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In Nomine Domini

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« Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité » (Jean XVIII. 37)


Le voyage de Paul VI à Fatima du 13 mai 1967

Publié par Jean-Baptiste sur 20 Mai 2014, 16:09pm

Catégories : #Paul VI

Comme vous pouvez le constater, Soeur Lucie n'était pas sédévacantiste ! Et à cette époque, il n'y avait pas de fausse Soeur Lucie ; c'est sous Wojtyla que son sosie lui a été substitué (voyez l'ouvrage de Laurent Morlier)

Comme vous pouvez le constater, Soeur Lucie n'était pas sédévacantiste ! Et à cette époque, il n'y avait pas de fausse Soeur Lucie ; c'est sous Wojtyla que son sosie lui a été substitué (voyez l'ouvrage de Laurent Morlier)

Jean-Baptiste ANDRÉ

 

Le voyage de Paul VI à Fatima

 

-

Dénonciation de la présentation erronée et tendancieuse

qu'en ont fait le mouvement dit de la Contre-Réforme-Catholique,

ainsi que l'abbé Villa, repris par les sédévacantistes

-

Les exigences de l'Histoire face aux propos de gazette et à l'imposture

 

Le mouvement de la Contre-Réforme-Catholique, dans ses ouvrages sur Fatima, a donné une mauvaise image du Pape Paul VI, conçue dès le départ en sa défaveur, controuvée. L'idée générale de ces écrits est que le Saint-Père avait refusé de publier le Troisième Secret, que son voyage au Portugal n'était que comédie, hypocrisie, et exhibition personnelle. Avant que de démontrer la supercherie de cette argumentation, il convient de rappeler que le pèlerinage de Paul VI à Fatima fut prédit par la voyante et stigmatisée Teresa Musco, dans son journal spirituel que la Vierge lui avait demander de rédiger dès l'âge de raison, au début des années 50, tandis qu'elle n'était qu'une petite fille de huit ans :

 

« Je veux te dire que le monde est mauvais. Je suis apparue au Portugal, donnant des messages, et personne ne m'a écoutée. Je veux te parler aussi à toi du Troisième Secret que j'ai donné à LUCIE à FATIMA, te dire qu'il a été lu mais que personne ne s'est prononcé. Ils désirent l'avoir pour eux seuls, personne ne se prononcera à le lire en public si le Pape Paul VI ne vient pas. Avec le temps, le pape le communiquera à tous. Il se rendra chez LUCIE à laquelle il dira « depuis le temps que j'attends cette visite », et le pape lui découvrira son visage. Ce pape demandera la prière et la pénitence à tous ; il n'osera pas parler [du Secret] parce que c'est épouvantable ».1

 

Ainsi, ce message prédisait l'élection du Pape Paul VI, son nom canonique étant explicitement mentionné ; c'est proprement stupéfiant. Il semble que la prophétie date de 1954. En tout état de cause, le fait qu'elle figure dans le Journal est une certitude ; le Père Gabriele Roschini l'a également mentionnée. Pourquoi la Sainte Vierge dit-elle du Troisième Secret que « personne ne se prononcera à le lire en public si le Pape Paul VI ne vient pas », tout en déclarant plus loin : « il n'osera pas parler [du Secret] parce que c'est épouvantable » ? À première vue, ces paroles semblent contradictoires. En réalité non, pour deux raisons : d'abord, le texte de Neues Europa du 15 octobre 1963, qui était une version partielle du Troisième Secret, avait été diffusé grâce à l'autorisation de Paul VI, le Pape l'ayant mise à disposition des milieux diplomatiques afin de les avertir du danger des armes nucléaires ; ensuite, le Secret sera vraisemblablement publié dans son intégralité au moment du retour de Paul VI.

 

Frère François de Marie des Anges commet une erreur lorsqu'il affirme ceci :

 

« Le Pape Paul VI prit connaissance du contenu du troisième Secret de Fatima presque deux ans après son élévation au souverain pontificat : « Paul VI le lut avec son substitut, Mgr Angelo Dell'Acqua, le 27 mars 1965 », indiquera Mgr Tarcisio Bertone, trente-cinq ans plus tard, lors de la divulgation du Secret. Ayant décidé de ne pas le publier, le Pape le renvoya aux archives secrètes du Saint-Office ».2

 

