Le temps du Carême est l'occasion pour nous de réapprendre à prier correctement, en mettant plus de soin et en priant plus lentement.
Une lectrice me dit ceci :
"Je ne sais pas pour vous, mais parfois il arrive de prier le Chapelet dans la chapelle et là c'est une catastrophe, il est prié à toute vitesse, les gens ne prennent pas le temps de Saluer Notre Dame avec piété et douceur, comme le préconise Saint Louis Marie Grignion de Montfort, (cf l livre "Le Secret du Rosaire") on dirait parfois qu'ils vont s'étouffer tellement ça prie vite , moi ça me brise le coeur, je tente de rattraper le tout en priant plus doucement, en pesant chaque mots de l'Ave Maria qui est un trésor, pour leur montrer qu'on peut y aller plus doucement, mais ça fonctionne pas, le pire c'est quand c'est les tout petits .. ils se copient les uns les autres rapidité express...
NB : ça donne le mauvais exemple pour les enfants, j'ai vu ça aussi.
"Je prie Notre-Dame chez moi, avec les méditations des mystères, je prends mon temps etc, les chapelets baclés à la hate, sont proscris pour le ciel,
"Je parait peut être un peu dure, mais je pense qu'il y a des Grâces non accordées par le Ciel à cause d'un manque d'amour de Dieu, (trop superficiel, dès la Communion, bcp de jeunes se précipitent sur le Parvis pour rigoler bien fort et pendant longtemps;.) au lieu de faire les Actions de Grâces nécessaires.. et ce Chapelet prié à la hate, c'est triste."
Ce commentaire est malheureusement conforme à la vérité, et je vais vous en donner plusieurs anecdotes :
- Sur un forum traditionaliste anglophone, je voyais un jour des catholiques américains parler de la façon dont tel ou tel prêtre célèbre ses messes basses : ils concluaient que seule une minorité de prêtres les disait lentement et avec piété. De par mon expérience personnelle je peux dire que cela semble être la même chose en France : à l'exception du Père Raffalli et d'un autre prêtre sédévacantiste, de mémoire il me semble avoir plutôt vu des prêtres célébrer et prier trop rapidement.
- À l'occasion d'au moins deux veillées de Noël, mon frère fut scandalisé (et lui avec moi) d'entendre quelqu'un dire son chapelet à une vitesse telle qu'on aurait dit qu'il avait fait un pari pour le réciter le plus rapidement possible ! Après la Messe, mon frère me dit "à ce niveau-là, dire son chapelet comme ça, c'est plus qu'une irrévérence envers Dieu, c'est une insulte". Je lui répondis alors qu'il me semblait que c'était un jeune prêtre qui le récitait ainsi. Il en fut encore plus scandalisé. EDIT : je ne suis pas sûr que ce soit un prêtre. Chez les orthodoxes, les supérieurs veillent à la façon dont leurs prêtres prient (même durant la bénédiction des repas), et les reprennent si nécessaire.
- J'ai connu un car de séminaristes où le chapelet était récité très rapidement, sans piété. C'était pénible à entendre sachant que les modernistes de la basilique de Lourdes disent leur chapelet avec plus de piété ; et beaucoup de gens de nos milieux se moquent d'eux. J'ai alors repensé à mon frère... Les séminaristes étaient très studieux, mais aucun ne disait son chapelet individuel durant le trajet : ils lisaient. Je ne sais même pas comment ils faisaient pour ne pas avoir envie de vomir.
- Beaucoup de "tradis" méprisent les prêtres qui ne sont pas passés par Ecône, mais j'ai connu un prêtre converti de l'Eglise moderniste qui était très pieux ; aux grandes fêtes ses messes pouvaient durer trois heures. Je parle d'un prêtre "survivantiste".
Si l'extérieur d'une personne, sa tenue, tend à représenter l'intérieur de son âme (spécialement chez les femmes), il en va de même pour les attitudes : quelqu'un qui prie rapidement et sans ferveur n'a pas de piété.
Il ne s'agit pas de rechercher la satisfaction des sens dans la prière : il s'agit simplement de prier lentement, de bien articuler les mots, et d'éviter la récitation monotone, en s'efforçant de donner du ton aux mots.
A l'exception des saints ou de personnes très gratifiées par Dieu, il est rare voire très rare que nous éprouvions, de façon sensible, la ferveur dans la prière ; mais notre ferveur doit être celle de la volonté : la volonté appliquée à prier lentement et dignement.
J'entendais, dans un documentaire, un moine arménien qui disait bien mieux que moi, que ces moments où nous sentons la grâce durant la prière, sont rares ; mais ces moments, disait-il, sont si précieux que nos efforts en valent la peine.
Combien de fois avons-nous senti la présence de Dieu durant la prière ? Parmi nous, certains ne l'ont peut-être jamais senti, d'autres une fois, deux fois, trois fois.
Sentir la présence de Dieu n'est pas un but ; le voir un jour, dans le monde d'après, en est un.