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In Nomine Domini

In Nomine Domini

« Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité » (Jean XVIII. 37)


Les calomnies de Sodalitium, de Laurent Glauzy et des sédévacantistes

Publié par Jean-Baptiste André sur 22 Mai 2014, 13:41pm

Catégories : #Paul VI

 

Jean-Baptiste ANDRÉ

 

Les calomnies portées contre S.S. Paul VI

Extraits de « La survie de Paul VI et le Secret de Fatima »

 

 

Cette lecture sera utile aux survivantistes qui pensent – à tort – que Paul VI était mauvais avant 1972 mais qu'il s'est converti ! En réalité son histoire a souvent été falsifiée par la Loge pour les besoins que vous connaissez : détourner les âmes de la question de sa survie miraculeuse.

Dans le n°34 de Sodalitium figure une calomnie douloureuse que reprennent aujourd'hui de nombreux sédévacantistes, contrevenant sans équivoque à la vérité historique ainsi qu'à la vénération due au Saint-Père Paul VI, dernier pape à avoir porté la tiare et dernier pape légitime :

« Trente octobre 1958, deuxième jour de pontificat. Il fallait nommer de nouveaux cardinaux, il fallait se prononcer ; le dernier consistoire datait de 1953 et il manquait bien dix-sept chapeaux pour atteindre le plafond de soixante-dix fixé par le Pape Sixte V. Jean XXIII, Tardini à ses côtés, dicta les noms des premiers choisis « à commencer par Mgr Montini, archevêque de Milan », comme il l’écrivit lui-même dans son journal. « Le premier fruit de notre pontificat » dira-t-il par la suite. Il n’était pourtant pas sans ignorer que Montini avait perdu la confiance de Pie XII qui l’avait éloigné de Rome et exclu du Conclave en lui refusant la pourpre cardinalice [c'est ici que se situe la calomnie]. Les conséquences de cette nomination, nous les subissons encore aujourd’hui. »1

Lorsque l'on consulte les publications évoquant le Pape Paul VI, on est surpris de constater que pour les uns, il s'agit d'un agent communiste et d'un « pédocriminel », et que pour les autres, il s'agit d'un saint.

La différence est que les documents en sa faveur proviennent de maisons d'édition anciennes et vénérables, des paroles de papes et d'actes officiels du Saint-Siège (même d'avant Vatican II, j'entends)2 ; tandis que les documents en sa défaveur, eux, proviennent de la presse mondiale stipendiée, ou des ennemis de l'Église : journalistes sans vergogne, personnes de mœurs défendues, protestants fanatiques et exaltés qui voient les Illuminati jusque chez les mérovingiens... Une fois encore, il faut donc opposer à l'imposture et au mensonge les rigueurs de l'Histoire.

Les calomnies de Sodalitium sont distinctes de celles de L.G., car les guérardiens sont en règle générale plus prudents dans leurs affirmations que les sédévacantistes complets3 ; cependant, nous allons voir que leurs mensonges comportent un point de jonction : l'affirmation selon laquelle Pie XII a nommé Mgr Montini archevêque de Milan, non pas pour le récompenser, mais pour le punir. Le guérardien dira parfois : parce que Montini a vendu les prêtres de l'Est au parti communiste4 ; le lecteur de L.G. ou le sédévacantiste complet y ajoutera souvent : « parce qu'il était pédocriminel et sodomite ».

Ce mensonge est très répandu parmi les sédévacantistes. Nous assistions nous-même à la Sainte Messe dans un prieuré sédévacantiste5 (il y a peu de prêtres survivantistes), et tandis que nous faisions remarquer à un fidèle que Pie XII et Mgr Montini étaient de grands amis, ce fidèle nous a répondu sarcastiquement, très sûr de lui : « oui, voilà bien la raison pour laquelle Pie XII l'a puni en l'envoyant à Milan ».6 Et de nous raconter, par la suite, que selon tel abbé sédévacantiste, Paul VI avait « pratiqué le péché de sodomie ». Ce fidèle a également repris l'accusation mensongère affirmant que Mgr Montini aurait trahi les prêtres de l'Est. Il importera donc de vous prouver maintenant l'ineptie du propos, que l'on retrouve sur wikipédia (encyclopédie inégale), selon lequel le Pape Pie XII aurait nommé archevêque Mgr Montini par punition ; de même nous n'épargerons pas le mensonge relatif aux prêtres de l'Est. Auparavant, mettons en lumière les carences majeures de l'article de L.G., qui reprend l'erreur de la nomination-sanction.

L.G. s'appuie sur l'abbé Villa ; or, de l'aveu même de la revue Sodalitium, cet abbé « péchait souvent par un manque total de sens critique et de vérification des sources, jetant ainsi parfois le discrédit sur ce qu’aurait été une bataille antimaçonnique bien plus efficace » (18 novembre 2012). L. G., dans la suite de son article, écrit : « Le 21 juin 1963, le cardinal Montini, contre lequel le Padre Pio et le cardinal Ottaviani avaient mis en garde l’abbé Villa, fut élu Pape, sous le nom de Paul VI ». Il est en réalité impossible que le Padre Pio ait « mis en garde l'abbé Villa » contre le cardinal Montini, pour deux raisons : premièrement l'année même de sa mort, il lui écrivit une lettre protestant de son obéissance envers lui et démontrant sa vénération (considérant la personnalité du Padre Pio, il est aisé de comprendre qu'il ne pouvait mentir et contrefaire ses sentiments) ; deuxièmement, il a prédit son pontificat (et non pas celui de Wojtyla, comme le prétendent les modernistes).7

La lettre, en particulier, semble être un document fiable. La voici, précédée des commentaires du site internet sur lequel elle figure8 :

« Padre Pio écrivit cette lettre au Saint-Père, profitant de l'occasion de la rencontre entre Paul VI et les délégués de l'Ordre Capucin réunis pour leur chapitre en 1968. Ce texte est un témoignage exceptionnel d'amour et de fidélité à l'Église et au Pape.

« Qui connaît un peu la vie du Padre, sait bien que ce ne sont pas là simplement des mots...

« De plus, l'Église se trouvait traversée de courants contestataires, notamment à la suite d'une encyclique du Pape sur la régulation des naissances. Padre Pio en fait mention ».
 

 

« Sainteté,


« Je profite de votre rencontre avec les Pères capitulaires pour m'unir spirituellement à mes confrères et déposer humblement à vos pieds mon affectueux respect, toute ma dévotion envers Votre Auguste Personne, dans l'acte de foi, d'amour et d'obéissance à la dignité de Celui que Vous représentez sur la terre. L'Ordre des Capucins a toujours été en première ligne pour l'amour, la fidélité, l'obéissance et le dévouement au Siège Apostolique ; je prie le Seigneur qu'il reste ainsi et qu'il continue sans sa tradition de sérieux et d'austérité religieuse, de pauvreté évangélique, d'observance fidèle à la Règle et aux Constitutions, tout en se renouvelant dans la vitalité et dans l'esprit intérieur, selon les Directives du Concile Vatican II, pour être toujours plus prêt à accourir dans les nécessités de la Mère l'Église au signe de Votre Sainteté.

« Je sais que votre coeur souffre beaucoup ces jours-ci pour le sort de l'Église, pour la paix du monde, pour les si grands besoins des peuples, mais surtout pour le manque d'obéissance de certains, même catholiques, à l'enseignement élevé que vous nous donnez, assisté par l'Esprit Saint et au Nom de Dieu. Je vous offre ma prière et ma souffrance quotidienne, comme don modeste, mais sincère, du dernier de vos fils, afin que le Seigneur vous réconforte par Sa Grâce pour continuer le chemin droit et pénible, dans la défense de la Vérité Éternelle qui ne change jamais avec les changements des temps.

« Au nom de mes fils spirituels également, et des « Groupes de Prière », je vous remercie pour la Parole claire et décisive que vous avez dite dans la dernière Encyclique « Humanae Vitae », et j'affirme à nouveau ma foi, mon obéissance inconditionnelle à vos directives éclairées.

« Que le Seigneur veuille accorder le triomphe à la vérité, la paix à son Église, la tranquillité aux peuples de la terre, la santé et la prospérité à votre Sainteté, afin que, lorsque ces bourrasques passagères se seront dissipées, le Règne de Dieu triomphe dans tous les coeurs, par votre oeuvre apostolique de Pasteur Suprême de toute la chrétienté.

