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In Nomine Domini

In Nomine Domini

« Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité » (Jean XVIII. 37)


Le sens eschatologique de l'Apocalypse

Publié par Jean-Baptiste sur 5 Octobre 2016, 13:04pm

 

J'ai eu l'intention de réaliser un film sur l'Apocalypse, en plus de mon film sur la survie de Paul VI. Il serait plus court mais évoquerait toute l'histoire ecclésiastique, et non pas seulement la période actuelle. Toutefois, j'ignore si les événements me laisseront le temps de le réaliser ; et donc j'ai décidé de publier le texte de ce film que j'ai préparé, afin que mon travail ne soit pas vain.

 

 

Il y a presque 2000 ans, l'apôtre Saint Jean écrivait, sous l'inspiration de Dieu, un livre qui allait devenir l'un des plus célèbres de la Bible : l'Apocalypse. Rarement un ouvrage a donné lieu à des interprétations aussi nombreuses, et en même temps, aussi contradictoires. Car chacun interprète ce livre suivant sa propre fantaisie, indépendamment du langage biblique et des symboles contenus dans les Saintes Écritures. Pourtant, au cours de l'histoire ecclésiastique, quelques auteurs se démarquèrent par leurs commentaires habiles ; et plus les siècles passaient, plus la science du texte progressait. Anne-Catherine Emmerick, une mystique allemande du XIXème siècle, déclara un jour qu'à l'approche de la fin des temps, plusieurs hommes révéleraient le sens de l'Apocalypse. Or, ces hommes ne sont ni la secte des saints des derniers jours, ni les témoins de Jéhovah, ni aucun des hérétiques qui habitent la terre. Ces hommes sont des catholiques, des témoins fidèles de l'enseignement du Christ, dont l'interprétation est confiée au Pape, comme elle était confiée au grand prêtre sous l'Ancienne Alliance, ce grand prêtre qui était en Israël le docteur infaillible de la loi.

 

Dans le Livre de Daniel, la Synagogue est décrite par une métaphore du ciel : le ciel désigne ainsi la Synagogue, et les « armées des cieux », les juifs fidèles qui suivent le culte pur du vrai Dieu. Dans l'Apocalypse, cette métaphore est reprise, et appliquée à l'Église. Afin de manifester la continuité entre l'Ancien et le Nouveau Testament, les révélations de Saint Jean décrivent l'Église par la métaphore du Temple juif, et par celle du ciel. Mais l'Église est également représentée sous la figure de la femme, symbole de la Vierge Marie. Marie est Mère du Christ, et donc Mère de l'Église, l'Église étant le Corps Mystique du Christ.

 

 

Le chapitre IV de l'Apocalypse nous dépeint la Constitution divine de l'Église, d'une manière symbolique : 

 

2 Aussitôt je fus ravi en esprit ; et voici qu'un trône était dressé dans le ciel, et sur ce trône quelqu'un était assis.

3 Celui qui était assis avait un aspect semblable à la pierre de jaspe et de sardoine ; et le trône était entouré d'un arc-en-ciel, d'une apparence semblable à de l'émeraude.

4 Autour du trône étaient vingt-quatre trônes, et sur ces trônes vingt-quatre vieillards assis, revêtus de vêtements blancs, avec des couronnes d'or sur leurs têtes.

5 Du trône sortent des éclairs, des voix et des tonnerres ; et sept lampes ardentes brûlent dans le trône : ce sont les sept Esprits de Dieu.

 

 

Le trône désigne le siège de l'Église, dont le chef est le Christ. Autour du trône central, vingt-quatre vieillards sont assis, qui symbolisent les 24 classes sacerdotales du roi David, et donc la prêtrise. Quant aux sept lampes ou sept Esprits de Dieu, elles représentent les sept archanges.

 

 

 

Aux chapitres II et III, les sept lampes ont un sens différent : elles symbolisent l'épiscopat. Ce sont également les sept anges des sept lettres aux sept églises. Les anges, dans l'Apocalypse, symbolisent des évêques.

 

Mais l'épiscopat est bel bien décrit au chapitre IV, par une autre image :

 

6 En face du trône, il y a comme une mer de verre semblable à du cristal ; et devant le trône et autour du trône, quatre êtres vivants remplis d'yeux devant et derrière.
7 Le premier ressemble à un lion, le second à un jeune taureau, le troisième a comme la face d'un homme, et le quatrième ressemble à un aigle qui vole.

8 Ces quatre êtres vivants ont chacun six ailes ; ils sont couverts d'yeux tout à l'entour et au dedans, et ils ne cessent jour et nuit de dire : " Saint, saint, saint est le Seigneur, le Dieu Tout-Puissant, qui était, qui est et qui vient ! "

9 Quand les êtres vivants rendent gloire, honneur et actions de grâces à Celui qui est assis sur le trône, à Celui qui vit aux siècles des siècles,

10 les vingt-quatre vieillards se prosternent devant Celui qui est assis sur le trône, et adorent Celui qui vit aux siècles des siècles.

 

 

Dans le Livre de Daniel, la race humaine est comparée à une mer. Ici, le chapitre IV de l'Apocalypse nous parle d'une mer de verre, « semblable à du cristal ». Il s'agit de la partie translucide de l'humanité, de la partie pure, composée des fidèles de la Sainte Église. À leur tête, auprès du trône de Dieu, se tiennent quatre êtres vivants qui offrent au Seigneur l'adoration de toute l'Église et de toutes les créatures. Le culte divin est hiérarchisé : une fois que ces quatre être vivants ont offert leur adoration, alors et seulement alors les vieillards, qui symbolisent les prêtres, peuvent eux aussi adorer leur Créateur. Les quatre être vivants sont donc au-dessus des vieillards : ce sont les évêques. Ils sont qualifiés d'« êtres vivants », car sans eux, la vie de l'Église ne pourrait pas se perpétuer. Ce sont eux qui administrent le sacrement de l'ordre : ils ordonnent des prêtres, et sacrent d'autres évêques. Ils possèdent seuls la plénitude du sacerdoce. L'épiscopat communique donc et entretient la vie divine. Les simples prêtres, eux, n'ont pas le pouvoir de perpétuer l'Église. C'est la raison pour laquelle, dans les sept lettres aux sept Églises, les évêques sont comparés à sept lampes qui brûlent dans sept chandeliers d'or ; et ces sept chandeliers d'or désignent sept Églises. Chaque évêque est la flamme qui anime l'Église qu'il dirige ; sans lui, la flamme s'éteint.

