Je viens de recevoir un commentaire d'un impertinent qui ose usurper le nom du Pape Paul VI, ce qui est condamné par l'Église. L'intéressé m'adresse des objections - sur un ton fort violent et très peu poli - à propos de la moralité conjugale, prétendant que Paul VI a enseigné le contraire de ce que nous disons. Encore une fois, nous allons voir que notre objecteur n'a pas compris notre argumentation.
Cette personne me cite l'encyclique Humanae Vitae en relevant que cette dernière autorise l'usage du mariage durant les périodes infécondes. Or nous ne nions pas que l'usage du mariage soit permis dans ces périodes : nous faisons simplement voir que de la part de celui des époux qui en fait la demande, c'est toujours un péché véniel au minimum. Nous nous sommes déjà expliqués sur cette question, mais nombre de nos lecteurs ne comprennent pas le sens de nos paroles. Le mariage est un état de tolérance, ce qui signifie que l'Église tolère le péché et l'imperfection dans l'usage du mariage, tant que l'intempérance demeure modérée. Au delà d'une certaine immodération, ou en cas de violation de l'intégrité de l'acte, il y a péché mortel.
Les catholiques, prêtres comme fidèles, n'ont souvent pas compris le magistère des derniers papes, en particulier Pie XI, Pie XII et Paul VI. Ces derniers pontifes s'exprimaient dans le cadre du mariage en tant qu'état de tolérance, et rappelèrent qu'il était permis aux époux d'user du mariage sans finalité procréatrice immédiate, en ce sens que les époux ne commettent pas de péché mortel lorsqu'ils le font, et en ce sens que celui des deux époux qui rend le devoir ne commet même aucun péché du tout. C'est cela et uniquement cela que voulaient dire ces papes. Mais leur tort a été de ne pas rappeler, comme le faisaient les Pères et la majorité des théologiens, que celui des époux qui demande le devoir sans finalité procréatrice immédiate commet toujours un péché véniel, au minimum (je dis au minimum, car si jamais il y a intempérance grave - ce qui peut arriver - le péché est plus sérieux).
Cette négligence n'a pas échappé à certains historiens profanes, qui ont fait remarquer à juste titre que là où St. Augustin et St. Thomas précisaient bien qu'il y avait au minimum péché véniel à demander l'acte conjugal sans finalité procréatrice, les papes modernes négligèrent au contraire de le préciser, ce qui marque une forme d'évolution du discours à propos de la sexualité. Mais si des gens téméraires viennent à m'objecter que je nie l'infaillibilité pontificale, je leur répondrai qu'ils ont une conception aussi mièvre que fausse de cette doctrine, car d'une part l'Église n'a pas défini cette question, et d'autre part enseignement infaillible n'est pas synonyme d'enseignement complet. Lorsqu'un pape délivre un enseignement infaillible, seul l'objet de la détermination irrévocable du point doctrinal considéré est couvert par l'infaillibilité, et non pas les questions annexes. En d'autres termes, l'infaillibilité ne signifie pas que le Pape a dit tout ce que Jésus-Christ voulait qu'il dise, ou que son enseignement soit parfait ; elle signifie simplement que l'enseignement en question est pur de toute erreur (ce qui n'est pas du tout la même chose). Un jour j'écoutais le sermon d'un prêtre survivantiste, qui lisait une encyclique papale et qui se croyait obligé de dire toutes les deux phrases "quel enseignement lumineux, c'est profond ce que nous dit le Pape ici !". Une telle façon de présenter les choses peut attirer sur nous le ridicule, et donner une fausse image de notre foi aux hérétiques, qui risqueront alors d'être confortés dans leurs erreurs. J'ai déjà lu un prêtre qui critiquait cette façon de se comporter dans un ouvrage d'histoire ecclésiastique. Nous devons respecter les enseignements du pape, mais pas nous en faire une fausse idée en croyant qu'ils sont absolument parfaits en toute chose et en le répétant avec admiration à la fin de chaque phrase... Même lorsque le Pape définit un dogme, la seule partie infaillible est la définition elle-même, et non pas ses arguments.