« Prosterné à vos pieds, je vous prie de me bénir, en même temps que mes confrères, que mes fils spirituels, que les « Groupes de Prière », que mes malades, que toutes les initiatives de bien que nous nous efforçons d'accomplir au Nom de Jésus et avec Votre protection.


« De votre Sainteté, le plus humble fils, P. Pio, Capucin. »


 

Le Padre Pio mentionnant l'encyclique Humanae Vitae, qui a été promulguée le 25 juillet 1968, il est possible de conclure que cette lettre du moine capucin fut écrite entre cette date et celle du 23 septembre 1968, qui est le jour de sa mort.

Suite à la mort du moine Capucin, telles furent les paroles du Pape Paul VI, le 20 février 1971 (soit trois ans après la mort du Padre Pio), tandis qu'il recevait les supérieurs de l'Ordre des Capucins : « Regardez quelle renommée il a eue, l'audience mondiale qu'il a rassemblée autour de lui ! Mais pourquoi ? Peut-être parce qu'il était un philosophe ? Parce qu'il était un sage ? Parce qu'il avait des moyens à sa disposition ? - Non, mais parce qu'il célébrait la Messe avec humilité, confessait du matin au soir, et était, c'est difficile à dire, un représentant de Notre-Seigneur marqué de ses stigmates. C'était un homme de prière et de souffrance » ».

La lettre du Padre Pio est d'autant plus intéressante qu'elle fut écrite en 1968, c'est-à-dire la dernière année de la vie du saint prêtre ; ainsi, cette lettre était comme l'ultime témoignage de sa fidélité, de son obéissance, de son amour filial. De surcroît, elle était postérieure à la déclaration sur la liberté religieuse, de 1965, qui n'empêchait visiblement pas le Padre Pio de reconnaître Paul VI comme pape, contrairement aux sédévacantistes. Pourtant, ce prêtre stigmatisé savait beaucoup de choses non seulement sur sa paroisse, mais sur le monde, sur la situation de l'Église, sur tout ; le Seigneur lui donnait une connaissance pour ainsi dire intuitive de choses que le commun des mortels ignorait. Bien sûr, il n'était pas omniscient ; mais il avait une connaissance très étendue de l'état du monde et de tout ce qui l'entourait. Si Paul VI n'avait pas été pape, nous osons dire qu'il l'aurait très certainement su ; or il croyait à Garabandal, qui avait prédit la venue de Paul VI et le qualifiait nécessairement de pape légitime. Les exorcismes suisses ont dit explicitement que si le Padre Pio avait connu Wojtyla9, il aurait su qu'il n'était pas pape.


 

L'élection du Pape Paul VI prophétisée par le Padre Pio et Teresa Musco

 

Voici maintenant la prophétie de l'élection de Paul VI au souverain pontificat : « Padre Pio eut également ce don particulier par lequel quelques âmes privilégiées ont le pouvoir de prédire des choses ou des événements futurs. Le moine de Pietrelcina s'en servit toujours pour le bien des âmes. Parmi des nombreux exemples possible, rappelons l'épisode dans lequel il prédit le pontificat de Paul VI. Quelques années avant l'élection du cardinal Montini, le commandeur Alberto Galletti, de Milan, demanda à Padre Pio une bénédiction pour son archevêque, qui était justement le cardinal Montini [comprenez : celui qui allait devenir le cardinal Montini]. « Non pas une, mais un flot de bénédictions !..., répondit Padre Pio, et ma prière indigne. Mais toi, dis à l'Archevêque qu'après celui-ci, ce sera lui, le pape. As-tu compris ? Tu dois le lui dire, parce qu'il doit se préparer » ».10 

Cette prophétie du Padre Pio a parfois été appliquée à Jean XXIII, parfois à Paul VI, et parfois à l'antipape Jean-Paul II ; il est donc difficile de s'y retrouver ! Toutefois, un ouvrage fiable démontre qu'elle s'appliquait au Saint-Père Paul VI :

« Le 6 février 1964, Paul VI reçut en audience privée Mgr Crovini qui, on s'en souvient, avait été envoyé en mission à San Giovanni Rotondo par le cardinal Ottaviani et qui tenait le Padre Pio en haute estime. Sa mission avait précédé celle de Mgr Maccari. L'entrevue fut féconde. Paul VI réalisa que toutes les lettres et les rapports favorables au stigmatisé avaient été systématiquement arrêtés. Lui qui, lorsqu'il était évêque de Milan, avait dit qu'une messe célébrée par le Padre Pio valait plus qu'une mission, apprit alors que le capucin stigmatisé avait prédit son élection comme pape. Dans l'intention, sans doute, de ne pas désavouer Jean XXIII, il préféra agir doucement. Un mois après son entrevue avec Mgr Crovini, il envoya à San Giovanni Rotondo un cardinal de la curie qui y passa plusieurs jours. »11

Autrement dit, c'est Mgr Crovini qui a informé Paul VI que le Padre Pio avait prédit son élection en tant que pape. Or, il faut savoir que cet évêque était justement celui qui avait défendu le prêtre capucin sous Jean XXIII, donc une source particulièrement fiable. Le pontificat de Jean XXIII avait constitué une rude épreuve pour le Padre Pio, car le rapport de Mgr Crovini, entièrement favorable à ce moine, n'avait pu être transmis au pape, comme l'explique la citation précédemment mentionnée, qui nous informe que « toutes les lettres et les rapports favorables au stigmatisé avaient été systématiquement arrêtés ».

En effet, Mgr Crovini avait enquêté sur place, à San Giovanni Rotondo, paroisse du Padre Pio, mais le rapport qu'il remit à son retour fut « bloqué », car un autre dossier, qui lui, était au contraire entièrement négatif, avait été transmis au cardinal Ottaviani ; il venait d'une femme malveillante qui donnait de faux rapports à Mgr Bortignon, évêque capucin de Padoue et principal adversaire, pour ne pas dire ennemi, du Padre Pio. La revue « le Royaume » décrit ainsi la suite : « Entre-temps, le Supérieur général des Capucins, informé de cette enquête, demanda à Jean XXIII d’ordonner une visite apostolique au Couvent du Padre Pio. Au moment où le rapport de Mgr Crovini, en faveur du Padre Pio, allait être transmis au Pape, ce dernier répondait favorablement au Supérieur général en demandant au Cardinal Ottaviani d’envoyer un visiteur. Mgr Ronca fut choisi comme visiteur apostolique, mais cette nomination fut contestée par les supérieurs majeurs appuyés par les ennemis du Padre Pio : ainsi le décret du Cardinal fut annulé ».12

Sous Jean XXIII, le Padre Pio avait subi bien des affronts et des persécutions, car le Pape, trompé sur son compte, reçevait de fausses informations. Suite aux rumeurs de la presse affirmant que Jean XXIII avait décrit le moine capucin comme un saint, le Saint-Père fut d'ailleurs très irrité : « Voici la réponse de Jean XXIII à ces inventions inqualifiables. Le 16 août, de Castel Gandolfo, il écrivait de sa main au secrétaire Mgr Loris Capovilla (j’ai sous les yeux la photocopie de la lettre): « Il serait bon que vous écriviez de ma part, en privé, à Mgr Andrea Ceserano arch. de Manfredonia, que tout ce qui a été écrit dans Incom sur les rapports entre le Padre Pio et moi n’est que pure invention. Je n’ai jamais eu aucun rapport avec lui, je ne l’ai jamais vu, ni ne lui ai jamais écrit, il ne m’est jamais passé par l’esprit de lui envoyer des bénédictions ; personne, ni directement ni indirectement, ne m’a jamais rien demandé de tout cela, ni avant le Conclave ni après, jamais. Dès le retour de Mgr Dall’Acqua il faudra voir ce qu’il convient de faire pour arrêter ces inventions qui ne font honneur à personne » ».13

C'est sous Paul VI que les principales persécutions contre le moine capucin prirent fin, lorsque les rapports de Mgr Mario Crovini purent enfin atteindre le Saint-Père. Dès avril 1960, donc sous Jean XXIII, cet évêque avait été chargé par le cardinal Ottaviani d'enquêter sur place, à Giovanni Rotondo, afin de faire la lumière sur l'affaire Padre Pio. Mgr Crovini était alors Substitut au Saint-Office. Cela signifie donc que la prophétie de l'élection du Pape Paul VI au souverain pontificat fut transmise à Mgr Crovini soit du Padre Pio lui-même, soit des autres moines ; car l'évêque effectuait son enquête sur les lieux. De surcroît, ceci est rapporté dans l'ouvrage du R.P. Luna, fiable tant par l'identité de son auteur (un prêtre), que par la date à laquelle il a été publié, à savoir 1969, soit un an seulement après la mort du Padre Pio ; autant dire, donc, qu'il s'agit d'une source primaire, d'un document d'époque, au contraire des inventions modernistes relatives à la prédiction de l'élection de Wojtyla, qui elles ont été fabriquées des dizaines d'années après afin de tenter d'accréditer cet antipape.

