L'abbé Cekada n'a adressé aucune réponse valable à Salza et Siscoe sur le forum Suscipe Domine. Il s'est enfermé dans des considérations rabbiniques de langage, prétextant qu'il n'existait pas de catégorie théologique de "pertinacité publique". Quand un membre du forum lui a cité un théologien employant cette expression, il a objecté qu'il s'agissait d'une "simple clause subordonnée" ! Aucune réponse sur le fond, donc. L'abbé Cekada conserve ses enseignements erronés quant à la notion d'hérésie et à la perte d'office. En France de nombreux sédévacantistes commettent exactement la même erreur (je les ai déjà cités).
Mgr Sanborn accuse la Fraternité Saint Pie X de libéralisme, mais l'abbé Cekada et lui-même ne sont pas en reste en la matière. Par exemple, Mgr Sanborn ne récite par le bréviaire prescrit par l'Église : si j'ai bonne mémoire il récite un bréviaire antérieur à l'époque de Saint Pie X, car ce dernier pape a réformé le bréviaire et l'a rendu plus court et moins beau (afin que les prêtres soient davantage dévoués aux âmes, motif parfaitement légitime). Quant à l'abbé Cekada, un membre du forum Suscipe Domine prétend qu'il a fait cesser la récitation des prières léonines à l'école Ste Gertrude. Je connais un prêtre sédévacantiste français qui a fait la même chose, et qui pratique la chasse bruyante en violation du droit canon. Donc quand ça les arrange les prêtres sédévacantistes savent eux aussi être "libéraux", et parfois plus que la Fraternité Saint Pie X.
Pour revenir à l'école Ste Gertrude (desservie par Mgr Sanborn, l'abbé Cekada et Mgr Dolan), elle a fait l'objet de nombreuses critiques à cause de l'ambiance qu'il y a là-bas et de la manière dont elle est dirigée. Le témoignage le plus intéressant que j'aie lu est celui de Timothy A. Duff, ex directeur de l'école, qui a écrit le 21 novembre 2009 une lettre où il raconte en détail son expérience et où il explique ce qui ne va pas dans cette école.
Quand l'idée a été lancée de fonder l'école de Ste Gertrude, l'abbé Cekada a dit que c'était une mauvaise idée, car les écoles "avaient tendance à générer la division" ! Ce à quoi l'auteur de la lettre répond que ce ne sont pas les écoles qui génèrent la division, mais ceux qui les dirigent... Quant à Mgr Dolan, il a refusé de prend part à l'administration de l'école, au motif qu'il voulait se consacrer entièrement à son ministère. Or, il a imposé des choix mauvais, notamment la présence d'une religieuse du CMRI (un institut sédévacantiste) qui avait une conception délétère de la relation avec les parents, jugeant qu'ils ne devaient pas avoir voix au chapitre et qu'il ne fallait pas tenir compte de leurs critiques. Elle a installé un climat malsain et mauvais. Au contraire, une autre religieuse qui était là avant elle était très bien. Timothy, le directeur, eut des insomnies à répétition à cause de ses conflits avec Mgr Dolan, d'autant plus qu'il était prédisposé à ces problèmes de santé. Vu le cours des événements il devint rapidement épuisé, mais ce qui l'empêcha de récupérer ce fut surtout la décision de Mgr Dolan de refaire tous les programmes (si j'ai bien compris) qui lui causa un sucroît d'efforts, car il était l'homme à tout faire et ne put pas profiter des vacances d'été pour se remettre de tous les émois de l'année épuisante qu'il avait vécue (le métier de professeur est parfois beaucoup plus fatiguant que ce que prétendent certains paysans et ouvriers, j'aurais plusieurs choses à dire sur le sujet). Mais Mgr Dolan n'entendait pas ses doléances, et un jour où il se déclarait fatigué l'évêque sédévacantiste lui répondit : "Tu sais ce qu'on dit Tim ? Il n'y a pas de repos pour les méchants !" Un autre jour où le directeur réclamait de partir un peu plus tôt, Mgr Dolan lui répondait sans compassion qu'il resterait jusqu'au bout, avec un regard sévère et sans pitié.
Après avoir donné sa démission,"Tim" réussit à récupérer, grâce aux bons soins d'un médecin charitable. Le plus triste dans cette affaire est qu'un évêque veuille le beurre et l'argent du beurre (c'est-à-dire jouir du prestige de son école mais sans s'investir dans les tâches les plus rédhibitoires), et aggrave sa faute jusqu'à n'avoir aucune pitié pour ce pauvre laïc qui lui, était l'homme a tout faire et dut entendre cette remarque cinglante et cynique de son évêque : (on aurait pu dire une telle chose dans les goulags communistes, sous forme de sarcasme impie).
Espérons que Mgr Dolan n'entende pas un jour "J'avais faim, et... [vous connaissez la suite]", et que le malheureux Tim ne devienne pas l'heureux Lazare reprochant au mauvais riche son inconduite envers lui.
Pourquoi est-ce que je vous raconte tout ça ? Parce que certains fidèles - notamment sédévacantistes - disent que leur prêtre "est un bon prêtre", mais ne le fréquentent jamais dans la vie quotidienne (ce qui serait parfois une douche froide) ; et donc, en réalité, ils ne le connaissent pas.
Je ne suis converti à la foi catholique que depuis 2011, et pourtant j'ai reçu pas mal de mauvais rapports sur tel ou tel prêtre sédévacantiste. En comparaison, j'ai reçu beaucoup moins de mauvais rapports sur les prêtres de la Fraternité Saint Pie X. Dans la Fraternité le problème se situe surtout au niveau de la hiérarchie (qui expulse les prêtres et religieux hostiles au ralliement), pas tant au niveau des prêtres eux-mêmes.
On m'a parlé un jour d'un laïc qui s'était fort dévoué à la cause d'une chapelle sédévacantiste, participant à de nombreux travaux de maçonnerie et d'installations diverses, et au final le prêtre de cette chapelle n'a même pas eu la diligence de lui administrer les sacrements lorsqu'il est tombé gravement malade et s'est trouvé hospitalisé. Suite à cela, ce laïc n'a plus voulu entendre parler de cette chapelle. Or, le prêtre en question était pris pour "un bon prêtre", et ce simplement parce qu'il célébrait la Messe tridentine et prononçait des sermons anti-modernistes.
Moralité, à ceux qui se dévouent sans compter pour une chapelle indépendante quelle qu'elle soit (même non-sédévacantiste), je conseille un minimum de prudence et de discernement. Ne dites pas "c'est le meilleur prêtre de la région", et j'en passe et des meilleures, car vous pourriez avoir bien des déconvenues...
On m'a déjà accusé d'anti-cléricalisme, ce qui est faux. Je pense que la Fraternité Saint Pie X et certaines communautés amies (en y ajoutant la Résistance) comptent de nombreux prêtres dévoués et vertueux. Mais globalement, il y a pas mal de prêtres sédévacantistes qui ne sont guère recommandables. D'ailleurs, ne serait-ce que par leur doctrine ils ne le sont pas du tout : je pense spécialement à leur enseignement sur la messe dite "una cum".
"Le monde n'a pas besoin de prêtres savants mais pieux"
(exorcisme du 13 mai 1987)