Pour revenir à la question de savoir si l'usage du mariage sans finalité procréatrice immédiate est un péché véniel ou non, je disais plus haut que l'Église n'a jamais défini ce point doctrinal, mais comme le font généralement remarquer les manuels de théologie qui évoquent ce sujet, la condamnation du Pape Innocent XI va dans le sens de l'affirmative. La seule difficulté qu'ont soulevée les théologiens minoritaires est cette distinction - en réalité très artificieuse - entre "plaisir seul" et "apaisement de la concupiscence". Or, comme je le réexpliquerai plus loin, une telle distinction n'a pas lieu d'être et elle est étrangère à l'enseignement de St. Augustin, de St. Thomas et des Pères. Mais réfléchissons quelques instants au caractère oiseux de cette distinction... Le problème est que toute personne tentée justifiera l'usage du mariage par le motif de l'apaisement de la concupiscence : si bien que celui qui se souciera peu de tempérer ses passions se prétendra pur de tout péché véniel, au motif qu'il ne fera qu'apaiser sa concupiscence ; et donc il n'y aura plus qu'un seul cas qui correspondra à l'hypothèse du "plaisir seul" : celui où l'un des époux usera du mariage par pure fantaisie et par recherche du plaisir, sans être spécialement tenté. On voit qu'avec une telle conception du péché, Dieu exigerait bien peu de vertu de la part des époux chrétiens...
Mais justement, cette considération nous porte également à réfléchir sur la providence divine, et sur l'économie de la rédemption... Si l'on suivait ceux qui disent qu'il n'y a aucun péché véniel à user du mariage sans finalité procréatrice immédiate, alors les époux pourraient avoir des relations fréquentes sans commettre aucun péché (même véniel), et accomplir leur salut relativement aisément, tandis que tous les célibataires ne pourraient se permettre une seule mauvaise pensée (délibérée) sans commettre un péché mortel. À mon sens, il est évident qu'une telle conception de la morale conjugale est un blasphème contre la justice de Dieu et une vision erronée de l'économie de la rédemption : c'est la voie large et facile qui mène au ciel pour tous les gens mariés, et au contraire la voie étroite et difficile pour tous les célibataires, volontaires ou non ! Ce qui veut dire que les hommes pauvres, laids ou délaissés ; et les femmes de peu d'attrait, qui n'ont pas pu se marier, devraient faire leur salut péniblement en se préservant de la volupté, tandis que ceux que la fortune a bien pourvus feraient leur salut facilement, se mettant peu en peine de modérer leur usage du mariage !
Peut-être les papes modernes ont-ils jugé que c'était le rôle des confesseurs et des théologiens d'approfondir leur enseignement : peut-être ont-ils jugé que ce n'était pas principalement leur rôle à eux d'entrer dans ce genre de détails ; peut-être aussi ont-ils considéré qu'étant donné que la question était disputée entre les théologiens, il n'était guère important de s'y attarder. Mais pour moi il s'agit d'une erreur, car aujourd'hui de nombreux prêtres et fidèles (probablement la grande majorité) s'appuient à tort sur cette carence pour prétendre qu'il n'y a aucun péché véniel à user du mariage sans finalité procréatrice immédiate (de la part de celui des époux qui en fait la demande), si bien que la position théologique jadis minoritaire est devenue la position théologique majoritaire, au point que bien des fidèles se choquent quand on leur énonce l'enseignement du passé, et ils ne veulent pas croire que ce soit vrai.
