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In Nomine Domini

In Nomine Domini

« Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité » (Jean XVIII. 37)


Contra Damianum et Laurentium

Publié par Jean-Baptiste sur 12 Mars 2017, 17:26pm

 

Réponse aux erreurs de Laurent Morlier

 

Où l'on voit que Laurent Morlier, survivantiste de nom, est sédévacantiste de fait.

 

Un certain Damien a récemment publié des commentaires sur mon blog, en réaction à mes articles sur le fascicule La passion de l'Église et la survie de Paul VI et sur l'association St. Christophe. L'intéressé semble être Laurent Morlier lui-même, puisqu'il commet les mêmes erreurs que lui et recourt aux mêmes sophismes. Malheureusement les frères Morlier sont les spécialistes du pseudonyme : Vincent Morlier avait déjà cette habitude lorsqu'il défendait la survie du Saint-Père, de telle sorte que son ouvrage sur le secret de la Salette et ses Points de repères portent un nom d'emprunt, et non pas son nom véritable. Quant à Laurent Morlier, tantôt il dévoile son nom, tantôt il cultive l'anonymat. Or je serais plus à l'aise si l'intéressé me faisait le plaisir d'utiliser sa vraie identité.

Le dénommé Damien me reproche d'avoir négligé de répondre à ses objections relatives à ma thèse sur la permanence de l'Église enseignante (1°) ; il me reproche également mon goût supposé pour la polémique (2°).

 

Ci-dessus, la récente brochure de Laurent Morlier

 

1°) La permanence de l'Église enseignante

Quant au premier reproche, je dirais que j'ai bel et bien répondu à ses arguments ; mais comme il répétait la même chose  invariablement, sans tenir compte de ce que j'écrivais (défaut commun et fort blâmable), je ne voyais pas l'utilité de poursuivre la controverse. Laurent Morlier m'accuse de verser dans le bricolage théologique : en vérité il s'agit là d'une inversion accusatoire, car comme nous allons le voir dans cet article, et comme je j'ai déjà expliqué ailleurs, c'est plutôt lui qui commet des erreurs théologiques grossières.

À propos de l'acceptation pacifique du Pontife Romain, Laurent Morlier prétend que tous les derniers occupants du Vatican ont été acceptés pacifiquement et universellement par l'Église, mais que les conclaves furent convoqués du vivant du pape légitime, et donc que l'acceptation était en quelque sorte ineffective ; ou pour dire les choses autrement, ce n'est pas véritablement l'Église qui a accepté Wojtyla et ses successeurs. Or ce raisonnement est faux et complètement tordu : il manifeste une mécompréhension totale du droit. Car ou bien un pape a été accepté pacifiquement et universellement (et dans ce cas le conclave est nécessairement valide et infaillible), ou bien il ne l'a pas été (et dans ce cas le conclave est invalide et donc faillible). En fait, Laurent Morlier commet le même genre d'erreur que les sédévacantistes qui affirment que Jean XXIII et Paul VI n'ont pas bénéficié d'une acceptation pacifique, au motif que le conclave était invalide. Comme l'a démontré notamment le cardinal Billot, à partir du moment où un pape a été accepté pacifiquement et universellement, le conclave qui l'a élu est nécessairement valide.

Il faut savoir que cette erreur est commune aux deux frères Morlier (je l'ai déjà mentionné) ; or cela explique en grande partie les égarements actuels de Vincent Morlier, le frère de Laurent Morlier : car si vous considérez que Wojtyla et ses successeurs ont été acceptés pacifiquement et universellement, vous ne pouvez pas nier qu'ils soient les successeurs légitimes de l'apôtre Pierre dans l'épiscopat romain. C'est exactement ce que Vincent Morlier soutient, et à cet égard il est plus logique avec lui-même que son frère Laurent.

