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In Nomine Domini

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« Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité » (Jean XVIII. 37)


Les erreurs théologiques de Laurent Morlier

Publié par Jean-Baptiste sur 14 Mars 2017, 09:15am

 

Suite à mon article sur les erreurs de Laurent Morlier, l'intéressé m'a adressé plusieurs courriels où il dénie commettre les erreurs que je lui attribue ; or ses courriels eux-mêmes témoignent précisément du contraire !

L'intéressé nie être le dénommé "Damien" (en réalité j'ai dû me tromper, je crois que le pseudonyme de la personne en question était "Bastien") ; mais cela ne change absolument rien, puisque Laurent Morlier et ce "Bastien" commettent exactement les mêmes erreurs théologiques.

Laurent m'accuse de "violation du secret de la correspondance", rien moins que cela. Et il n'est pas le seul à avoir usé de cette accusation à notre encontre, puisque le président de l'association St. Christophe a fait la même chose ; or si les deux comparses savaient de quoi ils parlaient, ils sauraient que la violation du secret de la correspondance concerne essentiellement le monde du travail (l'attitude d'un employeur vis-à-vis de son salarié), et la vie intime des personnes ; et non pas des questions religieuses !

Par ailleurs, le fait de menacer les autres de procès pour des raisons futiles est un péché mortel. En l'occurrence Laurent Morlier n'est pas allé jusque là (pas explicitement du moins), mais le président de l'association St. Christophe, lui, l'a déjà fait.

Pour ma part je ne me verrais pas menacer un frère chrétien de procès pour un désaccord quelconque : non seulement c'est ridicule (et les magistrats ont autre chose à faire que d'examiner de pareilles affaires), mais l'esprit de querelle relève du péché mortel.

Laurent Morlier, lui, n'hésite probablement pas à critiquer mon travail quand il est amené à en parler (tout l'indique d'après nos échanges de courriels) : donc il serait trop facile qu'il puisse dénigrer mes œuvres en privé, sans que je puisse répondre en public. On voit que l'invocation de cette prétendue "violation du secret de la correspondance" l'arrange bien... Car lui aurait le champ libre pour critiquer mon travail, et moi je ne l'aurais pas pour lui répondre. Mais n'en déplaise à Laurent Morlier, dans l'Église les controverses sont publiques : car l'Église n'est pas une secte maçonnique entourée de secret. Il n'y a guère que le sacrement de pénitence qui requiert du secret dans l'Église ; tout le reste est public et transparent, parce que le secret répugne à l'esprit chrétien : il implique trop souvent le mensonge et la dissimulation pour être une noble chose. Donc le secret n'existe que lorsqu'il est pleinement justifié, comme il l'est dans le cas du sacrement de pénitence.

 

Je ne regrette pas d'avoir publié mon article sur les erreurs de Laurent Morlier, car ce dernier m'a appris deux choses intéressantes :

-Selon lui, plusieurs personnes ont cessé de croire à la survie du Pape Paul VI à cause de mes écrits sur l'acceptation pacifique et sur la visibilité de l'Église ;

-Son frère lui-même, Vincent, aurait été influencé par ce que j'ai dit de l'acceptation pacifique, au point d'abandonner définitivement la croyance en la survie du Saint-Père.

 

Sur le premier grief, je réponds que si des personnes ont cessé de croire à la survie de Paul VI en lisant mes écrits, c'est qu'elles ne les ont pas du tout compris ! Et sur le second grief, je réponds que si Vincent Morlier a cessé d'y croire lui aussi, c'est à cause de ses propres erreurs - et celles de son frère - et non pas à cause de mes erreurs supposées.

 

Laurent Morlier m'a adressé des objections auxquelles j'ai déjà répondu, exactement comme l'a fait Bastien ; et le fait qu'il me reproche de ne pas y avoir répondu prouve soit qu'il ne m'a pas lu, soit qu'il montre de la mauvaise foi.

