En ce moment, un nouveau site de rencontres pour "catholiques pratiquants" fait parler de lui : "Navis Fidelis", fondé par un prêtre et son assistant.
Si l'initiative est bonne, leur décision de limiter l'accès aux plus de 26 ans est très critiquable : ils attendent quoi, que les filles aient perdu leur virginité ? Les Pères de l'Église préconisaient les mariages précoces pour prévenir la fornication, et les statistiques leur donnent raison : les mariages précoces sont ceux qui marchent le mieux, notamment parce que les chances de succès d'un mariage sont inversement proportionnelles au nombre de "partenaires sexuels" que la femme a connus avant de se marier.
Cette limite d'âge est donc très mal venue.
Certains disent : "les jeunes ne sont pas assez matures pour se marier" ; mais la maturité vient justement avec les responsabilités liées au mariage : un père et une mère de famille qui ont à s'occuper de leur enfant prennent conscience qu'ils ont des devoirs et que ces devoirs ont une conséquence sur un être humain qu'ils aiment, et qui est né de leur chair.
Beaucoup n'apprennent à aimer qu'après avoir eu des enfants : avant, ils ne savaient pas ce qu'était l'amour, car ils étaient habitués uniquement à recevoir, et non à donner.
Peut-être que ce prêtre de Navis Fidelis veut favoriser les rencontres entre personnes matures, réfléchies (il est vrai que le niveau de maturité autour de 18-20 ans est généralement très bas, même au sein de la tradition) ; mais c'est un mauvais calcul, une mauvaise manière de procéder, qui n'améliorera pas l'état d'esprit des plus jeunes.
De surcroît, la maturité n'est pas uniquement une question d'âge.
Pour qu'un groupe/cercle catholique fonctionne, quel que soit son but, il y a plusieurs considérations à prendre en compte :
- Habituellement, plus un groupe est nombreux plus il est difficile d'y trouver une vraie édification : car la vertu et l'intelligence ne sont pas dans le grand nombre ; et tous ces vices qui résident dans l'individu (en tant que membre de la race humaine déchue), le groupe les démultiplie (le fameux "effet de groupe" de la psychologie des foules) ;
- Les personnes qui animent le groupe doivent être les meilleures, sur le plan de la sagesse et des moeurs ;
- Comme l'ont enseigné beaucoup de saints, notamment Sainte Hildegarde, la Vénérable Anne-Catherine Emmerich, ou encore Soeur Faustine, les plaisanteries stupides et réitérées, les discussions sans intérêt, le bruit, sont utilisés par le diable pour empêcher toute forme d'édification (il y a une différence entre faire de saines plaisanteries et passer son temps à dire n'importe quoi, en riant bruyamment). La présence d'une ou deux personnes s'adonnant à ce comportement suffit à démolir le groupe.
- Au sein de la Fraternité Saint Pie X, un problème supplémentaire tient au peu de diversité : les jeunes sont très souvent nés dans des familles de la tradition, ce ne sont pas des convertis, ils sont donc tous sortis du même moule, et les autres ne sont pas forcément les bienvenus (leur état d'esprit est différent, ils ne viennent pas de la communauté, et souvent, paradoxalement, ils retrouvent ce qu'ils ont rejeté dans le monde profane, dont ils connaissent mieux les dangers, pour en avoir été victimes...).
Mon frère m'a dit un jour qu'il avait lu dans un livre de spiritualité ces paroles d'un ermite : "je suis devenu plus humain en quittant la compagnie des hommes".
La vie est un équilibre entre les bienfaits de la solitude et les méfaits de la société, les méfaits de la solitude et les bienfaits de la société.
Le problème au sein des milieux traditionalistes, c'est que trop de jeunes ont à peu près les mêmes occupations que les non-catholiques, excepté les boîtes de nuit (et encore, pas toujours). Ils passent beaucoup de temps sur leur messagerie téléphonique ou sur les réseaux sociaux, regardent des séries télévisées corruptrices, ont des fréquentations douteuses, ne s'occupent guère des sujets nobles (spirituels, intellectuels ou artistiques).
Sur un forum anglophone, j'ai vu des catholiques conclure avec bien du discernement, que pour rejeter les moeurs corrompues de la société actuelle, il ne suffit pas d'avoir la foi et de recevoir les sacrements : une fille de la tradition aura beau aller à la Messe tous les dimanche et recevoir les sacrements, si elle s'inscrit sur des réseaux sociaux remplis de fornicateurs, si elle fréquente des sites de rencontres, ou même si elle habite dans une grande ville et se fait draguer à tous les coins de rue, elle aura toutes les chances de tomber dans la fornication.
S'exposer, c'est déjà tomber.