Les frères Morlier commettent cette erreur depuis très longtemps : pour ainsi dire depuis qu'ils défendent la survie du Pape Paul VI ; et il n'est en soi pas étonnant qu'avec le temps, Vincent Morlier soit sorti de cette position théologique schizophrène qui était la sienne, tout en inventant malheureusement une thèse théologique aussi absurde et contradictoire que la précédente, mais beaucoup plus blâmable et même blasphématoire : les derniers papes, légitimes successeurs de Pierre, auraient erré dans l'exercice de leur magistère infaillible ! Et pire encore, l'Antéchrist à venir serait lui aussi un pape légitime !

Laurent Morlier et son frère ont été parmi les plus zélés défenseurs de la survie du Pape Paul VI, et ils ne sont pas dénués d'intelligence ; mais ils ont mélangé trop d'erreurs à la vérité, pour que Dieu permette qu'ils continuassent à en être les dignes défenseurs. Par exemple Vincent Morlier était millénariste (j'ignore s'il l'est encore), ce qui a beaucoup déplu à certains prêtres survivantistes (et je les comprends). En outre, les éditions DFT ont cessé de diffuser les exorcismes suisses ; et de nombreux fidèles le déplorent, condamnant cette attitude honteuse.

Mais revenons à notre controverse théologique : quant à la question de la juridiction, Laurent Morlier ne semble pas comprendre qu'elle n'appartient pas uniquement au droit ecclésiastique ; elle appartient également au droit divin. Aussi, lorsqu'il parle du statut de la Fraternité Saint Pie X, il évoque son statut officiel à l'heure où elle fut fondée comme société de droit diocésain. Selon lui, le pouvoir de la Fraternité ne dépassait pas ce cadre strictement délimité. Laurent Morlier va jusqu'à affirmer que le Pape Paul VI aurait lui-même condamné la Fraternité ; en d'autres termes la personne ayant blâmé Mgr Lefebvre serait le Saint-Père en personne, et non pas son sosie ; et ce serait lui qui aurait privé la Fraternité Saint Pie X de sa mission canonique (avant de s'en repentir). Du moins Laurent Morlier considère cela comme envisageable.

Pour notre part, non seulement nous nous inscrivons en faux avec cette imputation, mais nous affirmons que l'argumentation de Laurent Morlier manifeste là encore une mécompréhension du droit. Car il ne s'agit pas de savoir ce que la Fraternité Saint Pie X était aux yeux des modernistes ; il s'agit de savoir ce qu'elle était - et est - dans la nature des choses.

Laurent Morlier parle comme si la juridiction ordinaire était limitée à un diocèse déterminé ou à une paroisse (sauf dans le cas du Souverain Pontife) ; et en cela il reprend les exposés simplistes des brochures telles que Sodalitium. En réalité, un évêque détient sa juridiction en vertu de son office même, et il la détient du Père commun des fidèles, qui la lui octroie en vertu de son office ; or l'office n'est pas nécessairement lié à un territoire, puisque les apôtres, par exemple, exerçaient leur ministère sans limites territoriales. À cet égard il est juste de dire qu'ils avaient un plus grand pouvoir que le commun des évêques catholiques ; mais il ne serait pas juste de dire que ce pouvoir ne pourrait plus exister aujourd'hui, au motif qu'il aurait été confié directement par le Christ. Rien ne s'oppose à ce qu'une telle chose existe encore, et d'ailleurs plusieurs révélations privées ont annoncé la venue des "apôtres des derniers temps", qui auront logiquement le même genre de prérogatives que les apôtres des premiers temps.

La Fraternité Saint Pie X possède des évêques qui ont une juridiction supra-territoriale, ou du moins aterritoriale, si je puis inventer ce nouveau mot ; en d'autres termes ils ont sous leur direction des sujets déterminés plutôt qu'un territoire déterminé. Une telle chose est possible autant au point de vue du droit divin que du droit ecclésiastique.

