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In Nomine Domini

In Nomine Domini

« Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité » (Jean XVIII. 37)


Le pèlerinage miraculeux d'Éric Faure

Publié par Jean-Baptiste sur 31 Octobre 2014, 20:04pm

À ceux qui désespèrent et n'en peuvent plus d'attendre le retour du Saint-Père :

"N'oublions jamais, surtout dans les heures sombres, que la divine Providence se lèvera toujours plus matin que le soleil" (Abbé Lacordaire)

 

Ci-dessous, vous trouverez le témoignage écrit d'Éric Faure, que j'inclurai dans mon prochain livre ; un fidèle survivantiste qui a vécu la même chose que lui (mais à San Damiano, et en 2011), va également me faire part de son témoignage. Je ne pourrai le diffuser que le 21 novembre, pour des raisons symboliques auxquelles il tient.

 

 

Le pèlerinage miraculeux d'Éric Faure

à la Salette


 

Ce récit est la retranscription d'un entretien téléphonique entre Jean-Baptiste André et Éric Faure. Il peut exister des erreurs dans certains noms propres, que nous avons repris phonétiquement, sans assurance quant à l'orthographe.

Bonjour Jean-Baptiste. C'est Éric Faure à l'appareil. Vous m'avez demandé de raconter ce qui m'est arrivé sur la montagne de la Salette, et la raison pour laquelle je m'étais rendu là-bas. Car dans mes écrits, je raconte qu'il m'a été donné de comprendre le Secret de Notre-Dame de la Salette, sur le lieu même de son apparition. Ceci dans la nuit du 18 septembre 1988. Effectivement, suite à ce pèlerinage, et à ce qui m'a été donné de comprendre du Secret, ma vie a été complètement bouleversée. J'ai renoncé à un avenir brillant que j'avais devant moi. J'avais été enseignant en philosophie pendant quelques années sur la Côte d'Azur, et je suis actuellement devenu manœuvre dans le carrelage, ayant choisi dans un esprit d'expiation pour le retour de Paul VI le métier qui était le plus pénible à mes yeux.

J'ai choisi ce métier car Notre-Seigneur Jésus-Christ était dans le bâtiment. Il était charpentier. Je n'ai pas voulu être charpentier, m'occuper des toits. J'ai voulu m'occuper du sol, là où les gens mettent leurs pieds, dans un esprit d'expiation, et avec le souvenir de la mort de Saint Pierre qui n'a pas voulu être crucifié comme Notre-Seigneur Jésus-Christ, mais qui a voulu être crucifié la tête en bas. En m'occupant du sol, il y avait un aspect symbolique. Et puis, je me suis dit qu'être carreleur, c'était encore trop noble à mes yeux, car le carreleur a une fierté du travail qu'il a réalisé, il est récompensé. Alors que manœuvre dans le carrelage, c'est un travail ingrat, c'est un travail d'esclave, si l'on peut dire. On envoie le mortier, ensuite il faut nettoyer la machine. Sous n'importe quel temps. Il fait froid l'hiver, il fait chaud l'été. On envoie du sable, à la pelle. Parfois, le mortier du tuyau se bouche, il faut taper sur le tuyau. C'est très éprouvant physiquement. Une fois qu'on a envoyé le mortier, il faut nettoyer la machine, préparer l'isolation. Pour le lendemain, il faut avancer les carreaux au carreleur. S'il y a un camion de livraison qui arrive, il faut le vider. C'est extrêmement pénible, extrêmement épuisant. Le dos est soumis à rude épreuve, les genoux aussi. C'est un travail tellement ingrat que pour faire l'isolation du sol, il faut que les pièces soient propres. Je ramasse donc les détritus des autres corps de métier.

Et puis c'est un métier qui est extrêmement mal payé. J'ai choisi ce métier-là pendant des années, malgré mes diplômes universitaires, et malgré le fait que j'aie été enseignant dans l'éducation nationale. Quelques personnes dans l'entreprise où je travaille, à côté de Montpellier, sont au courant de mes diplômes, et il arrive que je sois sujet de dérision, car on n'a jamais vu un manœuvre dans le carrelage qui avait autant de diplômes et qui avait un tel passé que le mien, celui d'enseignant en philosophie, et qui se retrouve à porter des carreaux, à ramasser les détritus des autres corps de métier... Je crois que la tâche la plus difficile, c'est de rouler ce tuyau, de le ranger, de le porter. Très souvent, il m'arrive d'être la risée d'untel et d'untel, qui dit que je ressemble à Notre-Seigneur Jésus-Christ, car je tire le tuyau sur l'épaule. On a l'impression que je suis en train de porter la croix du Christ, et ils n'ont pas tout-à-fait tort dans leur appréciation, parce que c'est à l'imitation de Notre-Seigneur que j'ai recherché cela.

En tant que manœuvre dans le bâtiment, on est la proie des ordres les plus idiots, des vexations les plus grandes. Du genre : tu déposes les carreaux ici, puis le peintre vient ; alors on te dit : « Il ne faut pas laisser les carreaux là, il faut les retirer ». Le coordonnateur travaux me téléphone pour me dire : « Ah, les carreaux Éric il faut que tu les redéplaces, ils devaient être là mais maintenant remets-les ailleurs. » Tout cela est éprouvant, et pourtant je pense que j'ai fait cela pour plaire à Notre-Dame de la Salette. Lorsque Notre-Dame adresse un appel pressant à la terre, elle dit : « J'appelle les vrais disciples du Dieu vivant et régnant dans les cieux, j'appelle les vrais imitateurs du Christ fait homme, le seul et Vrai Sauveur des hommes. J'appelle mes enfants, mes vrais dévôts, ceux qui se sont donnés à moi pour que je les conduise à Mon Divin Fils, ceux que je porte pour ainsi dire dans mes bras, ceux qui ont vécu de mon esprit ; enfin, j'appelle les Apôtres des derniers temps, les fidèles disciples de Jésus-Christ qui ont vécu dans un mépris du monde et d'eux-mêmes, dans la pauvreté et dans l'humilité, dans le mépris et dans le silence, dans l'oraison et dans la mortification, dans la chasteté et dans l'union à Dieu, dans la souffrance et inconnus du monde ».

Tout ce passage-là, ces recommandations de Notre-Dame de la Salette, constituent une description de Paul VI, et ce sont des recommandations qu'Elle donne à Paul VI, mais qu'elle donne également à tout catholique fidèle qui veut suivre les pas du Christ dans la Passion, ou suivre Paul VI dans le martyre. De plus [cette vie d'expiation] est un gage d'authenticité, dans la mesure où lorsque j'ai dit qu'il m'a été donné de comprendre son Secret sur la montagne de la Salette, cela a bouleversé ma vie, cela montre que je suis sincère. J'aurais pu être enseignant, je l'ai été, mais j'ai volontairement abandonné ce métier que j'aimais énormément, et j'ai même sacrifié la chose à laquelle je tenais le plus au monde – du moins provisoirement –, qui était le désir d'être prêtre, pour plaire à Notre-Dame de la Salette.

On ne peut comprendre ma situation actuelle que par rapport à ce qui m'est arrivé à la Salette. Et si je mentais, je serais resté enseignant en philosophie, j'aurais une bonne situation... Mais le fait que je sois dans cette situation-là est un gage d'authenticité, dont je me sers pour montrer à mes frères dans la foi que c'est quelque chose de très sérieux. Ce que je dis là, si je me trouvais sur mon lit de mort, à l'agonie, je le maintiendrais jusqu'au bout. Parce que suite à ce pèlerinage à la Salette où Notre-Dame est intervenue du début jusqu'à la fin d'une manière extraordinaire auprès de moi, j'étais dans la fausse Église catholique, j'étais un apostat, mais un apostat qui était tombé dans l'apostasie sans s'en rendre compte, puisque l'Église officielle romaine à cessé de s'identifier avec Notre-Seigneur Jésus-Christ le 6 août 1978, lorsqu'elle s'est vidée de la véritable papauté en la personne de Paul VI. Par ce mensonge, justement, de la mort de Paul VI.

Par conséquent, à partir du 6 août 1978, croyant comme les autres que Paul VI était mort et suivant les autorités apostates de Rome, qui avaient décidé de se débarrasser de la véritable papauté, en suivant cette Synagogue de Satan, j'étais tombé en croyant à son mensonge, dans l'apostasie. D'ailleurs, je suivais, avant ce pèlerinage à la Salette, la fausse messe. J'habitais à Béziers. J'étais avec le Père Paul [inaudible]. Ce prêtre est parti depuis, les années ont passé. J'aspirais au sacerdoce, mais je faisais ma formation chez le GFU. GFU signifie Groupe de Formation Universitaire ; c'est un organisme qui a été créé par les évêques de France en 1967. C'est pour permettre à des étudiants qui font de hautes études universitaires, qui sont dans les hautes écoles, de suivre une formation universitaire presbytérale, pour être prêtres ou religieux.