Si vous avez lu mon précédent article, j'ai imputé six principales erreurs à Laurent Morlier :

-Wojtyla et ses successeurs ont été acceptés pacifiquement et universellement (c'est en pratique ce qu'il dit, d'une manière ou d'une autre), et pourtant ils sont illégitimes ;

-Les prêtres et évêques traditionalistes ne possèdent pas de juridiction pleine et entière ;

-La visibilité de l'Église est manifestée dans les évêques modernistes qui errent de bonne foi ;

EDIT : Laurent Morlier corrige "les évêques toujours vivants et nommés par de vrais papes : Pie XII, Jean XXIII et Paul VI" (cela ne change rien car ces derniers ne sont pas dans l'obédience légitime, quelle que soit leur intention, bonne ou mauvaise).

-La Fraternité Saint Pie X reconnaît réellement Bergoglio comme pape, et elle a reconnu ses prédécesseurs depuis Wojtyla ;

-La même Fraternité ne peut pas manifester la visibilité de l'Église (les exorcismes suisses, publiés à l'origine par Laurent et son frère eux-mêmes, disent exactement le contraire) ;

-La survie de Paul VI est nécessaire à la succession apostolique, mais elle n'est pas une certitude de foi !

 

Laurent Morlier refuse d'avouer qu'il défend certaines des erreurs susmentionnées, notamment la première ; or la lecture de ses courriels prouve exactement le contraire.

En fait, pour être plus exact, j'aurais simplement dû écrire que selon Laurent Morlier "En apparence, Wojtyla et ses successeurs ont été acceptés pacifiquement et universellement" ; mais vous noterez que j'ai précisé entre parenthèses "c'est en pratique ce qu'il dit, d'une manière ou d'une autre" ; or pourquoi aie-je écrit "c'est en pratique ce qu'il dit" ? Tout simplement parce que la doctrine de l'acceptation pacifique repose précisément sur l'apparence : elle constitue un signe. Donc vous ne vous pas déclarer, comme le fait Laurent Morlier : "en apparence Jean-Paul II a été accepté pacifiquement et universellement, mais dans la réalité des faits la survie du Pape Paul VI a rendu cette acceptation ineffective, parce que la voix prépondérante du chef de l'Église allait à l'encontre de cette acceptation." En somme c'est ce que dit Laurent Morlier, et il s'agit d'un argument inopérant, pour des raisons que je vais vous exposer en détail.

En premier lieu, il faut noter que mon objecteur m'attribue une citation où je dis la même chose que lui :

"L'existence d'un pape légitime en vie (Paul VI) empêchait l'assentiment moralement unanime de l'Église enseignante, car le Pape étant l'élément principal et prédominant de l'Ecclesia docens, sa survie à elle seule constituait un obstacle à l'assentiment unanime, sa voix prévalant sur toutes les autres."

Or, aujourd'hui, je vous avoue que je récuse cet argument. De mémoire je crois l'avoir utilisé suite aux premières objections qu'on m'avait adressées à propos de la doctrine de l'acceptation pacifique ; mais par la suite j'avais affiné ma position : d'une part parce que je n'ai pas la science infuse, et d'autre part parce que dans toute l'histoire de l'Église, jamais il n'était arrivé qu'un si grand nombre d'évêques reconnussent un antipape.

La solution que j'ai trouvée est à mon sens d'une grande pertinence, car elle ne contredit d'aucune manière la Constitution divine de l'Église ; et je vous l'ai déjà exposée, mais je vais le faire de nouveau car certains ne m'ont visiblement pas compris. Cela dit, encore faut-il qu'ils me lisent jusqu'au bout.

Comme je l'ai écrit plus haut, l'acceptation pacifique vaut comme signe : l'unanimité morale des fidèles, des prêtres et des évêques (les cardinaux inclus) doit manifester qu'elle reconnaît pacifiquement (c'est-à-dire sans réserve) l'élu du conclave ; et alors sa légitimité est une certitude infaillible, de l'ordre des faits dogmatiques.