Laurent Morlier m'objectera peut-être que seul le Pontife Romain possède une juridiction universelle ; et je l'avoue sans difficulté, mais précisément cette juridiction universelle implique l'absence de toutes limites quant aux personnes, lieux et matières ; or les évêques de la Fraternité Saint Pie X sont limités quant aux personnes, puisqu'ils ne possèdent de juridiction ni les uns sur les autres, ni sur le Pape Paul VI : de même que les onze apôtres du Christ subordonnés à Pierre ne possédaient de juridiction ni les uns sur les autres ni sur la personne de Pierre.

Si l'évêque est nommé sans l'approbation du pape ou en période de vacance, il ne détient pas de juridiction ordinaire. Or, comme nous l'avons expliqué à plusieurs reprises, la Fraternité Saint Pie X a été fondée canoniquement du vivant du Pape Paul VI, et continue d'exister de son vivant. Ses évêques ont été nommés par Mgr Lefebvre, et le Saint-Père n'a manifesté aucun désaccord relatif à ces nominations ; au contraire, plusieurs témoignages indiquent qu'il a adressé à Mgr Lefebvre une lettre de mandat, qui est mentionnée par le prélat dans un enregistrement audio que nous avons diffusé publiquement, et dont l'existence a été rapportée tant par Bonaventur Meyer que par un prêtre dont nous ne pouvons pas révéler le nom, qui a fait l'objet de menaces de mort.

Par conséquent, Laurent Morlier se comporte exactement comme si le Siège de Pierre était actuellement vacant.

La Fraternité Saint Pie X est la seule institution défendant la foi catholique orthodoxe et répandue sur une grande partie du monde, qui puisse en cela manifester la visibilité de l'Église authentique. Ses évêques furent nommés par Mgr Lefebvre, avec un mandat du Pape Paul VI, ou du moins sans qu'aucune forme de désapprobation de sa part ait été exprimée. La Fraternité possède une organisation pyramidale avec des supérieurs de district dans chaque partie du monde où sa mission s'exerce. Jusqu'à maintenant elle n'a cessé de désobéir à l'occupant du Vatican, manifestant qu'elle n'était pas en communion avec lui ; et donc son obédience est la dernière obédience légitime qui ait existé et existe encore : la communion avec le Pape Paul VI, dernier pape reconnu pacifiquement et universellement par tous les chrétiens.

Mais comme Laurent Morlier n'en est pas convaincu, raisonnons quelques instants de façon abstraite : imaginons une situation identique à la nôtre, où une société de pasteurs, de prêtres et de fidèles reconnaissent un pape légitime et lui obéissent sur le plan canonique (jusqu'à fonder leur société avec son approbation) ; et imaginons que par la suite, ce pape soit secrètement destitué, que le siège de Pierre soit occupé par des usurpateurs et qu'ils fassent passer pour mort le pape légitime ; alors les membres de la société dont nous parlons s'opposent à ces usurpateurs, dans la discipline universelle et dans l'enseignement de la foi, tout en ignorant que le pape légitime est toujours vivant ; dans une telle situation, sous quelle obédience demeurent les intéressés ? Assurément, n'importe quel théologien répondrait : sous l'obédience du pape destitué et exilé, le dernier pontife qu'ils aient reconnu réellement. Et si Laurent Morlier est en désaccord avec nous à cet égard, c'est qu'il a des raisonnements aussi tordus qu'illogiques...

En cela, il est clair que la visibilité de l'Église est manifestée dans la Fraternité Saint Pie X ; et s'il advenait qu'elle se rallie à Rome, une partie de ses évêques se séparerait d'elle, comme témoignage de la permanence de l'Église enseignante et de sa visibilité. Au demeurant, il existe déjà plusieurs évêques et un nombre notable de prêtres dans l'Union Sacerdotale Marcel Lefebvre, le groupe réfractaire, hostile au ralliement. Et si douze apôtres ont pu manifester la visibilité de l'Église, alors trois évêques ou plus le pourront aussi ! Par ailleurs, quand bien même Mgr Fellay obtiendrait une prélature personnelle, cela ne suffirait pas en soi pour constituer un ralliement proprement dit : car un ralliement véritable impliquerait qu'il suive Bergoglio dans l'enseignement de la foi, de la morale et de la discipline ; et qu'en outre, tous les biens de la Fraternité Saint Pie X deviennent la propriété de la contre-Église du Vatican. Or, ce n'est pas ce que Mgr Fellay envisage ; et il désire un fonctionnement autonome, semblable en quelque sorte à ces communautés anglicanes frauduleusement intégrées à ce que le commun des gens considère aujourd'hui - à tort - comme étant l'Église catholique.

