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In Nomine Domini

In Nomine Domini

« Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité » (Jean XVIII. 37)


Réponse à catholicapedia

Publié par Jean-Baptiste sur 29 Décembre 2014, 07:55am

Le site internet sédévacantiste catholicapedia a prétendu réfuter mes arguments en se contentant de citer une étude des frères Dimond, sur la question de la juridiction. Catholicapedia joue sur les mots en niant affirmer que les prêtres sédévacantistes ne possèdent pas de juridiction ; je lui réponds qu'elle considère bien qu'ils n'ont pas de juridiction ordinaire.

L'abbé Grossin, par exemple, est très clair :

"Les prêtres catholiques non una cum ne prétendent pas qu’ils ont la juridiction. Nous sommes tous unanimes à vous dire que nous n’avons pas juridiction ordinaire. Nous ne prétendons pas être envoyés par une autorité, qui n’existe plus !" (Catholicapedia, n°1, septembre 2009).

(Plus d'autorité ! Le Christ n'a plus d'Église hiérarchique, il a une Église anarchique ! Ce n'est plus l'Église du Christ, mais l'Église de Proudhon !)

 

L'Épître aux Romains (10:15) dit exactement le contraire : "Et comment prêcher, si personne ne vous envoie ?"

C'est ce que le Père Marie-Antoine de Lavaur, missionnaire Capucin, ne manquait pas de faire remarquer aux pasteurs protestants : vous dites être prêtres, mais qui vous a envoyés ? Aussi, dans le cas présent, le dilemme est simple : ou bien l'abbé Grossin a été envoyé, et il est prêtre ; ou bien il n'a pas été envoyé, et alors il n'est pas prêtre.

 

Je n'entends pas tergiverser sur la question de la juridiction, sur l'existence de la juridiction déléguée, sur sa nature,etc. Cela ne servirait à rien, car des considérations beaucoup plus simples permettent de démontrer l'erreur de la thèse sédévacantiste. Le Concile Vatican I nous enseigne qu'il y a perpétuité de la succession apostolique : même durant les interrègnes, il doit y avoir des électeurs valides du prochain pape. Les sédévacantistes complets prétendent que selon une prophétie d'Anne-Marie Taïgi et d'Elisabetta Canori Mora, le pape sera désigné par Saint Pierre. Mais comme l'a reconnu l'abbé Paladino, et dans une certaine mesure même l'abbé Grossin, ce pape, après avoir été désigné, devrait être élu ou acclamé par l'Église universelle (ce qui n'est pas possible sans évêques résidentiels) :

"Certains ont objecté que cela n’est pas possible car si saint Pierre choisissait directement un nouveau pontife, il inaugurerait une nouvelle lignée apostolique, et ce ne serait donc plus la même Église. Il nous semble que cette objection n’a aucun fondement car il faut, à notre avis, entendre cette prophétie dans le sens que saint Pierre interviendra d’une manière extraordinaire pour faire comprendre quel devra être le nouveau pontife à élire ou quelque chose de semblable." (La Voie, n°27).

 

C'est le serpent qui se mord la queue, car pas d'évêques résidentiels, pas d'élection ni d'acclamation possible : c'est simple. Par conséquent, comment l'abbé Paladino veut-il que le "nouveau pontife" désigné par Saint Pierre puisse être élu (ou acclamé) ? De même, pas d'évêques résidentiels, pas d'Église hiérarchique : quelques évêques sédévacantistes répartis dans le monde, sans vraie juridiction, ne constituent en rien une Église hiérarchique, telle que celle qui a été fondée par Notre-Seigneur. Durant le plus long interrègne de l'histoire, qui a duré trois ans et demi, une vingtaine d'évêques ont été sacrés sans mandat romain ; mais premièrement, il existait des cardinaux valides et des évêques résidentiels (donc une Église hiérarchique et une succession apostolique) ; deuxièmement, ces évêques ont été sacrés dans des diocèses, et le nouveau pape a confirmé les sacres.

Durant tous les interrègnes, il y a eu des cardinaux valides et des évêques résidentiels, c'est une nécessité pour la succession apostolique. Même l'abbé Ricossa le reconnaît. Vous aurez beau dire ce que vous voulez, vous ne pouvez pas tricher avec la doctrine catholique. Dans une revue de 2003, l'abbé Ricossa avait déjà répondu à votre argument charismatique de la désignation du pape par Saint Pierre. Mais la thèse de Cassiciacum ne vaut pas mieux que la thèse sédévacantiste, car si l'abbé Ricossa se défend de faire consister l'Église dans la Rome moderniste, c'est pourtant bien ce qu'il fait : affirmer que l'Église hiérarchique subsiste matériellement dans les évêques diocésains conciliaires et l'évêque de Rome (à savoir l'antipape), revient nécessairement à dire que l'Église hiérarchique, c'est la Rome apostate.

Dans la thèse de Mgr Guérard des Lauriers, les évêques modernistes (une fois convertis) sont plus compétents que les évêques traditionalistes pour élire le prochain pape ! Et pourquoi pas des grecs schismatiques ?

