Il existe sur internet un forum sédévacantiste nommé "foicatholique.cultureforum", où très peu de membres interviennent malgré le nombre d'inscrits. Il n'est même pas rare que Jean-Paul Bontemps, l'un des membres les plus actifs, parle tout seul. Comme sur d'autres forums sédévacantistes (en particulier les forums francophones), l'aigreur, la moquerie et les insultes y sont assez fréquentes : vous lirez aussi bien des qualificateurs du genre "âne bâté" ou "clown" ou encore "guignol dangereux." Sur ce point le forum "Te Deum" n'est pas mieux. À la décharge des sédévacantistes, je dois dire que les forums anglophones sont un peu mieux, surtout celui de John Lane, mais ce dernier cas tient à la personnalité équilibrée de ce monsieur. Cependant, aussi bien sur internet que dans le monde réel, j'ai pu constater que les milieux lefebvristes à cet égard étaient nettement plus sains, et je n'hésite pas à dire que le sédévacantisme a tendance à produire des fruits amers, comme l'ont déjà remarqué des prêtres de la Fraternité Saint Pie X.
Mais laissons-là cette digression... Jean-Paul Bontemps à posté sur le forum "foicatholique" un article intitulé "L'Église aurait-elle aujourd'hui un pape inconnu et caché ?".
Il s'agit d'une réponse qui semble s'adresser surtout à une personne qui prétend que Pie XII est encore vivant (sans s'appuyer sur aucune révélation privée ni aucun élément de preuve) ; mais cela peut nous concerner nous aussi : car J.-P. Bontemps nie la possibilité de l'exil caché d'un pape quel qu'il soit, au motif qu'il ne peut exister de "hiérarchie cachée". Or, ceux qui ont lu mon ouvrage "La survie de Paul VI : une certitude de foi", savent que j'ai déjà répondu à cette objection.
Premièrement, les sédévacantistes eux-mêmes admettent qu'il n'est pas nécessaire que le Pape soit toujours visible (sinon l'Église cesserait d'être visible à chaque vacance du St. Siège). Il suffit que l'Église hiérarchique (l'épiscopat) soit visible. Or c'est le cas aujourd'hui grâce au mandat de Paul VI à Mgr Lefebvre de 1988 et grâce à la juridiction dont bénéficie l'épiscopat traditionaliste sur le fondement de l'erreur commune.
Deuxièmement, la visibilité ne doit pas être reléguée à une notion purement sensible, car il a déjà existé des papes en exil ; et l'Église n'a pas cessé d'être visible pour autant. Les catacombes romaines ont constitué un argument protestant contre la visibilité de l'Église...
Dans le cas de la thèse de l'élection du Cardinal Siri, là effectivement il y aurait une objection sérieuse fondée sur la visibilité de l'Église, comme je l'ai expliqué dans mon livre. Pour le détail de ces questions, je vous y renvoie...
À la fin de l'un de ses messages, J.-P. Bontemps écrit ceci :
"FRANC-IGNORANTUS [qui croit à la survie de Pie XII], en écrivant que « Pour être élu antipape illégitime, il faut [nécessairement selon lui] un conclave qui agit de façon illégitime » en insinuant ainsi qu’il n’y aurait absolument aucune autre possibilité d’obtenir un « antipape illégitime » c’est-à-dire, dans le cas d’un Conclave légitime, obtenir un « “papes” materialiter » sans la forme du Pontificat (cf. http://messe.forumactif.org/t2317-de-romano-pontifice-de-saint-robert-bellarmin-avec-commentaires#44811), fait totale abstraction de la possibilité, pour un élu de Conclave légitime, de ne pas donner son acceptation à sa désignation par les Cardinaux légitimes ou de n’en pas donner une acceptation réelle et sincère mais de feindre d’en donner une !...
"On voit clairement ainsi que FRANC-IGNORANTUS n’est qu’un guignol dangereux ! "
Contrairement à ce que prétend J.-P. Bontemps, il est absolument impossible qu'un conclave valide aboutisse à l'élection d'un antipape. Cette proposition a été condamnée au Concile de Constance. L'abbé Ricossa, le diacre Zins et Clément Lécuyer (notamment) nient l'infaillibilité de l'élection du pape, comme le fait ici J.-P. Bontemps. Or, l'élection du pape fait partie des faits dogmatiques, qui donnent naissance à une certitude de foi de nature ecclésiastique. Elle est le corollaire de l'infaillibilité pontificale, car sans élection certaine, pas de règle de foi certaine. Les guérardiens peuvent donc dire ce qu'ils veulent, le fait est que leur théorie est une pure et simple hérésie... À partir du moment où l'acceptation pacifique rend certaine la légitimité du pape, il est en même certain qu'il n'existait aucun obstacle de sa part à la "réception de l'autorité", pour reprendre l'expression de Mgr Guérard des Lauriers. Sa thèse ne serait donc tout au plus admissible que dans l'hypothèse du "pape hérétique", mais premièrement cette dernière hypothèse ne concerne que le cas d'un pape qui sombrerait à titre de docteur privé (au-delà l'infaillibilité pontificale n'aurait plus aucun sens), deuxièmement cette hypothèse a été exclue par les travaux préparatoires du concile Vatican I. Non seulement il n'est jamais arrivé qu'un pape sombre dans l'hérésie, mais il n'est jamais arrivé, dans toute l'histoire de l'Église, qu'un conclave valide aboutisse à l'élection d'un antipape. Avant de qualifier son prochain d'ignorant, J.-P. Bontemps devrait trouver un exemple à l'appui de son affirmation. Moi j'ai pris la peine de faire des recherches d'index sur tous les conclaves de l'histoire...