Il est illogique de prétendre que le Saint-Père n'a pris connaissance du texte qu'en 1965, puisque, comme nous venons de le voir, la version amputée publiée par le journal Neues Europa le 15 octobre 1963 précisait bien que : « Le Pape Paul VI a permis non seulement à Kennedy mais aussi à Kroutchev de jeter un regard sur certaines parties du Troisième Message de Fatima que la Mère de Dieu avait révélé le 13 octobre 1917 à la petite voyante portugaise LUCIE. Ce message est si pressant qu'il a même profondément impressioné les milieux qui s'étaient employés à la conclusion de l'accord de Moscou ».3 Comment imaginer que Paul VI ait autorisé la diffusion du message dans les milieux diplomatiques sans l'avoir lu au préalable ? Si le journal Neues Europa a pu publier cette version du Secret – certes amputée – alors le Saint-Père l'avait déjà lue en 1963. Joseph de Belfont, auteur d'un récent ouvrage sur Fatima, le confirme : « Toutefois, les informations données [par Mgr Bertone] sont notoirement incomplètes. En effet, il n'est pas fait mention de la date du 13 mai 1960 à laquelle Jean XXIII fit une lecture devant le cardinal Ottaviani, ni de celle du 27 juin 1963 à laquelle Paul VI prit connaissance du secret pour la première fois et qui est irréfutable puisque communiquée à plusieurs reprises par Monseigneur Loris Capovilla ».4 Ainsi, une note confidentielle de cet évêque, du 17 mai 1967, confirme la lecture du Secret par le Pape Paul VI dès le 27 juin 1963, soit quelques jours seulement après son élection au souverain pontificat : « Le jeudi 27 juin 1963, j'étais de service dans l'antichambre du Vatican. Paul VI, dans la matinée, recevait parmi d'autres, le cardinal Fernando Cento (qui était nonce apostolique au Portugal), et peu après l'évêque de Leira, Monseigneur Jean Pereira Venancio. En partant, l'évêque demanda « une bénédiction spéciale pour sœur Lucie ». Il est évident que durant l'audience, ils parlèrent de Fatima ».5 Deux lettres de Monseigneur Capovilla, du 20 juin et du 24 juin 1977, respectivement au Père Freire et au Père Alonso, réitèrent cette affirmation. Joseph de Belfont en conclut ceci : « Ainsi trois documents indiquent que la première lecture par Paul VI eut lieu le 27 juin 1963, soit cinq jours après son élection au pontificat et fut faite à partir d'un document se trouvant dans sa chambre ».

 

Il est également faux d'affirmer, comme le fait Frère François de Marie des Anges, que le Saint-Père avait « décidé de ne pas le publier [le Secret] ». S.S. Paul VI en a publié une version amputée, celle qui fut diffusée par le journal Neues Europa en 1963 : elle permettait au moins d'avertir les fidèles des châtiments physiques qui les attendaient. Mais pourquoi n'a-t-il pas publié dès le début la version intégrale ? À mon sens pour deux raisons : d'abord, la Sainte Vierge Elle-même nous a informé – notamment dans les révélations de Teresa Musco – qu'il était effrayé par le contenu du Secret (n'en allait-il pas de même de Soeur Lucie, qui s'en trouvait malade lorsqu'il lui fut demandé de le rédiger?) ; ensuite, et surtout, il me semble que le Pape Paul VI pensait avertir les événements. La partie amputée concernait ses épreuves personnelles (son remplacement par un sosie en 1972), et la grande apostasie, deux événements liés, puisque cette apostasie fut permise par l'existence du pape imposteur. Je dispose même de statistiques sur la fréquentation de la Sainte Messe chez les catholiques qui démontrent que celle-ci a commencé à chuter en 1972, alors qu'elle était demeurée stable depuis le début du pontificat de Paul VI ; mais pour des raisons de copyright, je ne crois pas pouvoir les inclure dans cet ouvrage.

 

Je ne vais pas jusqu'à dire que le Saint-Père savait qu'il allait être remplacé par un sosie, je prétends seulement qu'il a dû comprendre que le Secret le concernait lui ou tout du moins risquait de le concerner lui, en voyant l'année 1972. Pensant avertir les événements, il retarda la publication du document ; puis lorsque le Pape Paul VI s'aperçut qu'il devait le publier, que telle était la condition de l'extirpation de la loge, il était trop tard.

 

Quant au voyage du Saint-Père à Fatima de 1967, le mouvement dit de la Contre-Réforme-Catholique dresse un tableau faux et entièrement à charge. En réalité, comme Frère François Marie des Anges le reconnaît lui-même (à contre-coeur), Soeur Lucie et tout le peuple portugais étaient enchantés de cette visite : « Au lendemain du 13 mai 1967, elle [Soeur Lucie] exultait : « Nous sommes de retour à Coïmbre, l'âme débordante d'intimes allégresses ! Je me sens heureuse de cette gloire pour Notre-Dame, maintenant nous attendons d'Elle la paix pour le monde.6 Qu'Elle récompense le Saint-Père avec ce miracle de plus ! Prions en demandant cette grâce ».7

