superflues, l'union est licite ; et ce tant parce que l'indulgence attachée au mariage rend véniel ce qui serait autrement mortel, et parce que l'époux qui rend le devoir fait un acte de charité, étant pur de tout péché s'il agit uniquement par ce motif. 

Lorsque le Pape Innocent XI a condamné la proposition précédemment mentionnée ("L'acte du mariage accompli seulement pour le plaisir est dénué de toute faute vénielle."), il l'a fait in abstracto, sans lui prêter de sens précis ; en d'autres termes, il l'a condamnée telle qu'elle était énoncée. Mais comme l'a écrit mon frère à juste titre, à la lecture des débats figurant dans l'article "Le Saint Office et le probabilisme", on peut constater que la proposition a été condamnée à l'initiative des Lovanistes, qui étaient accusés de rigorisme. Le Pape leur a donné raison, en dépit d'une vive opposition du parti adverse ; et donc, malgré le caractère "in abstracto" de la condamnation, il serait sage de reconnaître la vérité, plutôt que d'enseigner n'importe quoi dans les séminaires, sans jamais prendre la peine de lire ce qu'ont écrit les maîtres.

La condamnation Innocent XI a suscité des polémiques, je l'ai déjà constaté aussi sur un forum anglo-américain, et souvent les plus zélés à contester la vérité sont des gens mariés, parce qu'ils veulent défendre leur "droit à la concupiscence", comme un enfant brandissant son hochet.

Pour qu'un acte soit bon, il faut qu'il soit entièrement rapporté à sa fin ; or la fin du mariage est la procréation ; l'apaisement de la concupiscence constitue une fin secondaire, SUBORDONNÉE à la fin première.

Si vous êtes surpris de lire ce que j'écris ici, et que par aventure, vous décidiez d'en parler à un prêtre de la tradition, il est probable qu'il vous fasse ce genre de réponse :

"Vous savez, Madame, aujourd'hui, tout le monde s'improvise docteur sur internet ; écoutez les prêtres, pas des gens paumés comme lui. Regardez toutes les bêtises auxquelles il croit, le gars, il vous annonce que Paul VI va revenir, qu'il est encore en vie (rire gras)."

Dernièrement j'ai évité de mentionner ces sujets, à la fois parce qu'on ne peut pas le faire sans être traité de "frustré" ou d' "impuissant" (c'est également ce que disent les athées à propos de la doctrine de Saint Augustin sur le mariage), et parce que j'avais envie de m'intéresser à autre chose...

Soit dit en passant, le salut implique certaines frustrations terrestres, le devoir et la morale les imposent (et les récompensent !), la frustration n'est pas un gros mot, mais aux yeux de l'idéologie voluptueuse du monde moderne c'est l'indignité suprême.

Dans nos milieux, il y a des filles qui fréquentent des sites de rencontre remplis de fornicateurs, et après on s'étonne qu'elles se fassent déflorer et qu'elles vivent dans le péché ; si elles avaient appris à mépriser les biens du monde il en serait allé différemment. Le pire c'est que pour la plupart, elles ont tout pour être heureuses : elles pourraient facilement trouver un garçon de qualité et fonder une famille, avoir une vie honnête et épanouie ; au lieu de ça elles ne trouvent rien de mieux à faire que d'aller forniquer avec des bourricots. Par le passé, certains écrivains ou artistes comme Albert Camus vivaient dans le péché, mais les femmes qui couchaient avec eux avaient au moins "l'excuse" de tomber sous le charme d'hommes cultivés et raffinés ; à l'inverse, les amants de nos filles perdues à nous appartiennent rarement à cette catégorie...

Malheureusement, dans nos milieux, dès qu'on émet la moindre critique, on est vu par certains comme un "ennemi de la communauté", à l'image des sectes où il faut dire et penser la même chose que le gourou.