Une fois de plus, on voit que le malheur des temps a fait son oeuvre, et plus le temps passe, plus la morale évangélique est bafouée, la chrétienté se bornant à vivre à la frontière du péché véniel et du péché mortel, sans chercher la pratique de la vie la plus parfaite. Cette attitude est diamétralement opposée à celle des premiers chrétiens, et à l'esprit du temps de la grâce. Les prêtres aiment à rappeler que le judaïsme n'était que l'ombre du christianisme, et qu'il était plus difficile de se sauver à l'époque de l'Ancien Alliance ; mais il serait bon de rappeler également que malgré l'absence des sacrements à cette époque, le peuple juif avait de bien meilleures moeurs que les catholiques traditionalistes d'aujourd'hui, ce qui devrait être pour nous un sujet de honte, et un rappel salutaire.
J'ai lu il y a quelque temps que l'islam lui-même interdit l'usage du mariage durant la grossesse ; or cette pratique très blâmable est devenue la norme, tandis qu'elle était punie fort sévèrement par les pénitentiels du Moyen-Âge. À ce titre, nul besoin de citer à nouveau les Pères, qualifiant d'ivrognes les hommes qui usent du mariage durant la grossesse de leur femme...
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Notre objecteur nous dit que Paul VI s'exprime au pluriel, ce qui sous-entendrait que les deux époux accomplissent un acte vertueux. Or cela est faux, car une fois encore l'acte est justifié par l'état de tolérance propre au mariage, et donc il est bon dans sa globalité ; mais il n'empêche que celui qui demande le devoir commet un péché véniel. Notre objecteur nous cite également Saint Paul, qu'il n'a pas compris non plus, comme nous le verrons plus loin...
Le plus triste est que tant de gens s'étonnent de ce que nous disons, et décrivent cela comme un enseignement faux et aberrant, alors que dans toute l'histoire ecclésiastique, ce fut l'enseignement de la majorité des théologiens. À ce propos, j'aimerais apporter une précision sur un détail important que mon frère n'a pas suffisamment explicité : le Pape Innocent XI a certes condamné l'idée selon laquelle l'acte conjugal accompli pour le plaisir seul est dénué de tout péché véniel, mais certains théologiens distinguent justement entre l'acte accompli pour le plaisir seul et l'acte accompli pour éviter l'incontinence (péché solitaire, adultère,etc) ; tandis que Saint Augustin et Saint Thomas ne font pas cette distinction - et ils ont raison - car elle est très artificielle et peu honnête. Vouloir accomplir l'acte conjugal pour le plaisir seul et vouloir l'accomplir pour éviter l'incontinence, c'est plus ou moins la même chose : car on n'apaise pas la concupiscence en cédant à la concupiscence. D'où le fait que St. Thomas et St. Augustin, avec l'honnêteté et la clarté qui les caractérisent, ne fassent pas cette distinction artificieuse : pour eux c'est la même chose. Simon ne fait que répéter ce que disent tous les manuels de théologie morale qui évoquent les deux auteurs précités, à savoir que selon eux il n'y a que deux cas où l'acte conjugal est pur de tout péché véniel : le fait de procréer, ou rendre le devoir conjugal. C'est si clair que sur les forums anglophones où des débats sur ce sujet ont eu lieu, même les adversaires de notre position à nous admettaient que c'était ce qu'enseignaient St. Augustin et St. Thomas ; mais ils faisaient valoir que ces deux auteurs n'étaient pas infaillibles. En soi c'est vrai, sauf que d'une part c'est l'enseignement de la majorité des théologiens (et donc c'est l'enseignement le plus sûr), et d'autre part les papes modernes n'ont pas dit le contraire (comme on l'entend souvent dire à tort), c'est simplement qu'ils n'en ont pas parlé, et qu'ils se sont exprimés dans le cadre de l'état de tolérance que suppose le mariage. Mais on ne s'improvise pas juriste et canoniste : d'ailleurs en lisant St. Paul (l'épître aux Corinthiens), les gens croient souvent que l'apôtre justifie l'idée que l'usage fréquent du mariage est pur de tout péché véniel, voire même vertueux ; or le texte latin parle de concession, donc St. Paul décrit au contraire cela comme le domaine du péché véniel : c'est ce que relève St. Thomas. J'ai lu un manuel de théologie qui voyait justement dans l'épître aux Corinthiens une confirmation très nette de la doctrine de St. Thomas et de St. Augustin, ce qui est l'évidence même, puisque je le répète, la concession suppose le péché.
