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In Nomine Domini

In Nomine Domini

« Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité » (Jean XVIII. 37)


Le Saint Siège vacant durant le Grand Schisme d'Occident ?

Publié par Jean-Baptiste sur 20 Septembre 2014, 17:31pm

Les sédévacantistes affirment que le Saint-Siège était ou a pu être vacant durant le Grand Schisme d'Occident, en s'appuyant sur l'argumentation du Père O'Reilly, théologien du XIXe siècle. Dans cette vidéo, j'explique que contrairement à cette affirmation, il existait bien un pape durant le Grand Schisme, comme l'enseigna à l'époque le célèbre canoniste Saint Antonin de Florence, qui déclara qu'il était nécessaire pour le salut de croire que l'un des papes était légitime ; ce qui suppose que selon lui, la doctrine catholique impliquait nécessairement qu'il existait un pape.

À la fin de la vidéo, je formule cette réflexion : si de tout temps Dieu a donné à ses serviteurs des révélations privées, et ce pour aider Son peuple dans les moments les plus durs qu'il dut traverser ; et si en même temps le sédévacantisme est la vérité, alors il existe nécessairement aujourd'hui un membre de la Sainte Église qui en ait reçu l'authentique témoignage divin. Mais comme il n'en existe aucun, c'est que le sédévacantisme est une théorie fausse.

Version texte :

 

I| Afin de procéder dans l'ordre, venons-en donc maintenant au premier point : y-avait-il un pape durant le Grand Schisme ?

Avant de répondre à cette question, jetons un œil aux arguments sédévacantistes. Pour eux, deux raisons démontrent que le Saint-Siège peut être vacant durant de longues années :

Premièrement, il existe une vacance du Siège apostolique à la mort du pape, donc à chaque interrègne.

Deuxièmement, durant le Grand Schisme d'Occident, qui a duré une quarantaine d'années, il n'y avait selon eux aucune certitude sur l'existence d'un pape.


 

Quant au premier argument, relatif à l'interrègne, nous répondrons qu'il est d'une certaine mauvaise foi, et peu pertinent, car la théorie générale du droit enseigne que des différences quantitatives génèrent des distinctions qualitatives. Par exemple, dans un domaine qui n'a rien à voir avec le sujet dont nous sommes en train de traiter, si une entreprise stocke moins d'une tonne de gaz, elle ne sera pas soumise au même régime que si elle en stocke plus de 50 tonnes, c'est évident. Les conséquences d'une vacance de 40 ans du Siège apostolique ne seraient pas les mêmes que la vacance d'un interrègne : car la vacance d'un interrègne, elle, ne remet pas en cause la succession apostolique, c'est-à-dire la nécessité de la présence de cardinaux valides pour l'élection du prochain pape.

Quant au deuxième argument, un peu plus sérieux, il part du principe qu'un fait existant est nécessairement possible : c'est-à-dire qu'en prétendant constater qu'une vacance de 40 ans a déjà eu lieu, les sédévacantistes affirment qu'une telle situation est possible. Ceux qui soutiennent une telle idée invoquent le témoignage des théologiens au pluriel, et pourtant ils ne sont bien souvent capables de n'en citer qu'un, le Père O'Reilly, qui a affirmé à l'occasion du Concile Vatican I qu'une longue vacance du Saint-Siège était possible, car parmi les deux papes en lice au moment du Grand Schisme, il se pouvait qu'aucun des deux ne fût validement pape. Le Père O'Reilly avance, je cite :

Qu'« un interrègne couvrant toute la période n'aurait pas été impossible ou incompatible avec les promesses du Christ, car il est en aucun cas manifeste, mais c'est une question de fait, qu'il n'y avait pas un tel interrègne ».

