La mort de Ratzinger

Publié par Jean-Baptiste sur 2 Janvier 2023, 14:04pm

Suite à la mort de Ratzinger samedi dernier, quelqu'un m'a adressé cette remarque :

Vous aviez dit que les deux antipapes seront en vie (Benoît XVI et François 1er) quand Paul VI sera revenu mais Benoît XVI est mort maintenant. Est-ce que ça change quelque chose? Qu'en pensez-vous? Merci.

Je voulais justement en parler...

En réalité, sur cette question, j'avais précisé - notamment dans un article du 12 juin 2022, et même bien avant - que je n'en étais pas certain.

De surcroît, il s'agit d'un aspect assez secondaire de mon interprétation de la prophétie des papes, prophétie à laquelle je continue de croire : la mort de Ratzinger ne contredit pas vraiment mon interprétation.

Contrairement à Eric Faure, je n'attache pas grande importance aux prophéties médiévales telles que Principium Malorum, qui sont extrêmement nébuleuses ; en revanche je crois à la prophétie de Saint Malachie.

Soit dit en passant, pour ceux qui n'adhéreraient pas à cette prophétie, sachez que les papes et le monde catholique ont eu tendance à y croire, et comme l'a démontré l'Abbé Maître, elle comporte des analogies surprenantes ; ajoutons que ce prêtre réfute sans difficulté les objections du Père Ménestrier et de tous ceux qui - aujourd'hui - reprennent ses objections.

Cependant, je tiens à rappeler que je ne m'appuie pas principalement sur des révélations privées pour défendre la survie de Paul VI : je m'appuie surtout sur la théologie dogmatique.

Comme l'a admis l'abbé Gleize (FSSPX) dans une conférence d'il y a deux ans, ni la position sédévacantiste ni la position de la Fraternité Saint Pie X ne peuvent constituer des "solutions dogmatiques" à la crise de l'Eglise, en ce sens qu'elles contredisent plusieurs caractères de la Constitution Divine :

1°) Il est impossible que durant des décenies (même durant cinq mois !), les vrais catholiques doivent vivre de façon autonome par rapport au pape et lui résister pour conserver la foi - en d'autres termes la conserver malgré lui et non pas grâce à lui. (Je vous renvoie d'ailleurs à l'ouvrage de l'abbé Constant réfutant l'idée des "papes hérétiques" du passé).

2°) Si le Siège était vacant, en vertu de la perpétuité de la succession apostolique l'Eglise travaillerait à élire un pape. (Quant à la position guérardienne, elle contredit plusieurs doctrines, notamment l'acceptation pacifique et la sûreté dans la transmission de la juridiction).

Dans la Fraternité Saint Pie X, on entend quelque fois des propos du style : "durant le Grand Schisme d'Occident, même les meilleurs ne savaient pas comment résoudre le problème".

En réalité, c'était à cause de la stupidité humaine, de l'ignorance et des intérêts politiques : comme aujourd'hui, les catholiques méprisèrent le critère de l'acceptation pacifique, qui résout toutes les difficultés. Le vrai pape était Urbain VI, premier élu et accepté pacifiquement pendant cinq mois ; aujourd'hui, les dictionnaires et encyclopédies catholiques le disent.

De même, à notre époque, Paul VI est le dernier pape reconnu par tous les catholiques, car au moment où il a été élu, il n'y avait pas encore la crise liée à la réforme liturgique : donc il a eu le temps de bénéficier, dans les premiers mois de son élection, de l'acceptation. Tel ne fut pas le cas de Wojtyla et ses successeurs, qui furent élus dans un moment où les vrais catholiques (de la "tradition") ne les reconnaissaient pas, sacrant leurs propres évêques, ordonnant leurs propres prêtres, vivant de façon autonome. Comme l'enseignent les théologiens, la reconnaissance du pape est à la fois théorique et pratique : nommer le pape à la messe ne suffit pas ; donc la Fraternité n'a jamais réellement reconnu Wojtyla et ses successeurs, ce qui fait que le dernier pape qu'elle ait reconnu, c'est Paul VI. Ainsi a-t-elle pu conserver le lien juridiction, permettant la préservation de la hiérarchie catholique : il n'y a pas d'autre solution.

Je crois fermement que Paul VI est encore en vie ; mais en admettant que je sois trompé par le "mauvais génie", pour reprendre l'expression de Blaise Pascal, dans ce cas-là, cela signifierait que notre religion est fausse.

Aujourd'hui, la grande majorité des catholiques n'ont plus vraiment la foi, parce que leur conception de l'Eglise ne correspond plus à la définition que nos pères en ont toujours donnée. D'où les paroles des exorcismes suisses comme quoi la Fraternité Saint Pie X, bien qu'elle fasse oeuvre de préservation, défend une position qui n'est "ni chair ni poisson", et n'a pas toute la lumière sur la crise. Les sédévacantistes, n'en parlons même pas...

Pourtant la doctrine catholique, le critère de l'acceptation pacifique, nous livrent une vérité simple, nous tracent un chemin clair.