Pour toutes les raisons évoquées plus haut, on voit que Laurent Morlier, survivantiste de nom, est sédévacantiste de fait : car se peut-il faire qu'il croie à la survie du Pape Paul VI, et qu'en même temps il dénie la juridiction à ceux qui la détiennent du Père commun des fidèles, en vertu de leur office de pasteurs ?

Si Laurent Morlier croit que le Saint-Père est bel et bien vivant, alors il doit également croire que les évêques catholiques orthodoxes nommés sous son règne détiennent la juridiction ordinaire conférée par lui ; et s'il croit que ces évêques ne sont pas sous l'obédience du dernier pape qu'ils aient reconnu réellement et pacifiquement, alors assurément il n'existe plus d'Église hiérarchique visible, partant que l'Église moderniste ne peut manifester publiquement l'existence de l'Église catholique.

Laurent Morlier affirme que les cardinaux, évêques et prêtres de l'Église moderniste peuvent constituer l'unité visible de la foi, au motif qu'ils jouiraient d'une juridiction territoriale ; or nous répondons qu'étant soumis à un faux pasteur, ils ne sont pas réputés jouir d'une juridiction quelle qu'elle soit ; et sans cette réputation, il n'est pas de visibilité possible. Pour qu'ils soient réputés jouir d'une telle juridiction, il faudrait qu'ils reconnussent le Père commun des fidèles, véritable successeur de Pierre, accepté pacifiquement et universellement par les chrétiens en 1963 ; mais comme ils reconnaissent un faux pontife, un voleur et un loup dans la bergerie, ils ne sont pas réputés jouir d'une quelconque juridiction. Car s'il est impossible que la vraie Église reconnaisse un faux pontife - et c'est indéniablement le cas - alors il est a contrario impossible qu'une Église reconnaissant un faux pontife soit la véritable Église. Pour cette raison, les membres de l'Église moderniste ne peuvent être la véritable Église, et encore moins la manifester publiquement : car ils reconnaissent un faux pasteur, qui n'a jamais joui d'une reconnaissance pacifique et universelle.

Le fait que les évêques modernistes puissent bénéficier d'une juridiction suppléée sur la base de l'erreur commune ne change rien au fait qu'ils ne peuvent manifester la visibilité de l'Église : tout simplement parce qu'ils ne sont pas réputés suivre la véritable obédience. Et si Laurent Morlier nous objecte la situation du Grand Schisme, nous répondons, comme nous l'avons déjà fait, qu'à cette époque la visibilité de l'Église n'aurait pas pu être manifestée sans l'existence de l'obédience légitime, j'entends par là les évêques soumis au vrai Pape.

En sus, une autre erreur de Laurent Morlier est l'idée que la Fraternité Saint Pie X reconnaîtrait Bergoglio comme pape ; et certainement s'agit-il de l'une des erreurs les plus grossières de l'intéressé : car la reconnaissance d'un pontife est à la fois théorique et pratique, et non pas purement nominale ; or la Fraternité Saint Pie X ne manifeste aucune adhésion réelle à l'enseignement et à la discipline de l'occupant actuel du Vatican, ni aucune forme d'obéissance canonique entière et inconditionnelle. Même des sédévacantistes, par exemple l'abbé Ricossa, l'ont avoué explicitement et sans difficulté. Aucun théologien sérieux n'enseignerait le contraire.

