Dans mon dernier livre, un commentaire remanié sur l'Apocalypse, j'évoque le sens du chapitre XII d'après les meilleurs écrivains catholiques.
Aujourd'hui, on m'a envoyé sur ma boîte mail une note de Crampon que je ne connaissais pas (malgré la popularité de cette bible), et qui aurait pu également figurer dans mon ouvrage :
APOCALYPSE XII, note chan. Crampon 1904 tome 7 :
« Si plusieurs traits de cette vision peuvent s’appliquer à la T. Sainte Vierge, comme nous le disons plus bas, il est clair que l’ensemble ne saurait lui convenir, notamment ce qui est dit des destinées de cette femme mystérieuse, pendant les deux ans et six mois de persécution (v. 6 et 14 sv.). Aussi les Pères et les interprètes catholiques sont-ils presque unanimes à reconnaitre dans cette femme un symbole de l’Église. » (Chan. Crampon, Bible éd. 1904, tome VII.) Et notamment de l’Église persécutée à la fin des temps, contrainte de s’exiler « au désert (in solitudinem, in desertum), loin de la présence du serpent ». « 6. La femme : l’Église, mère des fidèles, formant une société visible est exposée, comme telle, aux persécutions du dragon. – S’enfuit au désert, etc. » (ibidem).
Apoc. XII, 7. Un combat dans le ciel : ce combat, entre S. Michel et le dragon, doit-il être rapporté au moment de la première défection de Satan et de ses anges, chassés immédiatement du ciel et condamnés à l’enfer (II Pier, ii, 24), ou bien faut-il y voir un évènement postérieur, assez rapproché de la fin du monde ? Ce dernier sentiment parait seul s’accorder avec les textes. En effet, 1° nous savons, par Daniel (XII, 1), que dans les derniers temps, S. Michel se lèvera pour combattre (évidemment contre le dragon) en faveur des fidèles ; 2° ici même nous lisons que la chute de Satan sur la terre est comme l’annonce du prochain avènement du Règne de Dieu (v. 10) et coïncide, par conséquent, avec l’époque de la 7e trompette (XI, 15), c’est-à-dire avec la période finale (X, 7) ; de plus, 3° au moment de cette chute, le diable a déjà exercé longtemps son rôle de calomniateur (v. 10) et n’a plus qu’un peu de temps pour attaquer l’Église (v. 12), deux circonstances qui ne se vérifient point à l’époque de sa première défection. Le dernier détail, signalé au verset 12, nous permet de placer la défaite de Satan ici mentionnée, dans l’intervalle relativement court qui séparera sa mise en liberté (XX, 3) de la défaite définitive, qui le relèguera pour toujours dans l’abime (XX, 10).
12. Malheur à la terre etc. : à cause des calamités que Satan va y déchaîner, mais qui ne seront véritablement un malheur que pour les impies, les habitants de la terre (XI, 10), et non pour les fidèles qui, dans un certain sens, sont déjà citoyens du ciel (Phil. III, 20) et élevés jusqu’au trône de Dieu (v. 5).
13. Il poursuivit, il persécuta avec fureur l’Église.
14. Les ailes du grand aigle : symbole de la protection divine. Au Ps. LV (54), 7, 8, le juste demande les ailes de la colombe, pour se réfugier au désert ; ici Dieu donne à l’Église, comme autrefois aux Hébreux (Exod. XIX, 4), des ailes plus puissantes, celles de l’aigle (Isaïe, XL, 31). — Au désert, où souvent les serviteurs de Dieu ont trouvé un refuge contre les persécuteurs (Exod. XV, 22 ; I Rois, xvii, 4 sv. ; xix, 9). Lorsque se déchainera la persécution de la Bête, l’Église visible et hiérarchique se retirera ainsi au désert, c’est-à-dire, sera comme invisible et cachée, à l’abri des tentatives de l’ennemi, et elle y restera trois temps (ans, d’après v. 6) et la moitié d’un temps.
NOTE IMPORTANTE : L'Eglise ne peut être à strictement parler invisible au sens théologique du terme, mais il est possible qu'au point de vue sensible, les chrétiens se cachent en période de persécutions, comme à l'époque des catacombes ; dans ce cas sa hiérarchie demeure connue (c'est-à-dire le nom de son pontife, les noms de ses évêques), et ses rites le sont aussi.
Dans la Rome païenne, même les persécuteurs des chrétiens connaissaient le nom du pontife régnant.