Ceci est une réponse brève aux sédévacantistes qui affirment que la déclaration sur la liberté religieuse de 1965 prouve que Paul VI n'est pas pape. J'ai peu le temps d'approfondir la question, mais voici une réponse à la hâte :
1-Il est rigoureusement interdit d'examiner la conformité de l'enseignement de l'élu légitime du conclave à la doctrine catholique ; ce serait une forme de libre examen, et c'est ce qui rapproche le sédévacantisme du protestantisme. La seule différence est que les protestants n'examinent pas la conformité de l'enseignement du pape au Magistère de l'Eglise, mais la conformité de son enseignement à leur propre manière de concevoir la religion.
Pour vous donner un exemple, certains sédévacantistes américains affirment que le Saint-Siège est vacant depuis cinq siècles, depuis le Concile de Trente, car ce concile enseigne le baptême de désir, selon eux contraire à la doctrine catholique "hors de l'Eglise, point de salut". Il y a donc un parallèle réel entre le protestantisme et le sédévacantisme, surtout lorsque ce dernier est poussé à l'extrême.
Les protestants disent : depuis le Concile de Trente, l'Eglise du pape n'est plus l'Eglise de Jésus-Christ.
Les sédévacantistes disent : depuis Vatican II, l'Eglise n'a plus de pape.
2-Les seuls cas où l'on peut contester la légitimité de l'élu du conclave concernent la cause d'irrégularité de ce conclave, et l'hérésie manifeste (faute de quoi on est anathème). La condition de l'hérésie manifeste est très restrictive, sinon le libre examen prévaudrait systématiquement. Dans le cas de la liberté religieuse, elle n'est absolument pas satisfaite, car la déclaration fut présentée comme conforme à la doctrine catholique et en particulier à l'enseignement de Léon XIII, de Pie IX, de Grégoire XVI,etc. Les modernistes affirmèrent qu'ils ne reconnaissaient pas un droit positif au profit des fausses religions, que la déclaration n'était qu'une forme de reformulation et de développement de la tolérance de Léon XIII,etc. Leur argumentation est fausse ? Certes, mais le fait est qu'ainsi, la condition de l'hérésie manifeste n'était pas remplie.
Dans le cas de Wojtyla, c'est tout différent, car non seulement il a été élu du vivant du pape légitime (cas d'usurpation et cause d'irrégularité du conclave), mais de surcroît, il a organisé les rencontres interreligieuses d'Assise (ce que n'auraient jamais fait Jean XXIII ni Paul VI).
Un catholique ne reconnaît pas le Pape parce qu'il a jugé que son enseignement était conforme à la doctrine catholique, il le reconnaît parce qu'il a été élu légitimement et infailliblement, et que par conséquent, son enseignement est nécessairement conforme à la doctrine catholique. Les sédévacantistes disent qu'une cause les empêche de le reconnaître ; or, comme nous l'avons vu, la condition d'hérésie manifeste n'était pas remplie. Il n'y avait donc aucune cause sérieuse.
3-La réalité est que Paul VI a été trahi sur la nature du texte, comme dans le cas de la collégialité : d'où le rajout de la note et du préambule, pour chacun de ces textes, quand il a constaté qu'il était trahi et qu'il ne pouvait plus rien faire d'autre. Les modernistes ont d'ailleurs été fâchés du préambule, déclarant qu'il contredisait le reste du texte.
4-Les prétendus discours de Paul VI que les sédévacantistes invoquent, dont certains ont des allures modernistes, sont souvent de pures inventions de son secrétaire d'Etat franc-maçon, ou du trio Villot, Benelli et Casaroli, qui modifiaient ses discours afin d'y introduire des mensonges, pour tromper la postérité, et les évêques du monde entier, les abbés, les missionnaires,etc. Ils introduisaient des choses que Paul VI n'auraient jamais dites. On le constate en lisant des ouvrages sérieux sur sa vie, qui démontrent que contrairement à ce que prétendent les sédévacantistes, il n'était pas moderniste. Sinon, il n'aurait pas été l'ami intime de Pie XII, certainement son plus grand ami ! Pie XII ne l'aurait pas nommé archevêque de Milan, sans compter qu'il souhaitait même le créer cardinal. Sur ce point, voir mon article dénonçant la calomnie sédévacantiste selon laquelle la nomination en tant qu'archevêque était une punition (quelle punition !) : http://prophetiesaintmalachie.over-blog.com/2014/05/les-calomnies-de-sodalitium-de-laurent-glauzy-et-des-sedevacantistes.html
Tout au plus Montini, puis le futur Paul VI, avait-il quelques idées humanistes, mais le martyr Saint Thomas More aussi !
Certains personnes se demandent comment Vatican II pourra être annulé. Nous répondons qu'il le sera de cette manière :
Jean XXIII et Paul VI étaient papes légitimes. L'un a ouvert Vatican II et l'autre l'a clôturé. Or un pape ne peut contredire son prédécesseur. Donc Vatican II doit être annulé par Paul VI lui-même. C'est sur ce fondement très simple que des prêtres lefebvristes ont cru à la survie de Paul VI (cf. L'affaire Paul VI, une hypothèse non-dénuée d'intérêt).
Sur ces questions, on lira utilement la lettre de Laurent Morlier à l'abbé Belmont du 20 juillet 2011 :
Si Mgr Guérard des Lauriers avait acquis par sa thèse la certitude théologique que Paul VI n'était pas pape, et si la foi l'empêchait de le reconnaître comme tel, pourquoi a-t-il prié pour son retour, pourquoi a-t-il admis la possibilité de la survie de Paul VI à certains moments de sa vie ?