 

Frère François avoue encore que les experts de Fatima « ont voulu considérer la venue du Pape à la Cova da Iria comme une reconnaissance officielle des apparitions » ; et ils avaient raison ! Paul VI fut le premier pape à se rendre à Fatima, tout comme il fut le premier à publier une version (certes partielle) du Troisième Secret. Le 18 mai, Soeur Lucie ira jusqu'à dire ceci : « De ce que j'ai senti en voyant le Saint-Père, en recevant la sainte communion des mains de Sa Sainteté et en m'agenouillant à ses pieds, je ne peux rien en dire ! Cela m'a été une émotion si grande que je ne savais plus où j'étais ou presque ! Sa Sainteté a été si paternelle, si attentionnée, si aimable qu'il n'y a que Jésus-Christ lui-même, en personne, qui pourra l'être davantage ! Ce sont des moments du Ciel que Dieu nous accorde d'expérimenter sur la terre. Pour Notre-Dame et pour le Portugal cela a été beaucoup d'honneur et de gloire. Que maintenant, Elle nous aide à y correspondre avec fidélité ».8

 

À cette époque, il n'existait pas de fausse Soeur Lucie, car c'est seulement sous le règne de l'antipape Jean-Paul II que celle-ci est apparue ! Laurent Morlier traite de cette question dans son ouvrage sur Fatima ; il semble que les premières déclarations contradictoires de la prétendue Soeur Lucie aient été formulées en 1982. Souvenons-nous des paroles de Teresa Musco quant à cette religieuse : « le pape lui découvrira son visage ». Que signifiaient ces mots, qui m'avaient semblés à première vue étranges ? Ils voulaient tout simplement dire que c'était le Pape Paul VI qui allait « faire sortir » Soeur Lucie du carmel de Coïmbre, le temps de son pèlerinage à Fatima du 13 mai 1967, afin que le peuple portugais puisse découvrir le visage de sa voyante, cloîtrée depuis tant d'années, et dont les conditions d'isolement s'étaient accrues à compter de 1960, conditions « imposées par le Saint-Siège »9 (sous Jean XXIII, donc), en ce qu'il s'agissait de la date à partir de laquelle le Troisième Secret devait être publié, conformément à l'ordre de la Vierge. Le peuple portugais était ravi de voir la personne de Soeur Lucie, à tel point que l'automobile dans laquelle se trouvait la carmélite mit quatre heures à faire un trajet de cinq minutes, tant la foule se pressait autour ; elle-même avouait son bonheur de combler de joie ce peuple de fidèles venus exprès pour la Vierge, pour le Pape et pour elle : « Dès que les pèlerins se rendirent compte que j'étais là, ils entourèrent en foule la voiture de telle manière que l'on ne pouvait plus avancer... J'avais pitié de tous ces pauvres gens qui avaient fait tant de sacrifices pour venir prier et chanter aux pieds de Notre-Dame. Assurément, c'était Elle qui leur accordait cette petite consolation pour les récompenser... J'étais préoccupée à cause de notre Mère qui était fatiguée, mais j'étais prête, quant à moi, à tout ce que Dieu voudrait pour donner joie et satisfaction aux âmes, puisque Dieu avait disposé qu'il en fût ainsi ce jour-là ».10

 

D'autres accusations de Frère François de Marie des Anges ne sont pas justes. Par exemple, il évoque l'homélie de Paul VI comme un panégyrique de l'humanisme. Or, ceci présente deux problèmes. Premièrement, plusieurs révélations privées, notamment Bayside et les exorcismes suisses, nous ont appris que les cardinaux francs-maçons allaient jusqu'à modifier les discours de Paul VI, et donc que certaines phrases publiées ensuite comme étant du Saint-Père ne venaient en réalité pas de lui. Deuxièmement, à supposer que cette homélie n'ait pas été modifiée, Frère François l'a présentée de façon tendancieuse, en ne citant que la partie qui respirait quelque peu « l'humanisme montinien »11, s'il est permis de parler ainsi ; toutefois l'auteur s'est bien gardé de citer d'autres extraits de l'homélie du 13 mai 1967, qui s'ils étaient teintés de naïveté vis-à-vis du Concile Vatican II12, n'en exprimaient pas moins ensuite un avertissement prophétique :

 

