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In Nomine Domini

In Nomine Domini

« Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité » (Jean XVIII. 37)


Le pape exilé - un texte de Monseigneur Pierre Roy

Publié par Jean-Baptiste sur 10 Mars 2024, 21:39pm

 

Ces derniers jours, quelqu'un m'a envoyé par mail un bel article du 29 juin 2019 publié par l'abbé Pierre Roy, prêtre canadien de la tradition, depuis devenu évêque. 

Le mérite de cet article, intitulé "Réflexions - Pierre en prison ?", consiste à reconnaître que l'idée du pape en exil "semble être" - ce sont les mots de l'auteur, personnellement je suis plus affirmatif - la seule position conforme à la Constitution Divine de l'Eglise, dans le contexte actuel.

L'abbé Pierre Roy, avant de devenir évêque, avait reçu mes livres grâce à l'un de mes correspondants canadiens ; je suis heureux de constater qu'il les ait médité sérieusement, contrairement à nombre d'ecclésiastiques : car dès la fin de l'année 2014 (soit bientôt 10 ans maintenant), j'avais démontré en détail la survie du pape dans une brochure qui s'est par la suite étoffée, pour devenir un ouvrage à part entière : "La survie de Paul VI : une certitude de foi". 

Au moment où j'ai publié cet ouvrage, certains ont réagi très défavorablement, même parmi ceux qui croyaient à la survie de Paul VI. Ils m'ont dit "nous y croyons, mais ce n'est pas une certitude de foi".

Quelques années après, un prêtre qui m'avait tenu ce discours m'a déclaré "entre-temps j'ai lu tes arguments, et c'est toi qui as raison". 

En effet, la survie de Paul VI est bien une certitude de foi, en tant que fait dogmatique, c'est-à-dire en tant que fait découlant de la Constitution Divine de l'Eglise : 

1°) Paul VI ayant été élu avant le contexte troublé de la crise actuelle (avec la réforme liturgique), il est le dernier pape accepté d'une manière réellement pacifique et universelle, par les bons comme les mauvais catholiques.

2°) En vertu de la perpétuité de la succession apostolique, à la mort d'un pape l'Eglise œuvre à l'élection de son successeur ; or, il n'existe pas, actuellement, de tels efforts, ni aucune élection ayant abouti à l'acceptation du prétendant par tous les catholiques (bons et mauvais).

3°) Donc Paul VI est le dernier pape en vie de l'Eglise catholique.

 

L'abbé Pierre Roy a le mérite de reconnaître, comme il l'écrit explicitement, que ni la position de la Fraternité Saint Pie X ni celle des sédévacantistes ne peuvent réellement s'accorder avec la Constitution Divine de l'Eglise, y compris sous la forme du "sédéprivationnisme" (la thèse de Mgr Guérard des Lauriers, dont j'ai déjà parlé). 

NB : Au demeurant, Mgr Lefebvre insistait sur le fait que sa position n'était pas de nature dogmatique, car il avait conscience de cela, il savait qu'elle ne pouvait s'accorder avec la Constitution Divine ; aujourd'hui encore la Fraternité Saint Pie X, contrairement aux sédévacantistes, rappelle de temps à autre qu'elle défend simplement "une attitude pratique".

L'abbé Roy écrit également qu'aucune de ces positions ne résout le problème de la juridiction. Les "tradis" invoquent souvent la juridiction de suppléance, mais la juridiction de suppléance est suppléée par la juridiction ordinaire, et cette dernière ne peut se manifester dans une fausse Eglise ; en d'autres termes il n'est pas possible que la vraie Eglise en soit privée et que ce soit la fausse Eglise qui la détienne. 

Les prêtres de la Fraternité eux-mêmes ne reconnaissent pas réellement Bergoglio comme pape, ils l'appellent le chef de "l'Eglise moderniste" ou "Eglise conciliaire", et non pas de l'Eglise catholique ; d'autre part, la Fraternité, au témoignage du monde lui-même (comme le répète régulièrement la presse) vit en marge de cette Eglise et de façon autonome ou quasi autonome.

Le texte de l'abbé Pierre Roy, estimable tant sur le fond que sur la forme, nous dit à juste titre que la prudence humaine ne peut prévaloir sur la Constitution Divine de l'Eglise. En somme, cela signifie qu'aussi étrange et stupéfiante que puisse paraître l'idée de la survie du Pape Paul VI, le fait qu'elle soit la seule position conforme à la doctrine catholique suffit à démontrer qu'on doit la croire, quelle que soit la difficulté que présente une telle conclusion. 

Pour reprendre les paroles des exorcismes suisses, les païens aussi ne croient que ce qu'ils voient ; la foi et le mérite commencent là où les facultés sensorielles cessent d'apporter leur secours. 

Si Paul VI était "mort et enterré" comme on me l'a souvent répété, alors il faudrait en conclure que la religion catholique est fausse ; mais je ne le crois pas. 

