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In Nomine Domini

In Nomine Domini

« Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité » (Jean XVIII. 37)


L'infaillibilité de l'Église

Publié par Jean-Baptiste sur 18 Août 2016, 09:10am

On m'a envoyé par mail une très récente vidéo de Mgr Sanborn (en français) à propos de l'infaillibilité de l'Église, et spécialement du magistère ordinaire universel. Ce prélat affirme que pour la Fraternité Saint Pie X, un enseignement du magistère ordinaire universel n'est infaillible qu'autant qu'il est conforme au magistère antérieur. En réalité, il s'agit d'une caricature malhonnête de la position de la Fraternité, qui séduira les gens simples ou peu instruits de ces questions, mais qui n'est pas faite pour sevrir l'honneur et la vérité.

Ce que dit la Fraternité - et elle a raison - c'est que l'infailliblité (tant celle du pape que de l'Église en général) implique un enseignement irrévocable ; or, il n'y a à Vatican II AUCUN enseignement irrévocable. Contrairement à ce que dit le Père de Vergeron (un moderniste qui fait les mêmes erreurs que les sédévacantistes), même la proclamation de Paul VI décrivant Marie comme "Mère de l'Église" n'est pas infaillible : car elle n'est pas formulée comme une doctrine irrévocable. Ce qui ne veut pas dire que Paul VI ait tort ou que Marie ne soit pas Mère de l'Église ! Mais il est faux de penser que cette proclamation est infaillible, tout simplement. Le Saint-Père a bien dit que Vatican II ne relevait QUE du magistère authentique.

La Fraternité utilise le critère de la rupture avec le magistère antérieur simplement  pour démontrer que le concile Vatican II ne peut pas prononcer une doctrine irrévocable. Elle dit : puisque Vatican II est en rupture avec le magistère antérieur, ce que le concile enseigne ne peut pas être une doctrine irrévocable ; sinon le magistère se contredirait, et l'Église ne pourrait pas être infaillible. Voilà ce que dit la Fraternité ! Mais Mgr Sanborn CARICATURE et PARODIE sa position, de façon mahonnête, pour lui faire dire ce qu'elle ne dit pas - pour lui faire dire la même chose que les gallicans et les jansénistes, en somme. C'est typique des sédévacantistes, et cela montre le peu d'intégrité de ces milieux...

En soi, le critère de raisonnement de la Fraternité Saint Pie X est beaucoup plus juste que celui des sédévacantistes, car la Fraternité sait très bien qu'un pape accepté pacifiquement par l'Église universelle - et donc infailliblement légitime - ne peut pas errer dans la proclamation de la foi, a fortiori durant un concile oecuménique qui rassemblait tous les évêques du monde. Et quand bien même vous diriez que Paul VI n'était pas pape (ce qui est de toute façon impossible pour la raison susdite), tous les évêques du monde étaient rassemblés. Certes ils doivent théoriquement être unis au Pape pour être infaillibles : mais d'une part ils l'étaient, car Paul VI était infailliblement pape ; et d'autre part les manuels de théologie eux n'ont pas besoin d'être unis au Pape pour être infaillibles (si vous me permettez cette plaisanterie) ! Donc les théologiens enseignent que de fait, les évêques ne peuvent enseignent une hérésie (ou une erreur décrite comme une doctrine de foi), ensemble et d'un même mouvement.

À propos de l'infaillibilité de l'Église, l'encyclopédie catholique américaine est très claire : "l'infaillible du Pape est la même, dans sa nature, sa portée et son étendue, que celle de l'Église dans son ensemble" ; or, la condition la plus déterminante de l'infaillibilité est toujours la détermination irrévocable d'un point de doctrine : "Il doit être suffisamment évident qu'il [le Pape] entend enseigner avec toute la plénitude et la finalité de son autorité apostolique suprême, en d'autres termes qu'il souhaite déterminer un point de doctrine d'une manière absolument finale et irrévocable, ou de le définir au sens technique. Il y a des formules reconnues par lesquelles l'intention de la définition est manifestée."

(Certains, qui ne comprennent rien à l'infaillibilité, citent la formule employée par Paul VI lors de la clôture du concile ; or l'infaillbilité du magistère ne s'envisage pas dans son tout mais dans ses parties : il faut qu'un enseignement DÉTERMINÉ soit qualifié d'irrévocable ; et l'un des meilleurs exemples est l'encyclique Humanae Vitae, où en plein milieu de l'encyclique - si je puis dire - le Pape Paul VI dit que la commission d'examen n'avait pas apporté de solution définitive, et ajoute : "Nous allons maintenant, en vertu du mandat que le Christ Nous a confié, donner notre réponse à ces graves questions." C'était une manière très claire de dire que sa solution à lui, elle, était définitive.)

Sur ce point, les guérardiens et presque tous les sédévacantistes racontent n'importe quoi (j'ai lu que l'abbé Paladino avait eu une position plus modérée mais je n'ai pas pu le vérifier). Pour vous donner un exemple, en relisant récemment les revues Sodalitium de l'abbé Ricossa, j'ai vu que selon lui il ne fallait pas parler de "conditions" de l'infaillibilité (dans ce cas il va devoir faire réécrire l'encyclopédie catholique américaine et presque tous les livres des meilleurs spécialistes de l'infaillibilité !), car le concile Vatican I ne fixerait pas les conditions de l'infaillibilité de l'Église, mais affirmerait simplement que lorsque le Pape enseigne une doctrine de foi ou de morale à l'Église universelle, il est infaillible selon le mode ex cathedra, sans exclure qu'il le soit également selon d'autres modes. En vérité, CETTE DOCTRINE EST FAUSSE, aucun manuel de théologie dogmatique ne dit cela, ni aucun des meilleurs auteurs ayant traité de cette notion. L'abbé Ricossa et les sédévacantistes S'INVENTENT leur propre théologie.