Ainsi, pour le Père O'Reilly, il se peut qu'il n'y ait eu aucun pape valide au moment du Grand Schisme, ce qui est selon lui compatible avec la doctrine catholique. Dans la suite de son livre, le Père O'Reilly a tenu des propos que les sédévacantistes qualifient de « prophétiques » ; regardons-les de plus près (je cite) :

« Le grand schisme d'Occident, dit le Père O'Reilly, me suggère une réflexion que je prends la liberté d'exprimer ici. Si ce schisme n'avait pas eu lieu, l'hypothèse qu'une telle chose se passe apparaîtrait à beaucoup chimérique [absurde]. Ils disent que ça ne pouvait pas être, Dieu ne permettrait pas à l'Église d'en venir à une situation si malheureuse. Les hérésies pourraient surgir et se propager et durer douloureusement longtemps(...). Mais que la vraie Église doive rester entre trente et quarante ans sans un chef bien assuré, et représentant du Christ sur ​​la terre, cela ne serait pasPourtant, affirme le Père O'Reilly, cela a étéet nous n'avons aucune garantie que ce ne sera pas à nouveau(...). Tout ce que je veux transmettre, c'est que les éventualités concernant l'Eglise, sans exclure les promesses divines, ne peuvent pas être considérées comme pratiquement impossibles, simplement parce qu'elles seraient terribles et douloureuses à un très haut degré ».

Fr. Edmund James O'Reilly, Les relations de l'Eglise à la société - Theological Essays, 1882.


 

Maintenant, je vous propose d'entendre un autre son de cloche.


 

II| L'existence d'un pape durant le Grand Schisme – le témoignage de Saint Antonin, archevêque de Florence et canoniste illustre


 

En réalité, tout estimé qu'il fût, le Père O'Reilly tient une argumentation qui comporte deux sophismes :

Premier sophisme il est faux d'affirmer qu'aucun pape avéré n'existait durant le Grand Schisme ; il y avait un doute sur le fait de savoir lequel des deux avait été canoniquement élu, celui de Rome ou celui d'Avignon, mais il n'existait pas de doute sur l'existence d'un pape durant cette période.

Sur ce point, il semble opportun de citer Saint Antonin, archevêque de Florence, contemporain du Grand Schisme (je cite) : « Il y eut, dit-il, en l'une et l'autre obédience [l'obédience désigne le fait d'être en communion avec l'un ou l'autre pape], de très savants hommes, de très grands saints, et même des saints dont Dieu a bien voulu manifester la sainteté par plusieurs beaux miracles. Et cette grande question, à savoir, qui des deux était le vrai pape, n'a jamais pu être tellement décidée, que la chose demeure soit demeurée certaine, et que plusieurs n'aient cru avoir lieu d'en douter. Car bien qu'on soit obligé de croire, que comme il n'y a qu'une seule Église Catholique, il ne peut y avoir aussi qu'un seul Souverain Pasteur, qui est le Vicaire de Jésus-Christ, selon ces paroles de l'Évangile, [qu']il n'y aura qu'une Bergerie, et qu'un seul Pasteur : si toutefois il se fait un schisme, dans lequel on élit plusieurs Souverains Pontifes, il ne semble pas qu'il soit nécessaire pour le salut, de savoir qui est le vrai pape, mais seulement que c'est l'un d'eux, à savoir celui qui a été canoniquement élu, sans qu'on soit obligé de savoir lequel c'est ; et en cela les peuples peuvent suivre le sentiment de ceux qui les gouvernent ».

Histoire du grand schisme d'Occident, Louis Maimbourg, 1681


 

Autrement dit, non seulement Saint Antonin n'envisage pas une seule seconde l'idée que l'Église puisse être privée de son Pasteur Suprême, mais de surcroît, il affirme même qu'il est nécessaire au salut de croire qu'il existe un pape (je cite de nouveau la phrase) : « il ne semble pas qu'il soit nécessaire pour le salut, de savoir qui est le vrai pape, mais seulement que c'est l'un d'eux, à savoir celui qui a été canoniquement élu, sans qu'on soit obligé de savoir lequel c'est ».

Or, précisément, saint Antonin était un illustre canoniste. Voici ce que l'on peut lire, à ce sujet, dans un dictionnaire d'histoire naturelle :

« Saint Antoine, archevêque de Florence, dès l'âge de seize ans, avait appris en quelques mois un énorme in-folio de décrets de conciles et de canons, au point qu'il indiquait le lieu et la page où telle phrase se trouvait ».

Dictionnaire pittoresque d'histoire naturelle et des phénomènes de la nature,

tome V, p152, 1837. 

