Il y a quelques jours, un ami m'a envoyé un lien vers une vidéo en direct de l'abbé Jacqmin, aumônier de Civitas, au cours de laquelle l'intéressé faisait remarquer à son auditoire (comprenant des sédévacantistes) que Jean XXIII et Paul VI ayant été acceptés pacifiquement par toute l'Église, leur légitimité était incontestable.
Cette remarque est juste, mais il faut aller au bout du raisonnement :
1°) Si l'acceptation pacifique de Jean XXIII et de Paul VI est incontestable, il en va tout autrement de celle de Wojtyla et de ses successeurs, qui ont pour leur part été élus en pleine crise (le schisme entre traditionalistes et modernistes), et qui n'ont donc jamais bénéficié d'une acceptation pacifique.
2°) Paul VI étant le dernier pape accepté pacifiquement par toute l'Église, et l'Église n'ayant fait depuis aucun effort pour élire son successeur, la survie de Paul VI est une certitude de foi, en vertu de la perpétuité de la succession apostolique : car à chaque période de vacance l'Église travaille à élire le prochain pape.
Ce dernier point devrait être une évidence pour tout canoniste et pour tout évêque, plus généralement pour toute personne instruite en matière d'ecclésiologie ; mais ça n'est pas le cas, parce que l'Église n'a jamais connu un tel désert spirituel, un tel aveuglement et une telle ignorance. Jusque dans nos milieux survivantistes, plusieurs n'admettent pas mon argument, y compris un prêtre survivantiste breton, dont je ne dirai pas le nom.
Malgré la simplicité et l'évidence du raisonnement, même parmi nous beaucoup le rejettent. Quand j'ai publié en 2015 mon ouvrage intitulé "La survie de Paul VI : une certitude de foi", des fidèles se sont récrié, et un prêtre survivantiste. C'est le comble !
Quant à ceux qui objectent que Wojtyla et ses successeurs ont été acceptés pacifiquement, je leur réponds que :
1°) Dans ce cas-là ils devraient conclure que Paul VI est mort.
2°) Ils méconnaissent ce qu'implique le fait de reconnaître réellement un pape, en théorie et en pratique (je vous renvoie à ce que j'ai écrit à propos du concile de Florence).
Aujourd'hui, j'ai reçu un coup de téléphone d'un catholique de notre bord, qui se plaignait de ce que beaucoup cessaient de croire en la survie du Saint-Père. Je lui ai répondu que je le déplorais tout autant que lui, car j'ai moi aussi constaté des défections, à cause des délais qui se prolongent ; et je réitère mes propos quant à la perpétuité de la succession apostolique, et ce afin de rappeler que non seulement la validité de notre "théorie" ne s'épuise pas avec le temps, mais qu'elle se renforce : la réapparition du Saint-Père est d'autant plus nécessaire que le temps se prolonge, aussi bien au point de vue mystique qu'au point de vue dogmatique.
Rappelons au passage que Paul VI est à ce jour moins âgé que Jeanne Calment, la doyenne de l'humanité morte à 122 ans en 1997.
J'évoquerai prochainement, de nouveau, la question des délais de l'Apocalypse...