Un jour, l'abbé Belmont publia un article critiquant notre position, tout en déclarant qu'elle n'était pas contraire à la doctrine catholique ; je lui écrivis alors pour lui représenter qu'il entendait bien mal la Constitution Divine de l'Eglise, car dans ce domaine de l'ecclésiologie, le simple fait de considérer que notre position n'est pas contraire à la doctrine catholique, revient à dire qu'elle est la seule vraie : en effet, conformément à la Constitution Divine et en particulier à la doctrine de l'acceptation pacifique, une seule voie est possible, à savoir que le dernier pape accepté par tous les chrétiens est le vrai chef de l'Eglise, avec tout ce qui en découle. Donc il ne peut y avoir qu'une seule position conforme à la doctrine catholique. Malheureusement, l'abbé Belmont et nombre de ses confrères n'ont pas une assez bonne compréhension de la Constitution Divine pour s'en rendre compte. 

A l'heure où je termine ces lignes, il est tard, je dois aller prier avant de me coucher et je veux achever cet article par cette agréable citation de l'abbé Pierre Roy, aujourd'hui Mgr Roy :

 

Il y a une troisième voie qu’il ne faut pas oublier. Celle d’un pape éclipsé par la volonté divine, de telle sorte que son long exil passe inaperçu aux yeux de tous les hommes. Un Dieu qui mettrait à l’épreuve la foi de ses fidèles d’une manière très semblable à l’épreuve permise pour ses apôtres lors de sa mise au tombeau.


Une possibilité qui fait sourire, qui fait lever les yeux au ciel dès qu’on l’aborde, bref, une option qui est véritablement folie aux yeux des hommes. Serait-elle la sagesse de Dieu ? Comme au chapitre 12 des Actes des Apôtres, Pierre viendra-t-il un jour frapper à la porte de l’Église après avoir été libéré miraculeusement par Dieu ? La servante Rhodé s’entendra-t-elle dire de nouveau : « Tu es folle », « C’est son ange » ?


Aussi incroyable qu’elle paraisse, cette troisième voie ne devrait pas être exclue d’un revers de main simplement parce qu’elle requiert l’intervention divine.


La crise que nous traversons n’est pas une crise comme les autres. Il est facile de penser qu’il s’agit de la crise de la fin, que c’est la dernière, qu’il n’y en aura point d’autre. Ceci parce que son ampleur dépasse tout ce que nous avons vu dans l’histoire et surtout parce qu’il n’est pas possible d’en imaginer de plus grande. Qu’y a-t-il en effet de plus trompeur que de voir ceux qui prétendent être les successeurs de Pierre et des Apôtres de Jésus-Christ nous enseigner tous ensemble un autre Évangile que celui de Jésus-Christ ? Non, vraiment, rien ne peut être plus trompeur, rien d’autre ne peut être plus susceptible de tromper « s’il était possible, les élus eux-mêmes. » Matt. 24:24 Dans un tel contexte, pourquoi exclure d’emblée le surnaturel et le divin ? Pourquoi vouloir que tout soit uniquement raisonnable et humain ?
Il est un apôtre qui a exclu le surnaturel et le divin. Il s’appelle Thomas. « Si je ne vois dans ses mains la marque des clous, et si je ne mets mon doigt à la place des clous, et ma main dans son côté, je ne croirai point. Huit jours après, les disciples étant encore dans le même lieu, et Thomas avec eux, Jésus vint, les portes étant fermées, et se tenant au milieu d’eux, il leur dit : « La paix soit avec vous! » Puis il dit à Thomas : « Mets ici ton doigt, et regarde mes mains ; approche aussi ta main, et mets-la dans mon côté ; et ne sois pas incrédule, mais croyant. » Thomas lui répondit : « Mon Seigneur, et mon Dieu ! » Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, Thomas, tu as cru. Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru. » Jean 20 :25-29

Que François soit un pape, il devient de plus en plus difficile pour les Catholiques de l’affirmer avec certitude, et les tenants de cette position n’ont plus guère que l’agressivité pour défendre leur « pontife » hérétique. Qu’il n’y ait pas de pape, c’est toute autre chose, et nous en avons bien moins d’assurance.
Certains crieront d’emblée que d’admettre la possibilité qu’il existe un pape caché, exilé momentanément, souffrant avec l’Église et pour l’Église, c’est se précipiter dans un monde imaginaire, chez Alice au Pays des Merveilles. Nous n’en sommes pas si sûrs. En effet, comme nous l’avons abordé jusqu’ici, ce qui nous amène à contempler l’hypothèse d’un pape exilé, caché, attendant l’heure de Dieu pour restaurer l’Église, ce n’est pas tant la volonté de nous consoler au milieu d’une situation si catastrophique pour l’Église ou bien la poursuite effrénée de révélations privées, que la théologie et le magistère mêmes de l’Église : ce que nous ont dit les papes du passé sur la papauté, à savoir qu’elle serait infaillible dans son enseignement doctrinal et moral et qu’elle durerait toujours sans interruption."

 

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