Suite à la discussion que j'avais eue avec un ami à propos du téléchargement illégal, l'intéressé avait parlé cette fois avec un séminariste de la Fraternité Saint Pie X, lui aussi fermement opposé au téléchargement illégal, et qui n'hésitait pas à parler de vol, tout comme le prêtre auprès duquel cet ami avait demandé conseil...
Notez que ce prêtre et ce séminariste seraient probablement moins sévères quant à la question de la moralité conjugale : je veux dire par là que la sévérité des prêtres catholiques orthodoxes ne porte pas toujours sur les problèmes moraux les plus importants.
En réalité le téléchargement illégal n'est pas assimilable au vol dans le sens où le vol consiste dans le fait de soustraire injustement le bien d'autrui : or ceux qui pratiquent le téléchargement ne soustraient aucun bien, ils usent simplement d'une copie du bien considéré. Ce téléchargement n'implique aucune perte au sens strict, mais plutôt un manque à gagner. Tandis que si l'on vole une marchandise dans un supermarché, il y a une perte réelle pour le magasin. La différence est de taille.
Je ne suis pas en train de justifier le téléchargement illégal : d'ailleurs je tiens à rappeler que c'est un délit au sens du droit positif ; néanmoins je me garderais bien de qualifier cette pratique de péché mortel ou de vol.
Lorsqu'on prête un jeu ou un film à quelqu'un, le créateur du bien ne fait aucun profit : et pourtant le prêt est licite tant au point de vue de la loi naturelle qu'au point de vue du droit positif. Quand on use d'une copie, la seule différence est qu'on profite d'un bien qui n'a jamais été acheté par personne : or cette différence n'est pas considérable, car le détenteur d'un bien peut prêter ce bien à de nombreux individus, sans que ces derniers aient versé aucune somme au créateur : ce qui signifie que dans les deux cas, il y a un manque à gagner réel.
Par cette argumentation, je ne cherche pas à justifier le téléchargement illégal ; mais il semble abusif de l'assimiler à un vol au point de vue du droit naturel. Il faut aussi remarquer que si l'on tombe dans l'excès inverse, le "copyright" prend des proportions tyranniques, au point d'abolir le marché des produits d'occasion.
Lors d'une polémique récente avec un prêtre de la Fraternité (j'en ai déjà parlé), j'ai fait valoir à l'intéressé que les prêtres divergeaient souvent dans leurs opinions. J'ai dit cela parce que cet abbé était très sûr de lui-même et de la fiabilité de sa formation au séminaire d'Ecône ; mais si elle est si fiable pourquoi est-ce que sur certains sujets, les prêtres ont tous un avis différent ? Le téléchargement illégal est à mon avis un bon exemple : on entend des opinions très différentes les unes des autres.
Cela devrait inciter certains à plus d'humilité ! Ils devraient se dire : "peut-être qu'en croyant que François est pape, je me trompe... "
À bon entendeur !