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In Nomine Domini

In Nomine Domini

« Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité » (Jean XVIII. 37)


Contra Senex

Publié par Jean-Baptiste sur 17 Octobre 2016, 16:08pm

Senex revient à la charge à propos de la régulation naturelle des naissances (RNN). Il conteste notre position, selon laquelle cette pratique implique toujours au minimum un péché véniel. Il nous traite au surplus de "faux prophètes" (une injure grave), et use de termes obscènes.

En réalité, si nous sommes de faux docteurs parce que nous enseignons cela, alors St. Thomas d'Aquin lui-même était un faux docteur : car il écrit explicitement, à la question 49, que la sexualité accomplie pour le seul plaisir est toujours au minimum un péché véniel. Le docteur angélique est si clair que ni Senex ni tous ceux qui défendent la même position que lui n'osent le contester. Mais précisément, quelles sont les différentes positions défendues au sein de l'Église à propos de cette question ?

À mon sens on distingue trois camps :

-La RNN n'implique aucun péché, même véniel (c'est la position de Senex et de nombreux catholiques traditionalistes, y compris à l'étranger).

-La RNN est un péché mortel comparable à la contraception (c'est la position extrême du monastère de la Sainte Famille et d'autres rigoristes, qui n'est pas conforme à l'enseignement de l'Église et aux réponses de la Sacrée Pénitencerie).

-La RNN implique au minimum un péché véniel, parce qu'elle constitue un usage de l'acte conjugal pour le seul plaisir (c'est ma position et celle de mon frère, conforme à l'enseignement des Pères et de St. Thomas d'Aquin).

 

Malheureusement, de nombreux prêtres traditionalistes se classent dans le premier camp. J'ai moi-même déjà eu au téléphone un abbé survivantiste qui me soutenait que la RNN n'impliquait pas de péché véniel, ce qui est faux. Le fait que tant de prêtres tombent dans cette erreur montre que la conscience du péché dans le monde chrétien est de plus en plus faible.

 

Les propos de Senex sont ceux d'un sexologue, qui voit dans la sexualité un moyen (voire LE moyen) d'épanouissement du couple. Or, la sexualité est au contraire dégradante et mauvaise par nature, au point que comme l'enseigne St. Thomas, il n'y a pas de différence d'espèce entre la fornication et l'acte conjugal dans le mariage ; et partant que la fornication est un acte mauvais, si le même acte est bon quand il est accompli dans le mariage c'est seulement à la condition qu'il soit EXCUSÉ. C'est explicitement ce qu'enseigne St. Thomas.

Les laïques qui contestent la position du docteur angélique (pour trouver une caution morale à leurs abus) s'appuient sur le magistère des papes, qui n'enseignent pas que de tels actes conjugaux relèvent du péché véniel. Sauf qu'ils n'enseignent pas non plus le contraire. C'est simplement qu'ils ne se sont pas prononcés ; et c'est justement ce qu'il y a de blâmable dans leur attitude. Car à cause de cette négligence, des catholiques se donnent la licence d'excuser leurs vices. Mais comme l'a dit le Christ à Sœur de la Nativité, au fond les chrétiens devraient écouter ce que la nature elle-même leur dicte.

 

Un jour j'écoutais le sermon d'un prêtre sédévacantiste qui disait que la grande majorité des couples tradis qu'il connaissait n'étaient pas heureux dans le mariage ; or il ne montrait ni la cause ni le remède. Car si tant de couples sont malheureux, c'est parce qu'ils fondent leur amour sur une vie animale plutôt que de s'aimer d'un amour spirituel, affranchi des tribulations honteuses de la volupté.

D'un côté il y a ceux qui n'espacent pas les naissances et mettent au monde des enfants de plus en plus faibles, et d'un autre côté il y a ceux qui abusent de la régulation naturelle des naissance.

Même durant l'allaitement complet (que presque plus personne ne pratique), la vertu (ou en tout cas l'idéal naturel et chrétien) voudrait qu'on s'abstienne de l'acte conjugal, qui est péché véniel dans cette période ; mais les chrétiens l'ont rarement fait. Cependant, cette pratique (de l'allaitement complet) avait au moins le mérite de permettre la naissance d'enfants robustes. Tandis qu'aujourd'hui, l'humanité dégénère de plus en plus...

