Un ami, qui partage notre position sur la crise de l'Eglise, m'a écrit la chose suivante (je reformule) :
"Jean-Baptiste, je suis d'accord avec toi sur la survie du Pape Paul VI, mais est-il besoin de trouver des justifications dans l'Apocalypse, et ne penses-tu pas que tu devrais t'abstenir de publier des commentaires, sachant que tu n'as pas été missionné pour comprendre l'Apocalypse ?"
Ma réponse :
Qui peut dire "j'ai été missionné pour comprendre l'Apocalypse" ? Saint Jean lui-même a été missionné pour l'écrire, mais à ma connaissance, il n'a pas été missionné pour la comprendre ; en tout cas il ne nous en a pas livré l'explication.
Certains saints ou certaines personnes mortes en odeur de sainteté, ont prétendu recevoir révélation d'une partie du sens de l'Apocalypse, par exemple la religieuse Louise de Jésus ; mais il n'y a en cela aucune certitude, aucune garantie infaillible de l'Eglise.
Il est évident que si les autorités romaines existaient encore, si l'exigence de l'imprimatur existait encore, j'aurais demandé à l'Eglise la permission de publier mon livre. En la situation actuelle, c'est impossible ; et donc comme l'a écrit Mgr Guérard des Lauriers dans sa préface de l'ouvrage sur Garabandal, il est permis de publier des livres sans imprimatur. De toute façon Paul VI l'a autorisé.
Le fait d'être prêtre ne constitue aucunement une garantie contre l'erreur : beaucoup de prêtres ont publié des livres qui contiennent des erreurs (j'y reviendrai) depuis le début de la crise de l'Eglise.
Je ne prétends pas connaître l'intégralité du sens de l'Apocalypse : Dieu seul peut jouir de cette prérogative. Le but de mon ouvrage est donc seulement de proposer des explications, fondées non pas sur mon interprétation personnelle, mais sur les commentaires du passé. En d'autres termes, les interprétations que je propose sont en grande partie le prolongement des commentaires du passé : spécialement celui du Père Gallois, celui du Père Berry, et celui du Père Herman Bernard Kramer.
Beaucoup de français citent souvent le commentaire d'Holzhauser ; or il est à côté de la plaque : presque toute sa chronologie de l'Apocalypse est fausse. Holzhauser se croyait inspiré de Dieu alors qu'il a annoncé une fausse date sur l'avènement de l'Antéchrist (de mémoire 1905 !). Il a également propagé la subversion prophétique sur le "Grand Monarque", et c'est probablement ce qui explique la popularité du livre : pas mal de dindons sont prêts à gober ce qu'il écrit parce que ça flatte leur sensibilité, on le voit dans nos milieux.
Il s'est passé exactement la même chose que chez les Juifs de l'Antiquité, je suis d'accord avec Eric FAURE : la fausse notion du "Grand Monarque" temporel, du roi restaurateur, a occulté la notion de Messie souffrant, elle a aveuglé les Juifs sur la vraie nature du Messie ; et chez nous, aujourd'hui, dans le monde catholique, c'est cette même fausse notion de Grand Monarque qui a occulé le Pape Souffrant, le restaurateur spirituel.
Si vous voulez lire un commentaire en français, lisez celui du Père Gallois, il est bien meilleur et plus récent que l'ouvrage d'Holzhauser. Cela m'agace d'entendre les gens promouvoir le livre d'Holzhauser alors que celui du Père Gallois est cent fois mieux (il a largement inspiré le Père Berry et le Père Kramer, qui lui doivent énormément).
Si vous voulez lire le Père Kramer, j'ai publié la traduction de certains chapitres (notamment le XII), et il y a les citations les plus importantes dans mon livre. Un sédévacantiste a également traduit en français l'ouvrage du Père Berry.
Beaucoup de gens de la tradition se moquent de l'idée de la survie de Paul VI, et à côté de ça, ils croient aux fausses prophéties du Mirabilis Liber sur le Grand Monarque : on le voit chez des prêtres comme chez des laïcs. Ils ont souvent eu les livres de Jean Marty dans leur bibliothèque, les livres "Veillez et Priez", mais au lieu de retenir ce que Jean Marty disait de vrai (il a été l'un des principaux défenseurs de la survie de Paul VI par la suite, et parlait déjà du complot contre lui dans "Veillez et priez"), ils ont retenu la partie subversive, fausse et mauvaise de son livre : celle sur le Grand Monarque et l'idée du "Règne du Sacré-Coeur", avec une chronologie erronée de la fin des temps (pour ma part je défends celle du Père Gallois dans son commentaire de l'Apocalypse).
