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In Nomine Domini

In Nomine Domini

« Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité » (Jean XVIII. 37)


Les évêques modernistes et la visibilité de l'Église

Publié par Jean-Baptiste sur 15 Mars 2017, 14:45pm

 

Vu l'un des commentaires que j'ai reçus suite à mes deux derniers articles, il semble évident que ce sur quoi plusieurs de mes lecteurs sont en désaccord avec moi (au moins quelques-uns), c'est ma position sur la Fraternité Saint Pie X et la visibilité de l'Église ; et non pas la doctrine de l'acceptation pacifique, qui intéresse moins et suscite moins les passions.

Face à la crise actuelle, il y a eu plusieurs thèses sur la manière dont la visibilité de l'Église se perpétue aujourd'hui :

-Il y a la position de la Fraternité Saint Pie X elle-même, qui est assez vague et contradictoire, car tout en prétendant que Bergoglio est pape elle ne décrit pas l'Église moderniste comme étant la véritable Église, ni ses fidèles comme étant de vrais catholiques. Au point que les prêtres lefebvristes déconseillent - à juste titre - de se marier avec des catholiques modernistes (exactement comme s'ils étaient hérétiques).

-Il y a celle de certains sédévacantistes complets, qui affirment que la visibilité se perpétue grâce aux évêques modernistes de bonne foi ou à certains évêques orientaux, ou encore grâce à des évêques nommés sous Pie XII qui secrètement, ne reconnaîtraient pas Bergoglio,etc.

-Il y a  celle d'autres sédévacantistes complets, qui soutiennent que l'Église est visible dans la communauté des fidèles, sans aucune hiérarchie : c'est une opinion digne des protestants, qu'on trouve chez Louis-Hubert Remy et ses amis, en leur ajoutant l'abbé Grossin, le diacre Zins, et d'autres.

-Il y a celle des guérardiens, qui prétendent que la visibilité de l'Église se perpétue chez les modernistes, au motif qu'ils ne sont pas excommuniés et peuvent donc appartenir ou non à l'Église, suivant leur bonne foi.

 

La position de Laurent Morlier, elle, consiste à dire que la visibilité de l'Église se perpétue chez les évêques nommés par le Pape Paul VI. Or, nous allons voir qu'une telle chose est impossible, de même que les quatre positions théologiques (et leurs variantes) mentionnées ci-dessus.

D'abord, il faut comprendre que la juridiction est octroyée par le Pape ; et quand ce dernier meurt, les ministres de l'Église ayant été ordonnés ou sacrés sous son règne bénéficient d'une juridiction ordinaire (sauf s'ils ont été nommés sans l'approbation du pape ou si leur juridiction a expiré).

Ensuite, la question se pose de savoir ce qu'il advient de la juridiction d'un prêtre ou d'un évêque s'il adhère à un antipape. La réponse est que le schisme intentionnel fait perdre toute forme de juridiction : c'est l'enseignement du Pape Léon XIII. Mais qu'advient-il dans une situation telle que le Grand Schisme d'Occident ? Les prêtres et évêques de bonne foi en communion avec de faux papes bénéficiaient-ils d'une juridiction ? Ceux qui ont été ordonnés ou sacrés du vivant du pape légitime (Urbain VI ou son prédécesseur) ont-ils perdu leur juridiction en adhérant à des antipapes ?

Le Père Zapelena enseigne que les membres des fausses obédiences bénéficiaient de la juridiction suppléée sur la base de l'erreur commune ; je dis bien la juridiction suppléée ; donc selon toute vraisemblance, même les prêtres de bonne foi perdent leur juridiction ordinaire lorsqu'ils suivent un antipape. Ils ne perdent pas toute forme de juridiction comme les schismatiques formels (par exemple les anglicans), mais il semble qu'ils perdent leur juridiction ordinaire ; sinon le Père Zapelena ne parlerait pas de "juridiction suppléée". D'ailleurs les sédévacantistes du CMRI l'ont interprété comme moi.

Seul le pape légitime peut octroyer une mission à ceux qui demeurent sous son obédience, ou qui quittent une fausse obédience pour rejoindre la sienne ; or quand des ministres de l'Église quittent l'obédience légitime pour suivre un antipape, ils ne reçoivent plus leur mission du pape légitime, donc ils ne sont plus "envoyés" au sens évangélique du terme. D'où le fait que les diverses thèses faisant consister la visibilité de l'Église dans des évêques modernistes ne valent rien.

