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In Nomine Domini

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« Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité » (Jean XVIII. 37)


Les erreurs de Vincent Morlier

Publié par Jean-Baptiste sur 19 Mai 2015, 08:20am

Comme le savent déjà certains d'entre vous, Vincent Morlier, qui croyait auparavant en la survie du Saint-Père, n'y croit plus ; cela depuis déjà plusieurs années, bien que je ne sache pas depuis combien de temps exactement. Sans examiner la raison de ce revirement (même si j'ai mon idée sur la question), intéressons-nous plutôt à la thèse qu'il défend désormais, qui elle-même nous livre des indices sur les causes de son changement d'opinion...

Je ne crois pas déformer la thèse de Vincent Morlier (exposée sur le site "église-la-crise"), en disant que selon lui, l'Église a enseigné infailliblement l'erreur (!), pour des raisons mystiques, afin de ressembler à Notre-Seigneur qui a été revêtu du péché. C'est l'idée centrale. Il affirme en outre que non seulement Paul VI, mais Wojtyla et ses successeurs, ont bénéficié de l'acceptation pacifique par l'Église universelle ; et donc qu'ils sont légitimement papes, avec certitude. Cette dernière affirmation, à mon avis, est à la racine de toutes ses autres erreurs : car si Jean XXIII et Paul VI ont été acceptés pacifiquement par toute l'Église, il n'en va pas de même de Karol Wojtyla et de ses successeurs, comme je l'ai amplement expliqué dans les dernières éditions de mon ouvrage : La survie de Paul VI : une certitude de foi. Mon opinion sur ce point n'est pas biaisée par le fait que je croie en la survie du Saint-Père, car sur le forum anglo-américain Cath Info, des personnes qui ne connaissent pas la survie de Paul VI, et même un sédévacantiste, ont fait observer d'elles-mêmes, sans aucune remarque de ma part, qu'il fallait distinguer Jean XXIII et Paul VI d'une part, et Karol Wojtyla et ses successeurs d'autre part : les premiers ont été acceptés pacifiquement, mais pas les derniers.

Au début de leur discussion, ces personnes n'opéraient pas cette distinction ; mais l'une d'elles a fait remarquer qu'il était absolument faux d'affirmer qu'à l'époque de Vatican II, il y avait eu une contestation massive ; il est clair que la contestation n'est intervenue que bien plus tard. Durant le concile, tout le monde se comportait comme si Paul VI était pape ; or, deux ans suffisent largement à constituer l'acceptation pacifique... Même après la promulgation de la nouvelle messe, le seul mouvement notable de résistance à la réforme, la Fraternité Saint Pie X, fut instauré canoniquement, avec l'autorisation même de Paul VI, et demeurant sous son obédience à la fois sur le plan théorique et sur le plan pratique. Ce n'est qu'en 1976 (donc après le remplacement définitif du Saint-Père par un sosie), avec la suspense a divinis (invalide) de Mgr Lefebvre prononcée par le faux pape, qu'est intervenue une contestation pratique généralisée de la légitimité de Paul VI, chez les catholiques fidèles. En tout cas, il est impossible de dire que cette contestation pratique ait eu lieu dès le concile, ce qui suffit à caractériser l'acceptation pacifique. 97% des évêques ont signé la déclaration sur la liberté religieuse...

Au contraire, Wojtyla a été élu dans un contexte où la Fraternité Saint Pie X n'était plus sous son obédience, refusant de lui obéir sur le plan pratique, et agissant en apparence en dehors du cadre canonique (je dis bien en apparence, car en réalité le statut canonique de la Fraternité n'a pas changé, étant donné que la condamnation vient d'un faux pape). Des dizaines de milliers de fidèles, et des milliers de prêtres, dans le monde entier, ont refusé d'obéir à Wojtyla, et ont continué de célébrer la Messe tridentine. Il suffit de voir en France le nombre des prêtres ayant fait partie de l'association Noël Pinot... Vincent Morlier a donc tort de dire que Wojtyla et ses successeurs ont été acceptés pacifiquement par toute l'Église. Paul VI est le dernier pape à l'avoir été, et cela suffit à permettre de savoir qu'il est vivant, car depuis, il n'y a eu aucun effort de l'Église pour élire son successeur ; ce qui serait le cas s'il y avait absence de pape, et donc nécessité vitale d'élire le prochain Souverain Pontife.

Malgré la situation très grave de l'Église, on ne peut pas dire, comme le fait Vincent Morlier, que l'Église ait "enseigné infailliblement l'erreur", même pour des raisons mystiques. L'Église n'est pas la Synagogue, et en temps que Corps Mystique du Christ, elle ne peut être bouleversée dans ses éléments constitutifs, et doit demeurer intacte. D'où également les erreurs des sédévacantistes quant à l'élection du pape, quant à la succession apostolique, et quant à la permanence de l'Église enseignante.

Enfin, il est faux de prétendre, comme le fait Vincent Morlier, que Dignitatis Humanae comporte une hérésie ; DH comporte tout au plus une erreur, en raison de la doctrine qui veut que les évêques réunis en concile général soient préservés de l'hérésie collective, ou autrement dit, préservés contre le fait d'enseigner une erreur comme de foi. Lorsqu'il n'y a pas infaillibilité (dans le cas du magistère seulement "authentique"), il y a néanmoins ce qu'on appelle en anglais la "sécurité infaillible" (infallible safety), et ce même en l'absence de pape (l'Abbé Ricossa soutient que durant la vacance du Saint-Siège, l'Église n'est plus infaillible !). Les sédévacantistes commettent sur ce point la même erreur que Vincent Morlier.

Pour plus de détails, se reporter à mon livre, dont je publierai prochainement une version encore augmentée (un bon livre n'est jamais fini !) : La survie de Paul VI : une certitude de foi.

 

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