 

 

Chaque évêque est dans chaque chandelier

 

 

Mais pourquoi y-a-t-il « quatre » êtres vivants ? Pourquoi quatre ?

 

Parce que chaque être vivant représente une fonction de l'épiscopat : le lion, qui est le roi des animaux, symbolise le Pape et son pouvoir suprême de commandement. Le taureau, lui, fait allusion au sacrifice de l'Ancienne Alliance, et donc à l'offrande de la Messe sous la Nouvelle Alliance. Quant à l'homme, il représente le pouvoir de juridiction. Enfin, l'aigle symbolise la vie mystique et contemplative. Cet animal s'envole vers le ciel, comme notre âme aspire à la connaissance de Dieu.

 

Tels sont les métaphores et les symboles qui habitent le texte de l'Apocalypse ; mais quels sont les événements décrits et annoncés par l'apôtre Saint Jean ?

 

Pour le chrétien comme pour l'incroyant, le mot « Apocalypse » évoque le Jugement Dernier. Mais pourquoi parle-t-on de Jugement Dernier ? A priori, la réponse paraît simple : après le retour du Christ et le jugement des méchants à la fin du monde, il n'y aura plus d'autre jugement : donc il s'agira d'une sentence finale prononcée par Dieu. Voilà pourquoi on parle de Jugement Dernier. Mais il existe également une autre raison, plus profonde.

 

Dans l'Apocalypse, et plus généralement dans les Saintes Écritures, le jugement a valeur de séparation des bons et des méchants. Sous l'Ancienne Loi, les juifs prévaricateurs furent condamnés à mort par Moïse et Élie, parce qu'ils avaient violé les commandements de Dieu, en commettant le péché d'idolâtrie. C'était une manière de retrancher du peuple juif ses membres impurs ; et ce retranchement des méchants constituait un jugement de Dieu prononcé par la bouche de ses prophètes. Sous la Nouvelle Loi, la peine est différente : elle est d'ordre spirituel. Les catholiques prévaricateurs ne sont plus punis par une sentence de mort, mais par l'excommunication : ils sont retranchés de la communauté ecclésiastique. Il ne s'agit plus d'une mort physique, mais d'une mort spirituelle. Jadis, quand un roi était excommunié, les évêques éteignaient des bougies devant lui, pour symboliser la mort de son âme. Les hérétiques et les schismatiques, une fois excommuniés, ne font plus partie du peuple de Dieu, ils ne sont plus membres de l'Église. Ils sont spirituellement morts.

 

Or, l'Apocalypse a vocation à nous raconter les jugements du Seigneur, qui purifie les bons par des épreuves rédemptrices, et qui punit les méchants en les retranchant de son peuple. L'Apocalypse décrit donc les retranchements successifs opérés par Dieu tout au long de l'histoire ecclésiastique : à l'encontre des ariens, des schismatiques grecs, des protestants, et de tous les hérétiques. Mais nous verrons que l'Apocalypse décrit spécialement l'excommunication finale d'hommes trompeurs dans les derniers temps, qui cacheront leur hérésie sous une apparence de dévouement et de piété chrétienne, se parant de la morale évangélique et faisant profession de servir l'Église catholique, tandis qu'ils la combattent secrètement de l'intérieur.

 

C'est précisément ce que nous racontent les sept sceaux de l'Apocalypse et les sept trompettes.

 

 

Les sept sceaux de l'Apocalypse

 

Selon l'école exégétique la plus fiable, l'Apocalypse décrit toute l'histoire de l'Église, mais plus spécialement la fin des temps. Car les dernières heures de l'humanité sont celles où les chrétiens seront confrontés aux plus grands dangers spirituels ; donc nous verrons que l'Apocalypse accorde une importance plus grande à cette période qu'à toutes les autres périodes de l'histoire ecclésiastique. Aussi, la moitié des chapitres environ est consacrée aux quinze premiers siècles du temps de grâce, et l'autre moitié est consacrée aux cinq derniers siècles. C'est la gravité des dernières heures de l'humanité qui justifie qu'un même nombre de chapitres soit dédié à une période proportionnellement plus réduite.

 

Les sept sceaux de l'Apocalypse sont centrés sur les premiers siècles de l'Église, tandis que les sept trompettes évoquent toute l'histoire ecclésiastique. Les sept sceaux décrivent en particulier le châtiment du peuple juif, puni pour avoir renié le Messie, en la personne de Jésus-Christ.

 

Les quatre cavaliers

 

 

Premier sceau : le cheval blanc

 

1 Et je vis l'Agneau qui ouvrit le premier des sept sceaux, et j'entendis l'un des quatre animaux qui disait comme d'une voix de tonnerre : " Viens ! "

2 Et je vis paraître un cheval blanc. Celui qui le montait avait un arc ; on lui donna une couronne, et il partit en vainqueur et pour vaincre.

 

À l'époque romaine, le cheval blanc était un symbole de victoire.

 

Le Père Kramer écrit : « Suétone rapporte que Domitien accompagnait son père et son frère durant la guerre de Judée sur un cheval blanc. Ce cavalier montant le cheval blanc fait donc allusion à Domitien(...). Le fait que Domitien ait accompagné son père et son frère sur un cheval blanc dans la reconquête de la Palestine était si connu que les historiens l'ont spécialement mentionné ».

 

Le verset 2 nous dit « et il partait en vainqueur », pour manifester les victoires de l'Empire romain contre les Juifs. Le cavalier porte un arc, symbole de blessure, contrairement à l'épée, qui représente l'anéantissement. Cela signifie que la puissance romaine va meurtrir les chrétiens, mais sans les anéantir.

 

 

Deuxième sceau : le cheval rouge

 

3 Et quand il eut ouvert le deuxième sceau, j'entendis le second animal qui disait : " Viens ! "
4 Et il sortit un autre cheval qui était roux. Celui qui le montait reçut le pouvoir d'ôter la paix de la terre, afin que les hommes s'égorgeassent les uns les autres, et on lui donna une grande épée.

