Lorsque l'on parle des exorcismes suisses, qui n'a jamais entendu cette objection : "le démon est père du mensonge" ?
À cela, nous répondons en citant d'abord Saint Thomas d'Aquin et sa Somme théologique :
"Une chose est d'interroger le démon qui vient à nous de son propre gré (et il est licite de le faire quelquefois pour le bien des autres, particulièrement quand il peut être forcé, par la puissance divine, à dire la vérité) et une autre est d'invoquer un démon afin d'acquérir des connaissances qui nous sont cachées."
Si la divination consistant à invoquer les démons est interdite, Somme théologique
Les exorcistes suisses posaient rarement des questions, mais lorsqu'ils l'ont fait, c'était uniquement en vue de la délivrance de la possédée, donc en conformité avec l'esprit du droit canon, puisque dans le cas des possessions expiatoires où le démon doit faire des révélations, tant qu'il ne les a pas faites, il ne peut pas sortir. Ainsi, les exorcistes n'avaient pas pour but "d'acquérir des connaissances qui leur sont cachées". Au contraire des personnes qui pratiquent le pendule dans certains prieurés même traditionalistes - comme l'a fait remarquer Louis-Hubert Rémy à juste titre - et qui ne sont pas interdites de sacrements pour autant... Ces personnes vont jusqu'à interroger leur pendule (en réalité le démon) sur la localisation d'un animal perdu, d'une personne, et bien d'autres choses. C'est exactement ce que font certains médiums et spirites, qui vont parfois jusqu'à travailler pour le FBI pour retrouver des criminels (je ne plaisante pas).
Mais revenons à nos moutons... Telles furent les paroles prononcées lors de l'exorcisme de Nicole de Vervins, au XVIe siècle :
"C'est la vérité. C'est le Corps de Dieu [la Sainte Eucharistie]. Je dois l'avouer, car je suis contraint à le faire. Ah ! Cela me torture de devoir l'avouer, mais je le dois. Je dois dire la vérité seulement lorsque je suis contraint à le faire. La vérité n'est pas de moi. Elle vient de mon Seigneur et Maître. J'ai pris possession de ce corps par la permission de Dieu".
Un prêtre m'a déjà objecté, quant aux exorcismes suisses, que le démon ne pouvait prophétiser. Je lui ai répondu qu'il ne pouvait prophétiser en tant qu'agent, mais qu'il le pouvait en tant qu'instrument. C'est ici exactement ce que nous disent les exorcismes de Nicole Aubrey : "La vérité n'est pas de moi. Elle vient de mon Seigneur et Maître".
L'objection de ce prêtre, c'est comme si vous disiez, au sujet d'un perroquet électronique en plastique : il est incapable de parler. Certes, mais il peut répéter ce que vous dites. De même, si Dieu force les démons à dire la vérité (ou à prophétiser), ils disent la vérité (et prophétisent).
Certains feraient un procès au Bon Dieu...