Monsieur X, survivantiste qui ne veut pas qu'on dévoile son nom, a encore frappé !
La première phrase de son mail me dit ceci :
"La nouvelle Messe a été introduite, signée et promulguée officiellement par PAUL VI, et comme je vous l’ai déjà écrit, entre 1968 (nouveaux sacrements d’ordinations) – 1969 (nouvelle messe) et 1978, toutes les cérémonies publiques et officielles à Rome et ailleurs ont été célébrées par le pape lui-même selon le nouveau rituel."
Vous noterez que l'intéressé dit bien "officiellement" : donc il concède que ce n'est peut-être pas le vrai Pape qui a promulgué la nouvelle messe. Mais je dirais plus : cela ne peut pas être le vrai Pape, parce que la nouvelle messe est nuisible à la foi ; or il est impossible qu'un pape légitime (accepté par l'Église universelle) promulgue une discipline universelle nuisible à la foi.
Monsieur X m'adresse également ses objections habituelles sur la question des rapports entre la Fraternité Saint Pie X et l'antipape Jean-Paul II...
Voici ma réponse :
Vous n'avez aucune rigueur dans votre raisonnement. Je ne vais pas vous le répéter cinquante fois : l'acceptation pacifique est caractérisée au début de l'élection, et "une fois pour toutes". Or, la nouvelle messe a été promulguée bien plus tard. D'ailleurs, le vrai Pape ne l'a jamais promulguée, elle l'a été par le sosie et ses sbires : donc l'infaillibilité de l'Église est sauve. Paul VI a certes célébré la Messe en langue vernaculaire, avec des innovations fort blâmables, pas seulement dans le rite lui-même mais dans les circonstances de la Messe (la disposition du tabernacle, la célébration face au peuple, parfois la suppression de la barre de communion,etc.), bien que je ne sois pas certain du rite exact qu'il ait utilisé (il me semble qu'il a privilégié le Canon Romain) ; MAIS, en tout état de cause, c'était ad experimentum, et jamais il n'a PROMULGUÉ cette messe. Donc votre discussion ne sert rigoureusement à rien, c'est du temps volé à Dieu. Comprenez-vous pourquoi je n'aime pas ce genre de discussions pharisaïques ? Parce qu'elles ne changent rien à l'indéfectibilité de l'Église (d'une part), et parce que je suis plus préoccupé de mes fautes à moi que de celles du Père commun des fidèles, qui tient le premier sceptre du monde (d'autre part) ! Voilà pourquoi de telles discussions sont stériles. La foi elle-même nous enseigne que Paul VI n'a pas pu promulguer le nouvel ordo, car il est interdit de penser qu'un pape accepté pacifiquement par l'Église universelle (et donc infailliblement légitime), puisse promulguer une discipline universelle (une liturgie) nuisible à la foi ! Au contraire, aussi dramatiques que soient ces événements, l'infaillibilité de l'Église n'exclut pas qu'un pape légitime puisse célébrer, à titre d'expérimentation, une liturgie mauvaise. Elle n'interdit pas non plus que des papes très mal avisés puissent faire représenter des grappes innombrables de nus sur les voutes d'une chapelle où sont élus les successeurs de l'apôtre Saint Pierre, lieutenants du Christ sur la terre ! Donc, encore une fois, je vous invite à distinguer la question de la promulgation (acte ex officio qui engage l'infaillibilité), et celle de la célébration de la messe en langue vernaculaire (simple acte peccamineux) !
Quant à l'acceptation pacifique, le fait que Mgr Lefebvre ait écrit à Rome pour protester de sa soumission à Wojtyla ne change rien du tout : obéir au pape, je le répète, c'est se soumettre véritablement à lui, et demeurer en communion avec lui. Or, il est évident que Mgr Lefebvre et ses fidèles n'obéissaient pas à Wojtyla et ne le considéraient pas sincèrement comme leur chef sur le plan canonique. Dès mai 1975 - date ô combien significative - la Fraternité Saint Pie X est considérée comme illégale, suite à la décision de l'évêque du lieu ; puis en 1976, Mgr Lefebvre est frappé de la "suspense a divinis" (invalidement, on s'entend), et la Fraternité Saint Pie X est "dissoute". Voilà dans quelle situation Mgr Lefebvre "accueille", deux ans plus tard, l'élection de l'antipape Jean-Paul II : voilà dans quelle situation il se trouve. Il est considéré comme un quasi-excommunié (la peine de suspense a divinis étant voisine de l'excommunication). Et vous appelez ça une obéissance pratique vous ?
Décidément [Monsieur X], vous et votre frère vous êtes forts ! Sur certains points vous êtes les champions des raisonnements tordus, vos propos n'ont ni queue ni tête. D'où mes paroles selon lesquelles vos erreurs à vous sont voisines de celles de votre frère. Je le répète, si vous affirmez que Wojtyla et ses successeurs ont été acceptés par l'Église universelle, votre position est incompatible avec celle de la survie de Paul VI (ce que votre frère a très bien compris). Il n'est pas possible qu'un antipape soit accepté par toute l'Église, ni qu'un second élu (et plus en l'espèce) soit reconnu universellement du vivant du dernier élu légitime (ce qui revient au même).
Vous ne comprenez toujours pas la nature de l'élection lors du conclave. Elle est déjà infaillible, mais son infaillibilité n'est connue que lorsque Dieu donne le signe certain de l'acceptation pacifique. Il importe peu de savoir si l'on parle ou non de "conclave" dans le cadre de l'élection d'un antipape, ce n'est qu'une querelle de mots. Ce qu'il importe de savoir, c'est qu'un antipape ne peut pas être accepté par toute l'Église ; et corrélativement, qu'un élu qui n'est pas accepté pacifiquement par l'Église universelle ne peut être qu'un faux pontife. PÉRIODE.
NB : Le nouvel ordo missae de 1969 a été promulgué avant la mise en place du sosie, mais d'une part il n'était pas censé remplacer l'ancien (donc il n'y avait pas force obligatoire) et n'avait valeur que d'expérimentation ; et d'autre part il semble que Paul VI ait été trompé sur le contenu même du document, comme l'indique notamment le témoignage de Mgr Martin (et celui de Mgr Basile Harambillet). C'est seulement sous le règne du sosie que le nouvel ordo missae a été présenté comme "obligatoire".