L'ami Senex critique de nouveau notre position théologique à propos de la morale sexuelle, au point de tenir des propos qu'on aurait autrefois jugés obscènes, déplacés ou indécents. Il me peine d'aborder une fois encore ces questions purement animales, mais allons-y...
J'ai déjà expliqué, citations à l'appui, que selon l'enseignement des Pères de l'Église la sexualité sans justification procréative est toujours au minimum un péché véniel. Le mariage est un état de tolérance, et n'a pas seulement pour fin la procréation, mais l'apaisement de la concupiscence, ce qui signifie que l'Église tolère une certaine concupiscence de la part des époux. Seulement, en droit, la tolérance constitue justement l'indulgence à l'égard d'un mal, en vue d'un plus grand bien. Donc l'objet de la tolérance n'est pas un bien mais un mal. On ne tolère pas une bonne chose, mais une mauvaise chose. Sinon il ne s'agit plus de tolérance mais d'approbation. Sur ce point, je vous recommande les livres du MJCF à propos de Vatican II, qui sont très biens : car ils expliquent clairement que le mariage n'est bon que pour l'accomplissement de sa fin (procréation, voire aide mutuelle chez les époux stériles ou âgés), mais que pour tout le reste, il est plus nuisible que bénéfique au salut. En somme, comme le disait St. Paul (non sans irriter bien des Juifs) : "si vous vous mariez vous faites bien, mais si ne vous mariez pas, vous faites mieux".
Il faut bien qu'il y ait des gens mariés pour que l'humanité se perpétue, et ils pourraient vivre saintement comme les Esséniens ; mais en pratique, la concupiscence humaine étant ce qu'elle est, les époux ont souvent du mal à pratiquer la continence telle que Dieu la voudrait, en partie parce qu'ils ne prennent pas les dispositions nécessaires, et notamment celles de faire habituellement lit séparé, comme l'ont fait certains païens (même encore aujourd'hui), au point que le Christ en a loués plusieurs de vivre ainsi (je vous renvoie aux révélations d'Anne-Catherine Emmerick sur la vie de Notre-Seigneur), et qu'Il a recommandé aux Juifs de faire la même chose.
Je ne juge personne, la chasteté est une vertu difficile, et renoncer aux plaisirs de la chair, c'est renoncer aux plus grands plaisirs qu'il y ait sur terre. Même Samson, David et Salomon ont succombé à ces plaisirs ; alors si d'aussi saints personnages y ont succombé, comment ne pas trembler devant la grandeur du danger de telles tentations ? Mais les secours de Dieu sont là... Comme l'enseignent les Pères, la chasteté est un MARTYRE. Ceux qui la vivent avec héroïsme seront honorés comme les martyrs : ils seront à la fois vierges et martyrs.
Ce que je reproche aux prêtres d'aujourd'hui, ce n'est pas de dire qu'il est permis aux époux de faire usage du mariage dans les périodes infertiles (car l'Église le tolère) ; ce que je leur reproche, c'est de dire qu'il n'y a rigoureusement aucun péché à le faire. Car en vérité, il y a plus qu'une imperfection dans cet usage du mariage : il y a bel et bien péché (véniel). Sur ce point, St. Thomas est clair. J'en ai parlé avec d'autres personnes sur un forum anglophone, sujet qui n'avait d'ailleurs pas été lancé par moi ; et au moins un des membres était d'accord avec mes propos. Mais la majorité - des hommes et femmes mariés - a réagi vivement, allant jusqu'à demander que le sujet soit verrouillé.
En fait, plus l'histoire de l'Église a progressé, plus le laxisme s'est fait sentir en matière de sexualité conjugale. Les Pères et les vieux pénitentiels étaient beaucoup plus fermes que les auteurs ecclésiastiques modernes, notamment à propos de la sexualité pendant la grossesse ou pendant les règles, qui est beaucoup plus blâmable que la sexualité durant les périodes infertiles. Depuis l'antipape Jean-Paul II c'est pire encore, les catholiques (y compris tradis) ont une vision décomplexée de la sexualité. L'abbé de Nantes a surnommé Wojtyla "le pape sexologue", mais il était lui-même assez tolérant et décomplexé sur ce genre de sujet. Or, on ne doit pas faire l'apologie de la sexualité, car le mode de procréation actuel est un souvenir de la chute originelle, et c'est par l'acte conjugal que le péché originel se transmet, comme le pensait St. Augustin. C'est notre partie animale, bestiale. C'est ce qui nuit le plus à notre salut.
Les exorcismes suisses ont bien dit que le défaut de pureté était la CAUSE de la crise de l'Église. Plus intéressant encore, ils ont décrit le peuple juif comme "beaucoup plus pur" que l'humanité actuelle, et si vous relisez le passage en question vous verrez que les exorcismes incluaient même les catholiques (et je dirais : également les catholiques tradis !). Car les Juifs étaient astreints à des règles de pureté auxquels les catholiques ne sont pas astreints mais qu'ils devraient respecter (d'autant plus qu'ils ont davantage de grâces !), et qu'ils ne respectent pas ! Les Pères ont bien dit que les chrétiens devraient respecter librement ce qui était jadis de précepte chez les Juifs ; mais les chrétiens ne le font pas, et cela ne date pas d'hier.