La revue Sodalitium, qui a mentionné cette prophétie sans la prendre au sérieux, s'est bien gardée de s'informer sur son authenticité et sur le fait de savoir à qui elle s'appliquait ; et pour cause, il s'agit d'un élément de plus en défaveur de la thèse sédévacantiste. Ce n'est certes pas par les révélations privées qu'on détermine si un pape est légitime ou non14, mais nous constatons que deux stigmatisés, morts en odeur de sainteté, et ayant reçu les plus grandes grâces mystiques, ont prophétisé le pontificat de S.S. Paul VI, Teresa Musco allant jusqu'à indiquer dans son journal son nom canonique, presque une décennie à l'avance ; des faits suffisants pour mettre la panique à bord chez les sédévacantistes ? Pensez donc ! Les révélations privées ne sont pas dignes des théologiens et des hommes doctes ! Il convient d'ailleurs de noter que le Padre Pio et Teresa Musco, tous deux italiens, étaient en relation mystique. C'est ce moine qui l'engagea à faire vœu de virginité. Il lui apparut le 15 octobre 196315, à 1h30 de l'après-midi, lui apporta la Sainte Communion, et lui dit ensuite : « Mon enfant, veux-tu consacrer ta virginité à la Madone ? -Oui, je le veux », répondit Teresa.

La prophétie du journal de la stigmatisée est encore plus fiable, ou au moins aussi fiable que celle du Padre Pio, car elle est écrite noir sur blanc dans son journal, et nous le répétons, elle indique bien le nom canonique de S.S. Paul VI. Or, le couvent moderniste qui détient le journal est peu susceptible de falsifier ces révélations – au demeurant confirmées par Gabriele Roschini – car elles comportent des dénonciations de Vatican II et des conséquences de la réforme liturgique, prédites, là encore, une dizaine d'années à l'avance. Si ce couvent avait modifié la prophétie de l'élection de Paul VI en sa faveur, il aurait donc également modifié les prédictions relatives à Vatican II.

Certaines personnes nous ont fait part de leurs doutes quant à Teresa Musco. En réalité, c'est qu'elles n'ont jamais lu ses biographies ! Tout comme le Padre Pio, elle s'est vue accorder les plus grandes grâces mystiques. Nous n'en citerons qu'une seule :

« Le professeur Eligio Marroni, de Roccasecca dei Vosci, province de Latina, déclare s'être fait opérer en 1972 sur le conseil de Teresa Musco, qui lui avait prédit n'avoir sinon pas plus de huit jours à vivre(...). On lui enleva un kyste de 1,6 kg qui était sur le point de séparer l'aorte du cou(...). Toutes les phases de l'opération furent prévues par Teresa, qui suivit en bilocation l'intervention chirurgicale. Plus tard, à Caserta, Teresa a décrit les lieux, les personnes et les circonstances de l'opération ».16

Enfin, quant au mensonge selon lequel le Padre Pio aurait prédit l'élection de Wojtyla, l'antipape Jean-Paul II a lui-même démenti cette idée, comme il est écrit dans le Philippine Daily Inquirer du 16 juin 2002. Sur internet, un article du Spirit Daily, de Franck M. Rega, précise que Wojtyla a démenti par deux fois cette rumeur : d'abord auprès de l'évêque Capucin Flavio Carraro en 1984, puis auprès de Mgr Riccardo Ruotolo, directeur de l'hopital de Padre Pio, en 1987.


 

Le mensonge de la nomination-sanction de Mgr Montini

comme archevêque de Milan

 

Ces considérations étant évoquées, il nous faut revenir à la question de l'élection de Mgr Montini en tant qu'archevêque de Milan. L'ouvrage de Maria Winowska réfute de la manière la plus claire l'allégation selon laquelle le Pape Pie XII aurait nommé Mgr Montini par punition...

« On s'étonnait dans les milieux proches du Vatican que les deux sostituti, Mgr Montini et Mgr Tardini, ne montaient pas en grade. Les conjectures et les pronostics battaient leur plein lorsque, pendant l'allocution consistoriale du 12 janvier 1953, Pie XII déclara : « Nous avions l'intention de faire entrer dans le Sacré Collège [le cardinalat] les deux prélats très distingués préposés à chacune des deux sections de la Secrétarie d'Etat. Leurs noms étaient les deux premiers inscrits sur la liste des cardinaux à désigner que nous avions préparée. Cependant, tous les deux, par un insigne témoignage de vertu, nous supplièrent si instamment de leur permettre de décliner cette haute charge, que nous crûmes devoir accéder à leur demande et à leurs vœux réitérés. Ce faisant, nous avons voulu récompenser en quelque manière leur vertu et nous les avons promus, comme vous le savez, à un poste d'honneur plus élevé qui répond mieux et d'une façon plus adéquate aux dimensions de leur laborieuse activité ». En effet, Mgr Tardini et Mgr Montini venaient d'être nommés pro-secrétaires d’État ».

Les paroles de Pie XII sont limpides : son intention était de créer cardinaux les deux prélats, mais ils ont refusé, et donc il a souhaité les gratifier d'une charge qui les honoreraient tout de même. Le Pape parle bien de « récompense ». Par conséquent, prétexter d'une raison occulte, ou de « diplomatie » dans les paroles, revient à accuser Pie XII de mensonge.

Plusieurs amis de Mgr Montini se scandalisèrent de son refus :

« Mon vieux, dit l'un deux sans ménagement, tu as raté l'autobus pour monter plus haut !

Mais peut-être, fut la réponse, ai-je gagné une meilleure place dans le carrosse (carrozella) qui monte au paradis ! »

La nomination de Mgr Montini en tant qu'archevêque intervint le 1er novembre 1954, soit un an et dix mois après le consistoire du 12 janvier 1953. Là encore, seuls les sédévacantistes sont capables d'y voir une punition, car la lettre apostolique est sans ambiguïté :

« Il nous a semblé, écrit le vieux Pape, que personne n'était plus indiqué pour assumer cette haute charge que toi, mon Fils bien aimé, que nous connaissons intimement et de longue date, et dont nous apprécions les qualités remarquables, les dons de l'intelligence, la force de l'âme et la profonde piété jointe au zèle pour le salut des âmes. Pendant toutes ces années où tu nous as été proche, en te dévouant sans compter aux affaires de l'Église, tu as non seulement bien mérité du Siège apostolique mais, de plus, tu as eu l'occasion d'acquérir tant d'expérience des hommes et des choses qu'en vérité, personne ne nous paraît plus apte et mieux préparé à prendre en charge la métropole de Milan ».

Dans ses dernières années, Pie XII était malade, bien que sa mort en 1958 ne fut pas une mort naturelle. Aussi, la maladie l'empêcha de conférer lui-même la consécration épiscopale à Mgr Montini. Ce fut donc le cardinal Tisserant qui s'en chargea, le 12 décembre 1954. Or, à la fin de la cérémonie, le pape tint à adresser « un message personnel » à Mgr Montini, qui fut diffusé par les hauts-parleurs de la Basilique Saint-Pierre. Maria Winowska nous rapporte les faits : « D'une voix voilée par la souffrance il lui dit son regret de ne pas avoir pu l'élever lui-même à la plénitude du sacerdoce, l'assura « de sa présence spirituelle » et le bénit en évoquant « les longues années de service où les joies et les douleurs alternaient », en offrant des vœux « tout illuminés de foi et d'espérance » pour l'avenir du nouveau pasteur, « notre frère dans le sacerdoce ». »

Ainsi, le Pape Pie XII, qui ne put procéder lui-même à la cérémonie, tint à adresser un message vocal à Mgr Montini, et ce malgré sa maladie, ayant même de la peine à parler. Quelle sollicitude pour une « ennemi de Montini » ! A cet égard, Maria Winowska eut ce témoignage lucide et clairvoyant : « Il faudrait être brouillé à mort avec la plus élémentaire psychologie pour chercher de la littérature ou des formules conventionnelles dans ces phrases heurtées, haletantes, j'oserais presque dire : gonflées de larmes ».

