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In Nomine Domini

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« Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité » (Jean XVIII. 37)


La validité de la nouvelle messe

Publié par Jean-Baptiste sur 7 Décembre 2015, 09:02am

Les sédévacantistes répandent des erreurs théologiques sur de nombreux sujets, qui mènent certaines personnes à des positions de plus en plus radicales, leur faisant perdre la foi. Je l'ai moi-même observé chez plusieurs personnes : l'un de mes contacts facebook, anciennement sédévacantiste, est devenu lecteur dans l'Église schismatique grecque ; autrement dit il a intégré la prêtrise d'une secte schismatique. Ce n'est malheureusement pas le seul cas et j'ai vu plusieurs personnes, souvent américaines mais pas seulement, se demander si l'Église grecque schismatique n'était pas la vraie Église, et certaines ont été séduites. D'autres deviennent des "home aloners" et prétendent que toutes les messes célébrées aujourd'hui sont illicites, même tridentines. Je dois le dire, cette attitude est due aux positions erronées des sédévacantistes, qui renversent la Constitution de l'Église et poussent certaines personnes au désespoir, ces personnes attendant un redressement de l'Église qui semble ne jamais intervenir. Le sédévacantisme s'accompagne le plus souvent de thèses fausses sur la validité de la nouvelle messe et des nouveaux rites, et même sur la messe "una cum" (!), ce dernier point contribuant spécialement à éloigner les âmes de la foi ou à les mener au pharisaïsme.

Les différentes révélations privées ayant évoqué la survie de Paul VI ont été très claires sur le fait que la nouvelle messe et les nouveaux rites étaient valides, mais procuraient bien moins de grâces. Le prêtre sédévacantiste de Faverney affirme que ce n'est pas possible, que si une messe est valide elle procure nécessairement la plénitude des grâces. C'est parfaitement faux, car pour que la messe soit valide, il suffit qu'il y ait la matière, le ministre, la forme, l'intention du ministre, et l'intention exprimée dans le rite de la messe ; or il est possible que ces conditions soient présentes et qu'en même temps le rite contienne des paroles moins satisfaisantes que celles qu'on utilisait jusqu'alors, et déplaisantes à Dieu dans une certaine mesure.

On me posera cette question, à laquelle j'ai déjà répondu : comment une messe valide peut-elle être nuisible à la foi ?

Je répondrai ce que j'ai déjà répondu : la nouvelle messe n'est pas nuisible à la foi au sens où y assister est pire que de ne pas y assister (si le rite est respecté), elle est nuisible à la foi au sens où elle procure beaucoup moins de grâces que la Messe tridentine. Un pape légitime ne peut pas promulguer une messe nuisible à la foi, mais précisément, le nouvel ordo est un document falsifié (j'en ai déjà parlé).

Lors de la nouvelle messe, il y a la plupart du temps la matière : le pain et le vin. Il y a le ministre : j'ai déjà démontré que le nouveau rite d'ordination était valide. Mais y-a-t-il la forme ? Et qu'est-ce que la forme ?

Saint Thomas d'Aquin enseigne que la Messe est invalide si :

i) des paroles sont ajoutées ou retranchées, de telle sorte que la signification essentielle de ce qui est dit à la Consécration soit détruit ; et cela inclut le fait de retirer des mots que St. Thomas appelle "la substance de la forme" [S.T. III.60.8]
 
ii) des paroles sont changées, de telle sorte que l'intention de ce qui est effectué par le sacrement est changé, affectant l'intention du ministre [S.T. III.64.8].
 

La Messe n'est pas invalide si :

iii) des paroles sont ajoutées ou retranchées, qui n'ajoutent pas ou retranchent pas à la signification essentielle de ce qui est fait [S.T. III.60.8 ad 2].
 

Les paroles de la consécration du pain dans la Messe tridentine sont "Ceci est Mon Corps", et dans la nouvelle messe, "Ceci est Mon Corps, livré pour vous" ; et les paroles de la consécration du vin sont dans la Messe tridentine "C'est le Calice de mon Sang, du nouveau et éternel testament (Mystère de Foi), Sang qui sera répandu pour vous et pour un grand nombre en rémission des péchés" ; et dans la nouvelle messe : "Ceci est la coupe de mon Sang, le Sang de l'Alliance nouvelle et éternelle, qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés".

On voit que les paroles ajoutées à la nouvelle messe n'altèrent pas la forme, parce qu'elles n'en changent pas la signification, qui est la consécration du Corps du Christ : s'il suffisait que des paroles soient ajoutées à "Ceci est mon corps" pour que la messe soit invalide, les rites arménien et byzantin seraient invalides.