 

La voix est celle du second animal, à savoir le taureau, qui représente le sacrifice. Le texte grec parle explicitement d'un acte sacrificiel, destiné à l'adoration divine. Dans la Bible, l'épée est un symbole de destruction et de punition divine, à l'encontre des apostats ou des païens. Ici, l'épée est dirigée contre les juifs prévaricateurs.

 

Le Père Kramer écrit : « Hadrien résolut de détruire toute la nation [juive](...). Dans une guerre qui dura cinq ans (de 131 à 135) il dévasta toute la contrée et mit fin à l'existence de la nation juive ».

 

Contrairement à Domitien, Hardien ne se contenta donc pas de blesser la nation juive, mais il la détruit.

 

Le Père Kramer ajoute : « L'extinction de la nation juive fut d'une grande importance vis-à-vis de l'Église. Cela prouvait la divinité de son Fondateur, car Il avait prédit sa ruine. Et cet holocauste rendit publiquement honneur à Jésus-Christ et à Ses paroles. Cela entraîna l'abolition des rites et sacrifices juifs(...) ».

 

 

Troisième sceau : le cheval noir

 

5 Et quand il eut ouvert le troisième sceau, j'entendis le troisième animal qui disait : " Viens ! " Et je vis paraître un cheval noir. Celui qui le montait tenait à la main une balance ;
6 et j'entendis au milieu des quatre animaux comme une voix qui disait : " Une mesure de blé pour un denier ! Trois mesures d'orge pour un denier ! " Et : " Ne gâte pas l'huile et le vin ! "

 

Ce cheval noir symbolise la famine.

 

Le Père Kramer écrit : « Le blé était la nourriture des riches. Habituellement douze mesures de blé pouvaient être achetées pour un denier. Trois fois autant d'orge pouvait être acheté pour la même somme. L'orge était la nourriture des pauvres. Et donc le prix fixé pour l'orge permettait à un travailleur endurci de subvenir aux besoins de sa famille en temps de famine ».

 

Ici, le Père Kramer explique que trois mesures d'orge pour un denier est très onéreux, et qu'il s'agit d'un prix fixé en période de famine. L'orge devient presque quarante fois plus cher. En Palestine, le blé, l'orge, le vin et l'huile constituaient les principales productions. Le verset 6 nous dit que l'huile et le vin demeurent. Les juifs ayant été massacrés par les Romains, les chrétiens peuvent donc hériter de l'huile et des vignes des juifs, et survivre en vendant ces produits pour acheter du blé et de l'orge.

 

Quatrième sceau : le cheval pâle

 

7 Et quand il eut ouvert le quatrième sceau, j'entendis la voix du quatrième animal qui disait : " Viens ! "

8 Et je vis paraître un cheval de couleur pâle. Celui qui le montait se nommait la Mort, et l'Enfer le suivait. On leur donna pouvoir sur la quatrième partie de la terre, pour faire tuer par l'épée, par la famine, par la peste et par les bêtes féroces de la terre.

 

Les fléaux énumérés ici, à savoir l'épée, la famine, la peste et les bêtes féroces, sont les fléaux classiques prédits par Dieu à l'encontre des juifs infidèles, châtiés pour leurs péchés. On le voit dans Jérémie et Ezéchiel, où ces châtiments s'appliquent au peuple hébreu prévaricateur. Par conséquent, de même que les Juifs furent châtiés de ces fléaux sous Nabuchodonosor, de même ils le furent sous les empereurs romains, à cause de leur péché de déicide et de leur refus de reconnaître le Christ comme le Messie. Aussi, les Juifs sont dispersés et leur nation disparaît, comme elle disparut sous Nabuchodonosor. Ce n'est qu'à la fin des temps que Dieu permettra leur retour et leur rassemblement en Israël, en vue de leur conversion.

 

Mais que signifie « la quatrième partie de la terre » du verset 8 ? Pourquoi le châtiment est-il limité à la « quatrième partie de la terre » ? Cela semble être l'antithèse d'une expression employée plus loin, qui est celle des « quatre vents » : les quatre vents décrivent un châtiment universel, comme nous le verrons. Au contraire, le quart de la terre ou la « quatrième partie de la terre » paraissent décrire un châtiment circonscrit, limité dans l'espace.

 

 

Cinquième sceau : la prière des martyrs

 

9 Et quand il eut ouvert le cinquième sceau, je vis sous l'autel les âmes de ceux qui avaient été immolés pour la parole de Dieu et pour le témoignage qu'ils avaient eu à rendre.
10 Et ils crièrent d'une voix forte, en disant : "Jusques à quand, ô Maître Saint et Véritable, ne ferez-vous pas justice et ne redemanderez-vous pas notre sang à ceux qui habitent sur la terre ? "

 

Ici, les âmes des martyrs appellent vengeance. Car les Juifs ont été punis et leur nation a cessé d'exister, mais le deuxième grand persécuteur, à savoir les Romains, n'ont pas été exterminés. Au contraire, ils sont plus forts que jamais. Nous allons voir que le châtiment de Rome est décrit dans le sixième sceau, qui préfigure la fin des temps.

 

Sixième sceau : le tremblement de terre et la lune de sang

 

12 Et je vis, quand il eut ouvert le sixième sceau, qu'il se fit un grand tremblement de terre, et le soleil devint noir comme un sac de crin, la lune entière parut comme du sang,

13 et les étoiles du ciel tombèrent vers la terre, comme les figues vertes tombent d'un figuier secoué par un gros vent.

14 Et le ciel se retira comme un livre qu'on roule, et toutes les montagnes et les îles furent remuées de leur place.

15 Et les rois de la terre, et les grands, et les généraux, et les riches, et les puissants, et tout esclave ou homme libre se cachèrent dans les cavernes et les rochers des montagnes,

16 et ils disaient aux montagnes et aux rochers : " Tombez sur nous et dérobez-nous à la face de Celui qui est assis sur le trône et à la colère de l'Agneau ;

17 car il est venu le grand jour de sa colère, et qui peut subsister ? "

 

Le tremblement de terre s'entend en un sens spirituel.