Quant à la nomination de Mgr Montini, l'Oxford Dictionary of Popes dit bien que l'évêque a refusé de devenir cardinal, distinguant ainsi la rigueur historique de la rumeur et des simples interprétations :

« Promu pro-secrétaire d'État en novembre 1952, il déclina le chapeau cardinalice en décembre 1953 et fut nommé archevêque de Milan en novembre 1954, un énorme diocèse confronté à des problèmes sociaux ; la nomination fut interpétée comme un signe de défaveur papale. Se présentant lui-même comme « l'évêque des travailleurs » mais accompagné par ses légendaires 90 caisses de livres, il se lança avec une immense énergie dans la tâche de restaurer son diocèse miné par la guerre et gagna la confiance des masses industrielles abandonnées ; durant trois semaines, en novembre 1957, il organisa une mission intense destinée à atteindre chaque paroisse de la ville ».17

Ces informations sont en parfaite conformité avec celles du site internet du Vatican :

« Lors du consistoire secret de 1952 le Pape Pie XII annonça qu’il avait eu l’intention de nommer Montini et Domenico Tardini au Sacré Collège, mais qu’ils avaient tous deux demandé à être dispensés de l’accepter. En lieu et place il conféra à ces deux personnes le titre de pro-secrétaire d’État. L’année suivante Montini a été nommé archevêque de Milan, mais toujours sans le titre de cardinal. Il prit possession de sa nouvelle mission le 5 janvier 1955 et se fit bientôt connaître sous le nom d’ « archevêque des travailleurs ». Il a revitalisé tout le diocèse, a prêché le message social de l’Évangile, a travaillé pour reconquérir la classe ouvrière, promut l’éducation catholique à tous les niveaux, et a appuyé la presse catholique. Son influence sur la ville à cette époque était si grande qu’elle a attiré l’attention du monde entier ».18

Ceci se trouve encore confirmé dans le n°497 de la revue Paris Match, document évidemment beaucoup moins important, mais tout de même un document d'époque, donc une source primaire.19 Une photographie occupant les deux pages du journal montre Mgr Montini en prière devant la dépouille du défunt pape Pie XII, le prélat laissant entrevoir un visage chagriné par la douleur de la mort de son ami. On peut lire en légende : « Devant sa dépouille embaumée, la prière de celui qui fut le plus près de lui : son fils spirituel, Mgr Montini » ; une seconde légende précise : « Mgr Montini, archevêque de Milan (ci-dessus, A G20), est venu saluer le corps du Pape recouvert d'un voile de cellophane. Il fut son plus intime collaborateur et refusa par humilité d'être cardinal ».

L'exorcisme suisse du 27 mai 1985 ne dit pas autre chose :

« Le Pape Paul VI était un ami intime du Pape Pie XII. Cette amitié était un des plus grands exemples de vraie amitié comme entre David et Jonathan. Paul VI était plein de bonne volonté, plein d'enthousiasme et d'une profonde piété. Par souci des âmes [et non pas pour un autre motif] Pie XII lui a confié la diocèse de Milan.

« Le pape Paul VI calomnié et méprisé par les traditionalistes.

« Les francs-maçons au Vatican étaient furieux de constater la cordialité entre Montini et Pie XII qui se retiraient tous les deux pour supplier le Seigneur pour le bien de l’Église devant le Tabernacle. Les rapports entre Montini et Jean XXIII étaient également cordiaux.

« Les francs-maçons voulaient empêcher par tous les moyens la nomination de Paul VI en tant que successeur de Jean XXIII. Mais à cette époque-là il y avait tout de même au Vatican de bons pasteurs qui restaient longtemps et avec ferveur sur 1eurs genoux pour avoir un successeur digne de cette charge.

« Et voilà! Le Pape Paul VI fut nommé et couronné. Ce fut une grande fête sur terre ainsi qu'au Ciel. Le Pape Paul VI était « Flos Florum », la Fleur des Fleurs, le lys qui répand une odeur céleste par sa chasteté, pureté et zèle et sincérité. Son gouvernement aurait pu se développer dans un cadre très illustre si nous n'avions pas été présents (les démons) par les maçons.

« Dans Sa Justice éternelle, LE TRÈS-HAUT nous a laissé autant de liberté, surtout pour la fin des temps, de séduire et tromper les gens avec toute notre force et raffinement. C'est pour cette raison que toute la splendeur de ce pape « Fleur des Fleurs » est tombée en ruine et nous avons réussi à tromper le monde entier. »

Ainsi, comme il avait été dit à d'autres moments, le Ciel s'est réjoui de l'élection du Pape Paul VI, et sans les machinations de la Loge le pontificat du Saint-Père aurait pu être « très illustre ». Ces révélations sont diamétralement opposées aux propos de plusieurs survivantistes, qui prétendent que l'élection de Paul VI avait d'abord arrangé la franc-maçonnerie mais qu'il s'était converti en 1972. D'autres aveux intéressants du même jour affirment qu'avant même que le sosie ait été mis en place, de nombreux documents publiés au nom de Paul VI ne venaient pas de lui, et que le sceau papal était falsifié, ce qui est conforme aussi bien aux autres révélations privées qu'à plusieurs faits relatifs au pontificat de Paul VI, évoqués notamment par Theodor Kolberg : tel est le cas par exemple de la suppression des exorcismes du baptême. Voici la citation en question : « Ses déclarations furent supprimées et falsifiées. Déjà dès le début, avant que le sosie fût installé, les francs-maçons ont changé ses déclarations en mettant dans ses lettres des phrases que lui n'aurait jamais publiées. Ils ont imité le sceau papal et publié des choses que Paul VI n'aurait jamais permises. De cette manière ils ont trompé les évêques, les prêtres et les missionnaires… »

 

Le mensonge de la prétendue démission forcée de Mgr Montini

en tant qu'aumônier de la FUCI

 

Une autre invention du même goût que celle de la nomination-sanction en tant qu'archevêque de Milan, est celle de la prétendue démission forcée de Mgr Montini en tant qu'aumônier de la FUCI21, qui rassemblait des étudiants catholiques. L'ouvrage de Maria Winowska permet là encore de comprendre la fraude de cette idée :

« La Secrétairerie d'État l'absorbe de plus en plus, son étonnante capacité de travail ne suffit plus à faire face. C'est alors, le 12 mars 1933, qu'un dur sacrifice lui est demandé : de donner sa démission d'aumônier national de la FUCI d'autant plus exigeante que réduite par les « événements » à une semi-clandestinité. Aussitôt les Fucini coururent chez Pie XI demander grâce. « Laissez donc faire la Providence ! dit le Pape. Monseigneur Montini est appelé à rendre à l'Église des services de plus en plus éminents ». »

L'ouvrage de Paul Lesourd, l'une des trois biographies les plus sérieuses22 sur Paul VI, publiée elle aussi en 1963, ne dit pas autre chose. L'idée de la démission forcée appartient à la rumeur, et se trouve même démentie par l'analyse historique. Examinons sur ce point l'argument principal de Sodalitium et de tous ceux qui soutiennent cette idée : selon eux, l'abbé Montini, lorsqu'il était aumônier de la FUCI, avait rédigé pour Pâques 1931 une circulaire critiquant « l'inutile et malséante multiplicité de candélabres, palmes, fleurs,etc. » sur les autels des églises ; Mgr Roca et des aumôniers locaux auraient été choqués. L'abbé Ricossa va jusqu'à ajouter que l'abbé Montini avait même parlé de « statues en carton-pâte » ; ailleurs on lit « en plâtre ». Mais l'ouvrage qui évoque ce fait n'est pas une source primaire, puisqu'il a été publié en 1991, et il contient des affirmations qui contredisent toutes les biographies sérieuses parues sur le Pape Paul VI. En particulier, il y est dit que l'abbé Montini avait peu d'occupation à la Secrétairerie d'État, ce qui n'est pas vrai ; c'est même exactement le contraire !