Cette formation proposait l'équivalent du premier cycle de séminaire. Il y a trois cycles en séminaire. Le premier cycle est forcément tourné vers la philosophie, le deuxième cycle est axé sur la théologie, le troisième sur la liturgie. Le fait d'avoir cette formation en GFU fait que du point de vue de la Rome apostate, de la fausse Église, j'ai l'équivalent des deux premières années de séminaire. Cela dure six ans. J'avais suivi cette formation au GFU tout en suivant des études à l'université. Au niveau des études, tout allait très bien à cette époque, puisque je faisais un DEUG de philosophie, et de psychologie, en prévision et dans l'idée que cela me servirait en tant que prêtre.

Avec la philosophie, l'esprit critique, la psychologie... Cela me sert toujours à l'heure actuelle, parce que ceux qui pensent que je suis allé à la Salette, que j'ai été illuminé par Dieu, qui pensent que je suis taré et que je suis un malade mental, qu'ils sachent bien, tous ces gens-là, que j'ai une formation de psychologue, que je suis diplômé d’État, et que je me suis spécialisé en psychologie clinique. J'ai des unités de valeur qui montrent que je me suis également spécialisé en psychologie sociale, en psychologie génétique, en philosophie de l'éducation (à côté de mes études de philosophie, car j'ai [aussi] un DEA de philosophie). Je n'ai pas eu le doctorat, je n'ai pas voulu être docteur en philosophie et faire une thèse et avoir le statut de docteur, dans un esprit d'humilité. Mais j'aurais très bien pu être docteur en philosophie, j'étais très bien avancé, puisque mon DEA de philosophie se trouve à l'Université de Nice de Sophia Antipolis.

C'est un mémoire sur la nécessité de l'angéologie, une analyse critique de la pensée du philosophe orientaliste Henri Corbin [1903-1978]1. Henri Corbin est celui qui a fait connaître Heidegger en France. Je démonte sa pensée, je démontre donc qu'il se trompe. Je démontre également ce qu'il y a de bien dans sa pensée : la nécessité de l'angéologie dans le monothéisme. Pourquoi aie-je fait cette étude ? C'était en correspondance avec ce que j'avais vécu chez le GFU, où l'on m'enseignait que les anges n'existaient pas. Une partie des enseignants était d'accord avec cela, une autre partie ne l'était pas. J'ai suscité un trouble terrible parce que j'ai fait du tapage à cette époque-là. Je suivais des études de philosophie, donc on pouvait me mentir sur pas mal de choses mais pas sur la doctrine catholique, du moins pas sur cet aspect-là de la doctrine catholique, car je connaissais de plus en plus les Pères de l’Église, je les lisais beaucoup à cette époque-là.

Que les anges n'existaient pas, c'était de mon point de vue une hérésie, et de plus en plus je remettais en question la formation que l'on me donnait chez le GFU. C'est une formation qui se passait du côté de Limoges, à l'abbaye de Solignac. Nous avions une formation dans l'année. Par exemple, pendant toutes les vacances d'été, cela durait deux mois, trois mois – pendant les vacances universitaires... Pratiquement tous les GFU de France se réunissaient là-bas. Nous avions des cours de théologie, d'exégèse, d'histoire de l'Église, exactement comme les séminaires, et c'était intensif. Le soir, nous nous défoulions, nous jouions au football, à la pétanque – j'étais souvent un champion à la pétanque. Nous créions des petites équipes, des compétitions pour se défouler. Mais dans le reste de la journée, c'étaient des horaires comme au séminaire.

Des personnalités venaient nous voir, hyper modernistes, comme le cardinal Marty, qui est mort dans des circonstances particulièrement étranges et dramatiques, puisqu'il a été broyé sur une voie ferrée avec sa voiture, et on ne sait pas pourquoi il n'a pas pu sortir de la voie ferré. Le train est passé, il a été broyé complètement. Voilà le sort qu'il a eu, cet individu-là. Mgr Gayou, également, venait nous voir là-bas, et toutes sortes de personnalités, ce qui fait que l'Église officielle romaine telle qu'elle existe actuellement, je la connais bien, je la connais de l'intérieur. Je connais (également) la véritable Église, j'appartiens à la véritable Église catholique, celle qui suit le vrai culte, la Messe de Saint Pie V, celle qui considère que Wojtyla est un antipape, que Bergoglio aussi est un apostat au même titre que Ratzinger d'ailleurs. Je connais aussi bien la véritable Église, mais je connais cette Église apostate, et mieux que quiconque, en raison de la place que j'avais autrefois.

Mgr Beauffais m'avait mis dans cette direction-là [du GFU], car à cette époque, mon père était opposé à l'idée que je puisse être prêtre. Il s'était toujours opposé à cela, et donc Mgr Beauffais... Je dis Mgr Beauffais, mais c'était un évêque apostat, abominable... Il ne faut pas y voir une reconnaissance de ma part, le mettant en valeur. Quand je dis Mgr Beauffais... en réalité il refusait qu'on l'appelle ainsi, il voulait qu'on l'appelle Père Beauffais. On peut aussi l'appeler « pote Beauffais », c'est pareil. Mon pote Beauffais m'avait mis là, en disant que ça mettrait moins en colère mon père, car il verrait que je suivrais des études universitaires. C'était une façon de contenter un peu tout le monde, de ménager la chèvre et le choux. Il m'avait poussé à faire cela alors que je voulais rentrer au séminaire d'Avignon.

Suite à cette formation au GFU, je la contestais de plus en plus, ce qui fait que lorsque j'ai voulu rentrer au séminaire d'Avignon, on m'a demandé d'aller voir le responsable des formations qui était le Père Paul Rodier, dans les années 80. Actuellement, j'ai cinquante ans, je suis né en 1963, donc les faits que je rapporte, c'était en 83-84-85. Lorsque je suis parti voir le Père Paul Rodier, dans son bureau, il a sorti devant moi un gros dossier à mon sujet. J'étais très étonné, je me défendais comme je pouvais, parce qu'il ne leur plaisait pas que je prenne la parole pour contredire des enseignants. Mais moi, quand des enseignants disaient des hérésies, j'étais bien obligé d'intervenir, je ne pouvais pas laisser passer ça. Tant pis si je me faisais ensuite mal voir par mes enseignants. J'étais perçu comme un perturbateur, mais je ne pouvais pas laisser passer ça.

Mais à cette époque-là, quand je suis parti voir le Père Paul Rodier, j'ai essayé de me défendre comme je pouvais, en mettant en avant la plupart des idées du cardinal Ratzinger dans son entretien sur la foi, que Mgr Lefebvre citait et dont il avait parlé, en disant que c'était un constat lucide. Mais Ratzinger à l'époque était très mal perçu par le Père Paul Rodier, par tous ceux qui dirigeaient cette formation en GFU. Je citais Ratzinger comme si c'étaient des idées à moi pour qu'on ne puisse pas me reprocher ma défense. Je pouvais répondre : ce que je dis là, vous pouvez vous y opposer, mais ça vient de Ratzinger, qui est le bras droit de Wojtyla. Quand je pense maintenant qu'il s'est élevé à la fonction pontificale, avec le temps j'en éprouve du chagrin, mais cela a un aspect dramatique et comique à la fois. Et donc il n'a pas voulu que je rentre au séminaire d'Avignon.

Suite à cela, il fallait que je fasse mon service national, et j'ai choisi de faire mes études universitaires chez le Père (inaudible). Ce n'était pas vraiment le service national, c'était un service qui dépendait du ministère des affaires sociales et de l'emploi, en tant qu'objecteur de conscience. Il existait une association à Nice qui s'appelait l'ARA, l'association rencontre et amitiés qui était dirigée par le Père Claude Bernard, qui était très intéressé par ma candidature car j'avais une formation de psychologue, et cette association avait pour but de venir en aide à des jeunes toxicomanes. En particulier, à l'époque, le sida sévissait pas mal en France, il y avait pas mal de jeunes qui mourraient du sida, et justement il avait besoin de personnes comme moi pour les préparer à la mort, et en même temps je m'occupais d'un centre, comme éducateur, et pas seulement comme un distributeur de tiquets de rationnements, mais quelqu'un qui devait écouter les gens, les jeunes en particulier.

Et puis, en dehors de ce bureau, je m'occupais également d'un café chrétien. Il y avait un roulement avec d'autres personnes comme moi qui faisaient leur service national en tant qu'objecteurs. Un café chrétien sans alcool, naturellement. Je préparais des sandwiches. Il se situait face à l'église Sainte Rita, dans le Vieux Nice, face au marché aux fleurs. Cela remonte à 1987-88. Je me suis dis que ce serait l'occasion, en rentrant dans cette association, de réfléchir où je voudrais aller pour devenir prêtre. Je pensais au séminaire Paray-le-Monial, car à Avignon la porte m'était fermée, en raison de mon passé de GFU, où je contestais l'enseignement que l'on me donnait. Je me rappelle que j'avais tenu tête au cardinal Marty, au sujet de la mort de Jean-Paul Ier. J'avais sorti un certain nombre de choses, et il s'est retourné vers les autres enseignants, en disant : « qui c'est celui-là ? ».