Le Père Debreyne, à la fois religieux trappiste et docteur en médecine, écrit très clairement dans son Traité des péchés que la position que nous défendons est celle de la majorité des théologiens :
« L'usage du mariage est-il permis pour éviter l'incontinence ? Tous les théologiens conviennent qu'il est permis de rendre le devoir à l'époux qui le demande sans autre raison que celle d'éviter l'incontinence. La difficulté est donc maintenant de savoir s'il est permis de le demander par ce seul et unique motif. Les avis sont ici partagés. Les uns, en grand nombre, assurent qu'il n'y a aucun péché à demander le devoir et s'appuient sur ces paroles de Saint Paul : 'Que le mari rende à sa femme ce qu'il lui doit, et que la femme agisse de même envers son mari. La femme n'a pas puissance sur son propre corps, mais le mari ; pareillement le mari n'a pas puissance sur son propre corps, mais la femme. Ne vous soustrayez pas l'un à l'autre, si ce n'est d'un commun accord, pour un temps, afin de vaquer à la prière ; puis remettez-vous ensemble, de peur que Satan ne vous tente par suite de votre incontinence. Je dis cela par condescendance, je n'en fais pas un ordre'. Saint Paul ne paraît avoir en vue ici que l'incontinence seule pour motif de son indulgence à l'égard de l'usage du mariage : or, on ne peut pas dire que l'apôtre accorde la faculté de péché. On s'appuie encore sur l'autorité du catéchisme du concile de Trente, qui donne pour raison de contracter le mariage [l'apaisement de la concupiscence]. Il faut noter que Saint Paul et le concile de Trente n'excluent pas la fin primaire ou la procréation, ils la supposent ; car le sens de leurs paroles doit être ainsi entendu : il est permis d'user du mariage pour éviter l'incontinence (fin secondaire), mais dans l'ordre de la procréation, in ordine ad prolem. De plus, un acte honnête en soi, rapporté à une honnête, ne peut être mauvais. Or, l'acte conjugal est honnête en soi, et éviter l'incontinence est également une fin honnête ; donc,etc. C'est l'opinion de saint Antonin, de Paludanus, de Soto, de Sylvestre, de Roncius, de Lacroix, de Saint Liguori et de plusieurs autres que cite ce dernier.
« D'un autre côté, un très grand nombre d'autres théologiens et de la plus haute autorité, tels que saint Augustin, saint Grégoire-le-Grand, saint Fulgens, saint Thomas, saint Bonaventure, Sylvius, Collet, Billuart, Dens,etc., affirment très positivement que l'acte conjugal exercé dans le but d'éviter l'incontinence est péché véniel. Les raisons puissantes qu'ils apportent sont les suivantes : Tout acte qui n'est point rapporté à sa fin légitime, est entaché de faute morale ou de péché ; or, la fin de l'acte matrimonial est la procréation ; donc, si cet acte est rapporté à une autre fin, comme par exemple d'éviter l'incontinence ou l'extinction de la concupiscence charnelle, fin louable sans doute, mais qui n'est que secondaire, et qui d'ailleurs ordinairement peut être obtenue par d'autres moyens ; si, disons-nous, l'acte conjugal, au lieu d'être rapporté à sa fin principale ou à sa fin primaire, est seulement rapporté à sa fin secondaire, il y a évidemment péché, mais qui ne peut être que véniel. »
Ici, le Père Debreyne parle d'un "grand nombre de théologiens" qui disent le contraire de ce que nous disons, mais d'un "très grand nombre" qui enseignent la même chose que nous. Nul besoin d'être un expert en grammaire française pour comprendre que "très grand" indique une valeur numérique supérieure à "grand".