« Notre première intention est pour l’Église : l’Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique. Nous voulons prier pour sa paix intérieure. Le Concile Œcuménique [qui s’était terminé seulement un an et demi auparavant] a réveillé une grande quantité d’énergie au sein de l’Église, il a ouvert des visions plus larges dans le domaine de sa doctrine, il a appelé tous ses enfants à avoir une connaissance plus claire, une collaboration plus intime et un apostolat plus énergique. Nous avons le souci de ce que tant de bénéfice et tant de rénovation se conservent et grandissent. Combien il serait préjudiciable si une interprétation arbitraire et non autorisée par le magistère de l’Église transformait cette renaissance spirituelle en une inquiétude qui dissolve sa structure traditionnelle et constitutionnelle, qui substitue la théologie des vrais et grands maîtres par des idéologies nouvelles et des interprétations arbitraires pour éliminer de la norme de la foi tout ce que la pensée moderne, souvent faute de lumière rationnelle, ne comprend ou n’accepte pas, et qui change l’aspiration apostolique de charité rédemptrice, en acquiescements face aux formes négatives de la mentalité profane et des habitudes du monde ! Combien de déception causerait notre effort de rapprochement universel, si nous n’offrions pas aux frères chrétiens, encore séparés de nous, et aux hommes qui ne possèdent pas notre foi le patrimoine de la vérité et de la charité dont l’Église est dépositaire et distributrice, dans sa sincère authenticité et sa beauté originelle ».

 

Certes, les maux consécutifs à Vatican II proviennent du Concile lui-même, et non de son interprétation ; mais cet aveu eût troublé les fidèles, et une fois encore, le Saint-Père se croyait capable de corriger le tir, là où en réalité, comme l'avaient dit les exorcismes suisses :

 

« Il ne pouvait plus(...)retenir les eaux du Concile, ou fermer les robinets une fois ceux-ci ouverts. Il lui fallut faire un moment le jeu de cette abomination, et il le fit un moment. D'abord il ne vit pas cela, parce qu'on ne lui avait pas transmis les paroles que le Pape Jean XXIII prononça sur son lit de mort. Jean XXIII a dit clairement : « J'ai causé un désastre avec ce Concile que j'ai convoqué. Dites-le à mon successeur ! » Il l'a terriblement regretté ».

EXORCISME DU 2 FÉVRIER 1979

 

 

Les catholiques ont beau jeu de critiquer Paul VI, mais tous ne savaient pas non plus comment réagir à l'époque. Le Saint-Père a sans doute dénoncé du mieux qu'il a pû, dès ce moment et dans cette homélie, en tentant de ne pas alarmer les fidèles, la subversion qui se profilait à l'horizon.

 

Frère François de Marie des Anges accuse également le Pape d'avoir souhaité amenuiser par ses paroles la dévotion mariale, d'avoir fait la cour au protestantisme. Rien n'est moins vrai, puisque le jour du voyage de Paul VI à Fatima fut en même temps celui de son exhortation apostolique Signum magnum, peu connue et intitulée de cette manière : « La vénération et l'imitation de Marie, Mère de l'Église, modèle de toutes les vertus ».

 

Citons à cet égard cet extrait sans équivoque de l'introduction :

 

« À l'occasion des cérémonies religieuses qui se déroulent ces jours-ci à Fatima, au Portugal, en l'honneur de la Vierge Mère de Dieu, où elle est vénérée de nombreuses foules de fidèles pour son cœur maternel et miséricordieux, Nous désirons attirer encore une fois l'attention de tous les fils de l'Église sur le lien très étroit qui existe entre la Maternité spirituelle de Marie, telle qu'elle est largement illustrée dans la Constitution dogmatique Lumen gentium, et les devoirs qu'ont envers elle, en tant que Mère de l'Église, les hommes rachetés. Si, en effet, en vertu des nombreux témoignages des textes sacrés et des Pères, rappelés dans cette même Constitution, on admet que Marie, Mère de Dieu et du Rédempteur, lui a été unie par un lien étroit et indissoluble, et qu'elle a eu un rôle tout spécial dans le mystère du Verbe incarné et du Corps mystique, c'est-à-dire dans l'économie du salut, il apparaît évident que la Vierge, non seulement en tant que Mère très sainte de Dieu, présente aux mystères du Christ, mais aussi en tant que Mère de l'Église, est légitimement honorée par l'Église d'un culte spécial, surtout liturgique. Il n'y a donc pas à craindre que la réforme liturgique, si elle s'effectue selon la formule: Que la règle de la croyance fixe la règle de la prière, puisse nuire au culte absolument unique, dû à la Vierge Marie en raison de sa dignité de Mère de Dieu. Et, par contre, on ne doit pas craindre non plus que le développement du culte tant liturgique que privé qui lui est rendu puisse rejeter dans l'ombre ou diminuer le culte d'adoration qui est rendu au Verbe incarné, ainsi qu'au Père et à l'Esprit-Saint ».13

 