Ni l'abbé Ricossa ni les autres ne donnent le contexte de cette circulaire de l'abbé Montini. Son argumentaire n'apparaît même pas. L'abbé Ricossa qualifie cette prétendue circulaire « d'infestée de liturgisme et de protestantisme », mais à supposer que l'abbé Montini l'ait bien écrite, il serait incompatible avec sa personnalité d'y voir une promotion du dépouillement luthérien et calviniste dans le culte divin : le Pape des visions de Jacinthe, qui priait devant la statue du Cœur Immaculé de Marie, nous l'avons démontré, était le Pape Paul VI. Quant à la pauvreté chrétienne, les théologiens moralistes sont unanimes à dire que si le culte divin mérite un certain faste, il doit être proportionné à l'église considérée : simple église, basilique, cathédrale ; et dans les simples églises comme dans les cathédrales, étaler un luxe inutile, c'est voler l'argent des pauvres. Les ornements doivent être beaux mais simples, et sans profusion exagérée et ridicule. Plusieurs saints sont allés jusqu'à vendre des vases précieux pour nourrir les démunis.

L'abbé Montini, futur archevêque des pauvres, a souvent prêché sur le travail et sur la pauvreté chrétienne : en pleine crise des années 30, si la circulaire est avérée, elle se justifiait peut-être dans certaines paroisses ; ce serait scandaliser le peuple que d'étaler un faste excessif dans les églises tandis que l'ouvrier n'a pas un croûton de pain noir. Nous ne souhaitons pas verser, comme d'autres, dans l'argument ad hominem, en rétorquant avec venin que la famille Ricossa23 n'est pas la plus dépourvue, et que l'abbé du même nom est influencé par son histoire personnelle dans ses fautes d'appréciation : ce serait de la psychologie de comptoir et de telles médisances nous ramèneraient au niveau de ce que les ennemis de Paul VI disent de lui. Nous ferons simplement remarquer que des accusations si hâtives, et démenties par les sources sérieuses, n'honorent pas l'histoire mais les prouesses de la rumeur.

Sur ces aspects, Guilio Andreotti a rédigé un intéressant article lors du colloque de Rome, en 1984.24 Certains nous rétorqueront que ce personnage a été accusé d'être lié à la mafia ou à des membres de la loge maçonnique P2 ; mais premièrement ces faits ne sont pas prouvés, et comme il l'a dit lui-même pour se défendre, il a sévèrement réprimé la mafia dans son activité gouvernementale en Italie, ce qui lui a valu l'assassinat de l'un de ses amis et homme de main ; deuxièmement, son article est sérieux et documenté.

M. Andreotti commence ainsi sa description de l'activité de l'abbé Montini : « Giovanni Battista Montini, arrivé à Rome en 1920 comme jeune prêtre destiné à poursuivre ses études à la Gregoriana et à l'Université de l'État, avait déjà révélé — à Brescia — une vocation marquée pour l'apostolat dans les milieux des étudiants. Ayant dû abandonner son programme personnel d'études et entré dans la diplomatie pontificale, le minutante de la Secrétairerie d'État trouvera dans la FUCI son oasis sacerdotale. » Nommé aumônier du Cercle romain en 1923, l'abbé Montini est nommé deux ans plus tard successeur de Mgr Jean-Dominique Pini. Guilio Andreotti commente son arrivée ainsi : « Don Montini, et à son côté l'étudiant Igino Righelli venu de la Romagne, seront pendant huit ans la base solide de la présence catholique dans les universités italiennes ».

La FUCI était confrontée à de graves problèmes, car ses mouvements étudiants étaient attaquées – même physiquement – par les jeunesses mussoliniennes du gouvernement païen, assez hostile au catholicisme et surtout à son idéal de charité et d'amour de l'ennemi. Mais l'une des qualités les plus évidentes de l'abbé Montini était son calme, le fait de ne pas rendre le mal pour le mal et de ne pas réagir à la violence par la violence ; nul n'était plus indiqué que lui : « L'attitude ferme et courageuse de l'aumônier Montini pendant les persécutions fascistes de 1931 mériterait une description détaillée. Nous tous savons maintenant que le Saint-Siège l'avait choisi, pour avoir — avant de commencer les négociations pour le Traité du Latran — un prêtre diplomate capable d'empêcher les complications avec le gouvernement ».

L'abbé Montini était le fils d'un député démocrate-chrétien, ayant fondé un parti autorisé par le Saint-Siège lui-même. Il s'agit de comprendre que ce parti n'avait rien à voir avec le Sillon et les démocrates-chrétiens français, ni avec ceux qui existent aujourd'hui en Europe, et qui sont des modernistes. Non, ce parti était une réaction au régime fasciste, son nom même s'opposant aux deux composantes de ce dernier : la démocratie s'opposait à l'autoritarisme, et l'adjectif « chrétien » était l'antithèse du paganisme mussolinien (qui n'était certes pas aussi poussé que le paganisme hitlérien, mais suffisamment pour prêcher le racisme, la haine et la violence).25

Or, en automne 1931, le gouvernement mussolinien exigea du Saint-Siège la clause d'exclusion de la direction de l'Action Catholique de tous les anciens dirigeants du parti démocrate-chrétien (qui avait été dissous par Mussolini26). Le Saint-Siège plia, pour éviter de plus grands maux. Mais cela plaçait Mgr Montini dans une situation qui le contraignait à des actions contraires à sa conscience. Au témoignage de M. Andreotti, « Montini suggérait prudence et tolérance dans les choses [peu] importantes mais une intransigeance absolue sur les principes ». C'est pourquoi il voulut démissionner : « Avec la prudence qui caractérise le Saint-Siège, les démissions de Monseigneur Montini furent acceptées seulement au milieu de 1933, en lui reconnaissant officiellement la volonté réitérée de quitter son poste de la FUCI et avec une mention explicite des charges accrues à la Secrétairerie d'État ».

Ainsi, cette citation dément radicalement l'idée de la démission forcée, et l'idée que cette démission aurait été en lien avec la religion ; elle était au contraire liée à des considérations purement politiques, et relevait d'un choix entièrement volontaire de la part de Mgr Montini comme il apparaît clairement, puisqu'il réclamait lui-même une démission qu'il mit deux ans à obtenir ! On peut difficilement trouver une plus nette récusation des interprétations venimeuses auxquelles se sont prêtées la presse de boulevard et la revue Sodalitium. En même temps, Guilio Andreotti évoque bien les « charges accrues à la Secrétairerie d'État » explicitement mentionnées par le Saint-Siège, fait contredisant les ouvrages défendant l'idée que Mgr Montini y était peu occupé.27 De surcroît, un autre fait démontre que l'idée de la démission forcée est fausse : l'ex aumônier de la FUCI est pour ainsi dire resté aumônier de fait ; bien que n'étant plus officiellement aumônier, il gardait une grande influence sur la FUCI en tant que Secrétaire d'État. Donc sa démission ne changeait quasiment rien à son influence sur l'Action Catholique !

Sur ce dernier aspect, M. Andreotti fait cette remarque très éclairante : « La déclaration avec laquelle Azione Fucina commenta la nomination d'un nouvel aumônier n'était pas rhétorique : « Giovanni Battista Montini comme aujourd'hui et plus qu'aujourd'hui reste avec ses universitaires catholiques ». Personnellement je peux bien en témoigner pour la période de mon travail au journal et à la Présidence Centrale ». Ainsi, la démission de Mgr Montini était pratique, car elle lui permettait d'éviter de prendre des décisions contraires à sa conscience, tout en lui conservant une grande influence sur la FUCI ; il y avait donc un grand avantage de ce point de vue, mais c'était un labeur supplémentaire ; et Mgr Montini n'en manquait pas !

