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In Nomine Domini

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« Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité » (Jean XVIII. 37)


La survie de Paul VI : une certitude de foi (4)

Publié par Jean-Baptiste sur 3 Mai 2015, 13:40pm

Certains m'ont reproché le titre de mon dernier livre, La survie de Paul VI : une certitude de foi. Ils m'ont objecté que la survie du Saint-Père n'était pas enseignée par l'Église, ce qui est faux ; et s'ils avaient lu et médité mon livre en détail, ils le sauraient...

Il faut comprendre qu'il existe trois grands types de vérités dans l'Église : les vérités de foi catholique, qui ont été définies par le Magistère ; les vérités de foi divine, qui sont présentes dans les Saintes Écritures mais n'ont pas été définies ; et enfin les vérités de foi ecclésiastique, moins connues, qui se rapportent notamment à l'élection du pape : l'élection du Souverain Pontife fait partie des "faits dogmatiques", qui sont des faits connexes à l'infaillibilité pontificale, et en tant que tels couverts par l'infaillibilité. Le Pape Martin V a enseigné que l'élection canonique du pape était un fait dogmatique, et donc qu'elle donnait naissance à une certitude sur l'identité de la personne élue, et sur l'élection elle-même (d'où l'hérésie du guérardisme) ; les théologiens ont précisé, et enseignent unanimement, que l'acceptation pacifique du pape permet de connaître avec certitude le caractère canonique de l'élection et donc la légitimité du pape : contrairement à ce que dit l'abbé Ricossa ce n'est donc pas une simple opinion théologique, mais une doctrine de foi, conformément à l'encyclique de Pie IX qui déclare que l'infaillibilité pontificale s'étend à l'enseignement unanime des théologiens.

L'abbé Ricossa affirme que la Bulle de Paul IV dément la doctrine de l'acceptation pacifique, mais quasiment tous les prêtres qui prétendent interpréter cette Bulle la comprennent de travers, et l'abbé italien ne fait pas exception. La plupart des sédévacantistes complets partagent cette erreur, et disent que l'élection du pape n'est pas infaillible ! À quel degré d'ignorance et d'impiété est-on parvenu ? En tant que juriste de formation, je leur ferai observer que l'expression de "prestation d'obéissance rendue à lui par tous", dans la Bulle, se réfère seulement à la cérémonie d'obédience des cardinaux qui se déroule après l'élection, les cardinaux prêtant serment d'obéissance au pape. Rien à voir, donc, avec l'acceptation pacifique, qui elle concerne toute l'Église. Le Pape Paul IV ne fait qu'évoquer la pire hypothèse, celle où tous les cardinaux prêteraient serment à un antipape. En faculté de droit, si j'avais commis des erreurs semblables à celles des prêtres sédévacantistes et lefebvristes, et de leurs évêques, on m'aurait mis moins de 4/20. Comme me l'a fait remarquer un ami, leurs thèses méritent un bonnet d'âne. Quand on a si peu de rigueur, comment prétendre écrire sur la crise de l'Église et se poser en docteurs que tout le monde doit suivre ? Les prêtres d'aujourd'hui sont aussi ignorants en matière de théologie mystique qu'ils ne le sont en matière d'ecclésiologie.

Le Père Smith, à la fin du XIXe siècle, enseignait que l'élection du pape, comme fait dogmatique, était si certaine que les fidèles pouvaient faire un acte de foi en l'élection du Souverain Pontife. On m'a déjà parlé d'une religieuse, pourtant fermement survivantiste, qui avait reproché à un laïque de prétendre que l'on pouvait faire un acte de foi en la survie de Paul VI. Or, ce laïque avait tout à fait raison, car la survie du Saint-Père relève du fait dogmatique ; cela, il y a deux façons de le prouver :

Premièrement, Paul VI est le dernier pape à avoir été accepté par l'Église universelle, cette acceptation étant nécessaire à la certitude de l'élection et à l'exercice de l'autorité pontificale ; or, la permanence de la succession apostolique exige actuellement l'existence d'un pape en exil (mon livre le prouve) ; donc le pontife exilé doit être Paul VI, et personne d'autre.