 

Le Père Kramer écrit :

 

« Cela indique une révolution spirituelle ou religieuse. On retrouve la même chose chez les prophètes (Aggée II. 22-24 ; Isaïe XXIV. 17-23), où la chute des empires a un sens plus profond qu'un simple changement terrestre(...). Étant donné que le tremblement de terre dans les prophéties d'Aggée signifie la restauration de la théocratie, le tremblement de terre dans ce texte peut signifier la défaite du paganisme ».

 

Et encore :

 

« En 392, la religion catholique fut proclamée religion de l'empire, et le paganisme fut qualifié de haute trahison. C'est probablement ce que le tremblement de terre signifie(...). Dieu avait promis un tel tremblement de terre à la naissance de Son Fils (Aggée II. 7,8). Le grand tremblement de terre dans ce verset n'est donc pas une secousse terrestre, [ni un soulèvement politique ou social](...), mais la victoire de l'Agneau sur le paganisme et l'établissement du christianisme à sa place ».

 

Ainsi, selon le Père Kramer, le sixième sceau prédit la victoire du christianisme sur le paganisme romain. Mais contrairement aux Juifs, l'Empire persécuteur n'est pas vaincu par le glaive, il est vaincu par l'amour, grâce à la conversion de l'empereur Constantin. Dans l'histoire de l'Ancienne Alliance, lorsque le peuple élu était menacé par une nation ennemie, cette nation périssait par le glaive d'une autre nation plus puissante qu'elle. Et ce fut le châtiment du peuple élu lui-même, après qu'il eut refusé de reconnaître le Messie en Jésus-Christ.

 

Ici en revanche, les Romains persécuteurs sont vaincus par l'amour ; cependant, leur conversion sera de courte durée. Car sitôt le christianisme devenu religion d'État, Constantin lui-même et ses successeurs se laissent vaincre par l'hérésie arienne, qui nie la divinité du Christ. Or, de même que Dieu a abandonné les juifs à ses ennemis lorsqu'ils sombraient dans le péché et l'idolâtrie, de même il abandonnera les chrétiens prévaricateurs à des puissances hostiles et antéchristiques.

 

 

 

La vision de Constantin

 

 

Ainsi, le Père Kramer écrit :

 

« La lune symbolise les éléments changeants de l'Église, qui tiennent leurs droits de son enseignement divin et de son autorité. La couleur sanguine de la lune semble donc signifier la désobéissance, excitée par les hérésies, et qui engendre la haine et la persécution à l'intérieur de l'Église, jusqu'au bain de sang. Dans l'Ancien Testament, une lune sanglante annonçait la guerre et le bain de sang. Les hérésies dans l'Église ont généré la haine, la méfiance, l'envie, la vaine gloire, les meurtres et la guerre. Cette description renvoie à l'hérésie arienne ».

 

En 313, l'édit de Milan accorde aux chrétiens la tolérance religieuse. Cinq ans plus tard, en 318 le prêtre Arius enseignait déjà publiquement l'hérésie arienne, niant subtilement la divinité du Christ. D'où l'image de la chute des étoiles, qui en langage biblique désignent des prêtres, conformément à la métaphore de Daniel. Les prêtres tombent du ciel, qui symbolise l'Église : cela signifie donc que de nombreux prêtres sombrent dans l'hérésie, avant d'être excommuniés.

 

Le Père Kramer écrit :

 

« Ces figues [selon le texte grec], désignent une espèce qui pousse en hiver, généralement de mauvaise qualité ; elles tombent au printemps sans arriver à maturité(...). La chute des étoiles décrit la défection d'apostats, qui passent de l'état de grâce à l'état de péché(...). Cette vision fait allusion à plusieurs passages de l'Ancien Testament. Dans le Livre des Lamentations (II. 1), la Sainte Cité est décrite comme ayant tombé du ciel. Elle a perdu son rang de centre de la théocratie, à laquelle Dieu l'avait élevée. »

 

Le verset 14 dit : « Et le ciel se retira comme un livre qu'on roule et toutes les montagnes et les îles furent remuées de leur place ».

 

Le Père Kramer commente ces versets ainsi :

 

« On trouve chez Isaïe une figure identique (Is. XXXIV. 4-5). Cela présage les jugements à venir à l'encontre d'Israël et de Judas, puis sur toutes les nations qui les ont conduits dans l'idolâtrie. »

 

Cette image est donc claire : elle signifie que l'Empire romain va être puni pour être tombé dans l'hérésie arienne. En langage prophétique, les montagnes désignent des royaumes et des empires, des États indépendants ; tandis que les îles sont des provinces dépendantes, des colonies ou des principautés. Cela signifie donc que l'Empire romain devait être vaincu par les invasions barbares, et ne plus subsister que sous la forme de l'Empire byzantin. En ce sens les îles et les montagnes furent bien déplacées.

 

Les citoyens romains sont si effrayés des invasions, qu'ils désireraient que les montagnes tombassent sur eux pour les cacher à leurs envahisseurs. Mais cette image semble avoir une signification plus profonde, qui s'applique également à la fin des temps ; car comme nous l'avons dit précédemment, la crise arienne décrite dans le sixième sceau préfigure les événements de la fin des temps, lorsqu'un grand nombre de prêtres apostasieront et enseigneront l'hérésie : c'est la crise actuelle du modernisme. Or, comme l'a expliqué Simon André dans son ouvrage, les hommes qui se cachent dans les rochers rappellent Adam et Ève lors de la chute, qui se cachèrent dans un buisson et fuirent devant Dieu, comme pour tenter de masquer leur péché. Cela semble faire allusion au « Grand Avertissement » prédit à Garabandal, qui éclairera tout homme sur ses fautes. Les pécheurs et les justes, c'est-à-dire les esclaves et les hommes libres, personne n'y échappera.

 

Jusqu'alors, les sceaux de l'Apocalypse ont décrit des événements circonscrits, qui concernaient principalement la nation juive, et les chrétiens persécutés par les Romains. Dieu a jugé et condamné les deux grands persécuteurs des chrétiens : à savoir les juifs prévaricateurs, et l'Empire romain païen. Cet Empire s'est converti à la foi chrétienne, avant de sombrer dans l'hérésie, comme le chien qui retourne à son vomi ; aussi Dieu l'a-t-il condamné.