M. Andreotti écrit que lorsqu'Aldo Moro lui confia la direction d'Azione Fucina, l'hebdomadaire de la FUCI, il l'« avertit que pour toutes les questions difficiles ou particulièrement importantes, le « point de référence » restait toujours Giovanni Battista Montini, même si depuis six ans il n'était plus, formaliter, [leur] aumônier central ». Guilio Andreotti dit bien « formaliter », car officieusement, c'est comme si Mgr Montini était resté aumônier. Puis il poursuit par cette remarque : « D'autre part son successeur, Monseigneur Guido Anichini – un prêtre plein de cœur – ne cachait pas non plus et n'était nullement jaloux du patronage spirituel et culturel permanent du substitut de la Secrétairerie d'État ». Autrement dit, le successeur de Mgr Montini non seulement ne lui était pas opposé et ne refusait nullement sa grande influence sur la FUCI, mais même il la revendiquait, puisqu'il « ne la cachait pas ». Aussi, rien n'est plus faux que l'idée de la démission forcée : si le Saint-Siège avait voulu éloigner Mgr Montini des étudiants catholiques, il aurait nommé quelqu'un qui s'opposait à lui, et non quelqu'un qui lui était acquis ; et à supposer que cela ait été ignoré, le Pape n'aurait de toute façon pas laissé le prélat continuer à exercer son patronage sur la FUCI.

En réalité, dès le 25 avril 1928, L'Osservatore Romano avait dit : « Mgr Montini (…) a rendu un grand service à notre saine culture philosophique dont la jeunesse studieuse doit lui être reconnaissante ». Certains rétorqueront que Mgr Montini avait traduit les livres de Jacques Maritain ; mais il ne faut pas oublier que ce dernier, avant de sombrer dans le modernisme, a eu un grand apport au sein du mouvement thomiste français ; et on ne comprit pas toujours immédiatement les dangers que comportait déjà les pensées qu'il exprimait dans plusieurs ouvrages. Ce que Mgr Montini aimait chez Maritain, comme le Père Calmel28 et comme tous les vrais prêtres, c'était ce qu'il y avait de bon, et non ce qu'il y avait de mauvais. Par ailleurs, dans un pays soumis au fascisme, l'apologie de la liberté ne pouvait que séduire.

L'un des traits de la personnalité du futur Paul VI était de séparer, dans la modernité, le bon grain de l'ivraie. Mgr Ghika, excellent prêtre qui a lui aussi fréquenté Maritain et les cercles d'intellectuels français, avait la même attitude, dont la finesse échappe souvent aux milieux traditionalistes. Une religieuse sédévacantiste me déclarait un jour que les ouvrages de Mgr Ghika comportaient des enseignements « bizarres » ; et pourtant ces enseignements ont converti plus d'âmes que les pénibles disputes doctrinales actuelles entre la Fraternité Saint Pie X et les sédévacantistes, qui sont stériles pour le salut et dépensées en pure perte.

Pour comprendre la pensée du Pape Paul VI, et sa personnalité, il convient de lire ses sermons, discours, allocutions, lettres pastorales et articles ; et si possible ceux qui figurent dans la biographie de Paul Lesourd, par exemple, à une époque où ils n'étaient pas modifiés par la Secrétairerie d'État aux mains du triumvirat Villot-Benelli-Casaroli. Il est tout-à-fait éloquent que Karol Wojtyla ait manifesté son modernisme dès ses années de cardinal, avec sa religion de l'homme et ses projets syncrétiques lucifériens plus ou moins latents, comme l'a démontré l'ouvrage Pierre m'aimes-tu ? ; et qu'au contraire, S.S. Paul VI ne puisse nullement être convaincu de modernisme lorsque l'on examine ses vrais sermons : rien d'évident comme dans les sermons de Wojtyla.

Le 21 mai 1960, par exemple, dans un avis adressé à tous les prêtres du diocèse de Milan, le Saint-Père condamnait l'idée de « l'ouverture à gauche », selon laquelle l'Église devait s'ouvrir aux idées de la gauche politique : « cette ouverture à gauche comporte de très graves conséquences pour les âmes, dans l'ordre de la foi et de la vie chrétienne, et pour la situation de l'Église de notre pays ». Certains rétorqueront que Karol Wojtyla lui-même, par ruse, prononçait parfois des discours ou sermons traditionnels ; mais la grande différence est que si l'on examine l'ensemble des sermons de Mgr Montini, ils n'étaient pas modernistes...

Par ailleurs quelques grands personnages ont eu sur certains aspects des idées libérales : Lacordaire, le cardinal John Henry Newmann, et même saint Thomas More. Aussi, quand bien même on trouverait tel ou tel point dans les discours de Mgr Montini ou de Paul VI qui semble morderniste, un chrétien n'a pas le droit de le juger d'une manière péremptoire. Mais, nous le répétons, dans les sermons cités par Paul Lesourd, aucun n'est manifestement libéral ou moderniste. De surcroît, certains traits de la personnalité de Paul VI ont été mal compris par les traditionalistes, du fait de leur manque de subtilité et de leur incapacité à comprendre ce qu'est un vrai apostolat. Mgr Montini convertissait les masses et son activité dans le diocèse de Milan fut connue du monde entier, les fruits sont là.

Une parfaite illustration de ce dernier point concerne la réfutation de l'athéisme. Comme nous l'avons vu précédemment, Paul VI ne répond pas à la violence par la violence. Par conséquent, pour convertir un athée, il ne lui dira pas de but en blanc : « vos croyances en un monde entièrement matériel et sans Dieu sont profondément impies et contraires à la raison » ; il emploiera une stratégie beaucoup plus habile, en citant d'abord le P. Sertilanges, ainsi qu'il le fit à Turin le 1er septembre 1959 : « Il est bien entendu – écrivait le P. Sertilanges – que la science a détrôné le dieu soleil, le dieu nuage, le dragon qui produit les éclipses, et tout ce qui ressemble à des joujoux religieux. Elle a écarté les guérisseurs par incantations, les sorciers, les oracles ; elle a contribué à épurer le sentiment religieux au sein des foules chrétiennes elles-mêmes ; il convient de lui en savoir gré ». Ensuite seulement, Paul VI expliquera adroitement son erreur à l'athée. Les milieux traditionalistes, qui ne comprennent pas cette subtilité du discours, y verraient de l'hypocrisie et du mensonge, une façon déguisée de faire l'apologie de l'athéisme.

Pour poursuivre la défense du Saint-Père, revenons-en maintenant à l'amitié entre le Pape Pie XII et Mgr Montini, et rappelons que ce dernier avait défendu le Pape, suite à la pièce calomnieuse d'Hochhuth accusant Pie XII de s'être tu face aux nazis (ce qui est faux, il s'était opposé à eux dès son cardinalat) :

« Dans sa lettre à propos de la pièce d’Hochhuth, le cardinal Montini, très proche collaborateur de Pie XII durant toute cette période, écrit : « Une attitude de condamnation et de protestation comme celle qu’il reproche au pape de n’avoir pas adoptée, eût été non seulement inutile, mais encore nuisible... Si, par hypothèse, Pie XII avait fait ce que Hochhuth lui reproche de n’avoir pas fait, il en serait résulté de telles représailles et de telles ruines que, une fois la guerre finie, le même Hochhuth aurait pu, avec une plus grande objectivité historique, politique et morale, écrire un autre drame beaucoup plus réaliste... »29


 

L'accusation calomnieuse de trahison des prêtres de l'Est

 

Nous avons démasqué la calomnie sédévacantiste relative à la nomination de Mgr Montini en tant qu'archevêque de Milan, nous avons démasqué également la calomnie de la démission forcée en tant qu'aumônier de la FUCI ; qu'en est-il maintenant de l'accusation de trahison des prêtres de l'Est ? En vérité elle ne pèse pas plus lourd !

Avant que de le démontrer, citons la calomnie de l'abbé Ricossa qui certes, ici, évoque l'implication de Mgr Montini dans la trahison communiste à simple titre d'« hypothèse », contrairement à ce qu'il a dit quant à sa nomination en tant qu'archevêque :

« De nombreuses hypothèses ont été avancées, et le sont encore, sur les motifs de cet « exil ». Pour certains Mgr Montini fut impliqué dans la trahison de son secrétaire, le père Alighiero Tondi, espion communiste passé à Berlin-Est avec « sa femme » allemande de l’Est. On le sait de source sûre : Paul VI valida le mariage30 et Jean-Paul II réintégra le prêtre devenu veuf dans les rangs du clergé ! »31

L'ouvrage de Daniel Raffard de Brienne, sur la Nouvelle Messe, nous informe de ceci32 : « Il est d'autre part bien connu depuis le Pape Pie XII que les services soviétiques ont infiltré dans les séminaires de nombreux agents formés à cet effet.33 Quelques-uns ont été démasqués, comme le célèbre père Alighiero Tondi, secrétaire de Mgr Montini et agent du K.G.B.34 » Il semble nécessaire de dire quelques mots de cet homme. Tondi fut ordonné en 1936, et entra dans la Compagnie de Jésus, y demeurant seize ans. Il enseigna la théologie et la philosophie à l'université pontificale grégorienne. La raison pour laquelle ce prêtre apostasia tient sans doute en grande partie à sa mécompréhension du message évangélique : il crut que l'invitation de l'Église à l'abnégation, à l'acceptation des peines de la vie, était une forme de conspiration des riches destinée à asseoir leur domination ; autrement dit ce pauvre prêtre fut trompé par la plus primitive des logorrhées communistes. C'est pourquoi, tandis qu'il travaillait pour l'Action Catholique, il n'hésita pas à voter pour le parti communiste italien, en 1948, qu'il rejoindra plus tard en 1952, apostasiant publiquement et critiquant acerbement l'Église, qui l'excommunia immédiatement.