Bien que la survie de Paul VI soit difficile à croire humainement parlant (notamment en raison de son grand âge), elle est enseignée par l'Eglise, à travers la conjonction des doctrines de l'acceptation pacifique et de la perpétuité de la succession apostolique. C'est le mérite de la foi, la foi d'Abraham.

La mort de Paul VI serait incompatible avec les caractères de la Constitution Divine de l'Eglise.

Mais tout le monde n'étant pas capable de comprendre la théologie, Dieu a également donné des confirmations d'ordre factuel et mystique :

Dans nos milieux, beaucoup croient à tort que seuls les musulmans reçoivent des grâces spéciales de conversion pour devenir catholiques ; c'est une erreur : il n'y a pas qu'eux, mais nos prêtres ne veulent pas en entendre parler. Je connais plusieurs personnes qui sont devenues catholiques dans nos milieux après avoir su de Dieu - par locution ou compréhension surnaturelle - que Paul VI est toujours en vie.

1°) Eric Faure, qui était séminariste dans l'Eglise moderniste au moment de la condamnation de Mgr Lefebvre par Wojtyla, et dont j'ai posté le témoignage ICI. Son expérience a eu lieu à la Salette.

2°) Alain Boythias, qui était lui aussi dans l'Eglise moderniste, et dont j'ai posté le témoignage ICI.

3°) Alain Boythias a également croisé une femme sédévacantiste ( ! ), ayant entendu le Christ lui dire, lors d'un pèlerinage à Ars "prie pour mon pape souffrant", ce qu'elle ne comprit pas sur le moment, jusqu'à ce qu'elle rencontre Alain. (Précisons que le "Pape souffrant" fait allusion aux Secrets de Fatima et la Salette).

4°) Un ami prêtre, souhaitant demeurer anonyme, m'a rapporté un cas qu'il a pu constater directement, mais je préfère conserver cela dans la sphère privée, car je vous rappelle que les prêtres qui croient à la survie de Paul VI sont persécutés ; globalement, les pédophiles ont été mieux traités...

5°) L'auteur des fascicules "L'affaire Paul VI : une hypothèse non dénuée d'intérêt", qui n'a pas toujours été un ardent convaincu, comme en témoigne le titre même de son livre, m'a parlé de cette anecdote à propos de son ami, au moment de la mort du sosie, qui avait entendu le Christ lui dire "Mon serviteur n'est pas mort", lors d'une discussion téléphonique avec lui à ce sujet. Je vous renvoie à ses brochures.

6°) L'abbé Zorzi, dont j'ai fréquenté la chapelle pendant à peu près deux ans de mémoire, a été abordé par un vieux prêtre à Fatima, en 2007, qui avait la voix, le visage, l'attitude, et les attributions du Pape Paul VI. C'était un phénomène manifeste de bilocation, ce vieux prêtre ayant disparu après lui avoir parlé.

7°) Enfin, les exorcismes suisses, les exorcismes du Père Waltz, d'autres révélations privées (Necedah, notamment) en ont parlé. (Soit dit en passant, les révélations de Necedah n'ont rien à voir avec les publications attaquées par l'abbé Cekada, ce dernier a été malhonnête).

Dans le reste du monde traditionnaliste, l'une des rares personnes à avoir prétendu recevoir des révélations en faveur du sédévacantisme était une québecoise, et sa position est incompatible avec la doctrine catholique.

Pour la Fraternité Saint Pie X, je ne connais personne ayant affirmé recevoir des révélations allant exactement en son sens ; presque toutes les révélations privées qui ont défendu la tradition ont évoqué l'existence du sosie de Paul VI (outre les exorcismes, il y a eu Soeur Marie Patrick de Jésus crucifié, Ancilla de Bruxelles,etc.)

Ni la position sédévacantiste ni celle de la Fraternité Saint Pie X ne sauvent l'institution pontificale :

- l'une affirme que l'on peut absolument se passer de pape pendant des décenies ;

- l'autre que l'on peut être amené à conserver la foi contre lui et non pas grâce à lui.

Un ami me disait récemment :

même si le "successeur" de Bergoglio devait se "convertir a la tradition", le lien de confiance serait rompu.

Comme l'ont dit les exorcismes suisses, si Dieu restaurait l'Eglise sans le Pape, le Souverain Pontificat en sortirait terni, avili ; or l'Eglise est inséparable de la papauté.

Pour l'abbé Gleize, "il n'y a aucun issue" (28ème minute de la vidéo ci-dessous)

Cette phrase est l'expression même d'un désespoir sans bornes...

Comme l'enseignent les meilleurs commentateurs de l'Apocalypse (les Pères Gallois, Berry et Kramer), c'est un pape qui doit revenir d'exil pour restaurer l'Eglise et excommunier les modernistes, à l'image du Pontife Jésus revenant de la captivité babylonienne : d'où l'image "l'accusateur a été rejeté", dans l'Apocalypse, faisant allusion au Pontife de l'Ancienne Alliance restaurant la théocratie juive après l'exil.

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Si Paul VI est mort, alors changez de religion...

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