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In Nomine Domini

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« Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité » (Jean XVIII. 37)


Le sédévacantisme réfuté

Publié par Jean-Baptiste sur 30 Mars 2015, 07:10am

Prochainement, je vais publier une édition revue et augmentée de ma brochure La survie de Paul VI : une certitude de foi. Elle sera deux fois plus volumineuse. J'y apporte quelques précisions dans mon argumentation, en démontrant avec plus de détails pourquoi le sédévacantisme complet et le guérardisme contredisent l'enseignement de l'Église.

 

Quant au guérardisme :

  1. Son erreur la plus évidente est la négation de la nécessité de l'élément formel dans la succession apostolique. Tous les théologiens cités par l'abbé Sanborn dans La papauté matérielle enseignent clairement que la succession apostolique doit être à la fois matérielle et formelle, ce que l'abbé Sanborn lui-même a avoué tout en continuant de soutenir l'idée de la succession matérielle légitime (ou légale), se contredisant dans son propre raisonnement, comme l'a relevé l'abbé Ricossa. Toutefois, ce dernier déclare que sur les seize auteurs cités par l'abbé Sanborn, sept affirment explicitement que la succession matérielle seule est illégitime ; en réalité, une lecture honnête amène nécessairement à conclure que tous l'affirment, et non pas seulement sept. L'encyclopédie catholique New Advent dit clairement que la succession apostolique doit être à la fois matérielle et formelle.
  2. Sa seconde erreur est de nier qu'un pape canoniquement élu soit par là même nécessairement légitime, en vertu du fait dogmatique de l'élection du pape, ainsi que de l'acceptation du pape par l'Église universelle. L'Église a condamné une hérésie de Jean Huss et une hérésie de Wyclif allant dans le même sens.
  3. Autre erreur (de l'abbé Ricossa), les évêques réunis en concile général ne peuvent élire le Pape, comme l'ont enseigné notamment le Pape Pie IV et le Pape Pie IX, tous deux précisément à l'occasion d'un concile œcuménique, pour prévenir tout danger s'ils venaient à mourir.

 

Quant au sédévacantisme complet :

  1. Son erreur la plus évidente est de nier l'indéfectibilité de l'Église et la succession apostolique, car ses raisonnements conduisent nécessairement à dire qu'il n'existe plus d'électeurs valides du prochain pape, et donc plus d'apostolicité de l'Église. Certains ne l'avouent pas, arguant qu'il doit exister des évêques nommés sous Pie XII cachés quelque part, sans être capables de donner des noms (quand bien même ce serait vrai ces derniers ne constituent pas un clergé, et sont incapables d'élire le pape validement : seuls les cardinaux ou le clergé romain le peuvent) ; et les autres soutiennent que le prochain pape sera désigné par saint Pierre réapparaissant sur terre. Louis-Hubert Rémy m'a ressorti cette idée périmée lorsque je l'ai rencontré au monastère du Saint Sacrement, idée depuis longtemps réfutée par l'abbé Sanborn, qui n'avait fait que reprendre l'enseignement de l'encyclopédie New Advent, une encyclopédie anglo-américaine en ligne abondamment documentée. L'apostolicité exige une succession opérée selon des observations légales très strictes, qui excluent toute mission nouvelle. Certains fidèles disent : "aujourd'hui c'est particulier, l'Église est dans une situation inédite, on ne peut plus raisonner selon les règles" ; or, il faut savoir que l'Église n'est pas la Synagogue : elle est éternelle et obéit à des règles précises. Sous ce rapport, la succession apostolique ne peut s'opérer de n'importe quelle manière. Il est donc faux de penser qu'en raison de la situation de l'Église, on puisse s'affranchir de lois ecclésiastiques qui ont leur source dans le droit divin lui-même. Ainsi, la plupart des théologiens enseignent également que le pape ne peut nommer son successeur, en raison de la loi divine et non seulement de la loi ecclésiastique. Le Pape Boniface II a décrété que c'était impossible, et son décret a été renouvelé par le Pape Pie IV.
  2. Autre erreur, les sédévacantistes complets confondent souvent l'hérésie-péché et l'hérésie-délit, c'est-à-dire les conditions matérielles du délit d'hérésie, et l'imputabilité du délit. Cela les conduit à affirmer qu'un hérétique formel est exclu du conclave, et que s'il en fait partie, l'élection n'est pas canonique. L'abbé Ricossa a clairement réfuté cette erreur, qui résulte d'une ignorance évidente du droit canon et même du droit tout court. Pour que l'hérétique formel soit exclu, il faut que son hérésie soit imputable, c'est-à-dire qu'il ait fait l'objet d'un jugement ecclésiastique, ou qu'il revendique de contredire les enseignements de l'Église, comme l'ont fait Luther et Calvin.

 

Ce sont là les principales erreurs de ces deux positions. On pourrait ajouter celles de la Fraternité Saint Pie X, qui enseigne la désobéissance habituelle au pape (depuis une quarantaine d'années maintenant), ce qui est rigoureusement incompatible avec la doctrine catholique, et pas seulement à l'égard de l'infaillibilité pontificale; il y a la primatie pontificale. Le pape est le fondement de l'Église ; on ne peut régler son comportement sur une désobéissance habituelle à la règle de foi qu'est le souverain pontife. La Fraternité et certains de ses fidèles ont des idées gallicanes, comme le dit avec raison le prêtre sédévacantiste de mon département (sur ce point au moins je suis d'accord avec lui !). Certains parlent de la "conversion du pape" ! Ce n'est plus saint Pierre qui est envoyé pour confirmer les fidèles, ce sont les fidèles qui sont envoyés pour confirmer saint Pierre...

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