Dans ma dernière vidéo, j'ai parlé des erreurs théologiques du sédévacantiste Adrien Abauzit, qui est meilleur et plus instruit sur les questions politiques, et devrait donc se cantonner à ce domaine.
Ici, j'aimerais insister sur un aspect que j'ai peu évoqué (rapidement, vers la fin), car l'intéressé est aller chercher dans le passé de l'Église, des exemples qu'il cite à l'appui de la position sédévacantiste : il prétend que certains papes ont été considérés par leurs prédécesseurs comme des intrus, et donc que sur de longues périodes, quelquefois, le Siège de Pierre se serait trouvé vacant.
Notez qu'une telle démarche ressemble beaucoup à celle de certains prêtres de la Fraternité qui, à l'appui de la position de leur institut, vont chercher dans le passé des exemples de "papes hérétiques"
NB : Il s'agit en réalité à chaque fois d'actes privés sans pertinacité, de faux historiques inventés par des papes de familles aristocratiques ennemies afin de salir leur réputation, ou encore d'ommissions ou d'ambiguïtés qui ne relèvent pas de l'hérésie. Je vous renvoie à l'ouvrage de l'abbé Constant, réfutant au cas par cas toutes les accusations formulées contre les papes "controversés", à l'époque par les adversaires du dogme de l'infaillibilité pontificale !
Cette dialectique, pas très honorable, qui ne sert pas l'Église, est ici reprise par Adrien Abauzit, sur un autre thème. Il fait donc exactement la même chose que ce qu'il reproche à ses adversaires.
Jusqu'à maintenant, il me semble qu'aucun sédévacantiste n'avait usé de cette argumentation ; je n'en ai pas le souvenir.
Comme je l'ai expliqué dans ma vidéo, quand un pape prétend "déposer" un autre pontife (de son vivant ou post-mortem), cela n'a aucune valeur canonique, l'acte n'est pas infaillible. Je le répète, c'est l'acceptation pacifique et universelle, elle seule, qui permet de déterminer la légitimité d'un pape.
Enfin, il faut rappeler les deux points suivants :
1°) Si le Siège était vacant aujourd'hui, l'Église manifesterait des efforts en vue de l'élection du prochain pape.
2°) Il n'est pas vrai de dire qu'une période de vacance prolongée ne pose pas plus problème théologiquement qu'une courte période :
a) à la fois pour des raisons ontologiques (comme le disait mon frère et comme l'a écrit l'abbé Gleize, une vacance prolongée équivaut à une interruption dans la succession, quand on la compare par exemple à une vie humaine, à une génération) :
b) et pour des raisons liées à la transmission de la juridiction : le Pape ne peut pas être élu par n'importe qui, il l'est par les cardinaux ou le clergé romain (qui doit être identifiable).
Le sédévacantisme complet est très facile à réfuter, en particulier avec le point 1°, qui est impossible à contredire.
Le guérardisme est une hérésie un peu plus subtile, plus enrobée, mais ses erreurs sont tout aussi flagrantes, et je les ai réfutées en détail dans mon livre de 2015, sur la base d'arguments théologiques, juridiques, et non pas sur la base d'arguments philosophiques byzantins, qui conduisent à discuter des "êtres de raison" :
- Quand un pape est élu régulièrement, il reçoit immédiatement la juridiction (il est donc impossible qu'un pape élu régulièrement soit illégitime, c'est une hérésie condamnée par le Concile de Constance) ;
- La doctrine de l'acceptation pacifique permet de connaître infailliblement la légitimité de l'élu ;
- Personne ne pouvant juger soi-même de l'orthodoxie du pape, si les catholiques n'avaient pas la certitude de sa légitimité (par son acceptation pacifique et universelle, précisément), on pourrait mettre en doute n'importe quel pontificat (c'est ce que font certains sédévacantistes, en disant qu'il n'y a plus de papes depuis le Concordat 😅).