 

*

*        *

 

 

Références théologiques sur la morale conjugale

Publié par Simon le 2 Juillet 2017

Le théologien Eusebius Amort (1692-1775), connu comme l'homme le plus savant de son époque, recense un grand nombre d'auteurs de la plus haute autorité (avec les références exactes) ayant affirmé qu'il y avait péché véniel à solliciter le devoir conjugal pendant la grossesse, et précisant généralement que solliciter le devoir au-delà de ce qui est nécessaire à la procréation est toujours un péché au moins véniel. Si quelqu'un veut m'aider à compiler le maximum de ces textes en français, j'en serai très heureux. Je n'aurai pas le temps de tout traduire de l'anglais au français ou du latin au français. Rien que les références étaient si nombreuses que je n'ai pas voulu toutes les traduire.

CLASSIFICATION I : Saints Pères qui ont condamné l'usage du mariage pendant la grossesse

(note de Jean-Baptiste : en tant que péché véniel)

 

I Athénagoras
Apologie de la religion chrétienne, chapitre 33

II Saint Clément d'Alexandrie
Livre 2 Pédagogue chapitre 10
Livre 2 Strom
Livre 3 Strom
Livre 6 Strom

III Origène
Genèse Homélie 4
Homélie 5
Epist ad Rom chapitre 3
Homélie 6 St Luc

IV Lactance
Livre 5 Institutionum chapitre 8
Livre 6 chapitre 23

V Saint Ambroise
Psaume 118 Octon 19
Evangile Luc chapitre 1
Viduite

VI Saint Jérôme
Livre 2 contre Jovinien chapitre 30
Epître aux Galates chapitre 5
Epître à Tite chapitre 2

VII Saint Augustin
Livre 2 Rétractation chapitre 53
Livre 2 Confessions chapitre 2
Livre 1 Les moeurs catholiques chapitre 30
Livre 2 Les moeurs des manichéens chapitre 18
Lettre 121* chapitre 16 (Note de Simon: lettre 130 en réalité; à l'illustre Proba)
Livre 3 Doctrine Chrétienne chapitre 18
Enchiridion chapitre 78
Livre 13 la Trinité chapitre 18
Livre 3 la Genèse chapitre 13
Livre 9 la Genèse chapitres 3, 5, 6, 9
Livre contre le mensonge, chapitre 7
Livre Questions sur l'Evangile selon St Matthieu, question 17
Livre 2 Accord entre les Evangiles chapitre 1
Livre la continence chapitre 12
Livre le bien de la viduité chapitres 4, 8
Commentaire de l'Epître aux Galates
Livre 5 la Cité de Dieu, chapitre 6
Livre 15 Contre Fauste, chapitre 7
Livre 19 Contre Fauste, chapitre 26
Livre 22 Contre Fauste, chapitres 30, 48, 61
Livre 31 Contre Fauste, chapitres 5, 6
Livre 2 contre les adversaires de la loi chapitre 11
Livre le bien du mariage chapitres 3, 5, 6, 7, 9, 10, 13, 16, 17, 25
Livre 2 des unions adultères chapitres 11 et 12
Livre 1 du mérite et de la rémission du péché et du baptême des petits enfants chapitre 29
Livre 3 du mérite et de la rémission du péché et du baptême des petits enfants chapitre 12
Lib. 2. contra Pelagium , & Coeleflium cap. 33, 34, 38
Livre 1 le mariage et la concupiscence chapitres 4, 8, 12, 14, 15
Livre 2 le mariage et la concupiscence chapitre 35
Livre 2 contre Julien chapitres 7, 9, 10
Livre 3 contre Julien chapitre 14, 16, 21
Livre 4 contre Julien chapitres 1, 2, 4
Livre 5 contre Julien chapitres 9, 12, 16
Livre 1 contre deux lettres de Pélage chapitre 16
Livre 3 contre deux lettres de Pélage chapitre 5
Commentaire du Psaume 80
Lib. De. decem Chordis cap. 1 1.
Homil. 5o, inter 5o.
Sermon 34, chapitres 7, 8, 9 et 10
Sermon 53 chapitres

VIII Saint Fulgence
Lettre 1

IX Saint Grégoire le Grand
Lib. 32. Moralium in cap. 40., Jobi .c. 17.
Homélie 36 sur l'Evangile
Pastorale partie 3 chapitre 28
Livre 1 Lettre 24
Livre 12 Lettre 31