Et au cas où Laurent Morlier me lirait de travers - comme il le fait souvent - j'insiste bien sur le fait que même lorsque les évêques en question ont été nommés par Paul VI, ensuite ils ont rejoint une fausse obédience : donc ils ont cessé de recevoir leur mission du pape légitime ; ils ne sont plus "envoyés", et cela quelle que soit leur bonne foi.

En soi, il ne suffit pas de dire qu'ils ne sont pas encore excommuniés, que leur schisme n'est pas notoire,etc. Tant qu'ils sont sous l'obédience d'un antipape, ils ne reçoivent pas leur mission du pape légitime ; tout au plus peuvent-ils bénéficier d'une juridiction suppléée sur la base de l'erreur commune.

Or, contrairement à ce que voudraient nous faire croire de nombreux prêtres sédévacantistes, la juridiction suppléée ne suffit pas à manifester l'autorité apostolique et la visibilité de l'Église ; car il s'agit d'une juridiction purement interne, et non pas externe. Par ailleurs, la juridiction est suppléée par le Pape lui-même ou par les titulaires de la juridiction ordinaire ; donc sans juridiction ordinaire, pas de juridiction suppléée !

Pour toutes ces raisons, ma position théologique est la seule orthodoxe : elle est la seule solution possible. Sans la survie du Pape Paul VI, il n'y aurait plus d'Église visible, parce que les prêtres catholiques orthodoxes seraient privés de mission canonique ; mais le Saint-Père étant toujours vivant, il octroie cette mission aux prêtres qui ne se sont pas ralliés à la contre-Église, et dont le dernier lien canonique les unit à lui.

En réalité, Laurent Morlier parle exactement comme si Paul VI était mort : c'est la raison pour laquelle j'ai écrit qu'il était survivantiste de nom, mais sédévacantiste de fait. Car étant donné que Paul VI est toujours en vie, et étant donné qu'il est le dernier pape que la Fraternité Saint Pie X ait reconnu, il est évident que cette dernière reçoit sa mission canonique de lui. Ce n'est pas seulement évident par la lettre de mandat qu'il lui a adressée, mais par le fait qu'après lui, aucun autre occupant du Vatican n'a été reconnu "en théorie et en pratique" par la Fraternité.

À l'adresse des ignorants qui continuent de me dire - à l'image de Laurent Morlier - que Wojtyla et ses successeurs ont été reconnus comme papes par la Fraternité Saint Pie X, je rappelle ces citations d'un sédévacantiste du forum cathinfo :

« Quelques points [sur l'acceptation pacifique] :

« 1. Je ne crois pas que nous puissions mettre dans le même panier tous les papes de Vatican II. Il y a des différences entre Jean XXIII et Paul VI d'une part, et Jean-Paul II et Benoît XVI d'autre part, qui à mon avis peuvent être étudiés ensemble.

« 2. Je ne vois pas de situation urgente à étudier Jean-Paul Ier, car son règne fut court, et ses actions en tant que « pape » ne risquaient pas de lier les catholiques à des lois mauvaises ou à des hérésies.

« 3. Aussi, je voudrais focaliser mon attention sur les deux derniers prétendants [Wojtyla et Ratzinger], dont je pense que l'échec de leur acceptation universelle est irréfutable.

« 4. Au moment de l'élection de Jean-Paul II, il y avait un mouvement sédévacantiste qui prenait de l'ampleur, et qui rejetait complètement son titre [de pape]. En sus, il y avait un large groupe de catholiques qui l'acceptaient comme pape seulement de nom, faute de l'accepter comme pape en un sens proprement catholique.

« Le second groupe traitait Jean-Paul II et Benoît XVI comme des hommes de paille, dont il rejetait l'enseignement et les lois. Par la suite, ce groupe a rejeté l'autorité des évêques en communion avec ces personnes.

« Quel que soit votre jugement sur ce sujet, le fait d'appeler quelqu'un « un pape » mais de ne le considérer en aucune façon comme tel n'aurait jamais été considéré comme une acceptation pacifique, à aucune époque de l'Église.

« Est-ce que les catholiques, à l'occasion de l'élection de Pie XII, ont formé de nombreux groupes de chapelles indépendantes en opposition à son enseignement, à ses lois, et à sa structure hiérarchique ? Une telle idée aurait paru absurde. Les catholiques ont accepté pacifiquement Pie XII, et l'ont reconnu à la fois de nom et en pratique comme pape, comme celui qui assumait la charge de successeur de St. Pierre, et qui allait régner sur tous les catholiques dans les affaires spirituelles.