Ceci démontre bien, une fois de plus, que la manière dont la Contre-Réforme-Catholique présenta le voyage du Saint-Père à Fatima était entièrement à charge, et particulièrement injuste ! Mais ce n'est pas tout ! Frère François Marie des Anges écrit : « Par ailleurs, Paul VI ne gardait du message de Fatima que l'appel à « la prière et à la pénitence », conformément aux thèses de Dhanis, le censeur de la Vierge » ; il conclut de façon lapidaire : « Quant au reste du message, c'est-à-dire la volonté absolue de Notre-Seigneur de voir l'Église honorer, aimer, louer le Coeur de sa très saine Mère, tout comme le dessein divin d'établir dans le monde la dévotion à ce Coeur Immaculé, Paul VI l'ignorait ». Double accusation : anéantissement de la dimension eschatologique du message de Fatima, et mépris pour la dévotion mariale. Or, Paul VI n'allait évidemment pas répéter dans son homélie tout ce qu'il avait déjà dit le jour même dans son exhortation apostolique. Qui plus est, dès le début de cette exhortation, la première phrase de l'introduction mentionnait Marie comme le signe de l'Apocalypse : « Le signe grandiose que saint Jean vit dans le ciel: une femme enveloppée de soleil, la liturgie l'interprète, non sans fondement, comme se rapportant à la Très Sainte Vierge Marie, Mère de tous les hommes par la grâce du Christ rédempteur ».

 

De sucroît, contrairement à ce qu'affirme Frère François, le Saint-Père a explicitement rappelé qu'il avait renouvelé la consécration du monde au Coeur Immaculé de Marie en 1964 (fait peu connu, là encore), et il a invité les fidèles à renouveler leur consécration personnelle, en conclusion de son exhortation apostolique :

 

« Et puisque cette année on célèbre le 25e anniversaire de la consécration solennelle de l'Église et du genre humain à Marie, Mère de Dieu et à son Cœur immaculé, faite par Notre Prédécesseur de sainte mémoire, Pie XII, le 31 octobre 1942. à l'occasion du radio message à la nation portugaise -- Consécration que Nous-même avons renouvelée le 21 novembre 1964, -- Nous exhortons tous les fils l'Église à renouveler personnellement leur propre consécration au Cœur immaculé de la Mère de l'Église, et à mettre en pratique cet acte très noble de culte en menant une vie toujours plus conforme à la volonté divine, dans un esprit de service filial et de sainte imitation de leur Reine du ciel.

 

« Nous exprimons enfin, Vénérables Frères, Notre confiance que, grâce à vos encouragements, le clergé et le peuple chrétien confiés à votre ministère pastoral répondront d'un cœur généreux à Notre exhortation, de telle sorte que leur piété et leur confiance envers la Vierge Mère de Dieu deviennent plus ardentes et plus fermes. Réconforté par cette certitude que l'insigne Reine du ciel et notre très douce Mère ne cessera jamais d'assister tous et chacun de ses enfants, et ne privera jamais l'Église du Christ tout entière de son céleste patronage, de tout cœur, Nous accordons à vous-mêmes, et à vos fidèles, en gage des divines faveurs et en signe de Notre bienveillance, la Bénédiction apostolique.
 

« Donné à Rome, près de Saint-Pierre, le 13 mai 1967, quatrième année de Notre pontificat.
PAULUS PP. VI »

 

Le Saint-Père avait lui même renouvelé la consécration du monde au Coeur Immaculé de Marie, lors de la clôture de la troisième session du concile Vatican II, le 21 novembre 1964 ; cependant, il commit la même erreur que Pie XII, car la Sainte Vierge avait demandé la consécration singulière de la Russie, et non le monde entier. Si Paul VI a commis cette erreur, il n'est pas le seul, car contrairement à ce qui est souvent dit, aucun pape14 n'a jamais entièrement satisfait à la volonté de Notre-Dame.

 

Car les conditions, très précises, étaient les suivantes :

 

1. Il doit s’agir d’un acte solennel et public, effectué à la face de toute l’Église et du monde entier de manière claire et nette, excluant toute ambiguïté.

2. Il est demandé un acte de réparation et de consécration de la Russie, c’est-à-dire que l’esprit de réparation, si présent dans l’ensemble du message de Fatima, doit totalement imprégner cet acte.

3. La Russie doit être l’objet précis et unique de cette consécration.

4. Le Saint Père doit engager son autorité suprême de chef de l’Église universelle, non seulement en faisant cet acte, mais en ordonnant à tous les évêques catholiques du monde de le faire avec lui.

