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In Nomine Domini

In Nomine Domini

« Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité » (Jean XVIII. 37)


Réponse à Jean-Paul Bontemps (suite)

Publié par Jean-Baptiste sur 4 Mai 2016, 17:39pm

Le guérardien Jean-Paul Bontemps, dans le forum sédévacantiste "foicatholique.cultureforum", a publié le 26 janvier un sujet intitulé "l'Église aurait-elle aujourd'hui un pape inconnu et caché ?" ; et il prétend réfuter cette idée. L'un de ses arguments, déjà plus digne de réponse que ceux qu'il nous a cités, est que le Pape ne peut pas être séparé du corps qu'il régit. J.P Bontemps cite un article du Père Marie-Dominique Bouix, de la Revue des sciences ecclésiastiques, paru en 1868, qui affirme notamment que : "Un royaume ne périt pas à la mort du roi ; mais il périt si, du vivant du roi, les sujets se séparent de lui. Ainsi l'Église périrait et les portes de l'enfer auraient prévalu contre elle, si, du vivant du vrai Pape, la généralité des évêques et des fidèles se séparaient de lui."

En vérité, ce dont M. Bontemps ne s'aperçoit pas, c'est que non seulement notre position théologique est en pleine conformité avec l'enseignement du Père Bouix, mais que la sienne, elle, est en contradiction avec cet enseignement (comme nous allons le voir)...

L'Église enseigne qu'il est impossible qu'un antipape soit accepté par toute l'Église : car la tête serait séparée du corps, l'Église enseignante serait séparée de l'Église enseignée (et donc l'Église ne serait plus UNE). Une fois que l'acceptation est réalisée, elle est irrévocable : elle vaut une fois pour toute. Autrement dit, à partir du moment où un pape a été accepté universellement, il est certain qu'il est légitime.

Ce que dit le Père Bouix, c'est qu'il est impossible que toute l'Église ou presque se sépare de son chef légitime ; et nous le confessons et admettons pleinement. Dans notre ouvrage "La grande apostasie de Vatican II et le Pape en exil de Fatima", nous avons déjà évoqué cette question, anticipant l'objection que nos adversaires pourraient soulever contre nous.

Lorsque la Fraternité Saint Pie X a été fondée, elle l'a été sous le règne de Paul VI, par son approbation canonique (ou plus précisément celle de l'évêque du lieu, qui était sous l'autorité du Saint-Père) ; cette approbation n'a depuis jamais été validement révoquée, car la révocation ne vient pas du pape légitime, mais du sosie. Il existe donc un lien canonique entre Paul VI et la Fraternité Saint Pie X, confirmé lors du sacre des évêques d'Ecône, quand le Pape Paul VI a donné son mandat pontifical en vue des sacres. Pour ceux qui ignoreraient l'existence de ce mandat, je vous renvoie à cet enregistrement audio où Mgr Lefebvre en personne avoue avoir reçu ce document :

Le son est très mauvais car l'enregistrement a été effectué par Bonaventur Meyer, semble-t-il le long d'une route, probablement en cachette. J'ai appliqué un débruitage, qui supprime les grésillements mais créé en contrepartie ces parasites que l'on entend. Ce sont des catholiques bretons qui m'ont transmis cet enregistrement : jusqu'à maintenant personne ne l'avait publié ! Malheureusement ce n'est pas le seul document dans ce cas !

Dans cet enregistrement, il est vrai que Mgr Lefebvre doute de la survie de Paul VI : il rapporte l'existence de cette lettre de mandat, mais sans y ajouter foi d'une manière invincible ; il dit : "mais j'y crois plus ou moins, parce que je ne sais pas si le Pape Paul VI vit." Cependant, Mgr Lefebvre ne se moque pas non plus. Par ailleurs, qui d'autre aurait envoyé cette lettre au prélat français ? Je vois mal Bonaventur Meyer s'amuser à de telles puérilités blâmables et sacrilèges ; c'était un homme digne et zélé pour la gloire de Dieu.

Mais revenons à nos moutons : actuellement, Paul VI est-il séparé de son peuple, les membres sont-ils séparé de la tête ? Aux yeux du corps oui, mais aux yeux de l'âme non : car le lien canonique qui unit le Saint-Père à ceux qu'il régit existe toujours : la Fraternité Saint Pie X a persévéré dans ce lien, en ne se soumettant pas aux autorités illégitimes du Vatican. Certains objecteront : "les prêtres de la Fraternité citent le nom de Bergoglio au canon de la Messe." C'est vrai, mais comme je l'ai déjà expliqué, selon l'enseignement des théologiens, la reconnaissance du pape est à la fois théorique et pratique ; or, si la Fraternité cite le nom de Bergoglio au canon, en revanche, elle ne lui obéit pas. En vérité, elle reconnaît davantage Paul VI, car elle demeure dans le lien canonique qui l'unit à lui.

Les évêques de la Fraternité Saint Pie X jouissent d'une juridiction suppléée, sur la base de l'erreur commune. Les sédévacantistes nient l'existence de cette juridiction et prétendent eux-mêmes n'avoir aucune juridiction ordinaire, mais ils ne se rendent pas compte que sans juridiction ordinaire, il n'y a plus d'Église. Le Pape Pie IX et tous les manuels de théologie enseignent que l'Église enseignante et la juridiction ordinaire ne peuvent pas disparaître : sans quoi l'Église n'est plus formellement visible, et la succession apostolique s'éteint (ce qui est impossible). Sur ce point (comme sur d'autres), le dénommé Jean-Paul Bontemps ne nous a pas répondu, et serait bien incapable de le faire...

Je le dis et je le répète, le lefebvrisme et le sédévacantisme (y compris sous sa forme guérardienne) se résument en une seule hérésie : la négation de la permanence de l'Église enseignante (ou de son caractère effectif).

Pour toutes les raisons évoquées plus haut, il me paraît impossible que la Fraternité Saint Pie X se rallie, comme l'annoncent tant les sédévacantistes que "France fidèle" (la Fraternité Marcel Lefebvre). Je ne vois pas comment la doctrine de la visibilité de l'Église pourrait être sauvegardée si la Fraternité Saint Pie X se ralliait ; je maintiens donc qu'elle n'interviendra pas et que Paul VI reviendra avant...

Lorsque je fréquentais encore le prieuré de Faverney, je me souviens que le Père Joseph Marie essayait d'expliquer ce genre de situation en disant qu'à partir du moment où un fait se produisait, alors il était possible. C'était une manière d'imposer le sédévacantisme aux fidèles, en le décrivant comme un état de fait, constatable à chaque instant ; or, un état de fait ne peut pas contredire la doctrine catholique... Si la théorie qu'on défend est telle qu'elle contredit la doctrine catholique dans ses conséquences pratiques, alors cette théorie est fausse ; et ce que l'on présente comme un état de fait est en réalié qu'une vision erronée du réel.

 

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