Mais revenons à la question de la juridiction. Dans sa brochure sur "La passion de l'Église et la survie de Paul VI", Laurent Morlier écrit que les prêtres traditionalistes, la plupart du temps, ne possèdent "ni autorité ni juridiction" ; or pourquoi écrit-il "la plupart du temps" ? Selon lui, qui possède une juridiction ? Les prêtres de la Fraternité Saint Pierre ? Dans ce cas nous concluons qu'à ses yeux, comme aux yeux des guérardiens, les modernistes ou les ralliés sont plus susceptibles de posséder une juridiction que les catholiques orthodoxes. Or cela est faux, comme nous l'avons expliqué plus haut.

Laurent Morlier et son frère commettent souvent l'erreur de considérer les choses seulement d'après le droit ecclésiastique, et non d'après le droit divin. Par exemple, face aux théories erronées des sédévacantistes sur la bulle de Paul IV, Vincent Morlier argumentait en prétendant que cette bulle avait été abrogée ; or il s'agit d'un très mauvais argument, car les sédévacantistes affirmaient sur la base de cette bulle qu'un antipape pouvait être accepté par toute l'Église, et cela indépendamment du fait de savoir si la bulle avait été abrogée ou non. Lorsque je m'étais moi-même intéressé au sujet je n'avais pas du tout été convaincu par les arguments inopérants de Vincent Morlier, et j'avais découvert que l'expression employée par la bulle ne faisait pas référence à l'acceptation pacifique mais à une cérémonie d'obédience des cardinaux : telle était la réponse à adresser aux sédévacantistes, à savoir qu'ils s'étaient mépris sur le sens du texte.

Pour vous donner un autre exemple, dans sa récente brochure Laurent Morlier écrit que selon un décret du Pape Pie XII le Pontife Romain ne peut être élu que par les cardinaux, et donc qu'à l'avenir seuls des cardinaux pourront élire le prochain successeur de Pierre ; or il s'agit encore une fois d'un mauvais raisonnement, qui manifeste le fait que Laurent Morlier a une vision erronée en matière de théologie canonique : car les lois disciplinaires de ce genre ne lient pas les futurs pontifes. Il ne faut donc pas raisonner d'après le droit ecclésiastique, mais d'après le droit divin : qui peut élire le Souverain Pontife en vertu du droit divin ? Sur cette question, les théologiens sont partagés, certains ayant avancé qu'en l'absence de cardinaux, le Pape pourrait être élu par les évêques réunis en concile général imparfait : c'est l'opinion défendue aujourd'hui par l'abbé Ricossa ; or comme je l'ai expliqué dans mon ouvrage (La survie de Paul VI : une certitude de foi), cette opinion est indéfendable depuis que les papes Pie IV et Pie IX, respectivement au concile de Trente et au concile du Vatican, ont enseigné que seul le clergé romain pouvait élire le Pape ; et il semble - du moins tel est mon sentiment - qu'ils s'exprimaient bien sous l'angle du droit divin, et pas seulement sous l'angle du droit ecclésiastique. Saint Robert Bellarmin lui-même, l'un des théologiens les plus fiables sur les questions relatives au Souverain Pontife, a enseigné que seul le clergé romain avait le pouvoir d'élire le Pape, au besoin suite à la convocation d'un concile général imparfait, mais sans que ce concile exerce d'autres prérogatives que de donner l'impulsion à l'élection : en d'autres termes les évêques n'auraient aucun droit de vote.

Lors du Grand Schisme le concile de Constance a donné lieu à l'élection du Pape Martin V, mais j'assume de dire que les votes des évêques étaient nuls : le Pape a été élu grâce aux votes des cardinaux, et sans leurs votes son élection aurait été invalide. Si l'évêque de Rome n'était plus élu spécifiquement par le clergé romain, en quoi l'Église demeurerait-elle romaine ?