La thèse guérardienne n'est pas seulement un non-sens théologique, c'est également un non-sens eschatologique, car l'Apocalypse selon Saint Jean ne prédit pas la conversion de la Grande Prostituée : l'apôtre nous enseigne qu'elle sera consumée par le feu (exactement comme l'ont dit les exorcismes suisses), et jugée par un pape, "semblable au Fils de l'homme", qui apparaîtra sur les nuées. La thèse de Mgr Guérard des Lauriers est donc non seulement contraire à la doctrine catholique quant à la perpétuité de l'Église hiérarchique, mais contraire aux Saintes Écritures divinement révélées...

J'ai trouvé une discussion de mai 2013, sur un forum américain, qui illustre parfaitement le non-sens du sédévacantisme. James Schroepfer, qui déclarait avoir cessé de se déclarer sédévacantiste du fait du problème de la visibilité de l'Église, s'est lancé dans un long débat (serein) avec d'autres membres du forum, quant à l'épiscopat, quand à la juridiction, quant aux sacres sans mandat,etc. Et à la fin, le message qui clôt cette discussion qui aurait pu être interminable résume très bien l'impasse de la position sédévacantiste, mais en faisant à tort appel à la thèse de l'élection du cardinal Siri :

"Ce n'est manifestement rien d'autre que de la spéculation de ma part, mais la thèse de Siri m'intrigue assez. Siri, élu Grégoire XVII au conclave de 1958 [affirmation fausse, mais passons], part se cacher avec ses cardinaux et préserve ainsi la succession apostolique. Une hiérarchie en exil, empêchée d'exercer son autorité par l'Église conciliaire des ténèbres. Cette théorie correspond bien aux prophéties de Notre-Dame de la Salette concernant "l'Église éclipsée". Le soleil ne cesse pas d'exister durant une éclipse, il est simplement caché à la vue. Et alors que la plupart des sédévacantistes nient croire que l'Église a été réduite à des chapelles éparpillées qui s'affrontent les unes les autres, le fait demeure que la grande majorité d'entre eux (du moins ceux avec lesquels j'ai parlé) n'ont aucune réponse claire pour dire où se trouve l'Église aujourd'hui dans le monde.

J'ai récemment regardé un débat entre John et Robert Sungenis. Quand Sungenis a déclaré que "là où est Pierre, là est l'Église", John s'est moqué de son argument en évoquant le cas de l'interrègne qui intervient entre la mort d'un pape et l'élection d'un autre. Je suis certes d'accord avec M. Lane sur le fait que les chefs de la secte conciliaire ne peuvent en aucune façon être des autorités catholiques légitimes, mais cela me semble être une réponse insuffisante. L'intervalle entre les papes peut être vu comme un simple pont entre un Pontife et le Pontife suivant ; or, ce que nous avons maintenant est une situation sans précédent où toute la hiérarchie de l'Église semble s'être effondrée, avec nuls cardinaux, nuls évêques pourvus d'une juridiction,etc. Certains prétendent qu'il y a en réalité des évêques pourvus d'une juridiction, mais personne n'est capable de les identifier". (Message de Nicholas Evans).
 

Ce que j'ai dit précédemment est le minimum théologique à admettre avec certitude, mais on pourrait encore argumenter sur la question de l'intervalle entre l'élection des papes, car en 2000 ans d'histoire de l'Église, jamais Notre-Seigneur Jésus-Christ n'a permis un long interrègne, et j'ai déjà réfuté les arguments relatifs au Grand Schisme d'Occident. Le Concile Vatican I semble clairement affirmer qu'un long intervalle n'est pas possible. Le prochain pape ne serait même plus vraiment le "successeur" du pape précédent. Il n'y a jamais eu que de courts interrègnes avec une Curie romaine qui réglait les affaires ordinaires. Aujourd'hui, le vrai pape est éclipsé et c'est la Fraternité Saint Pie X qui gère les affaires ordinaires, suite au mandat de Paul VI. C'est simple...

Le cardinal Siri n'a jamais été élu pape validement, contrairement à ce qu'affirme Clément Lécuyer. Je l'ai expliqué dans mon livre. Un pape doit de toute façon être reconnu par l'Église universelle. Or, le cardinal Siri n'a jamais été intronisé ni reconnu comme tel, et s'est comporté comme soumis à Wojtyla (qu'il y ait été forcé ou non, ce n'est pas la question). Lors du conclave où il a été menacé, c'était en 1978, et Paul VI était encore en vie ; il ne pouvait donc pas être pape. En 1963, il pouvait l'être encore moins, car il semble, je dis bien il semble, qu'il ait obtenu une voix de plus que le cardinal Montini, mais qu'il ait voulu remettre aux voix pour que l'élection soit plus juste ; et là, c'est le cardinal Montini qui a été élu. C'était exigé puisque le Pape doit être élu à la majorité des 2/3. Les modernistes sont revenus sur cette loi, afin de ne pas prendre le risque qu'il y ait trop de cardinaux réfractaires refusant de "perpétuer" l'antipapauté antéchristique ! Wojtyla souhaitait justement éviter un nouveau "cas Siri" ! Car bien que le cardinal Siri n'aurait pas été validement pape, il défendait la tradition, donc il était une épine dans le pied des modernistes.

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