Des sédévacantistes découvrent l'eau chaude

Publié par Jean-Baptiste sur 16 Janvier 2024, 15:12pm

Hier, on m'a informé que les sédévacantistes du monastère de la Sainte Trinité ont enfin compris un point de théologie que j'ai tenté de leur expliquer depuis déjà bientôt dix ans...

Il s'agit de l'interprétation de la bulle du Pape Paul IV, dont se servaient de nombreux sédévacantistes (y compris l'abbé Ricossa) pour nier la doctrine de l'acceptation pacifique, arguant que selon la bulle, il était possible qu'un antipape soit reconnu par toute l'Église.

Or, comme je l'avais écrit à l'abbé Ricossa (dès 2015 de mémoire, voire un peu avant), ce n'est pas du tout ce que dit la Bulle : elle ne fait pas référence à toute l'Église mais à tous les cardinaux. Il est aisé de le prouver car l'expression employée par la Bulle ne laisse aucune place au doute : "la prestation d'obéissance rendue à lui par tous" est une expression faisant référence à la cérémonie d'obédience des cardinaux, qui se déroule dans la chapelle Sixtine juste après l'élection du pape.

Le raisonnement de l'abbé Ricossa était du reste absurde car comme avait tenté de lui faire comprendre le supérieur du district italien de la Fraternité, le magistère ne peut pas se contredire : on ne peut interpréter le magistère pontifical dans un sens opposé au magistère ordinaire universel des théologiens.

Mais j'étais le seul à expliquer aux sédévacantistes le vrai sens de la Bulle.

Désormais, Mgr Sanborn et l'abbé Dutertre reconnaissent l'erreur du chef de leur institut (qui n'a toujours pas fait amende honorable), mais ils s'accrochent toujours aux inepties de la "thèse" de Mgr Guérard des Lauriers et n'arrivent toujours pas à comprendre la portée de l'acceptation pacifique, qui fournit une certitude théologique de la survie du Pape Paul VI.

Citons la publication du site du monastère de la Sainte Trinité :

45. La bulle a été expliquée par un éminent canoniste.

Ces questions posent une difficulté prévue et expliquée par un théologien et canoniste très éminent ^[55] , le dominicain Passerini, qui a écrit tout un traité sur l'élection du pape, et a longuement expliqué la portée de cette partie de la bulle de Paul IV. ^[56] Selon lui, « l’obéissance donnée par tous » ( « ei praestitam ab omnibus obedientiam » ) ne fait pas référence à l’acceptation pacifique par l’Église universelle (auquel cas, explique-t-il, on ne peut plus contester l’élection) , mais plutôt à la cérémonie d' obéissance donnée au pape nouvellement élu par les cardinaux, dont il vient d'être question dans la bulle, et à laquelle ferait référence le terme « omnibus ». La cérémonie d' obéissance fait techniquement référence à la soumission solennelle donnée par les cardinaux au pape nouvellement élu. Cependant, une fois que le nouveau pape a été accepté pacifiquement par l'Église entière, cette partie de la bulle de Paul IV n'a plus d'importance, selon Passerini. Mais si le pape devenait un hérétique manifeste, ce serait la question distincte d’un pape hérétique, c’est-à-dire la question hypothétique de ce qui se passerait si un pape tombait dans l’hérésie en tant que personne privée.

46. La comparaison avec d'autres documents similaires confirme cette explication.

On ne peut nier que tel soit bien le sens de cette bulle papale, puisque c'est l'enseignement commun des théologiens que l'acceptation d'une élection par l'Église universelle corrigerait tout défaut de l'élection et est une garantie d'une élection valide. En d’autres termes, l’acceptation universelle et pacifique d’une élection par l’Église est considérée par les théologiens comme un signe infaillible d’une élection canonique. Ils ne diraient pas que si la bulle enseignait exactement le contraire, à savoir que même après l’acceptation universelle de l’Église, une élection pourrait être annulée et déclarée nulle. Il est donc clair que cela ne peut pas être la signification du taureau. Il faut donc conclure avec Passerini que « l'obéissance donnée par tous » se réfère aux cardinaux, et non à l'Église universelle. ^[57]

Ceci est encore confirmé par la comparaison avec une autre constitution papale, la bulle Cum tam Divino de 1505 , du pape Jules II, qui traitait de l'élection d'un pape simoniaque de la même manière que Paul IV traitait de l'élection d'un hérétique. En fait, on peut clairement remarquer que la bulle de Paul IV suit et imite la structure de la bulle de Jules II, publiée cinquante-quatre ans plus tôt. Imiter et répéter les formules des prédécesseurs est une pratique très courante dans les documents papaux. Cela est particulièrement vrai lorsqu’il s’agit de promulguer des lois disciplinaires. Dans ce document antérieur, le pape Jules II fait également référence à la cérémonie d' obéissance des cardinaux, comme n'étant pas suffisante pour confirmer l'élection (au n. 2) :

Et une élection simoniaque de ce genre n'est jamais validée ni par le laps de temps ultérieur ni par l'intronisation [des élus], ni même par l'adoration ou l'obéissance des cardinaux.

Cela fait des lustres que j'ai expliqué cela...

Voir mon article : https://www.lasurviedupapepaulvi.net/les-preuves-dogmatiques

Akita et le Troisième Secret de Fatima

Le pape exilé - un texte de Monseigneur Pierre Roy