La lettre de mandat de 1988 (bis repetita)

Publié par Jean-Baptiste sur 30 Janvier 2022, 21:37pm

Dans l'un de mes récents articles, j'ai posté un enregistrement audio de l'abbé Epiney, que j'avais réalisé à son insu en 2018, à propos de la lettre de mandat reçue par Mgr Lefebvre peu avant les sacres de 1988. Pour rappel, cette lettre était signée Paul VI, à une époque où le monde le croyait mort depuis longtemps, et d'après Mgr Lefebvre lui-même, il était écrit sur ce papier "faites des évêques le plus possible". L'abbé Epiney, dans l'enregistrement que j'ai publié, confirme l'existence de la lettre, sans avoir de certitude sur l'identité de son auteur.

Comme je l'ai déjà démontré dans mes livres, articles et vidéos, la théologie dogmatique, l'ecclésiologie, permettent de démontrer que la survie de Paul VI, ainsi que l'existence du sosie, par exemple, sont une certitude théologique. Je ne reviendrai pas sur ce point ici, et ce n'est pas mon but.

Ici, je souhaite répondre aux questions suivantes :

1°) Qu'est devenue la lettre aujourd'hui, et quelqu'un a-t-il fait une vérification d'écriture, pour la comparer à celle du Pape Paul VI ?

2°) Existe-t-il des éléments factuels, des indices confortant son authenticité ?

3°) À défaut d'éléments factuels, est-il possible de démontrer que sur le plan théologique (et donc sur le plan factuel), l'authenticité de cette lettre est certaine ?

1°) Qu'est devenue la lettre aujourd'hui ?

D'après plusieurs informations concordantes que j'ai pu obtenir, la lettre n'est plus entre les mains de la Fraternité Saint Pie X : quelqu'un, dont je tairai l'identité pour le moment, l'a récupérée juste avant la mort de Mgr Lefebvre, pour des raisons que vous pouvez aisément deviner.

Mais les personnes qui sont censées la détenir et qui l'ont affirmé à l'un de mes amis il y a plusieurs années alors qu'il se trouvait chez eux (au point de lui montrer l'endroit où elle se trouvait), prétendent aujourd'hui ne pas savoir de quoi il s'agit. Soit elles mentent, soit elles sont tellement négligentes qu'elles n'en font que très peu de cas (sachant que la gardienne de cette lettre croit pourtant à la survie de Paul VI).

Certains jugeront cette dernière hypothèse intenable ; mais par expérience je peux vous dire que c'est possible : sachez notamment qu'avant que je parvienne à récupérer une copie de l'enregistrement audio de Mgr Lefebvre (réalisé par Bonaventur Meyer à son insu), la personne qui détenait cet enregistrement ne s'était jamais souciée de le publier sur internet ; elle le gardait chez elle, comme d'autres personnes d'ailleurs (Bonaventur Meyer avait envoyé plusieurs copies aux amis de la cause), sans avoir la présence d'esprit de se dire qu'il fallait le faire connaître ! Cela vous laisse deviner le niveau de stupidité qui règne parmi nous...

Notre-Seigneur Jésus-Christ a dit, dans les Évangiles, et dans plusieurs révélations privées, que les fils des ténèbres étaient plus diligents dans le mal, plus habiles que les enfants de la lumière. Mais là, la bêtise des catholiques dépasse toutes les prévisions.

Pareillement, plusieurs personnes détenaient des copies vidéo ou audio des exorcismes suisses ; personne ne les a publiées (je vous en reparlerai plus tard, là encore j'ai des choses à vous dire... ).

2°) Existe-t-il des éléments factuels, des indices confortant son authenticité ?

Comme vous pouvez le remarquer, "faites des évêques le plus possible", ce n'est pas très français comme formule ; et c'est justement cela qui est intéressant : visiblement, la lettre n'a pas été écrite par un français. En tout cas, l'usage du verbe "faire", passe-partout, au lieu de "consacrer", laisse penser que l'auteur ne savait pas quel terme utiliser en français, ou qu'il craignait de mal l'orthographier.

De même, "le plus possible" est placé à la fin de la phrase, ce qui constitue une erreur, ou du moins une formule surannée : là encore c'est intéressant quand on sait que Paul VI, qui parlait assez bien français, a connu une époque où les tournures étaient différentes. On peut aussi y voir une "italianisation", une façon de transposer maladroitement une phrase italienne en langue française.

J'ai posé la question à une amie italienne, et elle m'a adressé la réponse suivante :

A propos du mandat,

1. en italien aussi l' expression "faire des eveques" n' est pas bien choisie : le verbe typiquement associé est "consacrer". Mais comme verbe générique ça peut fonctionner, pour ainsi dire. Si j' étais sans dictionnaires pour contrôler et j' avais peu de temps, je me servirais de mots simples et courts bien qu' imprécis; je voudrais seulement que le message soit compris.

2. la tournure de phrase est fausse

Eh oui, là moi aussi j' y avais pensé!, et je me suis dite qu' il manquait quelque chose, mais que si tu ne commentais rien je me trompais... Ah, alors j' avais bien détecté les fautes.

Est-ce que cette inversion peut constituer une déformation, une "italianisation" ?

Oui oui, si il a oublié ou une virgule (A) ou un mot (B).

A. "Fate dei vescovi, il più possibile" = "faites des eveques, le plus d' eveques possible"

B. " Fate dei vescovi il più presto possibile" = "faites des eveques le plus tot possible"

Tous les deux phrases sont absolument correctes en italien, et naturellement la première phrase et la plus probable. Il aurait oublié juste la virgule.

3°) À défaut d'éléments factuels, est-il possible de démontrer que sur le plan théologique (et donc sur le plan factuel), l'authenticité de cette lettre est certaine ?

Si la certitude théologique de la survie de Paul VI et de l'existence du sosie sont faciles à démontrer, il est plus délicat de prouver que c'est le cas de la lettre de mandat de 1988, dans le sens où l'on s'aventure sur un terrain mal délimité canoniquement, du moins à ma connaissance.

Quand un évêque est consacré du vivant d'un pape légitime, l'accord tacite du pape suffit à lui conférer une juridiction ordinaire : il n'y a pas besoin de mandat exprès. Et donc, en théorie cette lettre de mandat ne semble pas nécessaire ; mais dans le cas d'espèce, la particularité est que Paul VI n'était plus présent de façon visible à Rome, et qu'un imposteur avait pris sa place ; aussi, il est envisageable qu'au regard des caractères de la Constitution Divine de l'Église, et en particulier de la note de la visibilité de l'Église, l'existence de ce mandat soit nécessaire et relève d'une certitude.

Certains m'objecteront peut-être que Mgr Lefebvre n'en a pas parlé publiquement, et que cela empêcherait cet événement de constituer un fait publique ; à cela il faut répondre que Mgr Lefebvre a bel et bien évoqué publiquement, dans des termes certes abscons (et sans mentionner Paul VI) l'existence d'un "mandat romain".

En tout état de cause, je ne prétends pas démontrer ce point, qui fait partie d'un aspect nébuleux de la théologie, où il paraît difficile d'obtenir des réponses sûres.

Je vous donnerai, en temps voulu, de nouvelles informations sur la lettre de mandat...

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