Par Félix-Edouard Guérin-Méneville, Beyer.


 

On retrouve cette anecdote même sur un site internet guérardien, cassicia  (je cite) :

« C’est à la protection de la très Sainte Vierge qu’il dut de conserver intacte, au milieu de la corruption du monde, l’innocence de son baptême. À quinze ans, il alla s’offrir aux Dominicains de Fiésole. Le supérieur, voyant cet enfant si délicat, craignit qu’il ne pût s’astreindre aux austérités de la règle :

« — Qu’étudiez-vous ? dit-il à Antonin.

« — Le Droit canonique.

« — Eh bien ! ajouta le religieux pour le décourager, quand vous saurez le Droit par cœur, nous vous recevrons. »

« Un an après, Antonin revenait, possédant toute la science demandée. C’était un signe clair de l’appel divin, et les religieux n’eurent pas à se repentir de l’avoir admis, car il devint bientôt de tous le plus humble, le plus obéissant, le plus mortifié, le plus régulier. L’onction sacerdotale l’éleva plus haut encore, et toutes les fois qu’il offrait le saint Sacrifice de la Messe, on le voyait baigné des larmes de l’amour divin ».

Autre commentaire du site guérardien :

« On ne connaîtrait qu’un seul côté de sa vie, si on ne voyait en lui que l’homme d’oraison. Homme de prière, il le fut en effet, au point qu’on eût dit qu’il était toujours en retraite ; mais il était aussi homme des saintes études, et son nom reste dans l’Église comme le nom de l’un des plus savants canonistes qui l’aient illustrée ; il passait les nuits au travail, et c’est à cette privation de sommeil que nous devons ses précieux ouvrages ».

Ainsi, saint Antonin, archevêque de Florence et grand canoniste, nous livre un enseignement diamétralement opposé à celui du Père O'Reilly ; pour le saint, lors du Grand Schisme, il était nécessaire au salut de croire que l'un des papes était le vrai, que ce soit celui de Rome, d'Avignon ou même de Pise, et ainsi de croire qu'il exisait un pape, le pape étant le fondement de l'Église.

Nous n'entendons pas ici évoquer le concile Vatican I, et les disputes qui sont intervenues entre sédévacantistes et lefebvristes à propos du terme de « perpétuité » de la succession apostolique ; la vacance de quarante ans, si. Nous ferons simplement remarquer que s'il n'y avait plus de pape durant 40 ans, il n'y aurait plus de cardinaux valides pour élire un nouveau pape, et donc plus de succession apostolique ; c'est justement la grande différence entre une vacance d'un interrègne et une vacance de 40 ans : la vacance d'un interrègne ne remet pas en cause la succession apostolique ; tandis que la vacance de 40, si. Car comme l'enseigne le Concile Vatican I, en sa Constitution Pastor Aeternus : « si quelqu'un dit que ce n'est pas par l'institution du Christ Seigneur lui-même, et donc de droit divin, que le bienheureux Pierre a des successeurs sans interruption dans le primat sur toute l'Église(...), qu'il soit anathème ». Or, comme l'a reconnu l'abbé Ricossa dans sa réponse à l'abbé Paladino (je cite) : « la succession formelle peut être physiquement interrompue(...) [lors des interrègnes], mais la succession matérielle doit être physiquement ininterrompue : en d'autres termes les personnes légalement habilitées à élire un successeur de Pierre doivent toujours subsister ». D'où l'idée guérardienne farfelue du pape converti, tentative vaine de préserver une apparence catholique à la position sédévacantiste : un pape matériel qui deviendrait un pape formel, ses cardinaux devenant alors valides, préservant ainsi la succession apostolique. Mais cette histoire de pape converti n'a aucun sens : ou bien quelqu'un a été élu pape lors d'un conclave régulier, et dans ce cas il est infailliblement pape ; ou bien il ne l'a pas été. Par conséquent, en prétendant résoudre la question de la succession apostolique contre laquelle se heurent les sédévacantistes complets, les guérardiens se heurent à un autre problème, qui est celui de l'infaillibilité de l'acte d'élection du conclave. Après l'élection valide, vous ne pouvez plus parler de pape matériel, car il ne manque plus rien à l'élu légitime du conclave pour être pape : il devient pape infailliblement ; et ça, c'est la pierre d'achoppement des sédévacantistes, tous bords confondus. Ils ne peuvent expliquer comment des antipapes auraient été élus, alors même que les conclaves ayant abouti à l'élection de Jean XXIII et de Paul VI étaient tout-à-fait réguliers.