Ces mêmes personnes qui se moquent de ceux qui croient à la survie de Paul VI, croient souvent au "Grand Monarque" !
Comme je l'ai déjà exposé de nombreuses fois, nous avons des preuves de nature théologique (qui sont certaines), mais nous avons également - s'il était besoin - des preuves factuelles, car des témoins l'ont vu, à un moment où il était censé être mort, en 2007.
Lorsque le prêtre de Faverney nous a chassés mon frère et moi, en 2014 (pour des raisons liées à la survie de Paul VI), nous avons providentiellement rencontré un prêtre converti de l'Eglise moderniste, qui a vu Paul VI vivant à Fatima, et lui a parlé, en 2007 (ce prêtre était accompagné de sa secrétaire) ; c'est comme ça qu'il a intégré la tradition. Je rappelle que dans l'ancienne loi hébraïque, un témoignage faisait foi lorsque les témoins étaient deux : je pense donc que ce n'est pas un hasard si Dieu a permis que deux personnes assistent à la scène, c'était symbolique.
Ce prêtre portait un prénom composé en rapport direct avec le motif qui avait justifié notre exclusion de la chapelle de Faverney, ce qui peut difficilement être qualifié de coïncidence. C'était en rapport avec ce que mon frère avait écrit dans son livre. Je ne prétends pas, d'ailleurs, être d'accord avec tout ce que mon frère a écrit, loin de là. Simplement, il s'agissait d'un signe.
L'ouvrage d'Holzhauser, par exemple, comprend plus d'erreurs que celui de mon frère. Et contrairement à l'intéressé, Simon a fait marche arrière : avant sa mort, il l'a retiré de la publication.
Quand je me suis moi-même intéressé à l'Apocalypse, j'ai vu que la chronologie proposée par mon frère était très proche de celle du Père Herman Bernard Kramer, alors qu'il ne l'avait jamais lu. Donc tout était loin d'être faux dans ce qu'il avait écrit, il y avait des choses intéressantes. Mais dans le domaine de l'interprétation du texte apocalyptique, on doit rester humble : on doit se contenter de proposer des interprétations, en admettant qu'il existe une part d'erreur. Mon frère a manqué d'humilité. Holzhauser, encore pire : il croyait son livre "inspiré" malgré ses prédictions fausses. Certains me diront "dans ce cas comment pouvait-il être saint ?" La réponse est simple : premièrement il n'a jamais été canonisé, donc sa sainteté n'est pas une certitude ; deuxièmement on peut être saint et commettre des erreurs ou écrire des livres faux voire mauvais (le grand Saint Vincent Ferrier s'est trompé sur la légitimité du Pape, Saint Irénée a défendu le millénarisme, Saint Thomas More a accrédité les théories humanistes,etc.).
Quand je parle de l'idée du "Grand Monarque", je suis assez provocateur, et certains prêtres et laïcs qui lisent mes articles peuvent se vexer, parce qu'ils sont en désaccord avec moi. A vrai dire mon but n'est pas de vexer les gens, et je serais le premier à me réjouir du fait que la royauté soit un jour restaurée en France ; du reste je ne l'exclus pas absolument, mais je rejette l'idée quasi messianique du "Grand Monarque", qui vient des fausses prophéties du Mirabilis Liber.
Pour revenir à la question de l'Apocalypse, mon commentaire comporte de nombreuses citations du Père Kramer pour bien montrer que mes interprétations n'en sont que le prolongement, dans une large mesure. Comme il n'a pas connu la crise de l'Eglise (en tout cas son livre a été publié avant, dans sa première édition), il y a certaines choses qu'il ne pouvait pas comprendre.
Bien des aspects du texte apocalyptique demeurent mystérieux pour moi : les coupes de la colère, par exemple, semblent désigner des châtiments qui frapperont ceux qui portent la "marque" de l'Antéchrist, et ceux qui seront excommuniés ou condamnés par le Pape ; mais à ce stade il est difficile de savoir à quoi cela correspondra exactement.
De même, je pense que la prédication et la mort des "deux témoins", ainsi que leur "ascension" a un sens symbolique, lié à la prophétie de Daniel : car l'ascension fait allusion au retour de l'autorité au centre de la théocratie (j'ai déjà expliqué pourquoi). Mais pour le moment, les durées et le sens exact m'échappent. Je n'ai pas reçu la grâce de le comprendre. J'estime plutôt avoir reçu la grâce de comprendre le sens général du chapitre XII (au plan eschatologique), et certains aspects des chapitres XI à XVIII.