Évidemment, Laurent Morlier et moi sommes plus ou moins d'accord sur cette question, à ceci près que l'intéressé réduit le pouvoir électif au collège cardinalice, contrairement à moi, qui l'étends au clergé romain ; or ce dernier est un peu plus large que les cardinaux : il inclut certains prêtres et abbés du diocèse de Rome. Mais si j'aborde ce sujet, c'est pour donner une illustration supplémentaire au fait que Laurent Morlier se focalise sur le droit ecclésiastique, au lieu d'adopter un raisonnement ontologique fondé sur le droit divin. Là encore il s'agit de la manifestation d'une intelligence analytique (très commune aujourd'hui), opposée à l'esprit de synthèse.

En résumé, je dirais donc que l'intéressé défend les erreurs ou hérésies suivantes :

-Wojtyla et ses successeurs ont été acceptés pacifiquement et universellement (c'est en pratique ce qu'il dit, d'une manière ou d'une autre), et pourtant ils sont illégitimes ;

-Les prêtres et évêques traditionalistes ne possèdent pas de juridiction pleine et entière ;

-La visibilité de l'Église est manifestée dans les évêques modernistes qui errent de bonne foi ;

EDIT : Laurent Morlier corrige "les évêques toujours vivants et nommés par de vrais papes : Pie XII, Jean XXIII et Paul VI" (cela ne change rien car ces derniers ne sont pas dans l'obédience légitime, quelle que soit leur intention, bonne ou mauvaise).

-La Fraternité Saint Pie X reconnaît réellement Bergoglio comme pape, et elle a reconnu ses prédécesseurs depuis Wojtyla ;

-La même Fraternité ne peut pas manifester la visibilité de l'Église (les exorcismes suisses, publiés à l'origine par Laurent et son frère eux-mêmes, disent exactement le contraire) ;

-La survie de Paul VI est nécessaire à la succession apostolique, mais elle n'est pas une certitude de foi !

 

J'en ai certainement oubliées mais ce sont les erreurs principales de Laurent Morlier. L'une des plus contradictoires est la dernière : même les chefs du protestantisme n'ont pas écrit de telles contradictions.

Comme je l'ai déjà raconté, lorsque j'ai publié mon ouvrage intitulé "La survie de Paul VI, une certitude de foi", certains ont vu ce titre avec un grand déplaisir, car ils niaient que la survie du Saint-Père appartînt à l'ordre des certitudes de foi. Or ma démonstration prouve le contraire : elle est indirectement une certitude de foi catholique (car comme le reconnaît Laurent Morlier lui-même elle peut seule assurer la perpétuité de la succession apostolique), directement une certitude de foi ecclésiastique (parce que Paul VI est le dernier pape accepté pacifiquement et universellement, et qu'aucun autre n'a été élu et reconnu ainsi depuis des dizaines d'années), et même une certitude de foi divine puisque la réapparition du Pape Paul VI est prédite dans l'Apocalypse : mais cette dernière certitude ne liera les chrétiens que lorsque l'Église aura prescrit une fête liturgique universelle associant les passages de l'Apocalypse concernés au retour du Saint-Père.

 

2°) Mon goût supposé pour la polémique

Damien (Laurent Morlier ?) me reproche de cultiver la polémique, en critiquant de nombreuses personnes. Il ajoute qu'il ne s'agit pas toujours de controverses sur la foi, mais de jugements ad hominem.

En vérité, je reconnais que mes critiques ne sont pas toujours des controverses sur la foi ; et je n'y vois aucun inconvénient, car au nom de quoi est-ce que je devrais m'abstenir de critiquer les opinions des autres et de dénoncer le mal ?

Notre-Seigneur Lui-même était qualifié de perturbateur du repos public, accusé par les pharisiens de semer le trouble, alors qu'Il ne faisait qu'enseigner la vérité et dénoncer les vices. L'apôtre Saint Pierre et son père étaient pareillement accusés, par les mêmes personnes.