 

Mais le sixième sceau, lui, présente une particularité : il évoque la crise arienne, d'abord localisée, mais qui va s'étendre ensuite à tout le monde chrétien. Par ailleurs, cette crise est elle-même la figure des événements plus graves encore de la fin des temps. C'est pourquoi le sixième sceau inaugure la transition vers les sept trompettes, qui elles, auront un caractère général. Les sept trompettes décrivent des événements qui s'étendront à tout le monde chrétien, au moins dans leurs effets.

 

 

Septième sceau : les quatre anges retenant les quatre vents

 

1 Après cela, je vis quatre anges qui étaient debout aux quatre coins de la terre ; ils retenaient les quatre vents de la terre, afin qu'aucun vent ne soufflât, ni sur la terre, ni sur la mer, ni sur aucun arbre.

2 Et je vis un autre ange qui montait du côté où le soleil se lève, tenant le sceau du Dieu vivant, et il cria d'une voix forte aux quatre anges à qui il avait été donné de nuire à la terre et à la mer,

3 en ces termes : " Ne faites point de mal à la terre, ni à la mer, ni aux arbres, jusqu'à ce que nous ayons marqué du sceau, sur le front, les serviteurs de notre Dieu. "

 

Chez Zacharie (VI. 5), les quatre vents apparaissent sous la forme de chariots de guerre. Les chariots sont des instruments plus puissants que les cavaliers. Cela indique donc que les châtiments qui vont fondre sur le monde seront plus grands et plus terribles que ceux décrits dans les sept sceaux. Les quatre vents symbolisent des châtiments universels, et non plus localisés comme le furent les châtiments décrits dans les quatre premiers sceaux.

 

Les sept trompettes vont donc évoquer des punitions divines destinées à s'étendre à tout le monde chrétien ; et c'est précisément ce que nous annonce le septième sceau.

 

Il faut bien comprendre que l'Apocalypse raconte les jugements de Dieu à l'encontre de son peuple. Or, ces jugements consistent à séparer les bons et les méchants : le bon grain est séparé de l'ivraie. À chaque fois, les jugements sont accompagnés d'épreuves douloureuses, qui punissent les mauvais et purifient les bons. Il en est de même sous l'Ancienne Alliance et sous la Nouvelle Alliance.

 

Nous allons donc maintenant parler de l'exirpation des méchants sous la loi nouvelle apportée par le Christ.

 

 

Les sept trompettes

 

6 Et les sept anges qui avaient les sept trompettes se préparèrent à en sonner.

 

Première trompette : la grêle

 

7 Et le premier sonna de la trompette, et il y eut de la grêle et du feu mêlés de sang, qui tombèrent sur la terre ; et le tiers de la terre fût brûlé, et le tiers des arbres fût brûlé, et toute l'herbe verte fut brûlée.

 

Le Père Kramer écrit :

 

« L'interprétation de cette tempête peut être trouvée chez Ezéchiel (XIII. 11). La grêle est un instrument de jugement. Ce n'est pas une grêle réelle, mais des armées hostiles, adonnées au pillage et à la spoliation(...). Chez Ezéchiel, la grêle fut un châtiment de l'hérésie, des fausses doctrines enseignées par les faux prophètes. La tempête présente ici les mêmes caractéristiques, afin de manifester que sa cause est identique(...). Ce sont précisément les invasions barbares qui sont décrites dans ce verset. Elles ont frappé un tiers de l'empire. »

 

D'où l'expression « un tiers de la terre », au verset 7. Cela désigne le tiers de l'empire.

 

Le Père Kramer ajoute :

 

« Tous les historiens chrétiens s'accordent pour dire que les barbares avaient une mission de Dieu(...). Ils vinrent pour punir l'Empire romain de l'hérésie et du schisme, et de ses turpitudes morales, qui sont toujours le fruit de l'hérésie. Ils vinrent pour détruire les derniers vestiges du paganism, qui en dépit de la fermeture de ses temples, de ses cirques, de ses théâtres, amphithéâtres et bains publics, continuait d'exercer une influence corruptrice même sur les chrétiens, comme les Pères de cette période l'ont tant déploré ».

 

Notons que contrairement à ce que suggère le Père Kramer, les bains publics et amphithéâtres n'ont pas tous été fermés. Saint Jean Chrysostôme par exemple est connu pour avoir dénoncé les vices de ses fidèles, qui se rendaient à des spectacles immoraux, impudiques et corrupteurs.

 

Deuxième trompette : la montagne brûlante

 

8 Et le deuxième ange sonna de la trompette, et une sorte de grande montagne tout en feu fût jetée dans la mer ; et le tiers de la mer devint du sang,

9 et le tiers des créatures marines qui ont vie périt, et le tiers des navires fut détruit.

 

Commentaire du Père Kramer :

 

« Selon les figures prophétiques, il n'y a rien de nouveau à dépeindre une puissance menaçante comme une montagne brûlante, car Jérémie a employé la même image (LI. 25) pour désigner Babylone durant la captivité. Après sa destruction, Babylone fut appelée 'une montagne brûlante'. Ici, Saint Jean décrit cette menace venant du sud comme 'une montagne brûlante', car il ne s'agit pas d'une puissance éteinte ou détruite, mais au contraire active et remplie d'un feu aussi dévastateur que durable.

« Dans l'histoire du christianisme, cette figure allégorique décrit avec précision le mahométisme. »

 

Il est intéressant de noter que le Père Kramer parle d'une « menace venant du sud ». Or, l'Apocalypse nous indique-t-elle que l'invasion sarrasine devait venir du sud ? La réponse est affirmative, car la deuxième trompette constitue logiquement le deuxième des quatre vents. Les quatre premières trompettes sont décrites ensemble et forment un tout ; elles sont donc logiquement la même chose que les quatre vents annoncé par l'apôtre saint Jean. Donc la première trompette vient du nord (il s'agit des invasions barbares) et la deuxième vient du sud (il s'agit des invasions sarrasines).

