Les vocations et la théorie du Père Barbara

Publié par Jean-Baptiste sur 11 Novembre 2017, 11:50am

Dans l'un de ses articles, mon frère a évoqué la théorie du Père Barbara sur les vocations : l'idée selon laquelle les paroles de Saint Paul relatives aux homosexuels s'appliqueraient également à certains jeunes gens qui ne parviennent pas à maîtriser leurs tentations impures ; ces jeunes seraient victimes de la vengeance divine, faute d'avoir répondu à l'appel de Dieu en entrant en religion. Évidemment cette théorie est une idiotie et une pure invention, qui ne provient pas de l'enseignement des Pères.

Mais la vocation conditionne-t-elle de façon notable le salut ? À cet égard les prêtres ont des avis divers. Un prêtre sédévacantiste m'a assuré que non, un autre m'a dit le contraire. J'ignore ce que les Pères, docteurs, saints et écrivains ecclésiastiques ont pensé à cet égard, mais j'ai lu plusieurs propos de saints qui opinaient dans le sens du second prêtre, sans toutefois avoir de certitude.

Je n'ai plus la citation exacte de Saint Alphonse de Ligori, mais ce dernier avait une réflexion de ce genre : "Les conseils évangéliques sont des conseils, dira-t-on ; alors comment pourraient-ils obliger ? Pourtant s'il y a appel de Dieu, il faut lui obéir, comme il faut obéir à Dieu en toutes choses ; donc cela semble conditionner le salut éternel, et il me paraît impossible de le nier." Saint François de Sales lui-même, tout en étant porté sur la miséricorde, pensait que la vocation conditionnait fortement le salut.

Encore une fois, j'ignore si les Pères, docteurs, saints et écrivains ecclésiastiques ont eu un avis moralement unanime sur le sujet ; et j'ignore même si cette question est susceptible d'être couverte par l'infaillibilité (au titre des mœurs) ; mais tout ce que je peux dire, c'est que :

-Si les conseils obligeaient, ils ne seraient plus des conseils ;

-Si des jeunes gens ne parviennent pas à surmonter leurs tentations impures ce n'est généralement pas en entrant dans la vie religieuse qu'ils se porteront mieux ;

-La bienheureuse Lindmayr a vu au purgatoire (et non pas en enfer) une femme qui s'était mariée au lieu de devenir religieuse, comme Dieu l'aurait voulu.

Plusieurs saints ont eu tendance à dire "les conseils évangéliques sont toujours préférables, donc ils sont avantageux à tous" ; mais c'est une manière très inexacte de parler, parce que ces saints oublient que les hommes ne sont pas tous disposés à vivre dans la chasteté parfaite. Tout le monde n'a pas le courage des saints, et ceux qui entrent dans la vie religieuse sans préparation suffisante aggravent leur culpabilité devant Dieu. Je ne vais pas vous citer d'exemples, vous les connaissez...

Saint François de Sales disait à des religieux indignes : "Mieux vaudrait que vous ne fussiez pas moines, que d'être de mauvais moines". Les prêtres et les religieux ont une culpabilité plus lourde que les laïcs et sont davantage punis en enfer ; donc il n'est pas expédient de devenir prêtre ou religieux quand on n'y est pas suffisamment disposé. Lorsque des jeunes font face à des tentations impures qu'ils ont du mal à maîtriser, les inviter à quitter le monde est la dernière des sottises : l'Église risque de se retrouver avec un nouveau prêtre concubinaire, ou pire encore.

Suite à la crise de l'Église, il y a des prêtres ou des pères et mères de famille qui ont fait preuve d'un zèle intempestif dans leur façon de promouvoir les vocations. Cela a donné lieu à des drames... Lors de retraites spirituelles il y a des prêtres qui allaient jusqu'à faire une liste des projets de vocation : ils voulaient à tout prix obtenir le plus de vocations possibles. C'est très dangereux car en se comportant ainsi, on peut même inciter les retraitants à faire des vœux privés téméraires...

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