Quand Hitler écrivait qu'il fallait exterminer les Juifs, n'était-il pas légitime de s'opposer à lui ? Or, toutes proportions gardées, si l'un de mes frères dit que les mendiants ou les chômeurs sont tous des fainéants - et certains de nos frères en religion ne sont pas loin d'une telle opinion - au nom de quoi est-ce que je devrais m'abstenir de dénoncer cette affirmation ?

Nous vivons une époque de mollesse, d'esprit consensuel, où chacun est supposé s'accorder avec les autres. Il s'agit d'une mentalité efféminée.

Certains théologiens ont fait observer que dans l'histoire ecclésiastique, plus il y a eu de conciles plus la foi des fidèles était ferme : car lorsque les évêques convoquaient des conciles, ils combattaient le mal et affermissaient la foi. Or une telle chose ne vaut pas seulement dans l'ordre de la religion : car un mal quel qu'il soit ne peut pas disparaître si on ne le combat pas.

Lorsque je dénonce les erreurs de quelqu'un - qu'il s'agisse d'erreurs religieuses ou non - cela ne signifie pas qu'à mes yeux cette personne soit nécessairement le dernier des hommes, ou que sais-je encore. En la matière, j'ai déjà donné l'exemple de Jean Huss, qui est l'un des meilleurs exemples que l'on puisse donner : ce prêtre a enseigné durant sa vie des hérésies relativement flagrantes, et pourtant même des hommes pieux et de futurs papes ont avoué qu'il était mort avec une sincérité déconcertante. Donc quand on juge les erreurs et hérésies de Jean Huss, on ne juge pas son intention mais ses œuvres. Le jugement de l'Église lui-même n'est infaillible que quand au caractère erroné de ses affirmations ; et non quant à son intention, que Dieu seul connaît. 

Si j'écris que Louis-Hubert Remy défend des hérésies (par exemple l'idée que toute la hiérarchie de l'Église a sombré), j'estime que c'est utile et je ne vois pas pourquoi je devrais m'abstenir de le faire, même avec la virulence requise (je vous rappelle que certains sédévacantistes sombrent dans le schisme grec). De même lorsque je dénonce les tenues impudiques de nos chapelles, ou encore diverses opinions erronées qui n'ont rien à voir avec la religion.

Les personnes qui nous ont reproché ces polémiques sont pour la plupart des femmes, qui par définition, sont plus consensuelles et moins combattives que les hommes.

Dans la Bible, le peuple de Dieu est comparé à une armée, qui combat l'erreur, le vice, et les serviteurs du diable (là encore, je prie afin qu'aucun sot ne me dise : vous qualifiez vos adversaires de serviteurs du diable !).

Mais pour revenir à Damien, qui semble être Laurent Morlier, il me reproche de critiquer sa brochure en la jugeant inférieure à mes propres écrits ; et il me reproche de manquer d'humilité parce que j'ai écrit que durant des années le site Paul VI Pape Martyr nous a méprisés (après nous avoir qualifiés d'illuminés) et qu'aujourd'hui il fait la publicité de sa brochure. Or, Notre-Seigneur lui-même n'a-t-Il pas reproché leur attitude à ceux qui ont négligé de l'accueillir et d'accueillir ses enseignements ? Et Laurent Morlier qualifierait-il le Christ en personne d'orgueilleux, parce qu'Il a adressé des reproches à Ses adversaires ?

Au nom de quel délire pseudo mystique un chrétien doit-il systématiquement s'abstenir de quelconques reproches à l'encontre de ceux qui sont injustes avec lui ?

En vérité, il plairait bien à Laurent Morlier que je recommande ses publications lacunaires, erronées et contradictoires : mais j'ai mieux à recommander.

Ce que je lui reproche, c'est d'avoir publié une brochure qui n'apporte rien de nouveau, qui n'apprend rien ou pas grand-chose aux catholiques.