Mais dès ce stade de mon analyse, Laurent Morlier émet une première objection : l'acceptation de l'Église enseignante suffit (celle des évêques et des cardinaux), car cette dernière ne peut adhérer unanimement à l'erreur ; donc si les évêques et les cardinaux ont adhéré à l'élu du conclave, l'acceptation du reste de l'Église n'est pas requise, et il est manifeste que l'élu est légitime.

Nous répondons que ce raisonnement semble juste, à supposer que le fait de reconnaître un antipape revienne à adhérer à l'erreur ; et il nous semble que oui, partant que cet antipape est une fausse règle de foi.

Néanmoins, nous avons trois contre-objections, qui démontrent que notre raisonnement ne contredit pas ce que nous oppose ici Laurent Morlier :

1°) Étant donné que la doctrine de l'acceptation pacifique repose sur l'idée que la tête de l'Église ne peut pas être séparée de son corps (et l'Ecclesia docens de l'Ecclesia discens), il est certain que l'acceptation de toute l'Église est requise, et non pas seulement celle du corps enseignant : donc les prêtres et les fidèles doivent manifester qu'ils adhèrent à l'élu du conclave.

2°) L'acceptation pacifique vaut comme signe, et ce signe est donné par l'Église universelle, qui inclut les prêtres et les fidèles, en plus du corps enseignant ; et ce faisant, il n'est pas requis que le signe soit donné à la fois par l'Ecclesia discens et par l'Ecclesia docens : il est seulement requis qu'il soit donné par toute l'Église, prise dans son ensemble.

3°) Suite à l'élection de Wojtyla, une partie notable de l'Église ne l'a pas reconnu pacifiquement et universellement, et même la partie la plus saine et la mieux identifiable de l'Église. Plusieurs évêques, des milliers de prêtres, et des fidèles en bien plus grand nombre, ont assisté à la Messe dans des chapelles extérieures à leur paroisse, qui plus est la Messe tridentine, en opposition à la réforme liturgique ; ceci dans le monde entier. Ces catholiques ont dénié à Wojtyla son autorité, c'est-à-dire sa capacité à lier toute l'Église en matière de discipline universelle. Donc ils ne l'ont pas reconnu pacifiquement.

Or, partant qu'il est impossible qu'un pape légitime ne fasse pas l'objet d'une reconnaissance moralement unanime, et partant qu'en même temps l'Église enseignante ne peut pas adhérer unanimement à l'erreur, il ne semble exister qu'une seule solution orthodoxe à notre problème : suite à l'élection de Wojtyla, les prêtres et fidèles ont témoigné qu'ils ne reconnaissaient pas réellement et pacifiquement l'élu du conclave ; et ce signe visible que l'Église universelle a donné nous indique que l'épiscopat, lui non plus, n'a pas reconnu pacifiquement l'antipape polonais.

Pour ceux qui n'auraient pas compris la subtilité de ma démonstration (je rappelle tout de même, pour les besoins de la cause, que j'ai un master de droit), je répète les choses suivantes : 

-L'acceptation pacifique vaut comme signe : donc il n'est pas possible que, ne serait-ce qu'en apparence, un antipape soit accepté pacifiquement et universellement par l'Église (c'est là une erreur de Laurent Morlier).

-Si l'acceptation pacifique vaut comme signe au point de vue de l'Église universelle, il n'est en revanche pas exigé que ce signe soit visiblement manifesté dans chacune de ses composantes : l'Église enseignante (Ecclesia docens), et l'Église enseignée (Ecclesia discens). Il suffit qu'il le soit dans l'une des deux composantes.