 

Deuxième sophisme du Père O'Reilly, il affirme que lors du Grand Schisme, il n'existait pas de pape avéré. Or, Urbain VI avait été élu canoniquement ; et en réalité, il était possible de savoir quel était le vrai pape ; car plusieurs saints et mystiques très éminents ont eu connaissance de la vérité sur le sujet : en particulier sainte Catherine de Sienne, le Frère franciscain Pedro d'Aragon, et Ursuline de Parme. Certes, comme l'a relevé saint Antonin, il y eut des saints dans les différentes obédiences ; mais les saints qui se trouvaient sous l'obédience des antipapes n'avaient pas reçu de révélations sur leur compte ; ils étaient simplement dans l'ignorance sur le fait de savoir quel était le vrai pontife. Et saint Vincent Ferrier, qui avait défendu l'antipape en publiant un traité, s'était prévalu non de révélations privées, mais des seules forces de son raisonnement ; on voit combien la raison humaine est faible, même chez les plus grands saints. Mais saint Vincent Ferrier a fini par s'apercevoir de son erreur.

Au contraire, il est manifeste que les saints qui ont défendu Urbain VI l'ont fait avec le secours des lumières célestes. Sainte Catherine de Sienne, en particulier, savait qu'Urbain VI était le vrai pape ; quant à Pedro d'Aragon et Ursuline de Parme, ils avaient reçu explicitement des messages divins en ce sens. Au contraire, sainte Colette, par exemple, ou encore le bienheureux Pierre de Luxembourg, ne savaient pas qu'ils étaient sous l'obédience d'un faux pape ; ce n'est pas parce qu'ils étaient saints qu'ils étaient censés le savoir. Les contemporains du bienheureux Pierre de Luxembourg l'avaient supposé à tort, simplement par la vue des miracles éclatants qui se sont produits sur son tombeau : ils se sont dits qu'il était impossible qu'un tel saint ne connaisse pas qui était le vrai pape. Citons à cet égard L'histoire du Grand Schisme d'Occident, de Louis Maimbourg : « Plusieurs partisans de ce Pape [Clément VII], devenus beaucoup plus affairés, et plus fiers qu'ils n'étaient auparavant, soutenaient hardiment que tous ces miracles étaient autant de déclarations de Dieu même, qui manifestait aux hommes la vérité par des témoignages si authentiques, et si divins, et qui voulait qu'on sût par là que l'obédience qu'avait choisie cet admirable Cardinal de Luxembourg, et dans laquelle il était mort en saint, était la véritable. Mais il est certain qu'ils raisonnaient mal, ne voyant pas qu'il se peut faire qu'un saint, qui agira de bonne foi, se trompe, comme les autres hommes, surtout en des faits où, dans l'embarras des contestations, il est difficile de démêler le vrai d'avec le faux ; et que le don de prophétie, et de discernement, dont Dieu honore quelque fois ses serviteurs, n'est pas une habitude fixe et arrêtée, pour leur faire toujours découvrir infailliblement ce qui est certain, mais seulement une lumière passagère qui les éclaire en certaines occasions, et les abandonne en d'autres, pour les laisser à celle qu'ils peuvent avoir par des voies naturelles ».

Il s'agit là d'une très bonne remarque de Louis Maimbourg, car l'un des tourments moraux qui ont fait les mérites du bienheureux Pierre de Luxembourg au Ciel, c'était précisément le Grand Schisme d'Occident : il en souffrait beaucoup, jeûnait, veillait et s'imposait de grandes mortifications en déclarant, je cite : « L'Église de Dieu n'a rien à attendre des hommes, de la science ni de la force armée. C'est par la piété, la pénitence et les bonnes œuvres qu'elle doit être relevée et elle le sera. Vivons de manière à attirer la miséricorde divine ». Si le bienheureux souffrait tant de la crise consécutive au Schisme, il est logique de supposer que l'ignorance devait augmenter ses douleurs ; c'est-à-dire que Notre-Seigneur Jésus-Christ a pu le laisser dans une telle ignorance précisément pour accroître ses mérites.