 

 

Aussi, le Père Kramer écrit :

 

« Les barbares ont envahi l'Europe, et seuls les Vandales ont traversé l'Afrique. Ces invasions étaient le vent du nord. La montagne brûlante poussée dans la mer par le vent du sud désigne le mahométisme(...). Le mahométisme a littéralement répandu le sang sur le tiers du monde alors connu, par les guerres incessantes et les conquêtes(...). Le mort d'un tiers des créatures qui ont une âme signifie en tout logique les chrétiens contraints à abandonner leur sainte foi. Ils sont morts d'une mort spirituelle. »

 

En commentaire de ces paroles du Père Kramer, il est utile d'ajouter que les hérésies qui régnaient au Moyen-Orient et dans le monde arabe ont préparé la voie au mahométisme et aux invasions sarrasines. Car les ariens niaient la divinité du Christ, exactement comme les mahométans ; et donc les chrétiens arabes n'ont probablement pas opposé de vive résistance aux Sarrasins, ils ne s'en sont pas méfiés. C'est logiquement ce qui a permis à ces derniers de les vaincre et de conquérir leurs territoires.

 

Une fois encore, les invasions des ennemis de la foi sont les châtiments du schisme et de l'hérésie. Les chrétiens du Moyen-Orient, quand ils n'étaient pas ariens, étaient souvent nestoriens ou monophysites ; ce sont des hérésies très graves qui portent atteinte au mystère de la Rédemption, et donc au cœur de la foi chrétienne. Dieu protège les nations qui lui sont fidèles ; mais il abandonne à ses ennemis celles qui lui sont infidèles.

 

Le Père Kramer ajoute :

 

« Dans les écrits des premiers Pères, le navire était un symbole de l'Église. L'idée doit être d'origine apostolique. Les navires dans ce verset sont des églises ou des lieux d'adoration. Or, le mahométisme a détruit la plupart des églises sur les territoires qu'il a conquis ».

 

Aujourd'hui encore les mahométans sont les deuxièmes plus grands persécuteurs de la foi, après la finance internationale sioniste et maçonnique, dont ils sont les instruments. L'État islamique est financé et aidé par les États-Unis, et tous les régimes laïques ou modérés du Moyen-Orient sont renversés par des factions rebelles financées par la maçonnerie internationale, afin d'installer à la place des régimes islamiques qui persécutent les chrétiens. À chaque fois le prétexte est la démocratie et la liberté. Ces guerres ont un double but : spéculer sur les armes et l'endettement des États, mais surtout, exterminer les chrétiens. Hier, les Juifs joignaient 26 000 hommes aux armées perses afin de les aider à tuer les catholiques de Palestine ; aujourd'hui, la haute finance talmudique soutient secrètement des milices islamiques, qui deviennent de véritables armées et exterminent les chrétiens en masse.

 

 

 

Il aura fallu des siècles pour que l'Espagne refoule les Maures et que ces derniers se rendent

 

 

Troisième trompette : l'étoile ardente qui tombe du ciel

 

10 Et le troisième ange sonna de la trompette ; et il tomba du ciel une grande étoile, ardente comme une torche, et elle tomba sur le tiers des fleuves et sur les sources des eaux.
11 Le nom de cette étoile est Absinthe ; et le tiers des eaux fut changé en absinthe, et beaucoup d'hommes moururent de ces eaux, parce qu'elles étaient devenues amères.

 

Comme on le voit au chapitre I verset 20 de l'Apocalypse, l'étoile désigne un prêtre ou un évêque. Ici, il s'agit d'une « grande étoile ardente », et donc d'un évêque. Mieux encore, c'est un métropolitain.

 

Le Père Kramer écrit :

« Les évêques, qui détiennent les révélations divines et la plénitude des pouvoirs spirituels, sont la lumière du monde. Cet évêque ne perd pas son éclat en tombant ou apostasiant(...). S'il était tombé dans l'hérésie, sa chute causerait la mort de tous ceux qui boiraient les eaux corrompues, et il perdrait la lumière qui sert à éclairer le monde. Au contraire, il brille encore dans la plénitude de la lumière divine, et donc il garde les vraies doctrines de Jésus-Christ, l'ordination valide et les sacrements(...). Il ne tombe donc pas dans l'hérésie ou l'incroyance, mais dans le schisme. »

 

L'évêque en question est le patriarche Photius, nommé en violation du droit canon, qui est le premier instigateur du schisme grec, au IXème siècle. Plus tard, Michel Cérullaire prendra son relais, au Xème siècle. Les grecs schismatiques enseignent plusieurs hérésies, l'une des plus graves étant la négation de la primatie pontificale ; mais par ailleurs, ils ne contredisent pas les fondements de la foi chrétienne. Les ariens, eux, portaient atteinte au mystère de la Rédemption, en niant la divinité du Christ ; quant aux protestants, ils ont rejeté les sacrements, nié le culte des saints, et sont allés jusqu'à abolir le sacrifice eucharistique. Ici, au contraire, les grecs schismatiques ne nient pas l'essentiel du dogme, excepté la primatie pontificale. Donc l'étoile qui tombe du ciel conserve sa lumière, parce qu'elle conserve les sacrements, et la plus grande partie des révélations divines. Cependant, elle change les eaux en absinthe ; et elle est elle-même nommée « Absinthe ».

 

Le Père Kramer commente ce mot ainsi :

 

« Le nom 'Absinthe' prédit clairement une grande apostasie dans l'Ancien Testament, tant par la signification du terme que par la chute de l'étoile(...). Dieu décrit l'absinthe comme la nourriture de la désobéissance(...), comme la nourriture des mauvais prêtres et des faux prophètes(...). L'absinthe est donnée en aliment aux peuples, aux prêtres et aux évêques qui refusent d'obéir à l'autorité de l'Église, qui tient un mandat divin du Christ. Il s'agit d'un schisme(...).

« La définition de l'absinthe et l'usage symbolique qu'en font les prophètes indique que la troisième trompette désigne le SCHISME GREC(...). Cette désobéissance pervertit les sources de la vie spirituelle et les transforme en sources de mort, car dans le schisme formel les sacrements sont reçus de manière sacrilège. »

« Les fleuves et les fontaines symbolisent les sources du savoir, la vérité divine, la vie spirituelle, les sacrements. L'étoile, toujours ardente lors de sa chute, représente un évêque qui n'a pas perdu son éclat par l'hérésie. »

 

Le verset 11 dit : « et le tiers des eaux fut changé en absinthe » : car le schisme grec a fait perdre à l'Église un tiers de ses membres.

