J'ai visionné dernièrement une entrevue entre Daniel Conversano et Henri de Lesquen, où ce dernier défendait la disparition du revenu minimum, arguant que le SMIC était trop élevé et avait pour effet d'augmenter le taux de chômage en France.
Ici, je ne vais pas vous exposer en détail la position politique de Henri de Lesquen, mais ce dernier se prétend "national-libéral", et prône un mixe de libéralisme et de protectionnisme, dans le cadre d'un état nationaliste qui défend sa culture.
Inutile de rappeler que l'Église a condamné le libéralisme aussi bien le communisme, et même le libéralisme modéré prôné par Henri de Lesquen n'est pas une bonne chose. À cet égard le revenu minimum en est le parfait exemple : car comme l'a fait remarquer un ami de Daniel Conversano au cours de l'entrevue, la nature humaine étant ce qu'elle est de nombreux chefs d'entreprises peuvent être tentés de rémunérer leurs salariés le moins possible ; donc en l'absence de revenu minimum, c'est la loi de la jungle et la porte ouverte à toutes les déprédations.
Henri de Lesquen a une conception très mécaniste de l'économie : il parle comme si les ouvriers étaient bien payés dans une économie qui se porte bien, et mal payés dans une économie qui se porte mal. Or même dans une économie forte un ouvrier peut tout à fait être mal payé, pour peu que son employeur soit un avare sans scrupules ; et des avares et des égoïstes, il n'en manque pas !
C'est exactement pour ce genre de raisons que le libéralisme économique est un mauvais système. Cela dit Henri de Lesquen a raison de dire que le marché doit jouir d'une liberté relative. D'ailleurs il s'est si bien aperçu des failles du libéralisme qu'il ne défend pas un libéralisme pur et dur...
J'ignorais que ce polémiste était républicain, libéral, et favorable à François Fillon. Décidément, même dans les milieux nationalistes il y a bien des gens qui ont les idées à l'envers.
Il faut noter que la théorie sur les races dont il se réclame est d'origine évolutionniste, donc il est clair que Henri de Lesquen n'a pas des opinions bien orthodoxes.
Je peux me tromper mais dans cette entrevue entre Daniel Conversano et Monsieur de Lesquen, j'ai cru également déceler chez ce dernier l'idée que l'on obtenait une place dans la société par son mérite. On retrouve cela chez des prêtres de la Fraternité Saint Pie X, qui viennent pour beaucoup de familles aisées. Or j'ai déjà écrit sur ce blog que pour ma part, je ne suis pas du tout d'accord avec cette vision des choses ; et même je dirais que cette idée est calviniste.
Si le travail et le mérite personnel jouent dans la place qu'occupe une personne au sein de la société, il y a également une part de hasard, et surtout les accointances. Plusieurs professionnels de l'emploi m'on déjà dit qu'on obtenait un travail à 80% grâce aux relations.
Comme je vous l'ai probablement déjà raconté sur mon blog, un jour j'ai participé à des épreuves de sélection pour intégrer la Caisse d'Allocations Familiales de mon département. Sur 60 candidats ou plus (je ne sais plus le nombre exact), moins de 10 ont été retenus, parmi lesquels moi-même (je crois que nous étions 8). J'ai passé les entretiens oraux, et par la suite on m'a informé par lettre que je n'étais pas pris. Or, au cours d'une vacation dans un service publique que j'ai effectuée plus tard, la fille d'une employée de la CAF m'a appris qu'aucun des 8 candidats n'avait été embauché : la CAF avait reconvoqué des personnes non-sélectionnées (parmi ceux qui avaient échoué aux épreuves, je veux dire), sous prétexte que les 8 candidats retenus ne convenaient pas ; le but étant d'embaucher une personne de la famille du directeur ou de ses assistantes (je ne sais plus exactement), comme cela avait déjà été pratiqué, et comme cela est pratiqué dans bien d'autres services publics.
Ce n'est qu'un exemple, mais il y en a beaucoup d'autres. Par conséquent, lorsque des fils d'aristocrates (si je puis dire) nous expliquent que le mérite joue un grand rôle dans la réussite sociale, il faut en prendre et en laisser...