Pour rappel, comme l'explique le Père Gallois, le langage de l'Apocalypse n'est pas différent du langage biblique, c'est-à-dire des autres Livres de la Bible : il est fondé sur les références croisées, à savoir que certains passages comportent des expressions qui établissent un lien avec d'autres passages bibliques comportant une expression identique. C'est une façon énigmatique de renfermer un sens caché.
Eric Faure en avait donné un exemple avec les "étoiles errantes", expression employée dans l'épître selon Saint Jude et très semblable à celle du chapitre XII de l'Apocalypse, qui parle d'étoiles qui tombent du ciel. Or, l'épître selon saint Jude évoque des infiltrés dans l'Eglise ; donc c'est un moyen de nous indiquer que les "étoiles errantes" du chapitre XII de l'Apocalypse désignent des infiltrés. Au fond, c'est simple.
Jadis, nos ancêtres dans la foi ont dû construire laborieusement des tables de référence, avec une connaissance biblique très approfondie. Aujourd'hui, avec les ordinateurs et les moteurs de recherche, il est beaucoup plus facile et beaucoup plus rapide de faire des recherches : nous avons des moyens bien supérieurs, mais c'est l'intelligence et la profondeur spirituelle qui font défaut aux hommes de ce temps !
Un jour, un sédévacantiste que j'ai croisé à Fatima (sur le chemin de croix) m'adressait des compliments et des flatteries en me disant que j'avais énormément de connaissances, et dans mon dos, tout ce qu'il a trouvé à dire, c'est que mes interprétations étaient fumeuses. C'est l'une des raisons - pas la principale - qui fait que je n'aime pas trop les compliments : je sais à quel point les gens changent comme des girouettes.
Mon commentaire de l'Apocalypse n'est pas une interprétation personnelle, j'ai cité le Père Herman Bernard Kramer abondamment pour le démontrer.
Les anges dans l'Apocalypse symbolisent bien des évêques (interprétation admise depuis le Moyen-Âge), le ciel symbolise l'Eglise, donc le combat du chapitre XII symbolise un concile où tous les évêques sont réunis et où ils se combattent (lors de Vatican II).
Je vous renvoie à mon livre et à ces citations de mon autre site internet :
Le chapitre XI étant une annonce prophétique, la crise de l'Église est décrite principalement à partir du chapitre XII. Il y est question d'un combat dans le ciel, entre les anges de Dieu et ceux du dragon ; puis le combat continue sur la terre, lorsque le dragon est « rejeté » sur la terre. Il s'agit d'une allusion à la chute des anges (sens spirituel), mais en même temps d'une description de la crise que nous traversons aujourd'hui (sens eschatologique). Les anges du ciel sont des évêques de l'Église, l'ange désignant un évêque et le ciel désignant l'Église, conformément à la métaphore de Daniel sur la Synagogue juive.
Tous les anges sont rassemblés, ce qui évoque un concile œcuménique. Mais la particularité de ce concile est qu'il voit l'affrontement des « bons anges » et des « mauvais anges », c'est-à-dire des bons évêques et des mauvais. Selon toute évidence, cela ne peut s'appliquer qu'au concile Vatican II.
Le verset 4 nous dit que la queue du dragon entraîne avec elle « les étoiles du ciel », les précipitant sur la terre. La queue, dans le Livre de Zacharie, fait allusion aux mauvais pasteurs et à leurs fausses doctrines (les faux prophètes) ; tandis que la tête symbolise les bons pasteurs et les prophètes authentiques. Ici, il est donc question des bons évêques (traditionalistes) combattant les mauvais, acquis aux doctrines modernistes.
Lors de la chute des anges, les prévaricateurs (partisans de Lucifer) furent vaincus et bannis du ciel, « rejetés sur la terre » avec leur chef et l'auteur de leur rébellion. La notion de temps n'existant pas dans l'ordre surnaturel, cette victoire des bons anges soumis à Dieu donne l'impression d'être instantanée ; et pourtant, un combat spirituel eut lieu, avant l'intervention de cette victoire : Saint Michel défendit les attributs divins et la juridiction suprême de Dieu sur toutes les créatures. De même, le concile Vatican II a donné lieu à un combat, qui ne se terminera que lorsque les mauvais anges, c'est-à-dire les évêques modernistes, seront « rejetés sur la terre » ou « expulsés du ciel ». Le ciel étant une métaphore de l'Église, leur expulsion du ciel symbolise leur EXCOMMUNICATION. C'est la raison pour laquelle le chapitre XII évoque deux combats : un combat du dragon dans le ciel, c'est-à-dire à l'intérieur de l'Église, orchestré par des évêques infiltrés francs-maçons ou communistes, et tous ceux qui sont acquis aux doctrines modernistes ; puis un combat du dragon sur la terre, lorsque le clergé de la contre-Église est excommunié. Le combat dans le ciel correspond au règne de la Grande Prostituée (la fausse Église du clergé moderniste), et le combat du dragon sur la terre correspond au règne de l'Antéchrist.