Au contraire, comme nous allons le voir à présent, les saints qui ont soutenu Urbain VI savaient qui était le vrai pape, avec certitude. Sainte Catherine de Sienne, par exemple, lorsqu'elle avait écrit aux cardinaux français qui avaient élu Clément VII, s'adressait à eux avec une grande véhémence et n'hésitait pas à les qualifier de « membres du démon » ; c'est-à-dire que pour elles, ils étaient en état de péché mortel et étaient très bien conscients qu'ils avaient élu Urbain VI canoniquement, et qu'ils avaient ensuite élu un antipape. Citons à cet égard la lettre de sainte Catherine au Roi de France Charles V, suite à son entrée dans l'obédience de l'antipape Clément VII : « Je m'étonne, dit-elle, qu'un homme catholique et craignant Dieu comme vous se laisse conduire par le conseil de ces membres du démon, qui répandent partout qu'Urbain VI n'est pas vrai Pape. Il est aisé de les confondre par eux-mêmes; car, s'ils disent qu'ils l'ont élu par la crainte du peuple, on leur répond que l'élection était faite, aussi canoniquement qu'on puisse l'imaginer, avant qu'il s'élevât aucun tumulte dans Rome. D'ailleurs c'est ce Pape qu'ils ont annoncé à vous, à nous et à tout le monde chrétien, qu'ils ont couronné avec tant de solennité, qu'ils ont honoré comme le vicaire de Jésus-Christ, qu'ils ont reconnu comme le dispensateur de toutes les grâces en le sollicitant de leur en accorder. Si cependant ils s'obstinent à dire que la crainte les a fait agir, en cela même ne sont-ils pas dignes d'une éternelle confusion ? Quoi ! des hommes choisis pour être les colonnes de la sainte Église de Dieu auraient été plus sensibles à la crainte de perdre la vie du corps qu'à celle de se damner eux-mêmes et de nous damner avec eux, en donnant pour père aux fidèles un homme qui ne le serait pas ? Eh ! n'auraient-ils pas été idolâtres d'honorer comme le vicaire de Jésus-Christ en terre celui à qui ce titre n'appartiendrait pas ? N'auraient-ils pas été des usurpateurs, de tourner à leur usage des biens spirituels et des grâces qu'ils ne pouvaient ni demander ni obtenir ? Mais, enfin, quand est-ce qu'ils ont commencé à révoquer en doute une vérité qu'ils avaient reconnue eux-mêmes?... »

Sainte Catherine de Sienne avait d'ailleurs prédit le Grand Schisme lors de son séjour à Pise, en 1375 : « Ce ne sera pas réellement une hérésie, mais ce sera comme une hérésie qui divisera l'Eglise et la chrétienté ; ainsi préparez-vous à la patience, car il vous faudra voir ces malheurs ».

Vie de sainte Catherine de Sienne, par le bienheureux Raymond de Capoue


 

Venons-en maintenant à Ursuline de Parme. Cette mystique a été non moins véhémente que sainte Catherine de Sienne envers l'antipape Clément VII. Je cite l'Histoire générale de l'Église, du baron Henrion :