Quant à la consécration du vin, certains sédévacantistes disent que le retranchement de la mention du "mystère de foi" rend la messe invalide, parce que St. Thomas aurait dit que cela faisait partie de la forme du rite. Or, il s'agit d'un argumentation fallacieuse, car l'expression "substance de la forme" employée par St. Thomas en III. 78.3 reçoit une signification plus large qu'en III 60.8 : dans ce dernier cas, il ne fait référence qu'aux paroles strictement nécessaires à la Consécration, alors qu'en 78.3 il désigne simplement le paragraphe qui comprend la forme de la Messe. Prétendre le contraire reviendrait à dire que St. Thomas nie la validité des rites orientaux approuvés par le jugement infaillible de l'Église : car les rites syriaque, copte, éthyopien, abyssinien, byzantin et arménien n'incluent pas l'expression de "mystère de foi".

Maintenant, la nouvelle messe est-elle rendue invalide par l'intention exprimée ? Certains sédévacantistes disent que oui : ils prétendent que "l'intégrité de l'expression" est altérée, parce que les paroles ajoutées à "Ceci est la coupe de Mon Sang" forment une deuxième phrase, à cause de l'article "le", contrairement aux paroles du rite tridentin et des rites orientaux, qui sont dites en une seule phrase, conformément à la tradition. Là encore cette argumentation est fausse, dans le sens où les paroles ajoutées n'expriment pas ce qu'est la Consécration (le "quoi ?"), mais sa cause (le "pourquoi" ?), à savoir la rémission des péchés ; donc elles ne font pas partie de la forme au sens le plus restreint du terme, et avant qu'elles soient prononcées, la Consécration est déjà opérée. S'il était dit par exemple "Ceci est la coupe de mon Sang, le Sang de la Vierge Marie", la Consécration serait invalide parce que les paroles ajoutées n'exprimeraient plus le sens que doit exprimer la Consécration.

Certains disent encore que les traductions vernaculaires "pour la multitude" ou même "pour tous" rendent la nouvelle messe invalide ; or il faut différencier la volonté antécédente et la volonté conséquente du Christ. Notre-Seigneur a voulu répandre Son Sang pour le salut de tous les hommes (volonté antécédente), mais tous n'ont pas répondu et ne répondront pas à Son appel, ce qu'Il sait, de par son omniscience (volonté conséquente). Donc l'expression "pour la multitude" n'est pas hérétique, et n'altère pas l'intégrité du sens de la Consécration : elle peut recevoir un sens orthodoxe.

Il faut noter que tous les sédévacantistes ne prétendent pas que la nouvelle messe et les nouveaux rites sont invalides ; une partie d'entre eux demeurent réservés sur le sujet. Mais ceux qui défendent l'invalidité ont très souvent une argumentation dont le manque de rigueur démontre qu'ils n'ont pas les qualités morales pour aborder ce genre de débat. Leurs articles sur les nouveaux rites relèvent par exemple de la prose rabbinique... En ce qui me concerne, les sujets que j'ai étudiés en faculté de droit étaient beaucoup plus compliqués que ceux-là...

Le Cardinal Ottaviani, théologien compétent, n'a pas dit que la nouvelle messe serait systématiquement invalide, mais que le texte du nouvel ordo donnerait lieux à des cas d'invalidité, parce que la langue vernaculaire et les nouvelles formules entraînent un amenuisement de la dimension sacrée de la Messe : certains prêtres ont donc eu tendance à ne plus croire à la Présence Réelle. La Très Sainte Vierge Marie, dans ses diverses apparitions, a très souvent résumé le problème de la nouvelle messe en disant que si le prêtre croyait à la Présence Réelle, la messe était valide ; or il s'agit du meilleur résumé qu'on puisse faire. Mais valide ne veut pas dire bonne.

Enfin, faut-il assister à la nouvelle messe ? À mon sens tout dépend de la situation considérée. Si vous avez la possibilité d'assister assez régulièrement à la Messe tridentine, il ne faut probablement pas assister à la nouvelle messe, ne serait-ce qu'à cause des pratiques modernistes telles que la distribution de la communion par les fidèles dans beaucoup d'églises. En revanche, si vous n'avez pas la possibilité d'assister à la Messe tridentine du tout, je pense qu'il convient d'aller à la messe moderne, sauf si les circonstances sont telles qu'il y aurait un danger pour votre foi.

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