-Le simple fait que Wojtyla n'ait pas été accepté pacifiquement et universellement par les prêtres et les fidèles de l'Église catholique, prouve qu'il n'a pas non plus été accepté pacifiquement et universellement par le corps enseignant : en cela, l'absence de reconnaissance réelle de la part de l'Ecclesia discens, manifestée visiblement, a été le signe de l'absence de reconnaissance réelle de la part de l'Ecclesia docens, qui elle, n'a pas été manifestée visiblement, mais appartenait au secret des cœurs. C'est ainsi que Mgr Lefebvre disait que des centaines d'évêques étaient secrètement de son côté.

 

À mon sens, je ne peux pas faire plus clair. Si jamais des personnes ne comprennent pas mes propos, ce sera de leur faute et uniquement de leur faute.

La doctrine de l'acceptation pacifique est une pierre d'achoppement, une pierre de scandale : et si quelques personnes marginales ont cessé de croire à la survie de Paul VI après avoir lu mes écrits dédiés à ce sujet, je ne m'en étonne guère, car j'ai déjà vu des catholiques se rallier à la contre-Église après avoir découvert cette doctrine ; or ce n'est pas la doctrine catholique qui est en cause, mais la bêtise de ces personnes, qui ont mal compris l'enseignement qu'elles ont lu.

Par conséquent, je continue de dire que l'erreur des frères Morlier à propos de l'acceptation pacifique est directement la cause des égarements actuels de Vincent Morlier (ou l'une des causes), et que Laurent Morlier lui-même a longtemps douté à cause de son erreur, au point qu'aujourd'hui encore il refuse d'admettre que la survie de Paul VI appartienne à l'ordre de la certitude de foi, comme je l'ai pourtant démontré en détail dans mes ouvrages.

 

Quant à l'idée selon laquelle mes propos sur la Fraternité Saint Pie X auraient eux aussi porté des personnes à cesser de croire à la survie du Saint Père, là encore les intéressés n'ont pas compris mon raisonnement, qui est pourtant celui de tous les théologiens ayant évoqué cette question.

Contrairement à ce que prétend Laurent Morlier, la Fraternité Saint Pie X ne reconnaît pas Wojtyla et ses successeurs comme papes : elle a beau les citer au Canon de la Messe, elle ne leur obéit pas sur le plan canonique, elle fonde des séminaires indépendants, elle fonctionne de façon autonome, et elle ne reconnaît pas la discipline universelle promulguée par les congrégations romaines (la nouvelle liturgie), ni même l'enseignement moral de l'occupant actuel du Vatican. À cet égard, il suffit de lire les articles de la Fraternité Saint Pie X suite à la publication de la pseudo encyclique Amoris Laetitia ! Dans la chapelle que je fréquente un rallié est sorti durant le sermon lorsque le prêtre a critiqué l'encyclique en question !

Certes, Mgr Fellay parle comme si Bergoglio était un pape légitime ; mais cela n'est pas suffisant pour constituer une obéissance sans réserve. Récemment, des anglicans ont déclaré que "François" était le chef de l'Église, et qu'il possédait la primauté ; pourtant les intéressés ne sont pas intégrés à l'Église romaine, ou si vous préférez à "l'Église officielle" ! Certains Grecs schismatiques ont fait la même chose par le passé, au point de reconnaître que le Pape possédait un primat d'honneur sur tous les autres évêques ; et pourtant ils sont demeurés dans leur schisme ! Ces gens sont animés par un état d'esprit de libres penseurs, c'est-à-dire qu'ils veulent être libres de croire ce qu'ils veulent, tout en prétendant avoir pour chef le "Pape" (pseudo pape) François. Or c'est la même chose du côté de Mgr Fellay, mais dans le sens du bien: à savoir qu'il souhaite continuer de défendre la vérité (contrairement aux anglicans, qui défendent l'erreur), tout en prétendant que Bergoglio est le vicaire du Christ. Mais cette reconnaissance purement nominale ne vaut rien.