Je me suis dit : ce serait l'occasion, chez le Père Claude Bernard, de chercher l'endroit où je vais aller pour être prêtre. Mais la situation devenait de plus en plus tragique, car je me rendais compte des choses qui n'allaient pas dans l'Église officielle romaine dans laquelle j'étais, à laquelle j'appartenais. Je m'étais déjà rendu compte dans ma formation de GFU que les choses allaient de pire en pire. Vraiment, j'avais une vision de ce qui se passait dans le clergé romain, de tous les abus liturgiques, toutes les choses qui n'allaient pas, qui faisaient perdre la foi, somme toute ; c'est cela dont il s'agit. J'étais en contact avec toutes ces horreurs, et je ne connaissais pas du tout la véritable Messe. J'ignorais que l'Église était éclipsée. Je me suis rapproché de plus en plus à cette époque des idées de Mgr Lefevbre.

J'avais un directeur spirituel qui s'appelait Jean-Paul Masse, qui est peut-être encore en vie d'ailleurs, car il était relativement jeune. C'était un avocat dans les affaires, un laïc. Il avait la permission de Mgr (incompréhensible), évêque du diocèse de Nice, devenu ensuite évêque à Rennes. D'ailleurs, cet évêque, lorsqu'il s'est installé à Rennes, je lui ai téléphoné pour lui dire que Paul VI était en vie, pour lui dire tout ce que je pensais de son Église, parce que j'avais travaillé à cette époque chez le Père Claude Bernard, je travaillais dans son association, et c'était une association qui dépendait de son diocèse. Je lui ai téléphoné pour lui dire ses quatre vérités. À cette époque, je déjeunais tous les samedis chez le R.P. Gaillard à la chapelle Saint Pie V de Rennes. Il était très connu et était l'ami du Père Barbara. C'était après ce qui m'était arrivé à la Salette, car avant, je ne savais pas ce qu'était un véritable prêtre, je ne savais même pas ce qu'était une Messe basse.

Tout ce que je connaissais de l'Église, c'était ce que m'en apprenait Mgr Lefebre. J'avais commencé à lire avec avidité sa lettre aux catholiques perplexes chez Albin Michel. J'y retrouvais toutes les choses qui me faisaient de la peine, toutes ces réformes impies. Je me disais : Mgr Lefebvre, je suis très proche de ses idées, de sa sensibilité, parce que tout ce qui ne va pas dans l'Église, il le décrit à merveille, et finalement, ça confirme mon expérience personnelle, ce que j'ai vécu. Je me sentais de plus en plus attiré par les idées de Mgr Lefebvre. Ce qui fait qu'en juin 1988, lorsque Wojtyla a condamné Mgr Lefebvre, j'étais profondément troublé, car cela m'apparaissait comme une condamnation de mon propre cheminement spirituel, dans la mesure où je me sentais de plus en plus attiré par Mgr Lefebvre et par ses idées. Le fait qu'ils le condamnent, c'était condamner mon attirance vis-à-vis de ses idées.

Et Notre-Dame de la Salette, dans son Secret à Maximin, précisément, parle d'un monstre qui troublera la paix de l'Église. C'est tout-à-fait ce que cet individu venait de faire : il troublait la paix de l'Église, mais il troublait (aussi) la paix de ce pauvre apostat que j'étais, que j'étais devenu sans le savoir. Alors, évidemment, je n'avais plus du tout la prétention de comprendre la crise de l'Église, car pendant que j'étais au GFU, j'avais écrit un livre dénonçant le catéchisme fait par les évêques de France. Il y avait tous les petits manuels pédagogiques pour les enfants, je les trouvais véritablement abominables, et j'en avais fait des analyses. C'était à l'époque où je me perfectionnais en philosophie de l'éducation, et donc j'avais composé toute une étude sur le sujet, qui s'approche de celle de Marc Dem, qui a écrit un livre sur le catéchisme où il a critiqué tous ces manuels pédagogiques de cette fausse Église, où l'on trouve de véritable horreurs. Je les avais dénoncés, et en plus je montrais mes études, et des compte-rendus, au Père Paul Rodier2, qui était le prêtre moderniste de ma paroisse.

Ce que disait Mgr Lefebvre allait dans mes idées, mais seulement, le nouveau directeur spirituel que j'avais, qui n'était pas prêtre – mais je me sentais attiré par lui – (il y avait des affinités, car lui aussi voyait qu'il y avait des abus chez certains prêtres modernistes) ; il n'était pas prêtre, mais il avait la permission de faire de l'accompagnement spirituel. On appelait cela de l'accompagnement spirituel, on appelait pas cela, chez les modernistes, de la direction spirituelle. Il avait la permission de Mgr Samaquerie, ce qui faisait que lorsque je me confessais, je devais me confesser auprès d'un vrai prêtre. J'avais l'idée de voir de vieux, de très vieux dominicains, dont l'ordination était probablement valide. L'absolution qu'ils me donnaient était valide. Tout cela pour comprendre dans quel état j'étais en 1988, en juin 1988, lorsque Wojtyla condamnait Mgr Lefebvre et les siens, c'est-à-dire tous les évêques de Castro-Meyer, et puis les évêques ordonnés par Mgr Lefebvre. Ils ont été excommuniés, une pseudo-excommunication, qui est invalide.

Lorsqu'on me dit que Ratzinger a levé cette excommunication, il n'a rien levé du tout parce qu'on ne peut pas lever ce qui n'existe pas. Tout cela, c'est de la farce. Mgr Lefebvre l'avait surnommé le vieux serpent. Serpent il est, et il l'est toujours à l'heure actuelle. C'est lui qui a contribué le plus à cette élévation de ce monstre de Wojtyla sur les autels. C'est lui qui l'a déclaré bienheureux, et il était présent derrière Bergoglio lorsque Bergoglio en a fait un saint ; alors qu'il s'agit d'un monstre d'iniquité, et que N.-D. de la Salette le considère comme un intrus dans l'Église. Voilà le vrai visage de Ratzinger... À cette époque, j'étais profondément troublé et je n'avais plus la prétention de comprendre la crise de l'Église. La seule chose que je savais, c'était que je ne savais rien et que je ne comprenais rien, un peu comme Socrate qui disait « je sais que je ne sais rien » ; et il y a beaucoup de gens qui disent savoir, et quand on parle avec eux, on voit qu'ils ne savent rien du tout.

Moi, je n'ai pas du tout la prétention de connaître ou de comprendre quelque chose, au contraire ; ceux qui avaient la prétention de m'expliquer les choses, je me rendais bien compte que ça n'allait pas, que c'étaient des ignorants, incapables de répondre à des questions. Je mettais souvent en évidence les contradictions de leurs discours. De fait, il m'est venu à l'esprit de me rendre à la Salette pour faire un pèlerinage, de demander à Notre-Dame de m'expliquer la situation de l'Église, parce que je me destinais au sacerdoce, et pour moi il était vital de comprendre cela : est-ce que je devais aller du côté de Mgr Lefebvre, du côté de Wojtyla ? Je voyais bien qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas, quelque chose de terrible, qu'elle devait me montrer la situation de l'Église pour que je puisse mener le bon combat, diriger ma vie conformément à la volonté de Dieu. J'ai eu l'idée d'exprimer pour la première fois mon désir de me rendre à la Salette sur la terrasse d'un café.

J'avais un collègue de travail, ce n'était pas un ami, qui s'appelait Bruno – au niveau des idées il avait fait son service national avec moi en tant qu'objecteur de conscience, et il désirait faire une tentative du côté des Bénédictins, mais nous ne nous entendions pas du tout sur les idées, il était moderniste. D'ailleurs, ce jour où je lui ai parlé sur la terrasse du café, il trouvait très bien cette « excommunication », cette condamnation de Wojtyla vis-à-vis de Mgr Lefebvre, qui mettait Mgr Lefebvre au pilori, parmi les hors-la-loi. Il trouvait cela tout-à-fait bien : de cette façon, disait-il, les gens verront le véritable visage de Ratzinger, que c'est un bandit,etc. Moi je lui ai dit : « Écoute, là tu vas trop loin, moi il n'y a qu'une seule chose que je sais c'est que je ne comprends rien, je ne fais confiance ni à l'un ni à l'autre... il y a quelque chose qui ne va pas dans tout cela ».

Wojtyla se présente comme un dévot de Notre-Dame, mais c'est paradoxal, parce qu'il attaque un évêque qui défend la tradition. Et puis, tout ce que dit Mgr Lefebvre est relativement juste, et en condamnant Mgr Lefebvre, il a l'air de cautionner toute la révolution dans l'Église ; ça va trop loin, c'est la goûte qui fait déborder le vase. Cette condamnation de Mgr Lefebvre ne va pas me jeter dans les bras de Jean-Paul II, au contraire. Elle ne va pas non plus me jeter dans les bras de Mgr Lefebvre, car je ne sais plus où aller.

Bruno me dit : « Je comprends ton embarras ». Je lui répondis : « Moi, ce que je veux faire, c'est faire un pèlerinage à la Salette, pour demander à Notre-Dame de comprendre ce qui se passe dans l'Église. » Il m'a dit : « Oui, Éric, c'est une excellente idée que tu as, de demander à Notre-Dame de la Salette de comprendre la situation de l'Église. Mais ce serait bien que tu fasses ce pèlerinage à pieds (il plaisantait). » Je lui dis : « Oui, évidemment, bien sûr ». (Il n'y a qu'ainsi que j'envisageais les choses). Alors il me dit : « Tu ne te rends pas compte de ce que tu dis, là. La Salette, ça ne se trouve pas dans les Pyrénées. -Je sais, ça se trouve dans les Alpes. -Tu sais que c'est vraiment très très loin c'est à des jours et des jours de marche. -Je sais, lui dis-je, mais Notre-Dame se débrouillera, elle me mènera ». Il me dit : « Oui, mais si tu y vas (il essayait de mettre des obstacles dans mon projet de me rendre là-bas), il faudra que ce soit sans rien : un sac, juste avec ta couche pour dormir, une gourde à l'occasion ; tu mettras un peu d'eau, et encore ; mais pas de nourriture, rien. Peut-être une deuxième paire de chaussures... un sac, de quoi dormir pour le soir et puis c'est tout. Tu partiras comme au moyen-âge ». Je lui dis : « Oui, cette idée me plaît ».