 

Si les grecs étaient demeurés fidèles à l'Église, ils n'auraient jamais perdu Constantinople et tout leur empire d'orient ; le Roi du Ciel punit les nations hérétiques et schismatiques. Lors du siège de Constantinople, le bienheureux Constant de Fabriano priait afin que la ville ne fût pas prise par les Turcs ; mais Dieu lui révéla qu'Il permettrait la victoire des Turcs, afin de châtier les grecs de leur schisme et de leur négation du filioque. Le 29 mai 1453, Constantinople tombait sous la main des infidèles, le jour même de la fête du Saint-Esprit. Nulle date ne pouvait donner de meilleure signature au châtiment divin.

 

Par la suite, les grecs lettrés et savants émigrèrent en Italie, et polluèrent l'Europe occidentale par le culte de l'antiquité et les arts profanes, qui allaient donner lieu à la Renaissance, période de corruption morale. Le schisme grec fut donc un double désastre : non seulement il fit perdre à la chrétienté un tiers de ses fidèles et un empire rayonnant, mais il provoqua un afadissement moral de l'occident chrétien.

 

Citons le Cours d'histoire ecclésiastique de l'abbé Blanc :

« Les Grecs se partagèrent : les uns, ceux surtout dont l'esprit était le plus cultivé, se retirèrent avec leurs livres, leur idiome et leut littérature en Occident, le plus grand nombre à Rome et en Italie(...). Malheureusement, ils ranimèrent avec les études antiques les idées du paganisme. L'esprit païen de l'ancienne civilisation se releva en effet ; il vint altérer sur tous les points la littérature et les arts, et les arracher en quelque sorte du moule des idées chrétiennes, où ils se formaient lentement ».

 

Quatrième trompette : les lumières disparaissent

 

12 Et le quatrième ange sonna de la trompette ; et le tiers du soleil fut frappé, ainsi que le tiers de la lune et le tiers des étoiles, afin que le tiers de ces astres fût obscurci, et que le jour perdit un tiers de sa clarté et la nuit de même.

 

Le Père Kramer commente ces versets ainsi :

 

« La prophétie de ce texte prédit un temps de trouble pour l'Église et un obscurcissement de sa splendeur et de son pouvoir d'éclairer le monde. Lorsqu'une infortune ternissait l'éclat de la théocratie [juive], les prophètes appelaient cela un jour de ténèbres(...). L'assombrissement des lumières du ciel signifie donc qu'une calamité frappera l'Église et diminuera sa gloire, affaiblissant son autorité et conduisant à un rapide déclin de son influence dans la direction des destinées du monde. Cette terrible calamité qui devait frapper l'Église fut, dans l'ordre chronologique, le GRAND SCHISME D'OCCIDENT. »

 

Cette remarque du Père Kramer est juste, car le grand schisme d'occident a largement contribué à diminuer l'autorité de l'Église aux yeux des nations chrétiennes. À cause du schisme, la papauté a perdu une partie de sa crédibilité, et des foyers théologiques aussi renommés que la Sorbonne ont donné naissance aux théories conciliaristes. La chrétienté a perdu le sens du respect de l'autorité du pape. Certains catholiques ont cessé de voir en lui l'autorité suprême. Ils ont prétendu lui substituer l'autorité du concile, passant d'une conception personnelle à une conception impersonnelle de l'autorité ecclésiastique. En même temps, les hérétiques tels que Jean Huss et Wylcif ajoutaient au désordre, en contestant la doctrine catholique et la hiérarchie de l'Église. Depuis cette époque, la papauté eut moins d'influence sur les rois chrétiens et sur la direction du monde : on entrait dans la période de la Renaissance.

 

Le Père Kramer écrit :

 

« Il n'y eut pas d'aspostasie durant le schisme ; aucune étoile ne tomba du ciel. Mais l'Église perdit beaucoup de son influence dans la direction des affaires mondiales suivant la morale chrétienne ; et elle ne regagna jamais cette influence perdue ».

 

Urbain VI, le Pape du grand schisme d'Occident,

défendu par Sainte Catherine de Sienne (à droite)

 

 

Les trois dernières trompettes

 

13 Puis je vis, et j'entendis un aigle qui volait par le milieu du ciel, disant d'une voix forte : " Malheur ! Malheur ! Malheur à ceux qui habitent sur la terre, à cause du son des trois autres trompettes dont les trois anges vont sonner ! "

 

Pourquoi les trois dernières trompettes sont-elles distinguées des quatre premières ? En commentaire des versets relatifs à la quatrième trompette, le Père Kramer écrit : « L'assombrissement du soleil, sous l'Ancienne Alliance, annonçait la proximité des jugements de Dieu ». Avec les trois dernières trompettes, on entre donc dans la période de la fin des temps, la plus cruciale, celle où les chrétiens devront affronter les plus grands dangers spirituels. C'est pourquoi cette période plus courte est décrite plus longuement et plus en détail que tous les siècles précédents.

 

 

La cinquième trompette : l'invasion des sauterelles

 


1 Et le cinquième ange sonna de la trompette ; et je vis une étoile qui était tombée du ciel sur la terre, et on lui donna la clef du puits de l'abîme.

2 Elle ouvrit le puits de l'abîme, et il s'éleva du puits une fumée comme celle d'une grande fournaise ; et le soleil et l'air furent obscurcis par la fumée du puits.

3 De cette fumée s'échappèrent sur la terre des sauterelles ; et il leur fut donné un pouvoir semblable à celui que possèdent les scorpions de la terre ;

4 et on leur ordonna de ne point nuire à l'herbe de la terre, ni à aucune verdure, ni à aucun arbre, mais seulement aux hommes qui n'ont pas le sceau de Dieu sur leur front.
5 Il leur fût donné, non de les tuer, mais de les tourmenter pendant cinq mois ; et le tourment qu'elles causent est semblable à celui d'un homme piqué par le scorpion.

 

Le Père Kramer commente ces versets ainsi :

 

« Cette étoile qui tombe désigne clairement le grand chef d'une révolte contre l'Église. Il est le père et pasteur des apostats et des rebelles à l'Église, comme Pierre est le père ou pasteur des disciples du Christ. »

 

Contrairement à Saint Pierre, Luther ne reçoit donc pas la clé du royaume des cieux, mais la clé du royaume de Satan. Sa révolte précipite un grand nombre de démons sur la terre, qui entament le dernier grand combat du père de toute révolte, Lucifer lui-même.