 

En lisant le courriel de mon ami américain, qui est à l'origine des découvertes inédites et précieuses sur le parallèle entre l'histoire juive et l'histoire chrétienne, je crois avoir découvert ce que Mgr Fellay projette de faire et ce qu'il va advenir de la Fraternité Saint Pie X. Il m'avait prié de garder le silence à ce sujet jusqu'à une date déterminée, mais je ne me souviens plus de quelle date il s'agissait. Donc je vais tenter de rester le plus abstrait possible, pour ne pas risquer de manquer à ma promesse. Après tout, mon ami a déjà commencé à parler de ses recherches et à les diffuser sur son site internet, fraîchement créé...

Comme je l'ai dit récemment, la Fraternité Saint Pie X cherche à s'établir à Rome, avec l'aide de Bergoglio lui-même, dans un vaste complexe qui serait à la fois un centre d'études et le nouveau quartier général de la Fraternité ; or les Maccabées ont fait la même chose : ils se sont établis à Jérusalem, grâce à des accords avec Rome (figure de la Rome moderniste actuelle), mettant fin à leur exil dans les montagnes (figure de l'exil de la Fraternité dans les Alpes Suisses), en vue de ramener la piété et le culte authentique dans Jérusalem, qui était le centre de la théocratie juive, comme Rome est aujourd'hui le centre de la théocratie pontificale.

Or il semble aussi y avoir, dans la crise maccabéenne, une analogie relative au ralliement de la Fraternité Saint Pie X. Mais je ne veux pas en parler, en raison de ma promesse. Je me contenterai de dire les choses suivantes :

-Premièrement, comme je l'ai expliqué dans un précédent courriel, tant que la Fraternité Saint Pie X conservera un fonctionnement autonome il n'y aura pas de ralliement réel ; car un ralliement impliquerait une obéissance pratique et sans réserve, comme cela a toujours été exigé de la part de ceux qui ont demandé l'union avec Rome (les Grecs par exemple ont eu une attitude très différente de celle des Maronites) ; de surcroît il faudrait aussi que tous les biens de la Fraternité Saint Pie X devinssent la propriété du Vatican moderniste ; et enfin la Fraternité devrait reconnaître Bergoglio comme le docteur de la foi, se soumettant à son enseignement et à sa discipline universelle ; or je doute fort que Mgr Fellay concède à tout cela.

-Deuxièmement, si Mgr Fellay se ralliait (partiellement ou totalement), plusieurs évêques et communautés religieuses ne le suivraient pas (et c'est déjà le cas, puisque l'USML a fondé un groupe séparé).

-Troisièmement, il semble que Mgr Fellay veuille s'installer à Rome et se rallier (de façon réelle ou supposée) pour des raisons de stratégie humaine : il croit que Bergoglio est un pape légitime, et il pense naïvement qu'il va pouvoir agir au cœur de l'Église en convertissant les prélats modernistes, voire le pseudo pape lui-même. Mais ce faisant, il ne reconnaît pas réellement Bergoglio comme pape : car il ne le voit pas comme celui qui confirme la foi de ses frères ; tout au contraire, il pense que c'est la Fraternité Saint Pie X qui confirme la foi du pape (du pseudo pape, en l'occurrence) ! Donc tout indique que ce prétendu ralliement n'aura rien d'un ralliement réel et intégral : si jamais il intervenait, la Fraternité bénéficierait d'un fonctionnement autonome (c'est d'ailleurs ce que Mgr Fellay réclame), comme certaines communautés anglicanes frauduleusement intégrées à l'Église romaine moderniste. Or il est inouï dans l'Église catholique qu'un quelconque institut puisse fonctionner de façon autonome vis-à-vis du pape ! Le pape est le chef de l'Église, personne ne peut s'exclure de sa juridiction.

 

Mais pour revenir à un sujet plus intéressant, Laurent Morlier me reproche de dire que les modernistes ne sont pas réputés catholiques, et qu'ils ne peuvent donc pas manifester la visibilité de l'Église (ni dans leur hiérarchie et leur clergé, ni dans leurs sectateurs). Et ce faisant, Laurent Morlier déclare qu'ils n'ont pas été excommuniés, et donc qu'ils ne sont pas notoirement hérétiques. En vérité je le concède volontiers ; néanmoins, une fois encore, j'ai déjà répondu à cette objection : donc Laurent Morlier ne m'a visiblement pas lu.

