Comme le savent certains d'entre vous, même au sein de nos milieux, plusieurs se laissent influencer par l'esprit d'exhibition et de vanité qui règne dans le monde actuel, en s'affichant sur les réseaux sociaux en train de se bécoter, de s'enlacer,etc.
Beaucoup de gens s'habituent à considérer cela comme normal, bientôt pour la plupart des hommes il sera même normal pour un couple de se filmer en train d'avoir des rapports sexuels. Sans nécessairement diffuser ça, ils se diront "tiens, ça nous fera un souvenir quand on sera vieux". Comme des photos de famille en somme !
Les démonstrations intimes font partie de la sphère privée. Je ne parle pas ici des petits gestes affectifs que des époux peuvent légitimement avoir en public, comme de se tenir la main. Je parle des gens qui s'exhibent en s'embrassant, parfois en allant jusqu'à afficher ça sur internet. Chez les non-catholiques c'est carrément la norme (en tout cas au sein de ma génération), et dans nos milieux c'est loin d'être rare.
Pour vous en donner un exemple, j'ai vu dernièrement une vidéo de catholiques de la tradition qui suivaient ensemble un cours de latin et de philosophie en web-conférence, le jour de la Saint Valentin, et le couple s'est exhibé en s'embrassant :
Malheureusement, on ne peut pas parler de ce problème là sans être qualifié de "frustré sexuel", comme cela arrivait déjà à Saint Augustin et à Saint Jérôme à leur époque...
Les prêtres en prennent souvent ombrage, car ils savent qu'ils en parlent peu ou de façon très abstraite, ils ont une conception mondaine de leur ministère qui fait qu'ils voient d'un mauvais oeil l'apostolat laïc sur internet : pour certains d'entre eux du moins, les laïcs menant un apostolat sur internet sont en quelque sorte des rivaux. D'où l'expression de Notre-Dame de la Salette : les prêtres "cherchent à dominer avec orgueil". Là encore ça vient de la concupiscence : la domination que certains célibataires ne peuvent pas pratiquer sur le plan sexuel, ils la transfèrent dans d'autres aspects de leur vie, un peu comme les hommes de 50 ans qui occupent des positions hiérarchiques dans une entreprise et qui essaient de substituer la domination mondaine à la domination sexuelle dont ils ne peuvent plus jouir (soit parce que leur femme les a quittés, soit parce qu'ils sont impuissants, ou encore parce que leur femme n'est plus très agréable à regarder).
Ce qui devrait les intéresser, c'est uniquement la vérité et le bien des âmes.
Autre élément à retenir dans la vidéo dont je parle : ces laïcs s'intéressent à des sujets qui n'ont aucune utilité ni pour le salut de leur âme ni pour leur vie au quotidien, et qu'ils rattachent pourtant à la religion, comme si cela faisait partie de leur formation spirituelle.
Comme me le disait récemment un prêtre de la tradition, chez nous les gens s'intéressent assez peu aux livres de spiritualité : ils parlent souvent de livres philosophiques ou politiques qui n'ont pas de vraie utilité pour le salut.
La première idée que les fidèles se font du prêtre, c'est un savant. L'idée du prêtre savant, et non pas de celui qui intercède auprès de Dieu pour le salut des âmes. J'ai connu le cas d'un car de pèlerinage de séminaristes où ces derniers étaient tous très studieux, mais ils ne disaient pas un seul chapelet individuel dans le car, et les prières vocales étaient très mal dites, beaucoup trop vite.
Pour la grande majorité des fidèles, apprendre le latin n'a quasiment aucune utilité. La philosophie, c'est plus ou moins la même chose : la plupart des laïcs ne font pas d'apostolat, et même quand on fait de l'apostolat, premièrement l'apologétique est plus importante que la philosophie, deuxièmement on ne convertit pas quelqu'un principalement par des arguments philosophiques, et dans tous les cas quelques principes assez simples suffisent.
Quant aux prêtres, comme l'ont dit les exorcismes suisses, les séminaires ont un enseignement trop mondain, trop sophistiqué : suivre des cours très détaillés sur la grâce ou les processions du Saint-Esprit, par exemple, n'est utile que pour de futurs évêques ou des prêtres qui écrivent des livres. Pour les prêtres destinés à exercer principalement un ministère, c'est quasiment inutile.
Il faut toujours se rappeler que le saint curé d'Ars a eu beaucoup de mal à apprendre le latin et la théologie, mais qu'il est le modèle des prêtres.
Trop de catholiques se font une idée intellectualiste de la religion, et accordent beaucoup moins d'importance à la morale qu'à la connaissance du dogme et de la philosophie : comme me l'a dit récemment un prêtre, ses confrères aiment multiplier les conférences sur Vatican II, la liberté religieuse, la philosophie des Lumières,etc.
On attribue toute la crise de l'Église à un problème intellectuel, comme si les hommes et leur clergé étaient devenus fous par hasard. On oublie que l'hérésie est due à la corruption du coeur, que Luther et Jean Huss par exemple sont tombés à cause du péché d'impureté.
A titre d'illustration, pourquoi un prêtre de ma région est tombé dans l'hérésie feeneyiste (avant de se rétracter) ? Parce qu'il a commis des péchés contre la miséricorde, et il est donc logiquement tombé dans une hérésie contre la miséricorde. Certains l'idolâtraient à moitié comme aiment le faire certains laïcs, ils l'idolâtraient sans réellement connaître sa vie et la fange de son coeur ; et quand ce prêtre a manifesté son hérésie, ils paraissaient étonnés, dans l'ignorance qu'ils étaient. En vérité ils auraient dû voir à qui ils avaient affaire.
Je connais le cas d'une mère de famille en apparence bonc chic bon genre qui est plus ou moins dans cette conception du "prêtre savant" et de la formation spirituelle entendue en un sens intellectualiste ; or à côté de cela, elle est capable de croire un prêtre qui lui a dit que la sodomie était permise en guise de préliminaires (une vieille erreur enseignée par un théologien laxiste).
Voilà le contraste étonnant auquel peut conduire ce genre d'attitude. C'est peut-être un exemple extrême, mais il n'empêche que par trois fois, on m'a rapporté le cas de prêtres de nos milieux qui reprennent cette vieille erreur d'un théologien laxiste de la Renaissance.
Et si la plupart des prêtres ne suivent heureusement pas cette erreur là, on a aujourd'hui une conception de la morale conjugale qui est en-dessous de celle des musulmans.