« 5. En sus des nombreux catholiques sédévacantistes, et des catholiques qui employaient les noms de Jean-Paul II et de Benoît XVI tout en rejetant leur titre [de papes], il y a un autre groupe composé de ceux qui demeurent sous leur obédience, et qui acceptent leurs lois à un certain degré, mais qui rejettent leurs enseignements, spécialement en ce qui concerne les rencontres inter-religieuses, l'oecuménisme, la liberté religieuse,etc.

« Dans toute l'histoire de l'Église, les catholiques n'ont jamais accepté un pape tout en soutenant l'idée qu'ils pouvaient le rejeter en matière de foi et de loi ecclésiastique.

« 6. Le dernier groupe de ceux qui ont reconnu Jean-Paul II et Benoît XVI sont de loin le groupe majoritaire, et ce sont ces « catholiques » qui de toute façon ne croient plus à ce que l'Église enseigne sur de nombreux sujets, tels que la contraception ou les rencontres inter-religieuses ; ils ne croient plus à l'enseignement du Magistère « qu'il n'y a pas de salut en dehors de l'Église », mais ils croient au contraire que les schismatiques et les hérétiques sont en communion partielle avec l'Église, que tous les hommes sont sauvés ou que personne ou presque ne va en Enfer ; ils doutent de l'existence du Purgatoire ou le nient1, et ainsi de suite. Ce groupe de personnes est très large, mais leur acceptation n'a aucune valeur, le groupe pertinent est constitué des catholiques qui ont gardé la foi » (message du 24 novembre 2012).

1Je connais un prêtre moderniste qui a déclaré à l'un de ses fidèles qu'au Purgatoire, on ne souffrait pas ; et il est considéré comme traditionnel chez les modernistes, allant jusqu'à utiliser les confessionnaux (ce qui est rare en France dans la fausse Église). Or, le fait d'affirmer qu'on ne souffre pas au Purgatoire revient à en nier l'existence, car le Purgatoire se définit comme un lieu d'expiation.

 

« J'ai avancé l'argument que dans le cas de Jean-Paul II et de Benoît XVI, de nombreux catholiques ont explicitement nié leur titre, et d'autres ont dit qu'ils les reconnaissaient, mais ne les ont en réalité reconnus que comme des hommes de paille dépourvus du pouvoir d'enseigner et de diriger. Ces catholiques à eux seuls incluent une grande partie de l'Église, et ils n'ont pas accepté pacifiquement ces personnes comme ayant le titre de papes.

« J'ajouterais que le reste des catholiques fidèles, qui ont la foi en chaque point enseigné depuis toujours par le Magistère jusqu'à la mort du Pape Pie XII, croient seulement au titre de ces hommes à la papauté du fait de leur ignorance de l'hérésie de ces derniers.

« Comme John Daily l'a fait remarquer, accepter le pape implique notamment de croire qu'il est la règle de la foi, et il est clair que ce petit nombre de catholiques qui gardent leur foi intacte au sein de la structure de l'Église conciliaire, ne regardent pas ces hommes comme leur règle de foi. Les quelques personnes que je connaisse dans l'Église conciliaire, qui sont dans la confusion à propos de tout cela, gardent la foi soit parce qu'ils sont âgés et que la foi leur a été enseignée par l'Église, soit parce que, dans le cas des plus jeunes, leur foi leur a été enseignée par de vieux livres. Je ne connais aucun catholique fidèle qui tienne sa foi de ces « papes », ou des évêques en communion avec eux. Ces catholiques ont la foi malgré ces hommes, et non grâce à eux.

« Analysons cela davantage : voyons quels sont aujourd'hui les membres de l'Église qui ont la foi catholique telle qu'enseignée jusqu'à la mort de Pie XII, et voyons s'ils ont reconnu pacifiquement Jean-Paul II et Benoît XVI. Il y a :

« 1. Les sédévacantistes, qui sont peu nombreux parmi les catholiques, mais qui représentent une minorité significative.

« 2. Les catholiques qui résistent à ces antipapes, tout en les appelant des papes. C'est un très grand groupe, et comme je l'ai expliqué, bien qu'ils appellent ces hommes des « papes », ils ne les ont pas acceptés pacifiquement, car cela aurait impliqué de les traiter comme de vrais papes, ce qu'ils n'ont pas fait.

« 3. Ceux qui adhèrent à l'Église conciliaire et vivent en son sein, tout en ayant gardé la foi malgré ces antipapes et ces évêques hérétiques. Je ne peux être certain du nombre de ces personnes, mais si les statistiques disent vrai, la plupart des « catholiques » qui se disent « catholiques » n'acceptent plus tout l'enseignement moral ou doctrinal de l'Église.