Deuxièmement, avec l'inaptitude du sujet et l'hérésie notoire, il semble que le cas d'irrégularité canonique lié à l'existence d'un pontife légitime en vie soit le seul cas empêchant l'acceptation pacifique de l'élu : même des élections simoniaques ou résultant d'intrigues politiques ont pu devenir parfaites avec la reconnaissance universelle du pape ; mais l'existence d'un pontife légitime en vie lui fait radicalement obstacle. Si donc Wojtyla n'a point été reconnu par toute l'Église, c'est soit qu'il était inapte ou hérétique notoire (antérieurement à l'élection), soit que le pape légitime était en vie ; mais comme ni son inaptitude ni la notoriété de son hérésie ne sont avérées, la seule cause qui puisse expliquer l'absence d'acceptation pacifique, c'est la survie du dernier Souverain Pontife légitime : car l'élection canonique d'un pontife fait obstacle à l'acceptation pacifique de quiconque serait élu du vivant de ce pontife ; la providence divine ne permettra pas que soit reconnue par toute l'Église la personne élue cependant que le vrai pape n'est pas mort. Or, Paul VI étant le dernier pape à avoir été reconnu par toute l'Église, il est par là même le dernier dont l'élection manifeste une certitude de foi ecclésiastique, ce qui suffit à le désigner comme toujours vivant au moment de la convocation des conclaves irréguliers de 1978, des faits l'ayant confirmé ; et l'apostolicité de l'Église permet de savoir qu'il est demeuré vivant depuis. On peut donc bien dire que la survie du Pape Paul VI est une certitude de foi ecclésiastique, un fait dogmatique enseigné par l'Église.

Dans le monde anglophone, on distingue ceux qu'on appelle les sédévacantistes par défaut, et les sédévacantistes dits "dogmatiques" : les premiers savent ou sentent que le sédévacantisme fait difficulté, mais le préfèrent à la position de la Fraternité ; les seconds, eux, prétendent que le sédévacantisme est une vérité de foi. Le prêtre qui m'a renvoyé de sa chapelle appartient à cette dernière catégorie : il affirme dans ses sermons et dans ses catéchismes que la théologie lui fournit la certitude de la vacance du Saint-Siège, au moins depuis la déclaration de 1965 sur la liberté religieuse. Or, il s'agit là à la fois d'une erreur et d'une hérésie : c'est une erreur parce que le concile Vatican II ne présentait pas les conditions apparentes de l'infaillibilité pontificale (en raison de l'absence de détermination définitive et irrévocable d'un point de doctrine), et c'est une hérésie parce que le fait d'affirmer le contraire aboutit à nier l'indéfectibilité de l'Église : toute la hiérarchie de l'Église aurait adopté, de cœur et d'esprit, une hérésie. J'ai cité dans mon ouvrage un gallican qui n'osait même pas soutenir qu'une telle chose fût possible... Et de fait, ce serait contraire à l'encyclique de Pie IX contre les Vieux Catholiques (qui elle, est infaillible !).

Citons le sédévacantiste John Lane, plus humble (et également plus avisé) que les sédévacantistes français :

"Quelle que soit la manière dont nous concevions la situation actuelle de l'Église, nous sommes confrontés à un mystère : l'Église n'est pas dans une condition normale. Elle présente des caractéristiques qui sont difficiles à expliquer au regard des doctrines de ses propres théologiens approuvés. Il n'y a pas de solution évidente [en réalité si, c'est celle de la survie de Paul VI, qui règle tous les problèmes].

"Plusieurs considérations s'ensuivent :

"La première est que ceux qui parlent comme si la solution sédévacantiste était "évidente" sont manifestement ignorants en matière de théologie et n'ont aucune place dans la discussion. Ils prouvent simplement qu'ils sont incompétents(...). Leur ignorance relève de l'insanité (sic !) quand ils lancent des condamnations envers ceux qui ne sont pas d'accord avec eux [j'en ai fait l'expérience], sans présenter de théorie complète qui essaie seulement de résoudre les difficultés qui sont nées dans le milieu traditionaliste.