 

Le magistère et la Sacrée pénitencerie ont certes dit qu'il était permis aux époux d'user du mariage durant les périodes infertiles ; mais cela ne signifie pas qu'il n'y a aucun péché véniel à le faire. Permis est synonyme de "tolérer". Ce n'est pas parce que Paul VI ne parle pas explicitement de péché véniel qu'il n'y a pas de péché du tout à faire un tel usage du mariage. Le magistère des papes récents doit être lu à la lumière de l'enseignement des Pères et de St. Thomas. À ceux qui pensent qu'il n'y aucun péché à s'adonner à l'acte conjugal durant les périodes infertiles, je dis : "vous verrez au purgatoire !".

Encore une fois, il faut se rappeler que l'indulgence, la tolérance, sont inhérents à l'état du mariage, qui implique souvent - en pratique - une vie chrétienne très imparfaite. Donc l'attitude la plus blâmable n'est pas celle des catholiques qui font usage de la RNN tout en admettant que ce n'est pas une vie vertueuse ; c'est celle de tous ceux qui se trompent eux-mêmes en parlant comme si c'était la clé de l'épanouissement du couple, et comme s'il n'y avait rigoureusement aucun péché à faire cela. Jay Boyd, une américaine, a publié sur internet de bons articles dénonçant cette attitude.

St. Thomas d'Aquin disait que la sexualité accomplie pour le seul plaisir faisait partie des péchés véniels quotidiens dont on demande le pardon dans le Notre-Père. Mais quand les époux poussent trop loin l'intempérance, le péché peut offenser Dieu dans une grande mesure. En soi, un péché véniel est déjà une offense très blâmable. C'est pourquoi les prêtres - fort nombreux - qui sont tombés dans cette erreur qui consiste à dire que la RNN ne comporte aucun péché, ont un enseignement qui se rapproche davantage de celui de sexologues que de prêtres catholiques. Pour ma part j'ai tendance à penser que la majorité des prêtres tradis enseignent cela...

C'est l'état d'esprit hédoniste de notre époque : le déclin de la spiritualité, au profit d'une jouissance des biens profanes du monde.

Les premiers chrétiens n'avaient pas cette mentalité ; et les Juifs pieux non plus. L'humanité devient toujours plus charnelle. On veut profiter de tous les plaisirs, "être sûr d'avoir tiré le bon numéro", comme le disaient les exorcismes...

 

Pour clore cet article, je dirais une dernière chose : à cause de la négligence dont on fait preuve sur ces questions, il n'est pas rare que des catholiques croient que la RNN est permise sans raisons graves ; en d'autres termes ils ne savent même pas que ces raisons doivent exister. J'ai vu des gens en parler sur internet, y compris un ancien instructeur de la méthode de régulation naturelle : il a rencontré un jeune couple qui n'avait encore pas son premier enfant depuis plus d'un an, et qui usait de la RNN en croyant que c'était licite ; mais quand ces deux jeunes gens apprirent que c'était illicite, ils en furent horrifiés...

Plus de gens qu'on ne le croit s'autorisent la RNN sans se soucier des "raisons graves", et c'est dans la lignée de l'enseignement de Wotyla, qui n'a pas fait mention de ces raisons graves quand il a parlé de la RNN. Mais encore une fois, j'insiste sur le fait que même lorsque ces conditions sont remplies, il y a péché véniel.

Le Père Conte avait demandé à la Sacrée Pénitencerie, en 1880, si l'usage des périodes infécondes était un péché mortel ou véniel ; mais il ne lui a pas été donné de réponse directe, ce qui est une négligence blâmable. La Sacrée Pénitencerie n'a répondu de façon directe qu'à sa deuxième question, sur le fait de savoir si les gens qui vivaient ainsi devaient être inquiétés par leurs confesseurs.

 

Mais crions avec les prophètes :

"Seigneur, délivrez-moi de ce corps de mort !"

 

Saint Henri II ne disait pas : "le moyen de la vraie sainteté, c'est de profiter de la stérilité de ma femme pour donner libre cours à ma concupiscence" ; il se voua au contraire à la continence absolue, sans quoi il ne serait probablement jamais devenu saint, comme presque tous les rares laïques canonisés.

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