5. Enfin, le Saint Père doit promettre de promouvoir la dévotion réparatrice envers le Cœur Immaculé de Marie.15

 

À chaque fois, le Diable s'y est bien pris pour qu'une condition manque ! La faiblesse humaine étant ce qu'est elle, les Papes ne lui ont pas échappé, même Pie XII. Ainsi, peut-on faire plus injuste accusation que celle du mouvement de la Contre-Réforme-Catholique ? L'exhortation Signum magnum, publiée le jour même du voyage à Fatima du 13 mai 1967, rappelait jusque dans son nom le symbole eschatologique de ce lieu de pèlerinage, Notre-Dame y étant apparue revêtue du soleil ! Frère François est dans le faux sur toute la ligne ! Donnons « le coup de grâce » : comment reprocher à Paul VI d'anéantir la dimension eschatologique des apparitions mariales, quand il a montré tant de sollicitude à l'égard de Garabandal, qui est précisément l'un des lieux d'apparitions les plus eschatologiques de notre temps ? Citons à cet égard le site internet des Amis de Garabandal :

 

Le 13 janvier 1966, Conchita fut convoquée à Rome par le Cardinal Ottaviani de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Elle lui fit une impression favorable. Elle fut reçue également par le pape Paul VI. Le Pape Paul VI, lors d’une audience au Vatican, a dit à un Père Jésuite, au sujet de Garabandal : « C’est l’histoire la plus belle de l’humanité depuis la naissance du Christ, c’est comme la seconde vie de la Très Sainte Vierge sur la Terre, et il n’y a pas de mot pour la remercier ».16 Puis en 1966, lors d’une audience publique, le Pape Paul VI s’est approché de la voyante Conchita, et malgré les tentatives des cardinaux présents pour l’empêcher de l’approcher, lui dit : « Je te bénis et avec moi toute l’Église te bénit ! » Lors d’un entretien d’un quart d’heure avec le Pape, Conchita lui a donné la date du Grand Miracle ».17 À la suite de cet entretien, le Saint-Père supprima les Canons 1399 et 2318 interdisant les pèlerinages non-reconnus et la diffusion de leurs messages. Il accorda la bénédiction apostolique à la propagation des messages de Garabandal. En janvier 1969, l'évêque de Santander y étant hostile, le Pape Paul VI le pria de ne rien faire contre ce lieu d'apparitions. L'évêque lui désobéit.

 

Frère François de Marie des Anges décrit Salazar, président du Conseil portugais, comme ayant désapprouvé l'attitude du Saint-Père lors de son voyage à Fatima. Une telle chose est possible, encore qu'il convienne là-encore d'en vérifier les sources, mais dans tous les cas, le mieux est de garder en mémoire les paroles prophétiques de ce grand homme, citées par Frère François lui-même : « Paul VI sera un Pape martyr : non pas physiquement, mais spirituellement18, en souffrant de la crise dans laquelle l'Église est en train de sombrer ».19 Mots clairvoyants et inspirés !

 

1Teresa Musco et les larmes de sang.

2Frère François de Marie des Anges, Jean-Paul Ier le pape du secret, toute la vérité sur Fatima, CRC (novembre 2003).

3Louis Emrich, « L'avenir de l'humanité à la lumière de l'accord de Moscou et des révélations de la Mère de Dieu à la Salette et à Fatima », Neues Europa, 15 octobre 1963.

4Joseph de Belfont, Mystères et vérités cachés du troisième secret de Fatima : réflexions d'un . Chap. 14, p.207.

5Ibid, chap. 8, p.143.

6Soeur Lucie parle de « paix pour le monde », mais elle n'est pas traitée d'humaniste par Frère François de Marie des Anges ! Lorsque ces paroles sortent de la bouche de Paul VI, il s'agit d'humanisme et d'idéologie maçonnique, mais lorsqu'elles sortent de la bouche de Soeur Lucie, il s'agit sans doute de compassion et de sollicitude pour le message de la Vierge ?

7Lettre citée par A.M. Martins, Fatima caminho da paz, Braga, 1983, p.92.

8Cité par Martin dos Reis, Lettre à mes amis n°100 du 1er janvier 1962.

9Frère François de Marie des Anges, Jean-Paul Ier le pape du secret, toute la vérité sur Fatima.

10Cité par Martin dos Reis, Sintese critica de Fatima, éd. Salesianas, Porto, 1968, p.95.

11Cet état d'esprit n'avait rien à voir avec celui de Wojtyla ; Mgr Basile Harambillet a bien résumé le caractère naïf et utopiste, mais non pas malveillant (encore moins maçonnique), de Paul VI.

12Au demeurant, le Saint-Père n'était pas le seul, à l'époque, à ne pas prévoir toutes les conséquences de ce concile. Sans doute par optimisme, il pensait pouvoir corriger le tir ; ou bien il a souhaité, paternellement, rassurer les fidèles.