Mais quand il me disait ça, au fond de mon cœur, je priais notre-Dame de la Salette, la Très Sainte Vierge Marie, de m'y aider, car plus il me parlait ainsi, et plus je voyais les obstacles ; et par moi-même je serais incapable de faire ce pèlerinage à la Salette tout seul. Partir ainsi à l'aventure... C'est la raison pour laquelle, lorsque je suis allé sur la terrasse du café, j'ai supplié Notre-Dame de la Salette de venir à mon secours à ce moment-là. Bruno a bu son café, et nous avons quitté la terrasse. Et quand nous avons quitté la terrasse, nous entendions crier au loin : « Éric ! Éric ! … Éric ! Éric ! » Tous les passants se retournent, et je me retourne aussi. C'était un vieillard, qui était tout au bout de la rue, et il traversait la route en diagonale. Sans faire attention à la circulation... Les voitures passaient devant lui. Il ne traversait pas sur un passages protégé, il traversait d'une manière complètement imprudente en diagonale, ce qui est interdit, et il brandissait quelque chose qu'il tenait dans sa main, je ne sais quoi. « Éric ! Éric ! ».

Les passant se retournaient, et quand nous avons eu fini de traverser le passage protégé, nous l'avons attendu. Il a fallu un certain temps pour qu'il vienne vers nous. Il courrait, il venait de très loin. Il allait vers nous essouflé mais avec un sourire aux lèvres. Je connaissais ce vieillard car il faisait la manche à l'église de sainte Rita qui se trouvait en face du café chrétien que je servais lorsque j'étais objecteur de conscience. Je faisais des sandwiches, pour les gens qui passaient, pour les jeunes, pour les vieillards. J'avais des jus de fruit, des choses comme ça, et il avait l'habitude, ce mendiant, quand il était à sainte Rita, avec le peu d'argent qu'il avait, de venir prendre des cafés en face du café chrétien que je tenais. Il me connaissait de visu. Et il me donna alors ce papier qu'il avait dans les mains. Je prends le papier, et sur le papier, il était marqué : « pèlerinage à pieds à Notre-Dame de la Salette ». Je n'en reviens pas, je prends le papier et je le montre à Bruno. Il est stupéfait comme moi, et me dit : « Avant moi, avais-tu parlé de ton désir de faire ce pèlerinage à pieds à la Salette ? ». Je lui dis : « Non non non, il n'y a qu'à toi, tu es la première personne à qui j'en aie parlé. En dehors de toi personne n'est au courant de mon désir de me rendre à la Salette ».

Je voulais me rendre là-bas, car je connaissais la Salette à travers les écrits de Léon Bloy. Non pas son ouvrage « Celle qui pleure », mais son ouvrage « Dans les ténèbres », que Léon Bloy a écrit tout à la fin de sa vie en 1907. D'ailleurs, cela faisait partie de mes ouvrages de chevet quand j'étais adolescent ; il avait été publié aux éditions Mercure. C'est un ouvrage peu connu, dans lequel il parle de Notre-Dame de la Salette, mais il ne parle pas du Secret que Mélanie a publié. Il n'en parle pas du tout, et il ne le cite pas. Cette rédaction du Secret de la Salette, Mélanie de la Croix (née Mélanie de la Salette) l'a rédigée en 1878. Ce qui fait que même en lisant Léon Bloy, je ne connaissais pas ce texte, je ne connaissais pas le Secret, mais je savais que Notre-Dame avait un Secret, qui faisait une description de la situation de l'Église actuelle.

D'où mon désir, évidemment, d'aller lui demander ce qu'elle a dit... et je voyais bien à travers les écrits de Léon Bloy que ce Secret était d'une importance capitale, puisque Léon Bloy citait le curé d'Ars qui disait de ce Secret qu'il mènerait le monde. Je me disais bien que c'était quelque chose de très important car Léon Bloy était très ému par cette apparition de Notre-Dame de la Salette, il avait une préférence pour cette apparition plutôt que pour celle de Lourdes, car Notre-Dame de la Salette avait beaucoup pleuré là-bas, sur la Montagne. Il est évident que si Notre-Dame de la Salette a beaucoup pleuré, si elle apparaît sur une montagne, c'est que son message est certainement d'une importance beaucoup plus grande que celui de Lourdes. Tout cela, Léon Bloy me l'avait fait comprendre.

Tout comme il m'avait fait comprendre que les missionaires de la Salette étaient mauvais, que Mélanie avait été persécutée ainsi que Maximin, au sujet du Secret, parce qu'ils avaient la responsabilité, la charge de le faire connaître, dans son aspect littéral. Moi, ma mission dans l'Église est de faire connaître le sens de ce Secret. Eux, ils avaient pour mission de faire connaître ce Secret dans son sens littéral, mais pas de l'expliquer ; ils n'avaient pas reçu le don d'expliquer ce Secret. Tandis que moi, j'ai dans l'Église, suite à ce qui m'a été donné de comprendre par Notre-Dame de la Salette en haut de la montagne, j'ai pour charge d'expliquer dans le Secret de la Salette les choses de Dieu, qui sont contenues dans ce Secret et qu'il est bon de savoir à l'approche du retour miraculeux de Paul VI. Je n'ai pas pour mission d'expliquer le Secret de la Salette dans son intégralité, j'ai pour mission de livrer aux justes, à ceux qui sont disposés à entendre la parole de Dieu, les choses de Dieu qu'il est important de savoir à l'approche du retour miraculeux de Paul VI.

Je voulais aller à la Salette, et ne parvenant pas à trouver le Secret de Notre-Dame... je l'avais cherché, je l'avais cherché dans une multitude de livres, et j'avais fini par le trouver. J'avais trouvé un ouvrage de poche, qui avait été écrit par un franc-maçon, du nom de Sède3, mais il parlait tellement mal de la Salette – il faisait des citations – que je ne m'étais même pas rendu compte que c'était le Secret de la Salette. Ce n'est qu'après coup, après être allé à la Salette, après que Notre-Dame m'ait fait comprendre son Secret, que j'ai réalisé que j'avais détenu des extraits du Secret de la Salette, mais cela ne m'avait pas du tout effleuré, je ne les avais pas retenus à l'époque. Je les trouvais à l'époque complètement abscons, et de toute façon je n'étais jamais tombé sur le Secret de Notre-Dame de la Salette. Je cherchais ce Secret, mais je ne parvenais pas à le trouver, même si, chez moi, j'en avais des extraits et que je les avais lus sans savoir que c'était vraiment le Secret. J'en avais lu des extraits, mais cela ne m'atteignait pas, puisque je ne comprenais vraiment rien, rien à rien.

Cela me paraissait tellement mystérieux, dans un langage vraiment inaccessible pour moi à l'époque. De toute façon je n'aurais rien pu en tirer. D'où la nécessité pour moi de se rendre à la Salette pour comprendre la situation de l'Église, de la papauté. Jean-Baptiste : Mais, vous avez oublié de dire dans quelles circonstances le mendiant a su qu'il devait vous donner ce papier. Éric : J'y viens. Effectivement, lorsque je lis ce papier, je le présente à Bruno, parce que Bruno avait l'air de se moquer de tout cela, et je lui dis : « Tu vois l'action de Notre-Dame quand on la prie véritablement ». C'était un peu cette idée-là, quand je lui ai tendu ce papier, c'était un peu ce que je voulais lui dire... Lui a vu cela comme une intervention miraculeuse, nettement providentielle. Ça lui a coupé le désir de s'opposer à mon désir de se rendre à la Salette, car lui-même y a vu une action de Dieu, et nous l'avons interrogé tous les deux.

Moi en priorité, j'ai interrogé ce vieillard. Je lui ai dit : « Pourquoi me donnes-tu cela ? ». Je ne lui ai pas dit : « Tiens, c'est bizarre, nous en parlions tous les deux ». D'une manière presque agressive : « Pourquoi me donnes-tu cela, qu'est-ce qui te prend de traverser la route de cette façon ? » avec l'idée de « Tu ne te rends pas compte, tu as failli te faire écraser, es-tu devenu fou ? ». Il y avait une attitude corporelle que j'ai eu envers lui pour le tester, pour voir ce qu'il y avait véritablement derrière. Il était tout sourire, essoufflé, et enfin il finit par lâcher le morceau : il me dit qu'il était en prière dans l'église, près de la statue de Notre-Dame, et qu'il lui a semblé que celle-ci lui demandait de me transmettre un papier qui se trouvait dans le hall du sanctuaire.4 Ce papier avait été fait par un ancien boucher, à la retraite, qui voulait faire pénitence. Il voulait faire pénitence auprès de Notre-Dame de la Salette. Il avait effectué le pèlerinage en voiture : le parcours qu'il voulait faire à pieds, il l'avait fait en voiture, d'abord. Et il s'est dit : ce serait bien que des personnes puissent se mêler à moi. Si des personnes intéressées voulaient se mêler à lui, il aurait été enchanté de les prendre avec lui.