Selon Pierre de Villemarest, l'apostasie publique de ce prêtre est précisément à situer au moment où il fut surpris à dérober des documents secrets du Vatican, lorsqu'il était secrétaire de Mgr Montini35 ; Alighiero Tondi les aurait alors remis à Palmiro Togliatti, du Parti Communiste Italien, qui les retransmettait à Moscou.36 L'article de wikipedia nous dit ceci : « [il] aurait avoué être devenu prêtre en 1936 à la demande d'une section spéciale du Parti Communiste Italien et avoir été entraîné à l'espionnage à l'Université Lénine de Moscou. Pendant deux ans, il aurait dérobé des renseignements sur les prêtres préparés pour relever clandestinement les prêtres internés, déportés ou fusillés dans les pays de l'Est, causant leur arrestation dès leur arrivée en territoire communiste ».

Ainsi, ce n'est pas Mgr Montini qui était « un agent du KGB », c'était son secrétaire... Il a donc pu dérober les listes de prêtres dont disposait le futur Paul VI et les fournir au parti communiste. D'ailleurs, si Montini avait trahi si odieusement les prêtres de l'Est, le Pape Pie XII lui aurait-il infligé une sanction qui n'en était pas une ?37 C'est absurde ! Le digne prélat n'était ni un assassin ni un pédéraste. Car telle est l'accusation de L.G., qui n'hésite pas à écrire que Mgr Montini « a fait assassiner des prêtres ». Certains disent que Tondi s'est converti suite à l'élection de Mgr Montini au Souverain Pontificat...

L'archevêque de Milan était d'autant moins susceptible de trahir les prêtres de l'Est que le parti communiste italien le considérait comme l'un de ses plus grands ennemis, car l'archevêque lui faisait perdre ses voix : « Depuis son arrivée à Milan, le P.C jusqu'alors si prospère, marqua d'une année à l'autre une nette régression(...), parce que sous son influence [de Mgr Montini] le monde ouvrier peu à peu « passait à l'évangile » et s'enrôlait dans l'ACLI, syndicat chrétien qui groupe actuellement 50.000 membres rien que dans la province de Milan ».

Un jour, Mgr Montini essuya une tentative d'assassinat : « Dans la nuit du 5 janvier 1956 (donc un an, jour pour jour, après son arrivée) une explosion formidable pulvérisa toutes les vitres de l'archevêché et crevassa les murs. Une main inconnue venait de lancer par une fenêtre plus d'un kilo de dynamite. À deux heures, Monseigneur Montini était encore à sa table de travail. Sans perdre son sang-froid, il dit simplement : « C'est le geste d'un fou ». Tandis qu'autour de lui on s'affairait38, il continuait à écrire, le programme de sa journée, ou de sa nuit, n'étant pas encore achevé. Cependant il n'aimait pas qu'on l'appelât « l'Archevêque de la gauche ». « Quelle gauche ? Disait-il. Prêtre des ouvriers, oui, mais non pas de « la gauche » ».39 Des fascistes ont à l'époque été arrêtés pour ces faits, mais Maria Winowska dans son ouvrage semble plutôt penser à une attentat d'origine communiste.

Opposons la vérité aux fables, et décrivons la vie de Mgr Montini en tant qu'archevêque de Milan : non en se référant aux gazettes sédévacantistes ou à L.G., mais en consultant des ouvrages sérieux de maisons d'édition respectables et accréditées. Que nous apprend la biographie de Paul VI, parue chez Alfred Mame en 1964 ?40

Il est souvent dit, sur la base de témoignages familiaux peu avertis, que Mgr Montini avait pleuré en apprenant qu'il était nommé archevêque de Milan, et qu'il l'avait mal ressenti. Or, s'il est vrai que le prélat fut attristé, les raisons exposées ne sont pas les bonnes : il pleurait non pas parce qu'il interprétait cette nomination comme une punition, mais parce qu'il était très attaché au Vatican, à la ville de Rome, et à son ami intime, le Pape Pie XII :

« Est-il certain, Saint-Père, que je sois à la hauteur de la tâche ? » avait demandé Mgr Montini à Pie XII en apprenant qu’il était nommé archevêque du plus grand diocèse d'Italie. Pour toute réponse, le Pape l'avait embrassé [pour les sédévacantistes, Pie XII lavait les pieds de Judas?!].

« Il avait alors expédié à Milan quatre-vingt-dix caisses de livres et sa très modeste chambre à coucher. Ces livres (des ouvrages de théologie, d'art, de science et de littérature) tapissèrent bientôt toutes les cloisons de l'archevêché, couloirs compris ; mais, quand le mobilier arriva de Rome, il fut jugé trop franciscain pour la dignité d'un si haut prélat et le lit fut écarté au profit d'un autre, plus solennel, orné de colonnes torses et d'un baldaquin, pourvu en somme d'un style et d'une histoire (mais Mgr Montini fera disparaître dès la première nuit ce lit monstrueusement « artistique » et le remplacera immédiatement par son petit lit franciscain). »

Mgr Pierre Gorla, Président du collège des Curés, qui n'ignorait pas que Mgr Montini était l'ami intime du Pape Pie XII, invita les catholiques milanais à remercier ce pontife de leur avoir donné « presque un autre lui-même ». Le Pape n'envoyait donc pas à Milan son ennemi personnel, loin s'en faut ! Ne confondons pas, à ce titre, la réalité et les fables sédévacantistes. Ces paroles de Mgr Pierre Gorla avaient été prononcées en réaction à la défiance des milanais, qui craignaient d'accueillir en la personne de Mgr Montini un bureaucrate, insoucieux des âmes.

Or, voici le noble geste qu'eut le saint prélat, à la frontière de la province et du diocèse, et qui dissipa la froideur du peuple :

« L'archevêque priait, un photographe le rejoignit : il freina son zèle d'un geste austère de la main ; puis il s'agenouilla pour baiser cette boue et ce fut comme s'il voulait charger sur ses épaules toute la misère qui se cache dans une grande ville ; toujours à genoux, les mains jointes contre le sol glacé, il pria la Vierge avec ferveur, à haute voix, se signa, se releva et ouvrit les bras comme pour accueillir ou pour se donner à la ville qui l'attendait. » C'était un vieux rite symbolique — note le journaliste(...)mais pour Mgr Montini ce n'était pas une formalité. » Quand le nouvel archevêque releva son mince visage, on put voir une balafre de boue au-dessus de sa lèvre; quel qu'il fût, cet homme qui venait de Rome pour gouverner le plus grand diocèse d'Italie prenait les choses au sérieux ; et s'il devait baiser ce qui pouvait lui sembler le plus immonde, il trouvait l'humilité et la force d'âme de le faire. »

Sur ce geste également, les milieux traditionalistes ont calomnié S.S. Paul VI, car lorsqu'il a repris ce rite en tant que pape (en souvenir de son apostolat à Milan), ils l'ont décrit comme de l'idolâtrie maçonnique de « Gaïa, notre Mère la Terre ». Ici, G. Scantamburlo nous apprend au contraire que ce « vieux rite » milanais symbolisait pour le pasteur le fait de se charger de la misère de l'endroit.

