Je viens de trouver une doctrine de plus qui condamne le sédévacantisme, et j'ai vu que le sédévacantiste américain John Lane avait avoué que cela contredisait leur position, tout comme il avait déjà avoué que les principaux partisans de la vacance aux États-Unis niaient la permanence de la hiérarchie ecclésiastique.
Quelle est cette doctrine ? L'infaillibilité et l'indéfectibilité de l'Église particulière de Rome, enseignée par le Pape Sixte IV qui a condamné les thèses de saint Pierre d'Osma. Même les saints peuvent commettre des erreurs ; simplement, le cas échéant ils acceptent la condamnation qui en est faite ; c'est une chose qui est déjà arrivée, et comme le disait l'Inquisition : "L'erreur est humaine, mais persévérer est diabolique" (Errare humanum est, sed perseverare diabolicum).
Vous allez me dire : si l'Église de Rome est infaillible et indéfectible (et non seulement l'Église universelle), comment être traditionaliste ? Là encore, la seule solution, c'est la survie de Paul VI : car le Pape en tant qu'évêque de Rome (même exilé) permet de sauvegarder la doctrine de l'infaillibilité et de l'indéfectibilité de l'Église romaine. Je donnerai les détails de cette question dans la prochaine édition de mon livre... La doctrine semble impliquer également la présence de fidèles catholiques à Rome, ce qui ne fait pas difficulté dans la situation présente, dans le sens où Rome comporte deux maisons de la Fraternité Saint Pie X, sans compter les modernistes qui bénéficient de l'ignorance invincible. Mais dans le cas du clergé moderniste, il faut bien comprendre justement que l'ignorance invincible ne suffit pas à les constituer membres de la hiérarchie ecclésiastique romaine proprement dite, car en tant que schismatiques (au moins matériels), ils suivent une fausse règle de foi et ne bénéficient donc pas de la juridiction. Du reste, les sédévacantistes français (tant guérardiens que complets) l'admettent. Donc la seule manière de sauvegarder la hiérarchie de l'Église de Rome et son indéfectibilité, c'est la survie de Paul VI.
Selon cette doctrine, il est impossible que l'Église de Rome en tant qu'entité ou personne morale, ou si vous préférez en tant que corps hiérarchique, sombre dans l'hérésie. Autrement dit, durant la vacance du Saint-Siège il doit demeurer des cardinaux ou un clergé romain, et en dehors de la vacance l'évêque de Rome (c'est-à-dire le Pape) semble suffire à assurer l'indéfectibilité à lui seul, car il représente à lui seul l'essentiel de la hiérarchie.