« Il [Clément VII] ne fut pas plus embarassé d'écarter une jeune Parmésane nommée Urusline, en grande réputation de sainteté, et dans qui la contemplation, les révélations et les ravissements, la fermeté de courage, le don de se faire écouter, tout en un mot paraissait surnaturel. Elle se rendit à Avignon, accompagnée de sa mère, et se fit annoncer à l'antipape, comme chargée des ordres du Ciel (1391). Elle fut introduite avec distinction : à son entrée Clément se leva de son trône, il l'écouta paisiblement, il l'admit par trois fois à son audience ; mais c'est à quoi aboutit l'ambassade réputée céleste. Ursuline ayant déclaré au pontife que son droit n'était pas légitime, et le menaçant de la vengeance divine s'il n'y renonçait, il montra, comme il l'avait déjà fait en pareille circonstance, ques les révélations et prophéties sont de faibles digues à opposer au désir de régner. » Le baron Henrion poursuit en disant de Clément VII : « Il s'en tint aux preuves de même genre qu'il prétendait ou croyait avoir en sa faveur, et qui, si elles étaient réelles, montreraient que le Père du mensonge peut quelquefois imiter les œuvres de Dieu, pour achever de séduire ceux qui ont mérité d'être séduits ». Nous ne saurions qu'approuver cette appréciation, car les révélations privées en faveur d'Urbain VI viennent de saints authentiques ou d'âmes de crédit ; au contraire, il est bien difficile de trouver des messages célestes crédibles en faveur de l'antipape Clément VII. Vous observerez qu'Ursuline de Parme est allée jusqu'à le menacer d'un châtiment divin s'il ne renonçait à la tiare, ce que ne ferait jamais une personne aussi prudente que l'est un saint, et ce que n'aurait pas fait de même saint Catherine de Sienne si elle n'avait été sûre de ce qu'elle disait. Du reste, Clément VII est mort seulement trois ans après l'avertissement d'Ursuline de Parme, qui lui avait promis un châtiment divin s'il s'obstinait.

Maintenant, citons les révélations de Pierre d'Aragon : « Le frère Pedro d'Aragon était un franciscain, membre de la famille royale aragonaise, qui, à l'instar de Ste Catherine de Sienne ou de Ste Brigitte de Suède, n'avait pas supporté de voir la papauté « captive » en Avignon. Comme elles, il se chargea de le faire savoir. Dans ses lettres adressées aux princes de sa famille ou au roi de France, il faisait état de révélations dont il était l'objet depuis 1365. Lorsqu'éclata le schisme, il soutint Urbain VI ; l'Aragon hésitait entre les deux obédiences ; les visions de l'Infant pouvaient faire pencher la balance du côté de Rome. On s'en émut en Avignon au point de décider une enquête en juillet 1380, dont les résultats furent indécis : sur les cinq théologiens consultés, deux furent d'avis qu'il ne fallait pas ajouter foi aux dires du frère mineur et trois pensèrent qu'il était inspiré par l'Esprit. Le cardinal Zalba constitua un dossier complet sur cette affaire comportant non seulement les écrits de l'Infant, mais encore les rapports des théologiens experts ».

On peut dire que l'Histoire elle-même penche à considérer Clément VII comme un antipape ; vous le verrez notamment en consultant l'encyclopédie en ligne wikipedia, qui n'est certes pas toujours une référence, mais dont la page dédiée à Clément VII le classe comme antipape. Au demeurant, c'est le Pape de Rome, Grégoire XII, qui a mis fin au schisme ; c'est lui, le plus humble, qui a renoncé à la tiare pour permettre l'élection de Martin V ; voilà bien un signe divin. Maintenant que nous avons prouvé qu'il existait bien un pape lors du Grand Schisme d'Occident, et même qu'il était possible de savoir quel était le vrai, venons-en à nos considérations finales.


 

III| Si le sédévacantisme est la position à tenir face à la crise de l'Église, peut-on trouver une seule personne au sein de nos chapelles, qui ait jamais affirmé avoir reçu de Dieu le témoignage de la vérité du sédévacantisme ?


 

Quelle que soit votre position face à la crise contemporaine, vous admettrez sans doute que dans toute l'histoire de l'Église, Dieu a toujours donné au monde des âmes favorisées de messages privés relatifs aux périls que traversaient le monde chrétien et la barque de Saint Pierre ; n'est-ce pas précisément ce que nous venons de voir ? Notre-Seigneur, dans Sa Miséricorde, était allé jusqu'à prédire le Grand Schisme ; puis de grands mystiques, Ste Catherine de Sienne en particulier, avaient défendu le vrai pontife, grâce aux lumières divines qu'elles s'étaient vues confier.