La suite est du même ton :

« Quelques personnes, sans se soucier de l'eau, s'étaient agenouillées. L'archevêque, droit, maigre, bénissait avec un geste très doux de la main, comme pour dire : « Je suis ici, je resterai, ne craignez rien. »

«  Son visage — note un chroniqueur de cette mémorable journée — était ruisselant de pluie, et ses vêtements trempés ; au moment de gravir les marches de la cathédrale, il dut enlever ses lunettes cerclées d'or pour les essuyer ; toutes les cloches de Milan carillonnaient. Les premières paroles de l'archevêque à son peuple furent : « Je prie pour que deviennent musique, le vacarme des machines et encens la fumée des cheminées.» »

Contrairement à Wojtyla, Mgr Montini ne se donnait pas en spectacle, pas plus que le futur Pape Paul VI. Lors de son voyage à New-York, par exemple, le Saint-Père pénétra dans la cathédrale Saint-Patrick, et fut irrité lorsque les fidèles commirent la faute d'applaudir dans ce lieu sacré : « Le Pape franchit les portes de bronze de la cathédrale. 3500 fidèles commencent à l'applaudir ; d'un geste de la main, il les arrête ». Plus loin : « Paul VI ne restera que quelques minutes dans la cathédrale, le temps de recueillir des applaudissements qui semblent l'irriter et qu'il essaie en vain de faire arrêter, puis de donner sa première bénédiction « urbi et orbi » sur la terre américaine ».41

Évidemment, les sédévacantistes pourront nous reprocher d'invoquer Paris Match, après avoir cité Alfred Mame ! Mais ce sera une raison de plus de les engager à s'humilier, en constatant que même de simples revues grand-public, remplies d'images publicitaires, présentent un plus grand intérêt historique que leurs exposés mensongers et controuvés, gravement calomniateurs. Ils auraient voulu d'un Pie XII ennemi de Mgr Montini, ce qui ne correspond aucunement à la réalité. À la veille de la Seconde Guerre Mondiale, le 24 août 1939, lorsque le Pape Pacelli voulut lancer par onde radio un dernier appel à la paix, c'est son ami Mgr Montini – debout derrière lui – qui lui suggéra les paroles qu'il allait prononcer : « Rien n'est perdu avec la paix, tout peut l'être avec la guerre ».

Au demeurant, le Pape Pie XII n'était pas le seul à estimer grandement ce prélat : « À partir de 1934, Mgr Montini fut pratiquement absorbé par l'action diplomatique au service du Saint-Siège, sous Pie XI d'abord, puis sous Pie XII. Lorsque le docteur Righetti exprima au Pape l'amertume des organisations catholiques devant l’éloignement de leur assistant, Pie XI lui répondit textuellement : « Mgr Montini possède de tels dons qu'il est appelé à rendre à l'Église des services de plus en plus hauts » ».42 Son successeur reprendra plus tard une formule presque identique : « Pie XII connaissait bien Montini pour l'avoir eu comme collaborateur quand il était le secrétaire d'État Pacelli et chargé avec Mgr Tardini de tout le poids de la Secrétairerie ; quand, peu après son élection, il reçut ses parents en audience particulière, il ouvrit la conversation par ces mots : « Vous avez donné à l'Église un homme qui possède toutes les qualités à un degré éminent. » » Pie XI avait également déclaré à don Jean Rossi43, quant au prestigieux archevêché milanais : « Je t'assure qu'il est plus facile d'être pape qu'archevêque de Milan ! » Ce fut donc la croix que dut accepter Mgr Montini.

L'emploi du temps du prélat laissait peu de temps aux amants homosexuels : « Sous Pie XII, dont il avait l'estime inconditionnée et toute la confiance, il travaillait régulièrement dix-huit heures par jour, jour après jour, année après année. « Les deux dernières fenêtres à s'éteindre la nuit — disait-on alors au Vatican — sont celles du Pape44 et de Mgr Montini et c'est quelquefois la clarté de l'aube qui l'emporte sur la lumière de leurs lampes. » »

Calomnier S.S. Paul VI revient d'une manière ou d'une autre à devenir le complice des ennemis de l'Église ; car tel était le projet de ces derniers depuis le début. Les catholiques ayant refusé de croire au remplacement du Saint-Père par un sosie ainsi qu'à sa survie ont fait le jeu de la Loge. De surcroît, les machinations infernales avaient débuté avant la substitution du sosie. Comme rapporté dans l'ouvrage45 de Bonaventure Meyer, publié dans les années 80, une religieuse mexicaine de l'Ordre expiatoire des Franciscaines Minimes de Guadalupe reçut un message divin, le 23 avril 1969, destiné au Pape Paul VI46 : « Ils (les ennemis de Dieu) veulent faire de ton secrétaire d'État l'instrument de leurs plans. Souviens-toi, mon cher fils, qu'ils t'ont dupé toi aussi, avant que tu ne fusses rempli de Mon Esprit, quand tu as pris possession du gouvernement de Mon royaume ». Or, c'est exactement ce qui s'est produit : le secrétaire particulier de Paul VI, Paschale Macchi, était franc-maçon depuis le 23 avril 1958.47

Certains pourront contester l'origine divine de cette révélation privée que reçut la religieuse mexicaine, mais elle n'en correspond pas moins exactement à la réalité. Ainsi, lorsque le Seigneur déclare « souviens-toi, mon cher fils, qu'ils t'ont dupé toi aussi, avant que tu ne fusses rempli de Mon Esprit », Il fait évidemment référence à la trahison communiste d'Alighiero Tondi, alors que Mgr Montini était secrétaire du Pape Pie XII et qu'il n'était pas encore « en possession du royaume », c'est-à-dire pape, chef du royaume de l'Église. Montini a été trahi deux fois par son secrétaire : la première par Tondi lorsqu'il était évêque sous Pie XII, la seconde par Paschale Macchi lorsqu'il devint S.S. Paul VI. C'est le même Paschale qui est à l'origine de la sculpture satanique de Sacro Monte di Varèse, dédiée à Paul VI en 1986, et qui a été exécutée par Floriano Bodini.48 Cette sculpture est épouvantable, affreuse ; elle constitue une immense trahison.

À la lumière de tout ce que nous avons pu constater quant à la personnalité de Mgr Montini, il est facile de comprendre que les « témoignages » invoqués par L.G. ne sont qu'une montagne de calomnies, de propos invérifiables émanant de personnes souvent fort douteuses. Ainsi de Robin Bryans, que l'auteur de l'article qualifie lui-même d'« ouvertement homosexuel », et donc qui a tout intérêt à présenter le chef de l'Église comme partageant ses déviances, afin de donner une caution morale à ses vices et de pouvoir dire au monde : « voyez, le Pape en personne est homosexuel ». Il en va de même de Roger Peyrefitte, le premier à avoir calomnié Paul VI, précisément suite à un sermon du Saint-Père qui condamnait l'homosexualité et les péchés de chair. Déjà dans les années 50, Peyrefitte avait répandu des calomnies contre le Pape Pie XII, et s'était fait expulser d'Italie pour cette raison en 1958.

Quant au livre de Randy Engel, il s'agit principalement d'une vaste collection de textes d'ancienneté diverse, dont elle ne s'emploie pas à vérifier la pertinence. Nous le répétons, les calomnies à l'encontre de S.S. Paul VI ont fait partie de l'entreprise maçonnique, destinée à détourner les catholiques de la question de son remplacement par un sosie en 1972 puis de sa survie miraculeuse, décrits dans le Troisième Secret de Fatima, à Bayside, dans plusieurs prophéties privées très vénérées, et à travers l'enseignement des commentateurs de l'Écriture Sainte les plus renommés, qui évoquent le Pape chassé de Rome suite à l'apostasie romaine (exil du Pape Paul VI le 12 juillet 1981).

1 Décembre 1993 – janvier 1994.

2 L'abbé Ricossa et les prêtres participant à la revue Sodalitium, qui pourtant parlent latin et disposent souvent d'assez vastes bibliothèques (contrairement à moi!), se sont bien gardés de les consulter.

3 Nous ignorons si L.G. est sédévacantiste (il semble appeler Paul VI « pape »), mais ses propos sont repris par les sédévacantistes complets (et même par des lefebvristes).

4 Nous verrons qu'il s'agit d'une calomnie.

5 Jusqu'à en être chassé.

6 Nous reformulons, la phrase ayant été prononcée dans un langage plus trivial.

7 De nombreuses révélations privées relatives à Paul VI ont été falsifiées par les modernistes et appliquées à l'antipape Jean-Paul II, notamment celles d'Éliane Gaille.

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