Un dénommé Bastien formule des objections contre ma thèse sur la préservation de l'Église enseignante. Il a exactement les mêmes arguments qu'un breton qui souhaite rester anonyme, et que nous surnommerons "Breton", par commodité. Ce dernier fait valoir que les statuts de la Fraternité Saint Pie X sont diocésains, et donc qu'elle ne peut pas représenter l'Église enseignante. En fait, nous sommes faces au même raisonnement que celui d'un positiviste qui contredirait un partisan du droit naturel, en lui disant sarcastiquement "et vous avez fait du droit !", exactement comme le veut l'attitude de Bastien à mon égard. Le droit n'est pas un raisonnement étriqué sur des status et des lois humaines ; c'est un raisonnement sur la justice et l'ordre à appliquer. Ce qui importe dans notre cas d'espèce, ce ne sont pas les statuts de la Fraternité Saint Pie X, mais ce qu'elle est réellement.
Mgr Lefebvre ne pouvait pas demander à la curie maçonnique plus qu'il ne pouvait obtenir. J'ajouterais que la révocation de l'autorisation diocésaine est nulle, parce qu'elle a été décidée sous le règne du sosie, donc sans l'aval du vrai pape.
L'Église enseignante est composée du pape et des évêques (et en l'absence de pape, des évêques seuls). Évidemment, ces évêques doivent bénéficier d'une juridiction, afin d'avoir mission d'enseigner ; sans quoi ils ne pourraient pas constituer l'Église enseignante. Or dans le cas qui nous occupe, il est facile d'expliquer comment les évêques de la Fraternité Saint Pie X jouissent d'une mission d'enseignement, puisque le Pape Paul VI la leur octroie, indépendamment même de l'existence (ou non) de cette fameuse lettre de mandat dont j'ai déjà parlé. Donc il est certain que les évêques de la Fraternité, et même d'autres évêques traditionalistes, peuvent bénéficier d'une mission d'enseignement octroyée par le Pape Paul VI.
S'il n'existait pas de pape en vie, il n'y aurait aucun moyen d'octroyer cette juridiction : car c'est le Pape qui l'octroie. Par ailleurs, sans juridiction ordinaire, il n'est nulle juridiction suppléée, contrairement à l'erreur que répandent les sédévacantistes complets de catholicapedia (LHR et ses amis). Parler de juridiction suppléée en l'absence de juridiction ordinaire, c'est comme de parler de moulin sans hélices. En période de vacance pontificale, les évêques tiennent leur juridiction du pape défunt ; or aujourd'hui il n'y a presque plus d'évêques nommés par Pie XII ou Jean XXIII, et ils sont tous soumis à Bergoglio ; donc si le sédévacantisme était vrai - ce qui est impossible - ces évêques ne pourraient pas représenter l'Église visible, car ils sont soumis à un faux chef, et ne peuvent récupérer leur juridiction que si un pape légitime la leur octroie. Cette considération me donne l'occasion de rebondir sur une erreur de Breton, qui a émis la thèse que l'Église enseignante serait aujourd'hui composée des évêques modernistes de bonne foi. Une telle thèse est nécessairement fausse car comme l'enseignent les théologiens, s'il est impossible que la vraie Église reconnaisse un faux chef, on sait a contrario que ceux qui reconnaissent un faux chef ne sont pas la véritable Église. Aussi, ces évêques, malgré toute leur bonne foi, ne pourraient pas constituer à eux seuls la véritable Église ; tandis que la Fraternité le peut, en union avec Paul VI (or elle est de fait en union avec lui, car il est le dernier pape qu'elle ait reconnu en pratique).
Durant le Grand Schisme d'Occident, les évêques sous une fausse obédience tenaient leur juridiction du pape légitime, sur la base de l'erreur commune. C'est la même chose aujourd'hui chez ceux qui sont de bonne foi...
Je répète que la Fraternité Saint Pie X est répandue dans le monde entier, qu'elle a un chef unique et une hiérarchie pyramidale, et qu'elle est donc la seule structure capable de représenter l'Église visible. Même les Grecs schismatiques n'ont pas de chef unique.
Il y a des sédévacantistes qui critiquent les tribunaux de la Fraternité Saint Pie X (tout en se prenant eux-mêmes pour des papes dans leur chapelle), mais ces tribunaux sont légitimes, en raison de la survie de Paul VI.