Beaucoup de traditionalistes regardent de haut les Juifs (même ceux de l'Ancien Testament), mais c'était un peuple beaucoup plus pur que nous, bien plus saint, à plusieurs titres. Comme l'ont dit les exorcismes, ils étaient plus disposés à accueillir la vérité, et de fait, beaucoup de Juifs se sont convertis (pas la majorité mais beaucoup). Les Juifs vénéraient davantage l'arche d'Alliance que les catholiques ne vénèrent l'Eucharistie.
St. Thomas d'Aquin est très clair pour dire que la sexualité est UN MAL EN SOI, je l'ai déjà cité et c'est ce qu'il écrit noir sur blanc ! Il enseigne que ce MAL doit être EXCUSÉ par une cause juste, qui est la procréation. Or, toutes les fois où la cause n'est pas uniquement la procréation, le mal n'est que partiellement excusé. Donc toutes les fois où les époux font usage du mariage sans qu'il y ait la cause unique de la procréation, il y a au minimum péché véniel de la part de celui qui réclame le dû conjugal, tant que l'intégrité de l'acte est préservée. Mais il n'y a pas de péché de la part de celui des époux qui REND le devoir, car il le fait pour éviter un mal plus grand chez son conjoint (adultère, impureté solitaire...).
Un jour nous avons choqué un prêtre sédévacantiste en déclarant que le mode de procréation actuel aurait été différent sans le péché originel, mais c'est ce qu'enseignent au moins deux "saintes", et plusieurs Pères grecs. Contrairement à une idée reçue, les Pères grecs n'ont pas systématiquement tort contre les Pères latins ! Ce n'est pas parce que l'Église privilégie en général les Pères latins que ces derniers ont systématiquement raison contre les Pères grecs.
Il ne faut tomber ni dans le laxisme ("il n'y a rigoureusement aucun péché à faire usage du mariage lorsque la procréation n'est pas l'unique cause"'), ni dans le rigorisme, qui consiste à dire - comme le font les sédévacantistes du monastère de la Sainte Famille - que la sexualité durant les périodes infécondes est un péché mortel, et que l'encyclique Humanae Vitae défend donc une hérésie.
En réalité, Paul VI a expliqué que la sexualité durant les périodes infécondes ne pouvait être pratiquée que pour des causes justes, d'ordre sanitaire ou économique. Senex ne le dit pas, ce qui est un grand tort pour une personne ayant dirigé un "centre Humanae Vitae".
Cet usage du mariage est une tolérance, un péché véniel, qui n'a pas pour unique cause la procréation. Encore une fois, il faut bien comprendre la notion de tolérance dans l'état du mariage, sans exagérer la faute et sans l'amoindrir.
Sur KTO, il y a déjà eu un reportage où l'on voyait un couple rallié expliquer qu'ils avaient voulu se conformer à la morale catholique (et naturelle) en matière de sexualité, sauf qu'ils disaient que pendant un an (si j'ai bonne mémoire), ils avaient usé de l'acte conjugal uniquement pendant les périodes infertiles, avant d'avoir leur premier enfant. Or, j'ignore si Senex le sait mais cette pratique est un péché mortel. Car il est permis d'user des périodes infertiles uniquement pour des causes sanitaires ou sociales (problèmes de santé ou surcroît d'enfants à nourrir comparés aux ressources économiques du foyer) ! Tandis qu'en l'occurrence, ce couple n'avait même pas encore eu son premier enfant, et ne disait pas avoir de problèmes de santé. Le motif (formulé pudiquement) était qu'il voulait profiter des plaisirs du mariage !
Si l'on faisait preuve de plus de rigueur sur ces questions, on ne verrait pas les tenues indécentes qu'on voit aujourd'hui dans nos chapelles, avec des jeunes filles (et moins jeunes !) qui portent des jupes au-dessus des genoux, même au sein des familles les plus pieuses et de celles où l'on trouve des vocations religieuses.
Plus l'humanité s'adonne à la concupiscence, plus elle dégénère et perd sa robustesse, physique et spirituelle. Toutes les grandes civilisations ont compris la nocivité de l'impureté, au point que les Chinois enseignaient que leurs soldats devaient s'abstenir de l'acte conjugal avant de partir à la guerre, pour conserver leur force. La concupiscence sème les germes de la paresse, de l'esprit animal et de la corruption de l'être. Un homme qui pèche par la concupiscence est comme un arbre qui perd sa sève et se dessèche.
Les hommes doivent honorer les vertus martiales et l'amour des choses intérieures, qui les détournent des plaisirs lascifs et honteux. Quant aux femmes, elles doivent honorer la décence et la modestie...
Un homme peut canaliser ses pulsions en pratiquant des sports : course à pieds, boxe, escrime médiévale,etc.