Il avait tout organisé et il avait placardé ça dans le hall d'entrée du sanctuaire de l'église de sainte Rita. Il y a des portes battantes et un panneau d'affichage. Ce vieillard, ce mendiant ne me dit pas s'il a vu Notre-Dame, il me dit que c'est elle qui lui a dit de prendre ce papier, de l'arracher. Vous rendez-vous compte ? Il fallait arracher le prospectus ! On n'arrache pas un prospectus comme ça, on demande la permission, on n'arrache pas les punaises, surtout s'il n'y en a qu'un... Mais lui l'a fait sans aucune gêne, puisqu'il avait le sentiment que c'était Notre-Dame qui lui demandait ; et puis il n'était pas du tout au courant de mon projet d'aller à Notre-Dame de la Salette, et par dessus le marché il ne savait même pas où je me trouvais. Mais c'est Notre-Dame de la Salette qui, dit-il, lui a dit où j'étais.

Là où je discutais avec Bruno, j'étais assez loin du sanctuaire, et cet homme-là courait dans ma direction comme s'il savait où j'étais.5 C'était une histoire invraisemblable, et pourtant ça s'est véritablement passé. Tant et si bien que Bruno, qui était d'habitude contre moi, a parlé en ma faveur auprès de mon directeur spirituel. J'appelle ça un directeur spirituel, même s'ils appelaient ça un accompagnateur spirituel, quoiqu'il me dirigeait très mal : il ne comprenait rien à la crise de l'Église, ce pauvre Jean-Paul Masse, cet avocat pour lequel j'ai toujours de l'affection, et que j'ai supplié à mon retour de pèlerinage de quitter cette Rome apostate et de revenir dans la véritable Église Catholique, et de suivre le vrai culte, la Messe de Saint Pie V. Je l'ai supplié, mais je ne sais pas ce qu'il en est actuellement, s'il s'est converti ou pas.

Enfin bref, le fait est que je pense toujours à lui actuellement, et donc Bruno est allé le voir, il a préparé le terrain auprès de lui, car il ne voulait déjà pas que je lise les écrits de Mgr Lefebvre, alors aller à la Salette, il s'y serait opposé. Mais avec tout ce que lui a dit Bruno, avec ce que d'autres lui ont raconté, le terrain était prêt, et il a consenti à me laisser partir. Il ne pouvait faire d'ailleurs que cela, c'est-à-dire que Notre-Dame de la Salette... avec tout ce qui s'est passé... ça s'est passé avec un grand bruit, et avec mon témoignage, le témoignage de Bruno et d'autres, il a été obligé de me laisser partir. Et donc quand nous sommes partis là-bas, nous étions sept. Pour ceux qui pensent qu'il n'y aurait pas de témoins de ce qui m'est arrivé là-bas, qu'ils sachent, ces gens-là, qu'il peut se présenter des témoins de ce qui m'est arrivé, et que ce que je dis est vraiment la vérité.

Nous étions sept à partir là-bas, dont l'organisateur du pèlerinage, dont j'ai complètement oublié le nom, et qui est très probablement décédé, puisqu'il était déjà retraité à l'époque. Mais dans le groupe, il y avait des personnes qui étaient jeunes. J'avais entraîné avec moi, notamment, une personne qui était sans domicile fixe. Comme j'étais éducateur dans cette association du Père Claude Bernard, j'avais pour mission de m'occuper des jeunes, mais des jeunes de la rue, aussi, pas seulement des toxicomanes ; et il en faisait partie. Je l'avais trouvé sur un banc, très triste, alors qu'il avait d'habitude toujours le sourire, content de son sort ; c'était un ancien enfant de la DASS6, toujours très heureux. D'ailleurs, j'étais surpris du fait qu'il était toujours très heureux : il vivait dehors, sous n'importe quel temps.

Quand il avait du travail, le pauvre, il payait sa place d'hôtel avec le peu d'argent qu'il avait acquis, qu'il avait gagné. Je trouve cela horrible. Une personne qui travaille, la société ne lui donne même pas la dignité d'avoir un toit, mais enfin le fait est que lui, il était toujours très heureux, il était abandonné, relativement seul ; et de le voir, lui qui était très heureux, de le voir aussi triste, j'en avais mal au cœur, et je lui dis : « Que se passe-t-il ? Qu'est-ce que tu as ? » Et il me dit : « Je ne trouve pas de travail, je ne sais pas quoi faire de mes journées, je ne sais vraiment pas quoi faire. » Je lui ai dit : « Si tu veux, tu peux venir avec moi en pèlerinage, puisque tu ne sais pas quoi faire. » Il me dit : « Oui oui, je veux, je veux, je veux te suivre ». Je lui dis : « Oui, mais sais-tu ce qu'est un pèlerinage ? ». Alors je refis le même tableau que celui que m'avait fait Bruno : « Tu sais, c'est loin là-bas... ». Il me dit : « Ça n'est pas grave, ça n'est pas grave, je veux venir te voir. » (parce qu'il m'aimait bien). Je lui dis : « Attention, c'est pour Notre-Dame ! Tu sais qui c'est, notre-Dame ? ». « Oui oui, je L'aime bien ». Je lui dis : « Bon allez, tu viens ». Et il est venu avec moi.

Nous étions sept qui ne nous connaissions pas, et lorsque nous nous sommes donnés rendez-vous, il avait fixé son papier à un lieu de rendez-vous, ce retraité, et nous nous étions tous retrouvés là. Nous étions quatre hommes et trois femmes. C'étaient des mères de famille, je crois. J'espère qu'elles sont encore en vie, que l'une d'entre elles est encore en vie, et en particulier celle qui a souffert des pieds comme moi. À cette époque là j'étais très jeune, j'étais en pleine santé physique, et je suis encore d'ailleurs en pleine santé physique. Les carreaux que je porte et les exercices physiques que je fais ont l'avantage de me maintenir en forme ; heureusement, je n'ai pas le dos cassé, car il y a pas mal d'ouvriers dans mon entreprise qui ont le dos cassé, qui ont arrêté de travailler, ou qui ont les genoux... la maladie du carreleur. Moi encore, Notre-Dame m'a préservé de ce côté-là, j'ai encore la santé physique.

Mais à cette époque, je faisais du sprint, je courais pas mal, et puis je pensais que, haut la main, par rapport à tous les autres pèlerins qui venaient à la Salette, que moi, Éric, je n'aurais pas de problème. Par rapport au retraité... Et en réalité, cela a été tout l'inverse, car en allant à la Salette, très rapidement, j'ai souffert des pieds. J'avais des chaussures de sport. Le retraité m'a dit : « Il ne faut pas faire ça, si tu fais un pèlerinage, il fallait prendre des sandales, pas des chaussures où ta transpiration va macérer ». J'ai eu rapidement des ampoules, ce qui fait que lorsque je suis arrivé à la montagne de la Salette, j'avais les pieds en sang. Dans le groupe, il n'y avait pas que moi qui souffrais. Il y avait une dame, cette mère de famille que j'ai évoquée précédemment, qui souffrait elle aussi atrocement des pieds, et d'ailleurs l'organisateur du pèlerinage à pied, au bout d'un moment, a failli appeler les secours – il savait que si l'un des pèlerins ne pouvait pas tenir...

C'était très dur, nous marchions sans arrêt du lever du soleil jusqu'au coucher, avec peut-être un seule pause pour souffler un peu. Il fallait marcher, marcher, marcher, nous marchions beaucoup et comme il savait que j'étais un postulant au sacerdoce, que j'avais pas mal d'études en théologie dans la fausse Église, il me considérait comme un séminariste, et c'est moi qui dirigeais les prières, le rosaire ; je poussais les gens à prier et j'étais tellement zélé que de temps en temps, il me disait : « Eric, laisse un peu les gens souffler ». Mais tout le monde en redemandait. Si je disais : « On reprend un rosaire, on reprend ceci ou cela comme chant, ils étaient tous partants ». Mais lui me disait : « Marcher, souffrir, c'est prier ». De temps en temps, évidemment, nous avions de grands moments de silence, mais nous étions vraiment sept pèlerins qui en voulaient énormément et nous avions tous des choses bien particulières à demander à Notre-Dame de la Salette.

C'était un peu dans le secret de chacun. Nous avions tous le désir de demander quelque chose à Notre-Dame. Nous ne partions pas à l'aventure. Pour certains c'était peut-être la guérison de telle ou telle personne, je n'en sais rien, parce que tout ce monde-là gardait ce qu'ils allaient demander à Notre-Dame, ils le gardaient secret. Il n'y avait qu'avec le boucher à la retraite que les choses étaient plus claires. Mais en ce qui concerne ces dames, je savais que c'était pour demander quelque chose à Notre-Dame, et moi c'était pareil. Moi, la chose que je voulais demander, c'était de pouvoir connaître le texte qu'Elle a donné à Mélanie. Et pas seulement le texte, mais le contenu, parce que si Elle me donne accès au texte et que je n'en comprends pas le sens, cela ne sert à rien. Il fallait que Notre-Dame s'arrange pour me faire connaître le texte et en comprendre le sens, tout en sachant que les missionnaires étaient opposés au Secret de la Salette, comme j'en étais averti par Léon Bloy ; je savais donc que même à la Salette, je ne parviendrais pas à trouver le Secret, que je ne pourrais pas l'acheter.

