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In Nomine Domini

In Nomine Domini

« Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité » (Jean XVIII. 37)


"La mort vaut mieux qu'une vie amère" (L'Ecclésiastique II. 17)

Publié par Jean-Baptiste sur 1 Juin 2020, 12:18pm

 

Récemment, une dame m'a adressé le message suivant :

Cher Monsieur,

Je suis tombée par hasard sur vos articles que j’ai trouvés intéressants, bien écrits, fluides et agréables à lire. Je suis une Catholique "normale", c'est-à-dire ni tradi ni progressiste (...). Me permettez-moi de vous dire ce que j'ai ressenti - à tort, j'espère - au travers de vos écrits et vidéos : de l'agacement, de la frustration, de la déception ... et - sans vouloir vous offenser - un peu de rigidité. Ce qui m'attriste davantage en tant que votre sœur en Christ, c'est que je ne vois pas sur votre visage, dans votre attitude, dans votre regard, dans vos écrits, la joie que donne le Christ. Cette joie intérieure qui transparaît sur les visages, même sur les visages des chrétiens malades(...).

 

Il est vrai que je n'ai pas un visage heureux, parce que :

- Ma maladie a des effets neurologiques, elle agit directement sur mes neurones, et c'est un peu comme si j'étais en permanence en dépression, depuis 10 ans. 10 longues années... Il faut s'imaginer ce que ça représente... On vit dans une sorte de prison intérieure ; l'origine est physiologique, dans ce genre de cas on ne peut pas "choisir" d'être heureux" ! On peut toujours faire semblant de l'être en affichant un sourire, c'est juste de la comédie... (J'ai un naturel plutôt gai, sans ma maladie je serais quelqu'un d'enjoué, mes amis le savent)

- Je suis un paria ; si je mourrais il n'y aurait quasiment personne à mon enterrement ; je mourrais semblable à un chien, un peu à l'exemple du pauvre Lazare devant la demeure de l'homme riche.

- J'ai été abreuvé d'amertumes.

- La vie n'a rien à m'offrir.

- Comme Jérémie dans la Bible, la mort est pour moi le joyau le plus précieux, ma pensée la plus réconfortante.

 

 

Quand on a une maladie grave, on est vu comme quelqu'un d'inutile à la société, qui ne mérite pas d'exister ; et l'on est sans cesse jugé par les autres, parce que la plupart du temps, on ne peut pas travailler normalement et avoir une vie comme celle des autres. On ne doit pas seulement lutter contre la maladie, on doit lutter contre la méchanceté du prochain et son défaut de compassion. Au fil des années l'aigreur s'accumule, on commet souvent des péchés d'impatience (ça vient de m'arriver à l'instant où j'écris ces lignes) à cause des commentaires désagréables qu'on entend...

Les gens sont tellement méchants et indifférents au malheur des autres, ils sont capables de vous parler comme si c'était de votre faute que vous soyiez malade. Et il y a toujours un imbécile pour vous sortir le "remède miracle" alors que vous avez presque tout essayé et que vous savez que ça ne marche pas (ce serait trop facile si l'on pouvait guérir une maladie grave du jour au lendemain) :

-Une vieille femme dans mon village qui me dit de manger des asperges (sic) ;

-Un tradi assez excentrique qui me parle de psyllium à l'indienne ;

-Une personne de ma famille qui me dit de prendre les antibiotiques préconisés par le Pr. Raoult (j'en ai déjà pris il y a plusieurs années, c'est très mauvais pour la santé et ça n'a pas marché !).

etc.

Je le confesse, je me suis parfois bien fâché contre les gens qui m'ont dit ça. La plupart du temps, je prends sur moi et supporte ; mais à d'autres l'occasions, la coupe déborde...

Ce serait trop facile de pouvoir guérir toutes les maladies comme le prétendent certains charlatans (j'ai déjà croisé un radiesthésiste qui disait cela dans une chapelle de la tradition). Il y a trois ans, en voyant ma santé s'améliorer, j'étais très optimiste et je pensais que j'allais guérir complètement ; mais Dieu en a décidé autrement...

Sur terre, on ne peut pas toujours être heureux. Les enfants de Fatima avaient-ils un visage heureux ? Sainte Bernadette se disait-elle heureuse ?

J'ai vu un jour une vidéo d'un américain, sur un plateau télévisé, qui allait très loin dans le déni : il était gravement mal (aux côtés d'une belle jeune femme), il avait des nécroses sur le visage, et il disait "je ne suis pas malade". Il est mort en direct sur le plateau en continuant de nier sa maladie...

Evidemment, ce n'est pas une attitude chrétienne : c'est contraire à l'esprit de vérité.

Le bonheur (même terrestre), la réussite sociale, les biens naturels, sont des désirs légitimes s'ils sont ordonnés à Dieu : ils n'ont rien de mauvais. Humainement parlant, j'aurais préféré être sain et avoir une vie plus agréable, plutôt que d'être comme un chien crevé avec aucune vie sociale ou presque. Mais je respecte la volonté de Dieu.

Quand les hommes ont beaucoup de biens naturels et jouissent de la réussite terrestre, ils ont plus facilement tendance à oublier les biens célestes. Au contraire, celui qui n'a rien ne peut espérer qu'en Dieu.

 

L'Ecclésiastique XXX. 15-17

15 La santé et la bonne complexion valent mieux que tout l’or,
et un corps vigoureux est préférable à une immense fortune.

16 Il n’y a pas de richesse préférable à la santé du corps,
et il n’y a pas de joie meilleure que la joie du cœur.

17 Mieux vaut la mort qu’une vie d’amertume,
et l’éternel repos qu’une souffrance continuelle.

 

Naturellement, il n'est pas permis de se suicider. Il faut aller jusqu'au bout de la route avec courage, aimer Notre-Seigneur et Sa Mère tendrement.

Je me souviens d'avoir vu sur internet une citation d'un philosophe qui disait plus ou moins "Le monde n'est pas organisé pour notre bonheur". Il faisait remarquer que dans la vie, on a souvent plus d'insatisfactions et d'échecs que de bonheur. Parce que nous sommes des créatures déchues, sur une terre de pénitence, où les démons eux-mêmes ont été précipités, comme l'enseigne l'Apocalypse : l'enfer est situé au centre de la terre, donc sur la planète même que nous habitons !

On peut se boucher les yeux, s'amuser à jouer du tam tam en remuant les fesses comme certains peuples païens, ça ne changera pas la réalité...

C'est en ce sens qu'il est dit aux Ephésiens "les jours sont courts et mauvais".

Pour un chrétien charnel, ce langage est inaudible, "morbide". Or, pourquoi dit-on précisément qu'il faut être "mort au monde" ? Parce que le chrétien digne de ce nom a compris que son bonheur ne se trouve pas ici bas, où les peines et les frustrations sont plus rares que les joies, où les joies mêmes ne sont pas sans mélange d'amertume, et où, enfin, on souffre plus qu'on jouit. Si vous n'en avez pas encore fait l'expérience, les années et la maladie vous l'apprendront.

 

 

Une très belle vidéo, sur la mort du pauvre Lazare :

 

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