Quand j'assistais aux catéchismes sédévacantistes du prieuré de Bethléem j'entendais les mêmes erreurs, et je les croyais (au début !), comme tous les fidèles qui n'ont pas d'instruction sur le sujet. D'ailleurs on trouve encore un vieux commentaire du Père Joseph Marie sur gloria.tv où ce dernier reproche à son interlocuteur l'usage du terme de "conditions" de l'infaillibilité ; or c'est le mot qu'emploie l'encyclopédie catholique américaine et presque tous les manuels de théologie ! La réalité est que les sédévacantistes s'inventent leur propre théologie afin de dénaturer l'enseignement de l'Église. En droit on parle bien des "conditions" d'une loi, pour décrire la portée de son application : à qui s'applique-t-elle, quand, et dans quelles circonstances ? Donc cette manière de parler permet aux sédévacantistes de faire croire que l'infaillibilité a une étendue presque illimitée, du moins autant que le pape ou les évêques évoquent des considérations sur la foi ou la morale - ce qui n'est pas l'enseignement de l'Église!

 

Ce que l'Église enseigne, je l'ai déjà écrit dans mes ouvrages :

-Les évêques dispersés dans le monde et unis au Pape sont infaillibles lorsqu'ils enseignent une doctrine de foi ou de morale IRRÉVOCABLE (c'est le magistère ordinaire universel).

(Cette infaillibilité va même au-delà de l'enseignement épiscopal en union avec le Pape, car les manuels de théologie par exemple entrent dans le cadre du magistère ordinaire universel).

-Le Pape est infaillible lorsqu'il enseigne une doctrine de foi ou de morale IRRÉVOCABLE (c'est le magistère personnel du Pape), que ce soit lors d'un concile oecuménique, dans une bulle, une encyclique, ou autre document.

(Soit dit en passant, il n'est pas vrai de prétendre, comme le fait l'abbé Lafitte, qu'un simple discours oral est infaillible dès que le Pape parle de la foi ou de la morale, comme l'a fait Pie XII dans son discours aux sages femmes - ce sont des inepties. Sans exclure qu'un message oral du Pape puisse être infaillible, je dirais qu'il faut bien que le caractère irrévocable de la doctrine énoncée soit manifesté. Je ne connais cependant pas d'exemples historiques de discours purement oraux qui soient considérés comme infaillibles).

-Lorsque la doctrine enseignée n'est pas irrévocable, il n'y a pas infaillibilité ; et à chaque fois, dans un acte qui CONTIENT une doctrine irrévocable, il faut distinguer entre cette doctrine elle-même (le ratio decidendi) et les arguments ou remarques annexes (obiter dicta), dont les sédévacantistes ne parlent jamais, ce qui n'est pas un hasard. Les enseignements non-irrévocables ne sont pas infaillibles au sens strict, mais infailliblement sûrs (c'est le terme employé par les théologiens), en ce sens qu'ils ne peuvent pas induire d'erreurs graves chez les fidèles en matière de foi ou de morale. Or, sur ce point Vatican II ne porte aucune atteinte grave aux vérités du Credo. Il n'est pas écrit dans le concile qu'il est bon de pratiquer la religion animiste, ou que le Christ n'est pas présent dans l'Eucharistie ! Le concile Vatican II est ambigü, humaniste et libéral, mais pas au point de porter une atteinte grave et directe aux vérités du Credo. D'ailleurs les erreurs et hérésies sédévacantistes, en comparaison et d'un point de vue théologique, sont bien plus graves que les ambiguïtés du concile (j'en ai déjà parlé). En soi il est plus grave de dire "toute la hiérarchie de l'Église a sombré" (c'est littéralement ce qu'enseignent les sédévacantistes sous toutes leurs formes), que d'avoir des formules humanistes du genre "l'Église regarde avec respect les musulmans" (Vatican II - Nostra Aetate).

(Les théologiens ont bel et bien mentionné des cas où le magistère non-infaillible peut contenir des erreurs, n'en déplaise aux sédévacantistes : je vous renvoie à mon ouvrage de théologie dogmatique).

 

L'exemple relatif aux discours du Pape est le meilleur exemple : l'abbé Lafitte, comme d'autres sédévacantistes, CARICATURE la doctrine de l'infaillibilité au point de dire que dès que le Pape parle publiquement de foi ou de morale, il est infaillible. CE QUI N'EST PAS VRAI DU TOUT. De même, croyez-vous que le grand prêtre juif était infaillible en toutes occasions ? En vérité, il ne l'était que par exception ! Lorsque les pierres de son ephod brillaient, il était inspiré par Dieu et pouvait proclamer la loi infailliblement, comme les prophètes juifs lorsqu'ils entraient en extase. Mais cela ne veut évidemment pas dire que le reste du temps, il ne fallait pas lui obéir !

(Caïphe, qui a condamné le Christ, n'était pas un grand prêtre légitime ; il n'était pas de la lignée sadokite, nous en parlons dans notre film).

 

Il faudra que je fasse une vidéo sur le sujet, car il y a plus d'un catholique qui se laisse tromper par les erreurs que répandent les sédévacantistes.

 

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