Je savais qu'il y avait une librairie, mais que je n'aurais pratiquement aucune chance de l'obtenir là-bas, dans la librairie du sanctuaire. Il fallait que Notre-Dame de la Salette s'arrange, dans son pèlerinage, pour me faire comprendre le texte et me le fasse connaître. Ce n'était pas de l'orgueil de ma part, c'était une confiance dans la parole de Notre-Seigneur Jésus-Christ : « Demandez, et vous recevrez ». C'était dans cet esprit-là : si je demande cela au Bon Dieu, à Notre-Dame, avec l'esprit qui convient, avec l'esprit de Notre-Dame de la Salette, nécessairement elle ne va pas manquer de m'exaucer, si c'est fait dans un bon esprit, comme elle le veut, dans un esprit de pénitence, mais de véritable pénitence, avec un cœur sincère. C'était une confiance totale que j'avais en Notre-Dame de la Salette. J'étais persuadé qu'elle ne pouvait pas manquer de me répondre. Je ne me disais pas : non non, Eric, tu es complètement fou, elle ne te répondra jamais. J'étais dans un état tel que c'était un S.O.S que je lui lançais. La situation devenait dramatique, parce que mon service national allait se terminer, et je ne savais plus où aller après.

Si je devais reprendre le cycle universitaire, c'était la catastrophe, parce que j'avais fait des études universitaires pour être prêtre. Mon objectif premier n'a jamais été d'être enseignant en philosophie, c'était d'être prêtre. Où allais-je aller après mon service national ? Reprendre mes études ? Tout faire pendant tant d'années, avoir passé des examens... Quand je faisais des études en philosophie et en psychologie, les examens se chevauchaient : en juin, je ne pouvais passer tous les examens en philosophie et en psychologie, je devais en passer en septembre. Même si je les réussisais tous – et je les réussisais tous – j'en avais quand même à passer en septembre. Tous ces sacrifices que j'avais faits, toutes ces nuits blanches, je les avais faits pour le Seigneur, et pour être prêtre ; pour dire à l'Église : « regardez, vous avez affaire à quelqu'un qui en veut ».

Là, il fallait à tout prix que Notre-Dame de la Salette se débrouille pour me faire comprendre son Secret, et voilà ce que j'avais l'intention de lui demander. Évidemment, en même temps, j'avais prié pour mon père, pour ma mère, pour mes frères et sœurs, mais cela n'était pas la première chose que j'avais demandé à Notre-Dame : la première chose était de comprendre son Secret. L'une des choses également que je demandais, c'était d'être prêtre. Je demandais cela aussi. Je ne le suis pas, prêtre, à l'heure actuelle ; je vais expliquer pourquoi, je vais expliquer ce paradoxe. Lorsque je suis arrivé sur la montagne de la Salette, c'était douze jours après le début de ce pèlerinage, parce que nous nous sommes arrêtés à Digne.7 D'ailleurs, c'était bienvenu pour moi qui souffrais des pieds, et c'était bienvenu également pour cette dame que nous commençions à porter les uns les autres. Nous nous relayions. Comme nous n'avions rien à manger, nous n'avions rien dans le ventre et n'avions rien mangé depuis des jours, nous buvions seulement, et encore, nous buvions très peu...

L'organisateur du pèlerinage avait prévu que nous nous arrêtions à une auberge, et il avait commandé un plat de spaguettis à la bolognaise. Le meilleur plat de spaguettis à la bolognaise que j'aie mangé de toute ma vie, car je n'avais pas mangé depuis des jours. Avec un peu de pain et de l'eau. C'était l'unique repas du pèlerinage. Et nous avions pu dormir sous un vrai toit une fois, chez des religieuses, mais à même le sol. Nous ne voulions pas de lits. Elles auraient bien aimé, mais nous ne voulions pas. Nous voulions dormir à même le carrelage, sur nos propres couches, car nous avions une couche bleue, un tapis en polyester fait exprès, mais qui n'est pas du tout confortable. Justement, nous ne cherchions pas le confort, mais l'expiation, l'expiation de nos fautes ; nous demandions pardon à Dieu par l'intermédiaire de Notre-Dame.

Ces religieuses, qui étaient modernistes, nous avaient fait dormir dans la grande salle. Elles avaient une salle de projection, où elles regardaient le cinéma. Je ne sais pas ce qu'elles regardaient... Sinon, la plupart du temps, nous dormions à la belle étoile, dehors, avec humilité, et nous nous levions dès que le soleil se levait, au premier chant du coq. Nous avions dormi dans une église complètement désaffectée, dont le toit était crevé. On voyait les étoiles. Cela peut paraître romantique comme ça, mais il faisait froid, même en septembre. J'ai le souvenir que nous dormions dans une église totalement abandonnée. Il avait choisi tous ces cadres-là, le boucher à la retraite. Nous avons également dormi sous un préau d'école, certainement une école catholique, où le chef d'établissement nous avait permis de dormir sous le préau, là où l'on met les vélos, à même le sol. Mais souvent nous dormions dehors, nous ne dormions pas sous des tentes.

Là, nous nous étions reposés un jour à Digne. Dans l'esprit du retraité, c'était parce qu'il y avait des femmes. J'en avais bien besoin moi aussi, et c'était également pour ne pas être trop épuisés au dernier jour. Il avait vraiment tout préparé comme il fallait. Enfin arrive le fameux jour où nous approchons du lieu d'apparition. La montagne devenait de plus en plus ardue. Je n'étais jamais allé sur les lieux, même si j'avais vu des images de la Salette avant d'y aller ; mais je ne connaissais pas du tout le cadre. Nous montions, cela commençait à grimper, et le groupe derrière moi était un peu retardé parce qu'ils portaient cette dame qui avait les pieds en sang comme moi, ce qui fait que j'ai pu arriver le premier sur les lieux.

Là, à mon grand étonnement, il y avait un homme qui s'y trouvait, et il interrogeait tout le monde : tous les passants, il leur disait qu'il cherchait un homme, qu'il cherchait un pèlerin qui était venu de loin à pied et qui voulait connaître le Secret de Notre-Dame de la Salette et le comprendre. Il demandait à tel ou tel passant : est-ce que c'est toi, est-ce que c'est vous ? Et il arrive à moi, et me pose la même question. Évidemment, je lui dis que c'est moi. Et il me sort automatiquement, dès que je lui ai dit ça, dès que je lui ai dit « Oui, je suis l'homme que vous cherchez », il me sort que Paul VI est toujours en vie, et que ce n'est pas lui qui est mort en 1978 mais un sosie.

Évidemment, au fond de mon cœur, j'eus le sentiment que c'était là quelque chose de démoniaque, que le démon voulait profiter de ma faiblesse, car j'étais dans une situation de vulnérabilité : j'avouais ne plus rien comprendre à la situation de l'Église, cette crise de l'Église épouvantable ; j'étais dans une situation de détresse, et il m'a semblé dans un premier temps que le démon voulait profiter de ma vulnérabilité, en me faisant avaler des couleuvres, des sornettes. D'expérience, je savais que le démon pouvait être sur les sanctuaires ou lieux d'apparitions, car une fois je me suis rendu à Lourdes, et j'ai eu une apparition du démon, où j'avais l'impression que la statue de Notre-Dame de l'Immaculée Conception avait des yeux globuleux, et qu'elle se penchait sur moi pour me dévorer. Je me rappelle que j'avais fuit en courant le lieu d'apparition – comme quoi le démon peut se trouver même sur les lieux d'apparitions.