13Traduction obtenue sur ce site internet : http://eucharistiemisericor.free.fr/

14Ni même aucun antipape, même si dans tous les cas, leur consécration est invalide.

15http://www.fatima.be

16Ce sont de très belles paroles, comme il en a prononcé d'autres.

17Les Amis de Garabandal. 1211 Genève 19 – Suisse.

18En réalité Paul VI le fut aussi physiquement !

19Constança Cunha, O independente, 3 mai 1991.

Ajout pour les personnes qui m'ont objecté que ce n'était pas la vraie Soeur Lucie :

 

Les prophéties de Teresa Musco notamment, qui sont allées jusqu'à prédire les ravages de Vatican II, semblent exclure que le Saint-Père ait rencontré une fausse Lucie.

Certains m'ont objecté que dès le voyage de Fatima de 1967, ce n'était pas la vraie Soeur Lucie qui avait rencontré le Pape. Cette question n'est pas d'une importance primordiale, car si tel était le cas, cela ne changerait rien à la manière malhonnête et tendancieuse dont la CRC a présenté le voyage du Saint-Père. D'ailleurs, le Pape Paul VI ne pouvait pas savoir si la religieuse était bien la vraie. Cependant, comme nous venons de le voir, l'existence du sosie de Soeur Lucie n'est avérée qu'à partir de 1982 : jusque-là, ses déclarations ne comportent aucune contradiction, et son comportement ne manifeste rien de suspect. Ceux qui prétendent qu'il y avait déjà un sosie en 1967 s'appuyent sur des différences faciales entre deux photographies :

Le voyage de Paul VI à Fatima du 13 mai 1967

Sur la photographie de gauche, en particulier, la dentition de Soeur Lucie est mauvaise. On ajoute parfois que la personne de droite a l'air trop jeune pour une femme de soixante ans (l'âge de la voyante à cette époque). Quant à la dentition, vu le progrès des soins dentaires entre ces deux époques, nous répondons que Soeur Lucie a pu en bénéficier. Concernant l'âge, la religieuse présentée aux pèlerins en 1967 étant assez corpulente, la graisse a tendance à dissimuler les rides. Sur d'autres photographies, elle n'a pas l'air si jeune. L'examen photographique destiné à déterminer l'identité réelle d'une personne est parfois très difficile, y compris pour les experts en anatomie faciale ; je l'ai moi-même admis dans le cas du Pape Paul VI, ce qui ne m'empêche pas de croire à son remplacement par un sosie (car il existe d'autres preuves plus fiables).

 

Comme le dit le site internet Salve Regina, consacré aux apparitions de Fatima, au moment du voyage de Paul VI du 13 mai 1967, personne ne songeait à mettre en doute l'identité de la religieuse, en partie parce que son visage correspondait très bien à celui de la petite Lucie :

Le voyage de Paul VI à Fatima du 13 mai 1967

 

Les orbites et le nez, semblent-ils enfoncés, sont tout-à-fait semblables ; cette déformation faciale, caractéristique des sociétés modernes, est très représentative des défauts qu'observa Weston Price, célèbre dentiste du XXe siècle, qui a étudié les différences de santé entre populations modernes et primitives. La ressemblance des deux photographies étant assez évidente, il me semble vain d'invoquer l'image de 1946, d'ailleurs de qualité douteuse, pour affirmer qu'il y aurait eu un sosie dès 1967. Nous le répétons, l'existence de la fausse Soeur Lucie n'est prouvée qu'à partir de 1982, du fait de déclarations contradictoires (il y en eut plusieurs à compter de ce moment), d'hérésies ou d'absurdités publiées dans les témoignages de cette femme, ainsi que de son attitude (notamment lorsque l'antipape Jean-Paul II la communia).

 

Plusieurs raisons permettent même de conclure, à mon sens, que la personne présentée en 1967 était nécessairement Soeur Lucie. Rappelons que les exorcismes suisses du 4 août 1986, lorsqu'ils avaient évoqué l'existence du sosie (sous Wojtyla, et non avant!) avaient déclaré ceci : « La vraie Soeur Lucie ne serait pas venue. La vraie Lucie sait, au fond d'elle-même, et pressent que c'est le faux pape et qu'il n'est pas vraiment pape. Elle ne serait pas venue. Elle est plus réservée. Elle ne se serait pas laissée présenter ainsi devant tout le monde ». On pourrait objecter : pourquoi est-elle venue en 1967 ? Précisément, c'était d'abord de mauvais gré. Bien qu'elle se soit montrée heureuse sur le moment (surtout en raison de sa vénération pour le Saint-Père, et par amour du peuple portugais), elle était venue à contre-coeur, à tel point que la religieuse avait au départ l'intention de désobéir à son évêque, car elle souhaitait demeurer au cloître ; le nonce de Lisbonne, lorsqu'il lui téléphona, lui expliqua qu'elle devait se rendre à Fatima sous peine de péché mortel : « Si cela n'avait été qu'un désir du Saint-Père et non un ordre, précisait Barthas, elle aurait préféré rester au monastère. Le nonce lui expliqua qu'il s'agisssait d'une volonté formelle de Paul VI ».1 Il « lui affirma qu'elle désobéirait gravement au Saint-Père si elle n'y allait pas ».

