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In Nomine Domini

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« Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité » (Jean XVIII. 37)


La licéité de la nouvelle messe

Publié par Jean-Baptiste sur 18 Juillet 2017, 13:42pm

 

Récemment j'avais souhaité publier un article sur la question de la licéité de la nouvelle messe ; puis je m'en étais finalement abstenu. Mais depuis quelqu'un m'a contacté et a évoqué ce sujet, donc j'ai vu là un signe de la providence qu'il était utile d'en parler à nouveau.

Comme je l'ai dit dans un article antérieur, lors d'une querelle avec un prêtre lefebvriste ce dernier m'a soutenu que Mgr Lefebvre avait eu une position fixe depuis 1976 sur la licéité de la nouvelle messe ; en réalité il n'en est rien : le prélat a varié jusqu'en 1981 au minimum. Quand une personne change régulièrement d'opinion en matière de foi ou de morale, c'est précisément qu'elle a un raisonnement boiteux : ce qui est problématique de la part d'un docteur en théologie (et pourtant on l'observe très souvent).

La question de la validité de la nouvelle messe et celle de sa licéité sont deux sujets différents : car une messe peut être valide tout en étant illicite.

J'ai déjà mentionné sur ce blog le problème de la validité de la nouvelle messe. Jusque dans nos milieux il y a des personnes têtues et ignorantes qui affirment que la nouvelle liturgie est invalide; or d'une part toutes les révélations privées qui en ont parlé ont dit qu'elle était valide (y compris des révélations défendant la survie du Pape Paul VI), et d'autre part il est très facile de le prouver, parce que les nouveaux canons n'altèrent pas réellement la forme de la Messe.

Parmi les arguments les plus oiseux des sédévacantistes contre la validité de la nouvelle messe, il y a ceux de l'abbé Moureaux, si j'ai bonne mémoire, et d'autres de ses confrères, qui comparaient le problème de la nouvelle messe avec le problème du rite d'ordination anglican ; or, tandis que les anglicans niaient la transsubstantiation, la notion de sacrifice est en revanche bien présente dans la nouvelle messe et les modernistes ne nient pas la Présence Réelle. Cette comparaison est donc complètement idiote. Mais je ne vais pas revenir sur cette question, je vous renvoie à l'article anglophone ci-dessus : il serait inutile que je redise ce que mes frères dans la foi ont déjà écrit avant moi.

Quant au problème de la licéité de la nouvelle messe, il n'y a que quatre cas où une messe est illicite :

1°) Le célébrant est un schismatique ou un hérétique notoire.

2°) Le nom cité au Canon est celui d'un schismatique ou hérétique notoire (j'ai déjà prouvé que ce n'était pas le cas de Bergoglio).

3°) Le rite n'est pas catholique.

4°) Les circonstances de la célébration impliquent un scandale grave pour notre âme.

(on pourrait ajouter quelques autres cas disciplinaires de l'histoire ecclésiastique, car l'Église a parfois interdit d'assister à la Messe de prêtres concubinaires)

 

Dans le cas de la nouvelle messe, le célébrant n'est que rarement un schismatique ou un hérétique notoire, parce qu'il n'a pas été excommunié et n'avoue pas qu'il contredit l'enseignement de l'Église ; quant au nom qu'il cite au Canon, ce n'est pas celui d'une hérétique ou d'un schismatique notoire, mais plutôt celui d'un hérétique non-déclaré.

Enfin, le rite est-il hérétique ? Contient-il des hérésies explicites ? Il est évident que non : vous ne pouvez pas en mentionner une seule dans le rite de la messe moderne. L'expression "pour tous", à propos du Sang du Christ versé pour le salut du genre humain, n'est pas hérétique en soi, puisque de volonté antécédente Notre-Seigneur a bien versé son salut pour tous, c'est-à-dire avec le désir de sauver tous les hommes ; mais de volonté conséquente il a permis qu'un grand nombre d'hommes se damnent.

Pour toutes ces raisons, il n'y a pas d'illicéité de principe de la nouvelle messe ; par contre elle peut être illicite suivant les circonstances : par exemple lorsqu'elle ressemble plus à une pièce de théâtre qu'à une messe, ou encore lorsque les fidèles se font passer une corbeille remplie d'hosties.

Certains diront : "dans presque toutes les églises modernistes la célébration de la messe est accompagnée de circonstances scandaleuses". C'est vrai (du moins en Europe), mais cela ne rend pas systématiquement la messe illicite : il faut qu'il y ait un danger réel pour notre âme.

Il s'agit de bien distinguer le scandale considéré en lui-même, et ses effets sur l'âme ; le problème est identique à celui que j'ai évoqué à propos des films et jeux vidéos : un film ou un jeu peuvent être immoraux sans causer un danger réel pour l'âme.