Je ne suis peut-être pas théologien, mais j'ai fait cinq années d'études de droit, et j'assume de dire que j'ai plus d'aptitude que bien des prêtres dans la compréhension des textes juridiques ; or l'exégèse juridique et l'exégèse théologique, c'est plus ou moins la même chose : c'est toujours la compréhension du droit. L'art juridique est en grande partie un art de la distinction : et la plupart des hommes ne possèdent pas cet art, pas seulement parce qu'ils ne s'y sont pas exercés, mais parce qu'ils ont l'esprit embrouillé et le jugement hâtif.
Je ne suis certes pas théologien, mais mon ouvrage sur la crise de l'Église face à la théologie dogmatique (La survie de Paul VI : une certitude de foi) expose la seule théorie cohérente et orthodoxe au point de vue de la foi catholique. Toutes les autres thèses, depuis le lefebvrisme jusqu'au sédévacantisme complet, en passant par le guérardisme, contredisent sur plusieurs points les caractères de la Constitution divine de l'Église, comme l'a par exemple reconnu l'abbé Rioult dans un article publié par le blog La sapinière ; et en cela je loue l'abbé Rioult de sa sincérité. Par conséquent, si je suis un incapable ou un incompétent, qui n'a pas voix au chapitre parce qu'il est laïque, qu'on m'explique pourquoi aucun prêtre ni évêque n'a pu écrire d'ouvrage proposant une explication orthodoxe de la crise de l'Église. À ce sujet je tiens à rappeler que mon livre est notamment le seul - à ma connaissance - à réfuter les arguments fallacieux des sédévacantistes à propos de la Bulle du Pape Paul IV. Ce n'est qu'un exemple parmi d'autres...
Dieu accorde Ses lumières à qui Il veut, et un laïque peut être amené à écrire pour la défense de la foi. D'ailleurs je ne resterai peut-être pas laïque, puisque comme je l'ai déjà expliqué, je pense avoir vocation au célibat ; mais je ne suis pas certain d'avoir la vocation de prêtre.
Suite au retour de Paul VI, je suis persuadé qu'il se passera la même chose que dans la primitive Église : à savoir que de simples fidèles deviendront évêques, et peut-être même que le prochain pape sera choisi parmi les laïques, comme c'est déjà arrivé dans les premiers siècles, notamment avec Saint Fabien ; car Dieu choisit ses serviteurs comme Il lui plaît. Cela dit je ne prétends pas que je deviendrai moi-même évêque, ce serait de l'orgueil et de la présomption. Je veux simplement dire que nos prêtres et évêques traditionalistes n'ont même pas cru à la survie du Pape Paul VI, et que bien souvent ils ne défendent pas la pureté de la morale évangélique : donc ils ont démérité aux yeux de Dieu, et ce n'est pas nécessairement parmi les clercs que le Seigneur choisira ses principaux serviteurs. Nos prêtres ne parlent pas aux futurs mariés de la bénédiction de Tobie, de la nécessité du renoncement, de l'influence de la concupiscence sur l'enfant à naître,etc. Ils méprisent aussi les prophéties, l'eschatologique biblique, et la sève de la foi chrétienne. La Fraternité Saint Pie X se plaint du manque de vocations, mais au sein d'une génération voluptueuse, comment s'en étonner ? Et que dire des enfants qui apostasient parce que leurs parents ont mal vécu dans le mariage, enfantant leurs fils dans la chair plutôt que de les enfanter dans l'esprit ? Quiconque sème la volupté dans l'âme de son fils récolte les fruits de la corruption. La vénérable Anne-Catherine Emmerick a dit que l'usage du mariage durant la grossesse donnait des impulsions charnelles au foetus, suscitant déjà en lui la volupté, le disposant au péché dans la vie à venir... Et une fois adolescent, il verra les tenues indécentes de ses "soeurs dans la foi". Dans une telle situation, comment s'étonner qu'il n'y ait pas moins de vocations encore ? En vérité c'est un miracle qu'il y en ait.