 

Le président Salazar, selon Frère François de Marie des Anges, avait mal vu cette volonté de Paul VI, estimant que le fait de présenter ainsi aux foules la célèbre voyante du Portugal avait quelque chose d'indiscret. Le Saint-Père a-t-il commis une erreur ? Difficile à dire, mais il en fut ainsi. En tout état de cause, la fausse Soeur Lucie n'aurait sans doute pas hésité à venir, ce n'est pas l'humilité qui l'en aurait défendue !

 

Rappelons que la fascinante prophétie de Teresa Musco, relative au voyage de Paul VI dans cette ville, nous informait que le pape « découvrirait son visage » (de Soeur Lucie), ce qui décrit avec beaucoup d'acuité la situation de 1967, à savoir le fait que cette religieuse carmélite cloîtrée depuis tant d'années, au moins depuis 1949, soit sortie et ait montré aux Portugais un visage qu'ils ne connaissaient certainement pas, en tout cas depuis sa claustration. À l'époque, il n'y avait aucune nécessité pour la loge de faire paraître un sosie. La prophétie de Teresa suppose nécessairement qu'il s'agisssait de la vraie Soeur Lucie. Elle correspond d'ailleurs parfaitement aux événements, les Portugais ayant été enchantés ce jour-là de découvrir pour ainsi dire leur célèbre voyante. D'autres éléments le prouvent. Par exemple, Soeur Lucie a pleuré lorsqu'elle se trouvait en compagnie du Saint-Père : « Mgr Hnilica conduisit alors la voyante sur le devant de la tribune. Lorsque ces centaines de milliers de fidèles l'aperçurent auprès du Pape, ils exultèrent. Les applaudissements emplirent l'esplanade alors que la voyante, en proie à une vive émotion, pleurait.2 « Des larmes coulaient lentement, paisibles », rapporte le P. Almeida. »3

 

La fausse carmélite aurait-elle manifesté semblable émotion ? Il est permis d'en douter.

 

C'est après la Messe que Soeur Lucie fut présentée au pape : « Paul VI lui tend les bras. La religieuse se précipite aux genoux du Saint-Père qui lui met la main gauche sur sa tête... Sa timidité a disparu, elle a tant de choses à dire au Pape qu'elle ose lui demander à plusieurs reprises : « Je veux vous parler seule à seul » ».4

 

Ce fait est intéressant, car pourquoi la religieuse carmélite, qui la veille ne désirait pas venir, demandait maintenant cet entretien ? À mon sens, soit parce que le refus du 12 mai tenait à sa répugnance à paraître en public, sans exclure, donc, qu'elle ait souhaité un entretien privé avec Paul VI ; soit parce qu'entre-temps, un message céleste lui fut donné, qui lui ordonna de confier quelque chose au Pape.

 

Le P. Almeida donne un témoignage sur le sujet qui livre des détails intéressants : « Soeur Lucie a rencontré le Pape uniquement sur le podium et à son siège, près de l'autel où il venait de célébrer la Messe. Le Pape s'est assis et sœur Lucie s'est agenouillée devant lui. Tout s'est passé volontairement en public, chacun pouvait l'entendre et donc il n'y a aucun secret. Soeur Lucie a présenté au Saint-Père, non pas une enveloppe, mais une sorte d'écrin marron(...). Et comme la sœur n'arrivait pas à l'ouvrir, elle a sorti un petit canif pour essayer ; en vain, car elle était trop émue. C'est moi qui ai ouvert le petit écrin et l'ai présenté au Pape qui souriait toujours ».5 Là encore, la fausse Soeur Lucie aurait-elle été si émue ?

1 Cité par Frère François, Barthas, « O supposto silencio de Paul VI em Fatima », dans Fatima 50, n°12, avril 1968, p.15.

2 Pierre Gallay, La Croix, 15-16 mai 1967, p.9.

3 Frère François de Marie des Anges, Jean-Paul Ier le pape du Secret, toute la vérité sur Fatima.

4 Paris-Match, n°946 du 27 mai 1967, p.53.

5 Cité par Frère François de Marie des Anges, déclarations du P. Almeida sur Radio-Vatican, du 15 mai 1967, recueillies par le P. Lucas.

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