Sur le Pontife Jésus :
Un autre extrait de l'étude du Père Kramer confirme également l'analyse d’Éric Faure relative aux oracles médiévaux évoquant « le Pontife Jésus », figure du Pape Martyr de la fin des temps ; car le Père Kramer, en commentaire du verset 9, écrit ceci :
« La bataille de Michel et des prêtres et évêques fidèles contre les attaques du dragon rappelle la scène de Zacharie (III. 1-5), où Satan tente d'empêcher la restauration que le Pontife Jésus, grand prêtre, doit achever après la captivité de Babylone. Les prêtres, trompés par Satan, avaient manqué de courage [failli à leur mission] en mélangeant l'idolâtrie avec le vrai culte, et avaient donc privé le peuple de force, et de la source de la vie spirituelle. Alors devant Dieu, Satan essaya d'accuser le grand prêtre de n'être pas capable d'apporter le salut au peuple, d'être impropre à cette charge, parce qu'il portait des vêtements sales. L'ange lui dit : « n'est-ce pas un tison retiré du feu ? », c'est-à-dire : n'a-t-il pas souffert durant sa captivité ? Il est pur de toute veulerie. Il est revêtu de vêtements propres, symbolisant la purification de tous les péchés, et est investi de la grâce, qui est une armure impénétrable contre tout reproche. De la même manière, après l'expulsion du mauvais clergé de l'Église, il n'y aura plus matière à reproche contre la prêtrise. Et quand le clergé sera au sommet de la vertu demandée par le Christ, l'Église pourra contrer tout assaut » (p. 290-291).
Citons le passage de Zacharie évoqué par Kramer :
« Le Seigneur me montra ensuite le grand prêtre Jésus devant l'ange du Seigneur, et Satan à sa droite, pour l'accuser. Et le Seigneur dit à Satan : Que le Seigneur te réprime, satan, que le Seigneur te réprime, lui qui a élu Jérusalem. N'est-ce pas là ce tison tiré du milieu du feu ? Jésus était revêtu d'habits souillés, et il se tenait devant l'ange. Et l'ange dit à ceux qui se tenaient devant lui : Otez-lui ses vêtements souillés. Et il dit à Jésus : Je vous ai dépouillé de votre iniquité, et je vous ai revêtu d'un vêtement de fête. Il ajouta : Placez-lui sur la tête un tiare éclatante. Et ils lui mirent sur la tête une tiare éclatante, et le revêtirent d'un vêtement de fête. Cependant l'ange du Seigneur se tenait debout » (Zacharie III. 1-5).
Le Pontife Jésus a subi la captivité de Babylone ; et nous verrons que la Rome moderniste, ou contre-Église de l'antipapauté-antéchristique, est elle-même une nouvelle Babylone, la cité maudite, la Grande Prostituée assise sur la ville aux sept collines (Rome). Or, le Pape Paul VI a subi la captivité au Vatican, demeurant emprisonné jusqu'au 12 juillet 1981, date de son exil ; alors commença un nouveau genre de captivité (sur l'île de Crète), qui le libéra de ses ennemis, mais sans le libérer de la douleur de son martyre, de la douleur de quitter ses enfants, en étant misérablement destitué de son trône et en laissant la place au faux prophète de l'Antéchrist, Karol Wojtyla, le prince d'iniquité.
Pas mal de gens m'ont déjà appelé au téléphone pour me féliciter à propos de mon livre sur le 3ème Secret de Fatima. A l'inverse, il est rare qu'ils me félicitent pour le livre sur l'Apocalypse ; or c'est le meilleur des trois ouvrages que j'aie publiés, il m'est beaucoup plus précieux que celui sur Fatima.
Mais la raison tient au fait que les gens ont du mal à comprendre les principes d'interprétation de l'Apocalypse ; donc ils n'en saisissent pas la pertinence. C'est un sujet plus opaque, un sujet d'initié (dans le bon sens du terme !).