Dans un commentaire de mon dernier article un certain "fm" écrit ceci :
"Si les célibataires doivent rester abstinents c'est que - par définition - ils ne sont pas engagés en légitime mariage, et non pas parce que l'usage conjugal est mauvais !"
En réalité, nous avons déjà rapporté que selon l'enseignement de Saint Thomas d'Aquin, il n'y a aucune différence de nature entre la fornication et l'acte conjugal ; et que pour être légitime, l'acte conjugal doit être excusé, comme le reconnaît à juste titre le monastère de la Sainte Famille (sur ce point au moins je suis d'accord avec eux). Or si la collusion charnelle était pure elle n'aurait pas besoin d'être excusée ! Les Israélites n'auraient pas non plus reçu des lois sur l'impureté rituelle...
Étant donné que seule la procréation permet de justifier intégralement l'usage du mariage, toutes les fois où l'un des époux demande le devoir conjugal dans une autre intention, il commet un péché véniel au minimum (mais non quand il le rend, car alors son acte répond à la nécessité de préserver son conjoint d'un péché plus grave) : c'est la doctrine constamment enseignée au cours de l'histoire ecclésiastique par les Pères, les docteurs, les saints et de nombreux moralistes. Ce n'est que depuis le XIXème siècle, et surtout depuis le XXème siècle, que l'opinion contraire a fini par devenir la plus répandue (encore un effet du relâchement et du modernisme).
Si les gens mariés pouvaient donner libre carrière à leurs plaisirs sans commettre aucun péché (même véniel) pendant que les célibataires sont astreints à la chasteté parfaite sous peine de péché mortel, ce serait le salut facile pour les uns et la porte étroite pour les autres. Il y a là une conception injuste de l'économie du salut.
Malheureusement trop de catholiques vivent dans le mépris de la croix, en profitant de ce qu'ils nomment abusivement "les plaisirs légitimes", comme on peut le lire dans un commentaire de l'Imitation du Christ. C'est la raison pour laquelle Sœur de la Nativité a dit "j'ai vu en enfer une infinité de personnes mariées". À mon avis cette phrase faisait référence à deux types de cas :
1°) Les époux qui s'adonnent à des pratiques contre-nature (soit dit en passant, il faudra m'expliquer pourquoi vous dites que ces actes sont "impossibles" fn !) ;
2°) Ceux qui tout en respectant l'intégrité de l'acte, transforment la sexualité en amusement : par leur comportement (vous voyez à quoi je fais référence), leur tenue vestimentaire, ou leurs paroles indécentes.
Coucher avec sa femme comme on couche avec une courtisane ou une adultère, c'est déjà pécher gravement.
Lorsque Dieu a dit qu'Adam et Ève ne feraient qu'une seule chair, il ne parlait pas de la sexualité. Vous avez l'esprit grossier fn. Le Seigneur voulait dire qu'Adam et Ève s'appartiendraient l'un à l'autre.
Croyez-vous que la Très Sainte Vierge Marie et Saint Joseph furent mariés ? Croyez-vous aussi qu'ils furent vierges ? De même, croyez-vous que les époux ayant fait vœu de chasteté perpétuelle furent mariés ? Croyez-vous que les époux s'abstenant pour cause d'impuissance radicale le furent ?
L'absence de consommation du mariage ne le rend pas nul, et les époux n'en font pas moins qu'une seule chair. À cet égard il faut d'ailleurs rappeler que lorsqu'une personne a fait un vœu privé de chasteté, dans l'absolu il lui est toujours possible de se marier à condition que son conjoint s'engage par le même vœu : c'est un abus de dire, comme le font certains auteurs, que le mariage est illicite lorsqu'on a fait un vœu privé de chasteté. À strictement parler c'est inexact : le mariage peut être licite, à la condition que les époux s'engagent mutuellement à observer la chasteté parfaite. Dans toute l'histoire ecclésiastique ces mariages ont existé, mais aujourd'hui la chrétienté est si corrompue que cela doit être encore plus rare que par le passé, à cause de l'amour des plaisirs charnels. Pourtant c'est le plus beau des mariages, celui de la Sainte Famille elle-même...
NB : Dans une citation de Saint Alphonse de Liguori récemment rapportée par mon frère, on voit bien que pour lui aussi la collusion charnelle implique toujours une impureté (qui ne peut être excusée que par les biens du mariage) :
"Nous avertissons en passant les confesseurs de ne point permettre aux fiancés d'aller dans la maison de leurs fiancées, ni à ces dernières d'aller dans la maison de leurs fiancés, ou bien de ne point permettre aux parents de les recevoir dans leurs maisons, parce que rarement il arrive que ces fiancés ne se livrent point au péché, au moins en paroles ou en pensées, dans une semblable occasion; car tous leurs regards, tous leurs entretiens tendent tous au péché, et il est moralement impossible qu'ils vivent ensemble sans sentir les aiguillons de la chair qui les portent à ces actes impurs qui sont les suites immédiates du mariage."