"La seconde est que la solution doit expliquer une situation dynamique, continue ; et non un seul aspect temporel. Le fait est qu'il y a actuellement une nouvelle Église pratiquant une nouvelle religion, et pourtant il demeure une incertitude sur qui appartient à la vraie et qui à la fausse. Il y a donc cette sorte de mélange d'hommes de différentes religions, tout en sachant que la vraie Église demeure un organisme visible professant la vraie foi universellement(...).

"De la même manière, ceux qui disent que Vatican II était hérétique et que tous ceux qui l'ont accepté publiquement comme vrai concile général ont sombré ipso facto dans l'hérésie, doivent expliquer où l'Église se trouvait en 1966. Car il n'y eut AUCUNE opposition publique à Vatican II, sinon plusieurs années après sa clôture. Il n'y avait tout simplement pas de telles voix."

(message du 12 novembre 2014, Bellarmine forum)

 

Il y a bien eu quelques oppositions à Vatican II durant le concile, mais personne ou presque ne contestait publiquement l'autorité de Paul VI, et toute la hiérarchie a signé les documents du concile. C'est pourquoi il est impossible de dire que Paul VI n'a pas été accepté par l'Église universelle, car plusieurs mois suffisent à constituer l'acceptation pacifique. Ce n'est qu'avec la nouvelle messe que le schisme entre traditionalistes et modernistes a débuté et que l'autorité du Saint-Père a été contestée, car contrairement à Vatican II un décret disciplinaire sur une nouvelle liturgie présente nécessairement les conditions apparentes de l'infaillibilité ; mais j'ai déjà dit ce qu'il en était quant à la Constitution de 1969, qui a été falsifiée par la curie romaine, comme l'a prouvé Jean Marty et comme l'ont déclaré plusieurs révélations privées qui défendaient également Mgr Lefebvre (notamment Éliane Gaille).

Au contraire, Wojtyla a été contesté dès le début, précisément par la partie la plus saine de l'Église (en tant qu'institution humaine), tandis que la partie malade l'accueillait à bras ouverts. Le seul point qui puisse faire quelque peu difficulté, c'est le fait que tant d'évêques se soient rangés sous l'obédience de la fausse Église ; mais ceci ne contredit pas l'enseignement catholique : seule une majorité de théologiens, et non l'unanimité, ont enseigné qu'il était impossible que la plupart des évêques sombrent dans l'erreur. Lors de la crise arienne, la majorité des évêques a eu une position au moins équivoque, semble-t-il surtout au concile de Séleucie. Dans tous les cas, l'opinion selon laquelle la majorité des évêques ne peuvent sombrer n'est pas une doctrine de foi.

Le prêtre sédévacantiste de Faverney avait déclaré, lors d'un catéchisme, que la survie de Paul VI n'était pas fondée sur la théologie, ajoutant que pour cette raison, à sa connaissance "peu de prêtres y croyaient". Or, premièrement la survie du Saint-Père est la solution la plus fondée théologiquement (et même la seule valable), et deuxièmement, la grande majorité des exorcistes français et suisses, et donc les meilleurs prêtres, ont cru à la survie de Paul VI : pour la simple et bonne raison que les démons, à un moment ou à un autre, avouaient que Paul VI était vivant. Mais les prêtres d'aujourd'hui sont souvent l'ombre de ce qu'étaient les prêtres aux grandes heures de l'Église, et peu pratiquent encore l'exorcisme. Il faut savoir que la survie du Saint-Père n'a pas seulement été mentionnée par les exorcismes suisses, elle a été évoquée par les démons lors d'exorcismes du Père Waltz (je ne suis pas sûr de l'orthographe de son nom), exorciste de la Fraternité Saint Pie X aujourd'hui décédé, et également lors d'exorcismes opérés par d'autres prêtres que je ne peux pas citer, par discrétion.

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