La Bible loue la sagesse de Salomon (avant qu'il n'ait chuté), car ce dernier cherchait ce qui était vrai, plutôt que de chercher ce qu'il voulait croire ; tandis que les hommes malhonnêtes ne croient que ce qu'ils veulent croire, sans chercher sincèrement la vérité.
Même le théologien moderniste Bernard Häring reconnaît (dans un ouvrage de théologie morale publié en 1966) que l'acte conjugal exercé pour le simple plaisir est un péché véniel :
"Si l'acte garde son caractère ouvert à la vie malgré l'intention de 'plaisir seul', c'est seulement un péché véniel, car le défaut est l'absence de justification intégrale et en tant qu'acte individuel il ne s'agit pas d'un péché mortel. Mais notre jugement serait beaucoup plus sévère s'il s'agissait non pas d'un simple acte individuel ou isolé mais d'une attitude générale [c'est le cas chez certains couples usant des périodes infertiles avec une mentalité contraceptive]."
La plupart des gens qui sont d'accord avec nous sont des célibataires, et la plupart de ceux qui sont contre nous sont des gens mariés (il y a des exceptions). Ce n'est pas un hasard, car la motivation principale des gens mariés est en l'occurrence de tenter de justifier leur concupiscence, et non pas d'apprendre à mieux vivre.
Il faut que les hommes soient bêtes (et qu'ils ne sachent pas lire) pour parler comme si notre position était fausse ou marginale, alors qu'elle constitue l'opinion majoritaire de toute l'histoire ecclésiastique ; et de même qu'une catholique américaine dont j'ai déjà parlé, nous sommes convaincus que l'Église définira clairement et définitivement cette question de l'usage du mariage, car la pureté sera une vertu capitale dans la lutte contre l'Antéchrist, qui attirera les âmes par des doctrines laxistes favorables à la concupiscence. Le Pape Paul VI, ou son successeur, ne manqueront pas à notre avis de définir cette question.
Ce que je reproche principalement à nos détracteurs, ce n'est pas de vivre comme ils vivent (car la chair est faible), mais c'est plutôt de parler comme si nous disions des choses nouvelles, inouïes et aberrantes, alors qu'il s'agit de l'enseignement des Pères, des docteurs les plus éminents, ainsi que de la majorité des théologiens et écrivains ecclésiastiques.
Ceux qui nous disent que nous ne sommes pas mariés et que nous ne pouvons donc pas juger de ces questions auraient-ils dit la même chose au Christ ? Notre-Seigneur n'était pas marié non plus, et cela ne l'empêchait pas de proclamer les rigueurs de la loi morale. Quand on ne prend pas les moyens de vivre chastement, il est impossible de vivre chastement. On nous dit : "vous ne savez pas ce que c'est, vous les jeunes, de vivre avec une femme" ; mais si les époux couchent dans le même lit tous les jours, il est en effet impossible qu'ils puissent se contenir comme la chasteté l'exigerait. Dans les révélations d'Anne-Catherine Emmerick, on voit que le Christ enseignait aux époux qu'ils devaient faire lit séparé toutes les fois où ils s'abstenaient de l'usage du mariage ; et il dit aussi qu'idéalement, ils ne devaient user du mariage qu'en vue de la procréation, et s'abstenir après la conception. Notre-Seigneur loua des païens de vivre séparément, les hommes ayant leurs habitations et les femmes les leurs. Les époux se voyaient durant la journée, mais dormaient dans des maisons différentes, comme l'ont fait d'autres païens dans la suite de l'histoire humaine, jusqu'au XXème siècle au moins. Certains païens respectent mieux la morale naturelle que les chrétiens. Ils ont vu que les abus dans l'exercice de l'acte conjugal généraient la paresse, la corruption et la maladie ; et donc ils ont pris les remèdes nécessaires.