NB : Un film de propagande nazie, par exemple, est immoral ; mais si on le regarde à des fins historiques, il ne s'agit que d'une occasion éloignée de péché, et non pas d'une occasion prochaine. De même dans le cas qui nous occupe ce n'est pas parce que vous voyez un scandale dans une église que vous y participez ou que vous l'approuvez.

Si des fidèles distribuent l'hostie, évidemment il ne faut pas aller communier auprès d'eux, mais vous ne risquez pas véritablement de perdre la foi en voyant un tel spectacle (ou alors votre foi ne vaut rien) ; par contre si les fidèles distribuent l'hostie dans une corbeille qu'ils se font passer d'une personne à l'autre, là il y a un danger réel car vous allez presque immanquablement coopérer à un sacrilège. De même, si la cérémonie ressemble plus à une pièce de théâtre ou à un concert de musique pop qu'à une messe, il n'y a plus aucune dignité et votre foi est mise en danger : c'est une question de bon sens.

Les exorcismes suisses et d'autres révélations privées ont dit que l'assistance à la nouvelle messe était licite, tout simplement parce qu'il est mieux d'y assister que de ne pas y assister (tout dépend des circonstances, évidemment) : étant donné qu'elle est valide elle procure des grâces aux âmes de bonne foi, grâces que ces âmes ne pourraient obtenir en demeurant chez eux à réciter leur missel ; et même il est parfois possible de communier (quand le prêtre consent à donner la communion dans la bouche), et ainsi d'obtenir toutes les grâces attachées au sacrement. À cet égard vous noterez d'ailleurs qu'il y a théoriquement autant de grâces que lors d'une messe tridentine : la messe moderne ne procure pas autant de grâces parce que son rite est bien moins satisfaisant et ne rend pas à Dieu tout l'hommage qui lui est dû, mais la communion reste la communion (tant que le Christ est présent en toute logique les grâces sont identiques).

L'argumentation de la Fraternité Saint Pie X pour dire que la nouvelle messe est systématique illicite ne vaut rien : car elle affirme que la nouvelle liturgie déplaît à Dieu ; or comme elle le fait elle-même remarquer, les messes sacrilèges des prêtres en état de péché mortel sont elles aussi déplaisantes à Dieu, et pourtant il n'est pas interdit d'y assister : on y est même tenu quand on ne peut pas faire autrement ; or c'est la même chose dans le cas de la nouvelle messe : on doit y assister quand on ne peut pas assister à la Messe tridentine (je dirais au moins de façon habituelle).

La messe moderne déplaît effectivement à Dieu comme le sacrifice de Caïn, au sens où ce sacrifice était en-dessous des exigences que le Seigneur pouvait attendre, et qui se trouvaient réunies dans le sacrifice d'Abel ; mais un sacrifice vaut mieux que pas de sacrifice du tout : et Caïn aurait déplu davantage à Dieu s'il ne lui avait rien offert du tout. Or celui qui reste chez lui en récitant son missel n'assiste pas à l'offrande des prières de l'Église par le prêtre.

Les personnes qui contestent la validité de la nouvelle messe et des nouveaux rites agissent souvent par réaction, et non par amour de la vérité : ils ont une attitude comparable à celle des pharisiens, un état d'esprit qui présente une concordance frappante.

Ce n'est pas parce que l'Église moderniste est à rejeter qu'il faut adopter des opinions caricaturales et passionnelles, fondées sur aucun motif sérieux. Tant que les catholiques modernistes n'auront pas été excommuniés par le Pape Paul VI, l'assistance à la nouvelle messe demeurera licite : il faut respecter les décrets de l'Église. La grande hérésie du sédévacantisme et du lefebvrisme consiste justement dans cette forme de gallicanisme ou de jansénisme qui consiste à ériger son opinion personnelle en critère de jugement ecclésiastique.

Les prêtres sédévacantistes qui défendent l'invalidité de la nouvelle messe ont un raisonnement totalement amateuriste, fondé non pas sur le droit canon mais sur des spéculations improvisées. Les prêtres lefebvristes qui défendent son illicéité systématique ont la même attitude, car ils ne suivent pas la théologie canonique mais des réflexions personnelles, indépendantes du raisonnement juridique qui doit présider à la résolution de ces questions graves. Ils disent : "la nouvelle messe n'est pas un rite catholique, parce qu'elle est d'inspiration moderniste et qu'elle déplaît à Dieu" ; mais au sens du droit canonique tant que le rite en question ne contient pas d'hérésies il est catholique...

Ces gens n'ont aucune rigueur juridique : je répète que si j'avais commis les mêmes erreurs qu'eux à la faculté, j'aurais eu 4/20 à toutes mes copies et j'aurais mérité un bonnet d'âne.

 

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