Ces derniers jours, on m'a envoyé un lien vers un article de "Famille chrétienne" faisant la promotion de l' "érotisme", opposé à la "pornographie". Je n'ai pas pu le lire (je ne suis pas abonné) mais le titre de l'article et la photo d'illustration en disent assez sur l'opinion de l'auteur...
Cette distinction artificielle entre "érotisme et pornographie" est récente. Durant la seconde guerre mondiale, les photographies sensuelles qui circulaient dans l'armée (comparables aux images du La Redoute aujourd'hui) étaient considérées comme de la pornographie.
Comme l'admet le journal "Famille chrétienne" (FC), l'Église a toujours réprouvé l'idéologie hédoniste, la promotion de la sensualité et tout ce qui s'y rattache, à cause du danger que cela représente pour le salut éternel. Ce n'est qu'à partir de Wojtyla, l'antipape Jean-Paul II, que l'Eglise moderniste, qu'on peut appeler "la fausse Eglise", a fait la promotion des plaisirs profanes, avec la fameuse "théologie du corps". L'abbé de Nantes surnommait ainsi Wojtyla "le pape sexologue".
Lorsque le Pape Pie XII avait déclaré - dans son discours aux sages femmes - qu'une certaine recherche du plaisir était permise au sein du mariage (tant qu'elle reste digne et ordonnée à la procréation), au cours des paragraphes suivants il s'était empressé de mettre en garde les fidèles contre l'idéologie hédoniste. Autrement dit, il n'avait dédié qu'un seul paragraphe à la licéité de la recherche du plaisir, et tous les paragraphes qui suivaient, il les avaient dédiés à un salutaire avertissement. Le problème, c'est que les mauvais catholiques ne retiennent que le paragraphe où il évoque le plaisir de façon laudative, et évacuent tous les autres ; et j'ai déjà observé cette attitude même au sein de nos milieux. D'où le fait que les papes, théologiens et écrivains ecclésiastiques du passé aient adopté une attitude plus simple et plus virile, à l'image des Évangiles : condamner purement et simplement la recherche du plaisir. Agir autrement revient à créer la confusion. Aussi, les "historiens de la sexualité" tels que Jean-Louis Flandrin ont beau jeu de remarquer ce qu'ils appellent une "évolution du magistère", au point de conclure que l'Eglise va de plus en plus dans le sens des foules et de leurs appétits déréglés. En réalité il n'y a pas d' "évolution", mais Pie XII a adopté un discours moins ferme que celui de jadis (en dehors de toute définition doctrinale, d'ailleurs), et les antipapes de l'Eglise moderniste sont allés beaucoup plus loin...
Si les Saintes Écritures condamnent franchement la recherche du plaisir, c'est parce que toute subtilité excessive en la matière revient à conforter les hypocrites :
Saint Jean II. 15
15 N'aimez point le monde, ni ce qui est dans le monde.
Si quelqu'un aime le monde, l'amour du Père n'est pas en lui.
Saint Luc VIII. 14 :
14 Ce qui est tombé sur les épines, représente ceux qui, ayant entendu la parole, se laissent peu à peu étouffer par les soucis, les richesses et les plaisirs de la vie, et ils n'arrivent point à maturité.
Tobie 6 ; 16-22 : « Alors l'ange Raphaël lui dit : Ecoute-moi, et je te montrerai qui sont ceux sur qui le démon a du pouvoir. Or, ceux qui embrassent le mariage de manière qu'ils bannissent Dieu de leur cœur et de leur esprit, et qu'ils s'abandonnent à leur passion, de même que le cheval et le mulet, qui n'ont pas d'intelligence, le démon a pouvoir sur eux. Mais toi, après que tu l'auras épousée, étant entré dans la chambre à coucher, sois continent vis-à-vis d'elle pendant trois jours, et ne t'occupe avec elle d'aucune autre chose que de prières. […] Mais la troisième nuit, tu recevras la bénédiction de Dieu, afin que soient procréés de vous des enfants très sains. Or, la troisième nuit passée, tu recevras cette vierge avec la crainte du Seigneur et par le désir d’avoir des enfants, plutôt que poussé par la passion. »
Rechercher le plaisir, essayer d'obtenir le maximum de plaisir, conduit inévitablement au péché. Les pratiques qui procurent le plus de plaisir sont les plus libidineuses (spécialement pour la femme), et j'ai déjà vu une mère de famille catholique admettre que la recherche du plaisir féminin est incompatible avec la chasteté chrétienne.
Les articles de "Famille chrétienne", ce journal moderniste, sont très représentatifs de la mentalité moderne dépravée : les images à elles seules, qui montrent des époux qui s'apprêtent à coucher ensemble, sont obscènes et auraient été considérées comme contraires à la moralité publique dans la société d'autrefois ; mais dans notre monde perverti par les moeurs dévoyées et par l'extension de la sexualité en dehors de la sphère privée, cela ne choque plus, au point que même des gens de nos milieux trouvent ça plus ou moins normal. Ils disent : "c'est la nature". Alors pourquoi pas aller dans les camps de naturistes aussi ?
J'ai parlé récemment avec une fille - par ailleurs sympathique - qui est retournée dans l'Eglise moderniste après s'être convertie à la tradition (y demeurant pendant plus d'un an), et elle me dit qu'il n'y a rien de choquant dans les articles de "Famille chrétienne" !
Comme je l'ai déjà fait remarquer dans mes articles, l'aveuglement spirituel est souvent en lien avec une négligence dans la vertu de pureté. Avec une telle mentalité, rien d'étonnant à ce que l'on se retrouve chez les modernistes (ou pire).
On se convertit souvent à la tradition en s'apercevant du problème du péché de luxure, et en faisant des efforts, qui nous obtiennent finalement la grâce de la conversion ; et l'on apostasie, on quitte la tradition, ou l'on vit dans le péché, à cause de la dépravation.
Combien ont quitté nos milieux pour une créature ? Et le plus souvent ils finissent divorcés !