Par le passé (encore au XXème siècle), l'Église catholique a recommandé aux époux d'user du mariage moins d'une fois par semaine ; quant aux prêtres dits "orthodoxes", ils enseignent aux époux d'en user pas plus d'une fois par semaine. Une fois encore, l'Église catholique montre sa supériorité morale, en étant plus exigeante que l'Église dite "orthodoxe". Mais aujourd'hui ça n'est plus du tout le cas, car l'Église est réduite à l'ombre de ce qu'elle était, et les prêtres même traditionalistes sont souvent beaucoup trop laxistes. Ils ne rappellent plus les exigences de la morale naturelle et évangélique. La Très Sainte Vierge Marie, dans ses nombreuses apparitions, a dénoncé la négligence et le manque d'ardeur des prêtres.
Je connais un prêtre sédévacantiste qui m'accuse d'être anti-clérical, mais comme le dit une vieille dame survivantiste que je connais : "ce n'est pas moi qui le dit, c'est la Sainte Vierge". Je ne suis pas anti-clérical, je ne fais que constater une situation véridique. On pourrait citer aussi le cas des tenues impudiques à la Messe, dont nous avons déjà parlé, qui ne suscitent la plupart du temps que des réactions très molles. Cependant mon frère vient de voir que l'abbé Rioult, notamment, a lutté contre ces profanations et s'est dit près à recourir aux remèdes nécessaires (privation de la communion) pour purger ces souillures. On voit que les prêtres énergiques et soucieux du bien divin existent (cela dit je ne connais pas l'abbé Rioult, donc je ne peux pas juger de ses mérites personnels).
Mais alors, me direz-vous, qu'est-ce que de bien vivre dans le mariage ?
L'idéal évangélique est de n'user du mariage que pour la procréation, ou pour rendre le devoir ; mais de ne jamais demander soi-même l'acte conjugal lorsque l'on n'a pas pour fin la procréation, et de s'abstenir dès après la conception.
Si l'on n'est pas prêt à accepter ce genre de vie héroïque (ce qui est compréhensible), il serait bon par exemple de limiter l'usage du mariage à moins d'une fois par semaine, d'espacer les naissances de trois ans grâce à l'allaitement complet (qui stérilise la femme et rend donc possible l'usage du mariage, bien que ce ne soit pas vertueux), de s'abstenir durant la grossesse (ce serait l'occasion de pratiquer l'abstinence complète durant une partie de sa vie), et de s'abstenir après la ménopause. Un tel genre de vie - certes loin de l'idéal évangélique - serait déjà très vertueux en comparaison de la manière dont les catholiques vivent aujourd'hui. Maintenant, on considère comme vertueux ce que les Pères appelaient une attitude d'ivrognes ; et les catholiques osent dire que c'est l'enseignement du magistère...
Notons que sur le plan sanitaire, comme nous l'avons déjà expliqué l'espacement des naissances est primordial : c'est ce qu'enseignent tous les médecins. Or, les catholiques traditionalistes espacent souvent très peu leurs naissances, ce qui est désastreux pour la santé de l'enfant. Les Arabes eux pratiquent souvent l'allaitement complet : quitte à vivre pauvrement dans des HLM ils tiennent à ce que la femme reste à la maison, ce qui lui permet de donner le sein à son enfant toutes les demi-heures, comme l'exige l'allaitement complet. Sur ce point il convient de rappeler que selon l'enseignement de l'Église, la femme doit rester à la maison, sauf cas de force majeure (mari au chômage ou insuffisance des revenus familiaux). Le MJCF l'a écrit à juste titre dans une brochure sur le mariage, et il a également avancé des statistiques montrant la corrélation entre l'arrivée des femmes sur le marché du travail et l'augmentation du chômage. Une femme qui travaille sans nécessité vole le travail des hommes...
Jean-Marie Le Pen a déjà fait remarquer que les Arabes avaient souvent des enfants plus robustes. La raison est qu'ils pratiquent l'allaitement complet.