Lorsque Vincent Morlier a publié son livre sur le Secret de la Salette, quelles que soient les critiques qu'on puisse lui adresser il a appris aux chrétiens des choses qu'ils ignoraient. On peut dire de même d'Éric Faure, du livre de Laurent Morlier sur le Secret de Fatima, de nos propres ouvrages, ou encore des fascicules "L'affaire Paul VI". Mais aujourd'hui, qu'est-ce que la récente brochure de Laurent Morlier nous apporte ? Il écrit des choses que nous savons déjà, que la plupart des catholiques orthodoxes savent déjà. Qui ignore le délai accordé à Satan pour détruire l'Église ? Qui ignore les prophéties citées par Laurent Morlier ?

Que la survie du Pape Paul VI soit la seule solution possible au point de vue mystique (et pas seulement), nous l'avons déjà expliqué en détail dans nos ouvrages ; et pour l'essentiel, Laurent Morlier ne fait que redire avec moins de précision ce que nous avons déjà dit ; alors quel intérêt ?

Ce que je reproche au site "Paul VI Pape Martyr", c'est de recommander le moins bon à la place du meilleur ; or qui estime le moins bon à la place du meilleur ? Qui mangerait dans une cantine de gare alors qu'il pourrait manger gratuitement dans un restaurant cinq étoiles, sans faire injure à personne ? Et quel cuisinier ne verrait pas comme une insulte le fait qu'on néglige sa table, au profit de tables moins bien garnies et d'une moins bonne cuisine ? À plus forte raison dans l'ordre des choses spirituelles...

Si Laurent Morlier avait publié des révélations privées inédites sur la survie du Pape Paul VI, j'aurais estimé son livre ; mais il n'a rien publié d'inédit, et au contraire, il ne fait que répéter des choses que nous savons déjà. Même l'argumentation n'est pas nouvelle.

Damien m'accuse en somme d'être quelqu'un de jaloux. Je réponds que je le suis dans le sens biblique du terme, et non pas dans le sens de l'envie peccamineuse. Dans la Bible il est dit que Dieu "est jaloux de sa gloire" ; et dans certaines révélations privées Dieu est comparé à un homme jaloux qui s'assure que sa femme ne se voue pas à d'autres hommes. Or, peut-on reprocher à cet homme de veiller sur celle qui lui appartient, comme l'homme lui-même appartient à sa femme ?

La jalousie au sens peccamineux du terme consisterait à envier le bien des autres (matériel ou spirituel) ; or je n'envie pas le livre de Laurent Morlier, au contraire je le juge relativement médiocre en termes d'utilité. La saine jalousie, celle du mari qui veille sur sa femme, ou de l'écrivain qui protège son œuvre, voilà plutôt ce qui m'anime : j'ai dénoncé une attitude qui était en soi injuste. Sur mon blog, je publie des travaux d'autres personnes, par exemple Éric Faure ou mon ami américain : c'est bien la preuve que je ne jalouse pas les écrits des autres.

Si Laurent Morlier publiait à nouveau les exorcismes suisses (y compris en version numérique gratuite), il mériterait davantage notre estime, et par-dessus tout, celle de Dieu. Mais aux yeux de bien des survivantistes il a démérité à cet égard. J'ajouterais qu'il commettait trop d'erreurs et mélangeait trop l'hétérodoxie à la vérité, pour continuer à défendre dignement une cause aussi noble que la survie du Pape Paul VI. Dans sa dernière brochure il adopte une argumentation axée sur la mystique, dont la valeur probante est plus faible que s'il avait abordé des considérations dogmatiques (déjà abordées dans mes ouvrages) ; mais lorsqu'il en vient enfin à dire quelques mots sur ce sujet, il déclare que seule la survie de Paul VI permet d'assurer la succession apostolique ; or quoi de plus contradictoire que d'affirmer cela, et en même temps de nier que la survie du Saint-Père soit une certitude de foi ?

Malheureusement, les frères Morlier sont les spécialistes de la contradiction et des raisonnements tordus ; donc je ne peux faire mieux que de vous recommander cette saine étude, qui prouve que la survie du Pape Paul VI est bel et bien une certitude de foi :

 

Disponible en version imprimée sur Lulu :

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