 

 

 

Martin Luther brûlant la bulle du Pape

 

 

Le Père Kramer écrit :

 

« L'obscurcissement du soleil et du ciel symbolise l'obscurcissement de l'autorité de l'Église, suite à la perte de respect des hommes, qui perdent le sens de son caractère divin. Cela représente le succès des erreurs et des hérésies, au point qu'elles apportent les ténèbres dans l'esprit des hommes ».

 

Mais que signifient les sauterelles ? Les commentateurs catholiques s'accordent généralement pour dire que les sauterelles du chapitre IX désignent les hérétiques protestants. Avec le chapitre IX, on entre pour ainsi dire dans la fin des temps, c'est-à-dire dans les derniers siècles, qui voient la prolifération des hérésies. Les sauterelles, à l'époque de Saint Jean, constituaient l'un des fléaux les plus destructeurs, car elles détruisaient les moyens de subsistance naturelle des hommes. De même, le protestantisme a détruit les moyens de subsistance SURNATURELLE des hommes, en s'attaquant aux sacrements, et en particulier au sacrement de l'ordre et à celui de la communion ; or, c'est par ces sacrements que le clergé transmet aux fidèles la vie divine, la vie surnaturelle du Christ, présent en Corps et en Âme dans la Sainte Communion.

 

Il existe de nombreux ouvrages dédiés à l'Apocalypse, qui pour beaucoup, ont une interprétation profane et matérialiste du texte. Or, l'Apocalypse décrit avant tout des châtiments spirituels, et donc le texte doit être interprété dans l'ordre de la grâce et du monde surnaturel. De même, les durées n'ont pas toujours une valeur littérale : car les Saintes Écritures comportent des prophéties typologiques. Ici, quel est donc le sens des « cinq mois » d'invasion des sauterelles ? Il s'agit de la durée moyenne d'une invasion de sauterelles, mais qui semble recevoir une signification symbolique. Ces cinq mois semblent désigner cinq siècles. Luther a placardé ses thèses sur l'église de Wittemberg en 1517 ; et le centenaire des apparitions de Fatima aura lieu en 2017. De nombreux catholiques ont compris que cette date avait une signification importante, à cause de la vision du Pape Léon XIII relative aux cent ans accordés à Satan pour détruire l'Église ; et également à cause de son parallèle avec la Révolution française. Car la Sainte Vierge a dit que si le Pape tardait à consacrer la Russie à Son Coeur Immaculé, il subirait le même sort que le roi de France ; or, la révolution française eut lieu exactement cent ans après que Louis XIV eut refusé d'accéder aux demandes du Sacré-Coeur formulées par Sainte Marguerite-Marie Alacoque, en 1689.

 

Mais pourquoi la prolifération des hérésies s'arrêterait-elle en 2017 ? C'est précisément ce que nous allons voir dans la suite de notre documentaire...

 

 

La sixième trompette : les deux cent millions de cavaliers


13 Et le sixième ange sonna de la trompette ; et j'entendis une voix sortir des quatre cormes de l'autel d'or qui est devant Dieu ;

14 elle disait au sixième ange qui avait la trompette : " Délie les quatre anges qui sont liés sur le grand fleuve de l'Euphrate. "

15 Alors furent déliés les quatre anges, qui se tenaient prêts pour l'heure, le jour, le mois et l'année, afin de tuer la troisième partie des hommes.

16 Et le nombre des troupes de cavalerie avait deux myriades de myriades ; j'en entendis le nombre.

 

Cette trompette annonce la troisième guerre mondiale. L'un des principaux foyers de cette guerre sera l'Euphrate, où s'affrontent l'État islamique et l'armée régulière syrienne. Les États-Unis soutiennent secrètement l'État islamique, avec l'Arabie Saoudite et la Turquie, tout en faisant croire de lutter contre lui ; tandis que la Russie et la Chine sont opposés à l'État islamique. Au moment même où j'écris ces lignes, les États-Unis ont bombardé les forces syriennes, sous prétexte d'avoir commis une erreur. Cela a permis à l'État islamique de remporter une contre-offensive dans une bataille stratégique. Or, cette guerre en Syrie, qui constitue un conflit d'intérêts entre les plus grandes puissances, risque de précipiter la troisième guerre mondiale. Mais cette guerre aura probablement d'autres foyers, notamment en Mère de Chine, ou encore en Europe de l'est.

 

La troisième guerre mondiale sera un châtiment divin destiné à punir l'apostasie des nations.

 

 

 

La septième trompette : le Jugement Dernier

 


15 Et le septième ange sonna de la trompette, et l'on entendit dans le ciel des voix fortes qui disaient : « L'empire du monde a passé à notre Seigneur et à son Christ, et il régnera dans les siècles des siècles. »

16 Alors les vingt-quatre vieillards qui sont assis devant Dieu sur leurs trônes, se prosternèrent sur leurs faces et adorèrent Dieu, en disant :

17 " Nous vous rendons grâce, Seigneur Dieu tout-puissant, qui êtes et qui étiez, de ce que vous vous êtes revêtu de votre grande puissance et que vous régnez.

18 Les nations se sont irritées, et votre colère est venue, ainsi que le moment de juger les morts, de donner la récompense à vos serviteurs, aux prophètes, et aux saints, et à ceux qui craignent votre nom, petits et grands, et de perdre ceux qui perdent la terre. »

19 Et le sanctuaire de Dieu dans le ciel fut ouvert, et l'arche de son alliance apparut dans son sanctuaire. Et il y eut des éclairs, des bruits, des tonnerres, un tremblement de terre et une grosse grêle.

 

Cette trompette semble annoncer le Jugement Dernier. Il s'agit du jugement final décrété à l'encontre des méchants. Dans l'Apocalypse, cet événement qui scellera le sort de l'humanité est décrit à plusieurs reprises ; et spécialement au chapitre XIX. Mais nous allons voir que l'Apocalypse décrit un autre événement important qu'elle compare au Jugement Dernier ; car il en sera l'anticipation, le prélude.

 

[Je parle évidemment du retour de Paul VI.]

 

 

 

 

 

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