Car l'appartenance à l'Église est une chose, et le fait de pouvoir manifester la visibilité de l'Église en est une autre : lors du Grand Schisme d'Occident, le clergé des fausses obédiences appartenait sans doute à l'Église catholique, mais il ne pouvait pas à lui seul manifester la véritable Église, partant qu'il n'adhérait pas au véritable Souverain Pontife. Car les théologiens enseignent ceci : "L'Église ne peut errer lorsqu'elle reconnaît son chef. Elle ne peut pas plus reconnaître un faux chef, ni se séparer du vrai chef" (cf. le Père Smith). Donc les fausses obédiences ne peuvent manifester la véritable Église, même lorsque ses membres ne sont pas excommuniés. Seule l'obédience légitime peut manifester l'unité visible de la foi.

J'ajouterais que lorsqu'un pape a été reconnu pacifiquement et universellement, son épiscopat ne peut pas se séparer de lui, en adhérant à quelqu'un d'autre avec unanimité morale : donc Laurent Morlier se trompe en considérant que les évêques modernistes actuels peuvent contribuer à manifester la visibilité de l'Église. En réalité, si la grande majorité des évêques ont rejoint une fausse obédience, si une telle chose a été possible, c'est parce qu'elle s'est produite progressivement, et non pas d'un même mouvement : d'abord de nombreux évêques ont refusé de reconnaître Wojtyla de cœur et d'esprit, comme je l'ai prouvé plus haut ; puis plusieurs sont morts avant d'avoir connu l'issue de la crise (et pour cause, elle dure encore aujourd'hui) ; et enfin d'autres évêques ont été nommés par l'usurpateur, pour prendre la place des anciens.

Les théologiens enseignent unanimement que les évêques ne peuvent errer ensemble et d'un même mouvement, mais ils n'enseignent pas que les évêques ne puissent tomber progressivement dans une fausse obédience.

Si Laurent Morlier considère, comme il le fait, que la visibilité de l'Église est manifestée dans l'épiscopat moderniste [en tout cas dans des membres de l'épiscopat moderniste], alors il affirme que l'Église visible (du moins son corps enseignant) n'adhère pas au chef véritable. Pire encore, l'Ecclesia discens visible ne serait pas en communion avec l'Ecclesia docens visible, puisque les catholiques orthodoxes ne sont pas en communion avec l'Église moderniste.

Par conséquent, la thèse de Laurent Morlier est une bête à quatre yeux, lui qui m'accuse de réflexions improvisées et amateuristes.

Je pense avoir dit l'essentiel. Si des personnes viennent à me reprocher de poursuivre la polémique, je réponds que Laurent Morlier serait bien aise de pouvoir continuer à critiquer mes travaux en tentant de me faire passer pour un amateur, et ce sans aucune réponse de ma part. Il ne s'agit pas de se quereller violemment en se traitant de "scorpions venimeux", comme l'ont fait des théologiens par le passé ; mais il s'agit pour moi de défendre mes travaux et de restituer la vérité. Si les frères Morlier n'avaient pas des raisonnements aussi tordus, aujourd'hui peut-être que Vincent n'inventerait pas des thèses ahurissantes nous annonçant que l'Antéchrist sera un pape légitime : car comme je l'ai expliqué plus haut cette idée tire son origine d'une erreur des deux frères, dans leur conception de l'acceptation pacifique.

Je conclurai en répétant que les erreurs théologiques que j'ai imputées à Laurent Morlier sont parfaitement exactes, et que la plus absurde est probablement la suivante : "La survie de Paul VI est nécessaire à la succession apostolique, mais elle n'est pas une certitude de foi."

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