Plus tard, après mon pèlerinage à la Salette, après ma conversion, après mon retour dans la véritable Église catholique, j'ai entendu des démons me dire de ficher le camp, lorsque je vivais avec un prêtre exorciste, dans une maison de maître, qu'on nous avais prêtée. Cette maison était plus ou moins hantée, j'étais avec l'abbé Gilles-François Cumant, et lui m'attendait dans cette maison, il entendait des choses, des pas au grenier, mais il ne voulait pas m'en parler, car il se disait que j'allais le prendre pour un fou. Et moi-même ce soir-là j'avais entendu des voix gutturales, quelque chose d'atroce ; cela m'avait réveillé en sursaut et j'ai interprété ces voix en disant que cela devait être le vent dans les arbres. En réalité pas du tout... Au moment où je me suis réveillé en sursaut, l'abbé Gilles-François Cumant frappe à ma porte, car il n'en pouvait plus, il y avait des bruits en haut de la maison. Il m'en fait part, et je lui dis : « Moi-même, dans mon sommeil, j'étais perturbé, j'ai entendu des voix démoniaques, et je pense que c'est le vent ». Il me dit : « Mais pas du tout, regarde dehors, il n'y a pas de vent. » Je lui dis : « Effectivement. » Il me dit : « Tu sais, quand tu n'étais pas là, quand je t'attendais, il y avait des choses bizarres dans cette maison. »

Il m'est arrivé d'entendre des voix, de voir le démon, mais que ceux qui m'écoutent sachent qu'à la Salette, je n'ai ni entendu ni vu Notre-Dame. C'est très important pour le reste des choses. Mais vous allez comprendre pourquoi je dis que Notre-Dame de la Salette est intervenue miraculeusement à mon encontre. Ne serait-ce d'ailleurs que par cet homme qu'elle avait mis sur mon chemin, un peu comme dans le scénario de départ où elle a poussé un vieillard à venir me trouver, pour décider mon directeur spirituel à me laisser partir à la Salette. Et là, Elle s'était débrouillée pour mettre quelqu'un sur la montagne de la Salette au moment même où j'arrivais, ce qui est quelque chose d'extraordinaire. Et cet homme qui m'attendait n'était pas un ange. Car il est possible que Dieu puisse susciter de temps en temps des anges qui ont une apparence humaine, qu'on prend pour des hommes mais qui ne sont pas des hommes. Là, c'était vraiment un être humain, comme vous et moi, fait de chair et de sang, mais que Notre-Dame de la Salette avait poussé à rester sur la montagne de la Salette et à attendre un pèlerin qui voulait connaître le texte de son Secret qu'elle a donné à Mélanie, et qui voulait en comprendre le sens.

C'est elle qui l'avait poussé à rester, alors que lui, il voulait vraiment partir. Lui-même, également, s'il est en vie, il pourra témoigner de ce que je dis là. Lorsque cet homme me dit que Paul VI est toujours en vie, et que ce n'est pas lui qui est mort mais un sosie, en 1978, évidemment je ne crois pas du tout à cela, je pense que c'est quelque chose de démoniaque, et je me demande si cet homme a toute sa santé mentale. C'est la première impression que j'ai. En le regardant... Je le regarde de la tête au pied. Je ne le regarde pas méchamment, mais je regarde à qui j'ai affaire. Je ne le juge pas. Je le regarde attentivement, mais je me dis : après tout, je n'en sais rien, car j'ai un esprit critique, mais la première chose que j'ai à demander à Notre-Dame, c'est : Qu'est-ce que cela signifie ? Pourquoi cet homme est-il sur mon chemin ? Est-ce que cet homme vient d'elle ? Est-ce que c'est Elle qui l'a placé sur mon chemin ? C'est la raison pour laquelle je dis à cet homme d'attendre, et je lui dis que je viens de loin pour Notre-Dame de la Salette, donc il est normal que je salue Notre-Dame en premier.

Je viens de si loin, et maintenant je suis si près du but. Il me dit alors qu'il va m'attendre. Je monte donc, et là je me trouve sur le lieu même de l'apparition, où Mélanie et Maximin ont vu Notre-Dame. C'est un lieu grillagé, avec des grilles métalliques, la statue de Notre-Dame de la Salette est représentée debout, il y aussi une statue de Notre-Dame représentée assise, où elle met sa tête dans ses mains et pleure. C'est d'ailleurs une statue très émouvante, très belle ; et il y a également une statue de Maximin et de Mélanie. Je me trouve vraiment sur le lieu de l'apparition, et je dis de l'apparition, car il y a eu une seule apparition là-bas. Là, elle est apparue une seule fois, mais pour dire des choses de très grande importance. Donc, évidemment, je l'interroge, je m'entretiens avec elle, et je lui demande ce que tout cela signifie. Je suis décontenancé, car je me dis, avec tous les efforts que j'ai faits... La présence de cet homme en bas me décontenançait... Pour moi, ce n'était pas un cadeau [Éric Faure avait alors le sentiment que cette rencontre lui était inutile].

De toute façon, j'étais résolu à ne pas quitter les lieux sans qu'Elle m'ait répondu. Peu importe de suivre le groupe ou pas, nous étions arrivés à destination, moi je ne bougerais pas d'ici, quitte à rester toute la nuit, malgré le froid ; quitte à en mourir sur place ou presque... j'étais dans une situation de détresse profonde. Quitte à rester là pendant des heures et des heures, jusqu'à ce que la barbe me pousse. Voilà quel était mon état d'esprit : il fallait qu'Elle me réponde. Et c'est à ce moment-là que le brouillard s'est mis à tomber de plus en plus, à un point que je ne voyais plus à deux mètres de moi... C'était le noir total... Et tout ce que je voyais, c'était la grille qui me séparait de Notre-Dame, et je voyais le visage de Notre-Dame debout.

Mais je ne voyais plus rien autour. Je ne voyais plus le paysage de la statue, ni devant ni derrière, et cette statue était auréolée d'une grande lumière. Or, il n'y avait aucun projecteur... Pour moi cette lumière était incompréhensible, je me disais que c'était peut-être la lune. Elle était dans un cercle de lumière, le visage de la statue était illuminé, et puis mon corps également était dans un cercle de lumière. Je voyais bien distinctement mes mains, mes pieds, mais je ne voyais rien à deux mètres. En dehors de ce cercle, je ne voyais rien. C'était quelque chose de très bizarre. En dehors de Notre-Dame de la Salette et de mon propre corps, je ne voyais rien ; mais en revanche, lorsque je me retournais, je voyais cet homme qui était à 35 mètres plus bas ; et là je me dis qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas. Je ne voyais pas à deux mètres de moi, sur mon côté droit, sur mon côté gauche et en face, mais derrière mon dos, je voyais cet homme auréolé de lumière, et je ne voyais que lui.

Je voyais Notre-Dame auréolée dans un cercle de lumière, mon corps dans un cercle de lumière, et cet homme lui aussi, mais rien d'autre, pas de paysage, le noir total, comme dans un rêve ou un cauchemar. D'ailleurs, je me disais : je suis en train de rêver. Je ne connaissais pas ces brouillards de montagne, donc j'étais très étonné, et je me disais : d'où vient cette lumière ? C'était comme s'il y avait un projecteur du haut du Ciel ; et puis de toute façon, j'ai vu là une réponse de Notre-Dame, car cet homme m'attendait en bas et je ne pouvais pas aller ailleurs, parce que je ne connaissais pas mon chemin, je ne connaissais pas les lieux, pour regagner mon groupe, pour rejoindre le sanctuaire. Les choses ont duré comme ça, parce que je les faisais durer, mais au bout d'un moment, je fus bien obligé de me décider à retourner vers cet homme. J'ai vu qu'il avait discuté avec l'organisateur de mon groupe, le boucher à la retraite.

Après j'ai vu le retraité partir, mais lorsque je les voyais tous les deux, il n'y avait pas de cercle de lumière ; ce cercle est apparu lorsque nous étions seuls. Il m'attendait, et je n'allais pas rester les bras croisés, il fallait que je redescende. C'est ce que j'ai fait, j'étais obligé. Pour moi il ne faisait pas de doute que Notre-Dame voulait que je voie cet homme, car je ne pouvais pas faire autrement. Le brouillard était une tombée brutale, trop brutale (pour être naturelle). Je me souviens, quand je suis arrivé, qu'il y avait déjà un petit brouillard qui flottait dans l'air, mais on voyait distinctement tout le paysage. Là, c'était un brouillard enveloppant, terrible, comme si un nuage nous enveloppait complètement, un nuage très bas.

Mais cette lumière, je ne lui trouve pas d'explication : la lumière de la lune, ou des étoiles, n'aurait pas été suffisante. Je me dirige vers cet homme, trente-cinq mètres plus bas, et peut-être même plus. D'ailleurs, cela me fait penser à cette expression de Notre-Dame de la Salette que Dieu abandonnera les hommes à eux-mêmes et enverra des châtiments qui se succéderont pendant « plus de trente-cinq ans ». Je vois l'homme, je lui parle, et je lui demande pourquoi il m'attend, pourquoi il demande à me voir. Il me dit : « Moi, je suis comme vous » ; il me dit qu'il voulait partir le soir, et que c'est Notre-Dame qui l'a retenu, et qu'il est très content de m'avoir vu, et il me demande si je suis cet homme. Il me dit : « Je cherche un pèlerin qui a fait un chemin à pied, qui vient de très loin, et qui a demandé de connaître le texte du Secret de la Salette et d'en comprendre le sens. » Je lui dis : « Cet homme, c'est moi. » Il me dit : « Vous savez, ce texte n'est pas vendu dans la librairie du sanctuaire. »

Je lui dis : « Je sais, je m'en doute, parce que je connais Notre-Dame de la Salette à travers l'ouvrage de Léon Bloy. » Je lui dis : « Je connais la Salette à travers cet ouvrage, et je sais que Léon Bloy raconte que les missionnaires de la Salette sont opposés au Secret ; et je sais que ce sont les missionnaires de la Salette qui dirigent le sanctuaire, donc je suppose que le Secret n'y est pas vendu. Il me dit : « Oui, tout-à-fait, et c'est probablement la raison pour laquelle Notre-Dame de la Salette a voulu que je reste ici. » Cet homme tenait dans ses mains un ouvrage, qui est celui de Vincent Morlier, « L'extraordinaire secret de Notre-Dame de la Salette », qui fut publié aux éditions DFT en 1988. C'est quelque chose à l'époque qui était tout chaud, qui venait de sortir. Cet homme tenait cet ouvrage et me dit : « J'ai pour mission également de vous faire connaître l'endroit où vous pouvez trouver ce secret. J'ai un livre où vous avez la publication du Secret, donc vous avez le texte. »