Le moderniste Karl Rahner a déclaré : « Les révélations privées ne sont pas un luxe pour l'Église, mais un impératif lui indiquant comment agir dans une situation historique déterminée ». Citons encore Mgr Guérard des Lauriers, dans sa préface de l'ouvrage du Père Lafineur sur les apparitions de Garabandal : « Si l'on regarde à l’échelle de l’espace temps, si on voit l’humanité et non plus chaque humain, alors, l’apparition devient un fait ordinaire. Dieu n’a jamais cessé de Se manifester visiblement. La présence de Jésus sur terre constitue, à cet égard comme à tous les autres, un achèvement transcendant et un point de départ irréductible au passé ; mais on ne voit pas pourquoi les manifestations visibles de Dieu qui appartiennent à la nouvelle alliance sont l’objet d’une suspicion si critique, alors que celles de l’ancienne alliance ne soulèvent pas de difficulté ».

Ainsi, de tout temps, il y eut des révélations privées, des messages divins. Maintes fois, le Seigneur nous a avertis, par l'intermédiaire de ses saints, que sans la présence d'âme souffrantes pour expier nos péchés sur la terre, Il nous réduirait tous en cendres. Parmi nous, à l'intérieur de nos chapelles, il existe donc, quelque part, des serviteurs de Dieu qui ont bénéficié de faveurs particulières, que Dieu a daigné enrichir de ses messages ; plusieurs de ces âmes, à n'en pas douter, ont reçu des révélations qui portent précisément sur la crise. Par conséquent, si le sédévacantisme est la vérité et décrit les causes de nos maux présents, il doit se trouver, parmi ces âmes, des personnes qui le défendent ; des personnes à qui Notre-Seigneur Jésus-Christ a dit : « la position à tenir est celle du sédévacantisme ». Nous appelons donc à témoin ceux qui auraient reçu ces messages du Divin Crucifié, ou ceux qui connaîtraient de telles âmes. Mais je crois pouvoir vous donner d'avance la réponse : il n'en existe pas. Car depuis le début de la crise de l'Église, il y a bien eu des mystiques qui ont affirmé recevoir des messages défendant Mgr Lefebvre, défandant ceux qu'il est commun d'appeler « les traditionalistes » ; en revanche, il n'existe aucun mystique qui ait reçu des messages spécialement en faveur du sédévacantisme.

Moi-même, j'ai été en contact, par téléphone, avec des personnes qui ont reçu des révélations privées sur la crise de l'Église, dont deux bien assurées ; or, ces révélations ne soutiennent ni la position lefebvriste ni la position sédévacantiste. Pour lire ces témoignages, vous pouvez cliquer sur les liens sous ma vidéo. Maintenant, quelles sont les autres révélations, un peu plus connues, qui ont été en faveur des traditionalistes ?

Il y a eu par exemple Éliane Gaille, en religion Soeur Marie Patrick de Jésus Crucifié, qui était une carmélite de Fribourg. Ses messages ont été donnés entre 1965 et 1978 : ils dénonçaient le modernisme, et défendaient au contraire Mgr Lefebvre et la Messe de Saint Pie V ; quant à Paul VI, il y était décrit comme ayant commis des erreurs, avant de s'en rendre compte puis d'être trahis par ses cardinaux francs-maçons. Les révélations d'Ancilla de Bruxelles, à peu près de la même époque, disaient la même chose. Filiola, même chose. Valérie Noble, même chose. Claire Ferchaud, même chose. Attention quant à cette religieuse, elle a été très calomniée. Lisez à son sujet le livre de Claude Mouton-Raimbault.

Je pourrais citer encore bien d'autres messages privés, mais je vais m'arrêter là.

Je ne vous demande pas ici d'adhérer à ces révélations (ce serait beaucoup demander) ; je vous pose simplement cette question : si Dieu, tout au long de l'histoire ecclésiastique, et même sous l'Ancienne Alliance, a donné des messages à ses serviteurs ; s'il a toujours compté des âmes saintes parmi son peuple, chargées d'éclairer le reste du troupeau, par des messages surnaturels ; ne doit-on pas alors conclure qu'il en fait de même aujourd'hui ?

Si le sédévacantisme est la vérité, se trouve-il pas parmi vous une âme ayant reçu le témoignage divin de cette vérité ?

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