Suite à mon dernier article j'ai reçu un courriel d'un prêtre guérardien, où il m'adresse un bulletin dominical. Dans ce bulletin, il dit que le devoir de voter "n'est pas un devoir de morale divine ou d'Église" ; mais le fait de s'abstenir de la fornication non plus, et pourtant il faut s'en abstenir sous peine de péché mortel ! Depuis quand est-ce que la morale naturelle ne compte pour rien ?
ÉDIT : J'ai reçu le commentaire de quelqu'un qui me demande ironiquement "connaissez-vous le 6ème commandement ?" Mais ici j'ai entendu la terminologie du prêtre en question comme se référant à la loi divine au sens restreint, c'est-à-dire dans son seul aspect cérémoniel ; sinon elle est nécessairement absurde, dans le sens où le fait de voter est lié à l'obligation civile que nous avons tous de participer à la réalisation du bien commun.
Ce prêtre dit également que lorsque le Pape Pie XII a parlé de devoir grave concernant le vote, c'était à cause du danger communiste en Italie ; mais il est aisé de répondre qu'aujourd'hui, le danger est encore plus grand ! Car nos ennemis sont déjà chez nous, en haut et en bas (si vous voyez ce que je veux dire) ; ils ont déjà le pouvoir !
J'ajouterais que le Pape Pie XII s'est exprimé de façon générale, il n'a pas employé des expressions de nature contextuelle.
Quant à l'enseignement des théologiens, le Révérend Père Titus Cranny résume la chose ainsi :
"Most moralists hold that voting is of obligation. Some say that the citizen is bound sub gravi, others, sub levi. Some hold that per se the obligation is grave, per accidens it is light or of no obligation. In order to give a complete picture of the opinions we may consider the writings of the various authors."
« La plupart des moralistes affirment que le vote est une obligation. Certains disent que le citoyen y est tenu sub gravi [sous peine de péché mortel], d'autres sub levi [sous peine de péché véniel]. D'autres disent que l'obligation est grave per se [en soi], et qu'elle est légère ou dénuée d'obligation per accidens [par accident]. Afin de dresser un tableau complet des diverses opinions, on citera les écrits de ces différents auteurs. »
Le Pape Pie XII a précisé que toutes les élections destinées à élire le chef de l'État ou du gouvernement impliquent une obligation grave de voter. Il a employé des termes assez larges, car les élections de cet ordre sont assez variées : certains pays élisent un président de la république, d'autres un chancelier, d'autres encore un chef de gouvernement,etc.
Moi non plus je n'aime pas le suffrage universel (parce que la sagesse n'est pas dans le plus grand nombre) : mais si c'est une sottise d'accorder le droit de vote au commun du peuple, c'en est une plus grande encore de laisser voter les sots et de s'abstenir.