Il dit : « En plus, je ne sais pas si c'est ce que Notre-Dame veut vous faire comprendre, mais vous avez une explication du Secret, et à l'intérieur, il est dit que Paul VI est toujours en vie, dans ce commentaire de Boanergès, et que ce n'est pas lui qui est mort mais un sosie ; c'est tout ce que j'ai à vous dire. » Je lui dis : « Très bien, alors je vais prendre les coordonnées de l'ouvrage, car je ne veux pas vous déposséder du livre ». Il me dit : « Oui, bien sûr, c'est pour cela que je suis là, et ensuite vous allez voir Boanergès, vous allez lui écrire, vous allez prendre connaissance de ce livre maintenant que vous avez l'adresse de la maison d'édition, le numéro de téléphone. » Je prends cela sur un bout de papier, et je le garde très précieusement. Je lui dis : « Ce serait bien que nous puissions nous voir le lendemain matin. » Il me dit : « Non non, écoutez-moi bien, moi il faut que je parte, d'ailleurs j'aurais dû partir déjà depuis plusieurs heures, et si je vous ai attendu ainsi, c'est parce que Notre-Dame de la Salette m'y a poussé. Mais maintenant que je vous ai parlé, ma mission est terminée, donc vous ne me verrez pas demain matin. Je devais partir déjà, j'ai été retardé parce que Notre-Dame de la Salette me l'a demandé. Maintenant il faut que je rentre, c'est urgent, je ne peux pas rester. »

Je lui dis : « D'accord, mais ne partez pas tout de suite, montrez-moi où se trouve le sanctuaire. Il me l'a montré avec le bras : « Regardez, c'est là-bas. » Mais je ne voyais rien, je ne voyais pas de lumière. Il me répondit : « Ne vous inquiétez pas, vous ne voyez pas de lumière mais moi je vous dis que le sanctuaire est là-bas. Vous allez tout droit dans la direction de mon bras, vous allez voir une lumière et vous entrerez dans le sanctuaire sans problème, c'est dans cette direction. » Alors je suis la direction de son bras et nous nous quittons ainsi. Il disparaît, moi je rentre à l'intérieur du sanctuaire, où le groupe des pèlerins qui m'avaient accompagné m'attendaient à table. Ils commençaient à dîner, si mes souvenirs sont exacts. Ils ne voulaient pas manger froid, et m'interrogèrent sur ce qui m'était arrivé, pourquoi je tardais tant à rentrer. Je n'ai pas beaucoup de souvenir de ce repas, en revanche je me rappelle que nous sommes allés nous coucher très rapidement après.

Nous sommes allés nous laver, moi je suis allé me laver les pieds, changer mes chaussettes. Si j'avais au cours de mon pèlerinage enlevé mes chaussettes – au bout d'un moment, j'ai eu cette tentation – le retraité m'a dit que si je les enlevais, j'arracherais la peau et je ne pourrais plus marcher. C'était trop collé à la chaussette, nous étions au bout, donc j'ai écouté le retraité. Une fois que je suis arrivé sur le sanctuaire, j'ai progressivement enlevé mes chaussettes. C'était dur, parce que c'était du sang caillé. J'ai pu soigner mes pieds, j'ai pu les laver, et j'ai pu passer une bonne nuit de sommeil. Je n'ai pas dormi dans un lit moelleux, là encore. Mais c'était tout de même un cadre beaucoup plus confortable : j'étais à l'abri du froid, il faisait bon, il faisait chaud, c'étaient de bonnes conditions. Je n'ai dormi que quelques heures, mais très très bien, vraiment comme un enfant ; pourtant j'étais toujours sur ma petite couche bleue en polyester, que l'on plie, que l'on roule dans un sac à dos.

Je dormais toujours là-dessus ; il ne faut pas croire que c'était le grand confort, mais quand même c'était le luxe par rapport à ce que nous avions quand nous étions dehors, là où il pouvait y avoir des cailloux dans le dos. Sur le polyester pouvaient s'accrocher des tas de choses, des cailloux, et puis il y avait l'humidité, tandis que là que nous étions à l'abri de l'humidité, de la rosée du matin. J'ai pu très très bien dormir, et même je me sentais appelé à sortir de ma couche au milieu de la nuit. Je voyais que tout le monde dormait, mais moi je n'avais plus envie de dormir, j'étais très très bien, j'avais récupéré. Je n'ai pas regardé ma montre car je crois que je n'en avais pas. C'est dommage, car j'aurais aimé savoir à quelle heure cela m'est arrivé. Je sais seulement que cela s'est passé la nuit.

Je quitte ma couche, je me lève, puis j'ai l'idée de sortir du sanctuaire pendant que tout le monde dort. Je sors, et là, ô merveille, il n'y avait plus du tout de brouillard, et je voyais une poussière d'étoiles, un ciel pur, limpide. Des milliers et des milliers d'étoiles, des constellations. J'étais très impressioné par ce spectacle de montagne, car je n'ai jamais connu la montagne, je ne suis jamais allé aux sports d'hiver. Le Ciel, je ne l'ai jamais vu sous cet aspect, un Ciel limpide avec des milliers et des milliers d'étoiles, éblouissant et impressionnant. Et je m'approche du lieu de l'apparition... de Notre-Dame. Et là, c'est là qu'il m'a été donné de comprendre... (longs sanglots, respiration haletante). Excusez-moi... Jean-Baptiste : Ce n'est rien... Éric Faure : J'ai le sentiment d'avoir perdu ma vie... » (inaudible). Ce n'était pas prévu que je pleure Jean-Baptiste, je suis désolé. Jean-Baptiste : Ça n'est pas grave.

Je disais qu'il m'a été donné de comprendre le Secret de Notre-Dame, et j'ai été stupéfait de voir Wojtyla dans son véritable visage. Je n'appréciais pas beaucoup Wojtyla à l'époque, mais je ne voyais pas ce visage-là ; et Notre-Dame, sur la montagne de la Salette, m'a montré son véritable visage. C'était un visage hideux, elle me l'a montré comme un monstre, comme un intrus sur le Siège de Pierre. Il n'avait pas du tout la volonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ lorsqu'il a été élevé à la fonction « pontificale » (sanglots et respiration haletante). Elle m'a montré... mon état (sanglots). Mon état... (sanglots). Jean-Baptiste : Comment ? Éric Faure : J'ai vu que j'étais en dehors de l'Église, que j'étais un apostat sans le savoir ; que j'allais être un prêtre moderniste invalidement ordonné. Que le chemin que je pensais suivre était mauvais (sanglots). Alors, j'avais envie de pleurer ; et elle m'a consolé. Elle m'a fait comprendre que Paul VI était en vie, et que j'y croie, qu'elle attendait que je la croie (sanglots). Je ne voulais pas la croire.

Et alors, une paix extraordinaire m'a envahi, une joie profonde, une conviction intime que Paul VI était encore en vie, et il m'a été donné de comprendre le Secret de Notre-Dame de la Salette : c'est-à-dire que l'Église romaine8 a perdu toute autorité apostolique, qu'elle est dirigée par une fausse papauté, que la messe que je suivais était invalide et sacrilège, qu'il fallait suivre la vraie Messe en latin de Saint Pie V – ce que je ne savais pas. Elle m'a fait comprendre que Mgr Lefebvre était dans l'erreur, en refusant de croire à l'existence du sosie, mais qu'il était cher à Son Cœur. Elle m'a fait comprendre que dans son Secret elle parle du sosie de Paul VI, elle m'a fait comprendre que Paul VI souffrait beaucoup, qu'il était caché en exil, qu'elle le suivait tout au long de son exil caché, qu'elle était près de lui. Elle ne me l'a pas fait comprendre mais il est possible que Paul VI ait les stigmates. S'il réapparaît sous le pseudo-règne de Bergoglio, qui porte le nom de François en référence à Saint François d'Assise, cet individu-là sera confondu dans son iniquité.

1 Philosophe et orientaliste français.

2 Nous avons pu nous tromper sur le nom dans la retranscription ; nous ignorons si c'est bien de lui que parlait Éric Faure.

3 Probablement Gérard de Sède.

4 Il ne lui a pas simplement « semblé », Elle lui a bel et bien demandé ; la suite du récit le montre. Mais il arrive à Éric Faure d'utiliser ce genre d'expression, par une prudence injustifiée et même inopportune.

5 Le café où se trouvait Éric Faure à ce moment-là n'était pas celui où il travaillait habituellement ; il était donc impossible au vieillard de le savoir sans une aide surnaturelle. Chaque lecteur pourra s'en convaincre en regardant sur internet à quoi ressemblent les rues de Nice à proximité de l'église Sainte Rita : impossible de voir au loin ! Et par conséquent, impossible de reconnaître au loin quelqu'un que l'on connaît...

6 Direction des Affaires Sanitaires et Sociales.

7 Digne-les-Bains ?

8 Éric Faure ne parle évidemment pas de l'Église catholique, mais de la contre-Église qui s'est établie à Rome ; c'est pourquoi il l'appelle « l'Église romaine ».

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