X Saint Isidore
Lib. 2. De Officio Ecclef. cap. 19.
Lib. 2. Sententiarum cap. 40

XI Pénitentiels
Théodore
Bède
Halitgarii
Rhabani Mauri
Andegavense
Pénitentiel Romain
Reginnis
Burchard de Worms
Augustanum

XII Pierre Damien - an 1065
Livre 1 Lettre 15

XIII Gratien

CLASSIFICATION II: témoignage des Pères et écrivains anciens qui n'admettent pas d'autres finalités au mariage que la procréation des enfants (Note de Simon: c'est l'unique fin première à laquelle toutes les autres sont subordonnées)

I Josèphe - an 70
8. Præpar. Evang. cap. 8.
lib. 2. De Bello judaico cap.2.

II Saint Justin Martyr

III Tertullien - an 200
Livre 1 la monogamie, chap. 2, 3, 4, 5
Livre 2 la monogamie, chap. 3
Livre l'âme chapitre 7

IV St Athanase - an 320

V St Grégoire de Nazianze - an 360
Carmine 2. in laudem Virginitatis n.225.
Carmine 56. ad Olympiadem.
Orat. 31

VI St Basile - an 361
Homilia in Ebriosos num. 3.

VII St Cyrille d'Alexandrie - an 390
L'adoration livre 15

§IV Tradition scolastique des Docteurs jusqu'au XVIème siècle qui n'admettaient pas d'autre finalité pour solliciter le devoir conjugal que la procréation, en excusant toutefois de péché mortel les rapports pendant la grossesse:
I Pierre Lombard
Magister Sententiarum lib. 4, diſt. 31. & 32.
Dist 32.

II Saint Raymond
In Summa lib. 4. §. 13. de Matrimon.

III Saint Albert le Grand - 6 an 1440
4 dist. 31. art. 21.

IV Guillaume de Paris - an 1240
Les sacrements

V Alexandre Ales - an 1240
In 3. parte quest. 35 membro. 8.
Idem parte 2, quest. 149. membro. 1
Idem membro 2.

VI Saint Thomas - an 1250
In 4. Sent, dist. 31. quest. 2. art. 2.

VII Saint Bonaventure - an 1250
In 4. Sent, dist. 3 1. quest. 2.

VIII Richard de Middleton - an 1290
In 4. dist. 32. q. 2.

IX Rainerius - an 1300
In Panteologia Tit. Matrimonium. 11. Cap. 11, 12, 13

X Pierre La Palud - an 1330
In 4. dist. 31. qu. 2. art. 1.
Ibid. qu. 3. art. 3.
Ibid. dist.32. art. 3.

XI Astesanus d'Asti - an 1330
In Summa Aflefana lib.8. tit. 10. artic. 4.
Ibid. tit. 9. art. 2.

XII Pisanus - an 1335
Summa

XIV Concile provincial de Bénévent - an 1374

XV St Antoine - an 1450
In summa , part. 3. Ti. 1. cap. 20 §.4, 5, 11.

XVI Bartholomaeus de Chaimis - an 1460
Interrogatorio poenitentium Tit. De conjugatis

XVII Jean de Fribourg - an 1480
In Commentario ad Summam S. Raymundi editam Avenione 1715. lib. 4. de Matrimonio §. 11,13

XVIII Angelus de Clavasio - an 1480
In fumma Angelica Tit. Debitum sic scribit, num. 20, 33

XIX Sylvester - an 1500
In Summa Tit. Debitum n.13

XX Pierre de Soto - an 1550
Lib. de Institutione Sacerdotum Lect. 16.

§V. Preuves de bon sens et de pratique
1. révélations de Ste Elisabeth de Schönau - an 1100
2. exemple des femmes illustres (note de Simon: voir commentaire de Cornélius a Lapide par exemple)
3. an 1200 In vita S. Hedwigis apud Surium ad 15.
4. Eusèbe Lib. 1. Demonst. Evang. c. 9.

 

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