« Les catholiques demeurant fidèles dans le groupe 3, de mon point de vue, ne sont pas informés ou ne comprennent pas ces questions, et ont probablement accepté Benoît XVI et Jean-Paul II en raison d'une fausse croyance sur qui ils sont et sur ce qu'ils enseignent.

« Mais même en considérant que le groupe 3, dont le nombre est incertain, a reconnu ces personnes comme papes, il est certain que le groupe 1 ne les a pas reconnus du tout, et le groupe 2 ne les a pas reconnus pacifiquement, car il n'a accepté ces personnes que de nom, et en pratique ne les traite en aucune façon comme des papes. Par conséquent, au sein de la maigre population de l'Église universelle1, deux grands groupes n'ont pas accepté pacifiquement Jean-Paul II et Benoît XVI.

« Je suis certain que je n'ai pas besoin de préciser que l'acceptation pacifique du pape ne repose pas sur ceux qui sont en dehors de l'Église : les médias, la télévision, et d'autres encore. L'acceptation doit venir de l'Église, et celle-ci depuis l'élection de Jean-Paul II a été réduite à un petit groupe, de nombreux catholiques ayant abandonné la foi ; et le reste est composé des trois groupes dont j'ai parlé.

« Aussi, je crois avoir suffisamment démontré qu'il n'y a pas eu acceptation pacifique de Jean-Paul II et de Benoît XVI par le reste fidèle des catholiques qui composent l'Église » (message du 24 novembre 2012).

1Étant donné le nombre d'hérétiques, il est juste de parler de « maigre population ».

 

Le fait que Laurent Morlier prétende que Wojtyla a été reconnu comme pape par la Fraternité Saint Pie X montre son piètre niveau en matière de théologie canonique. Pour rappel, l'abbé Ricossa lui-même a avoué que la Fraternité ne reconnaissait pas Wojtyla ni ses successeurs, puisqu'elle rejette sa discipline universelle, son enseignement, ses lois,etc. Elle a un fonctionnement autonome, fonde ses propres séminaires, et agit presque en tout comme une société indépendante. Assurément, aucun institut religieux catholique ne s'est jamais comporté ainsi vis-à-vis du pape ; et si nous parlions d'un pape légitime, ce serait une attitude schismatique de la part de la Fraternité Saint Pie X. Au demeurant, jusque dans les journaux profanes on lit que la Fraternité est en rupture avec l'Église catholique (l'Église moderniste, en réalité).

Quand j'affirme que le dernier lien canonique de la Fraternité Saint Pie X l'unit au Pape Paul VI, il ne s'agit pas d'un "bricolage" de ma part ou d'une fiction destinée à sauver la face de notre thèse, mais bien de la réalité des faits. Car Paul VI est le dernier pape accepté pacifiquement et universellement par toute l'Église ; et la Fraternité n'a pas reconnu Wojtyla et ses successeurs comme papes "en théorie et en pratique". Le théologien Van Noort est très clair lorsqu'il enseigne que la reconnaissance pratique est nécessaire.

Pour ce qui est du ralliement supposé de la Fraternité Saint Pie X, je dirais deux choses :

1°) Comme je l'ai expliqué dans mon article précédent, un ralliement implique une adhésion sans réserve : il s'agit de reconnaître l'occupant du Vatican comme le vicaire du Christ, docteur universel de la foi, capable de lier et de délier les membres du Corps Mystique. Une communauté autonome, qui agirait d'après ses propos lois en se réservant le droit de ne recevoir aucun ordre du prétendu "pape", ne serait pas "ralliée". Tel est le cas des communautés anglicanes intégrées à l'Église moderniste sous Ratzinger, qui n'ont pas même prononcé de serment d'adhésion à la foi catholique (ce qui se pratiquait encore sous Wojtyla). Or, je doute fort que Mgr Fellay accepte jamais cette adhésion sans réserve.

2°) À supposer que Mgr Fellay accepte une adhésion sans réserve, il n'est pas le seul évêque de la Fraternité Saint Pie X, et Mgr Williamson fait déjà partie des réfractaires, sans compter qu'il en a sacrés d'autres.

 

Laurent Morlier, dans son dernier courriel, a encore parlé comme si j'évoquais une simple juridiction de suppléance au profit de la Fraternité Saint Pie X : ce qui prouve encore une fois qu'il ne lit pas mes articles en entier.

La juridiction ordinaire est octroyée PAR LE PAPE et EN VERTU DE L'OFFICE ; or l'office existe au-delà de considérations territoriales, puisque les paroisses et les diocèses ne sont pas délimités par le droit divin, mais par des lois ecclésiastiques, qui peuvent changer ! Les apôtres n'avaient pas de diocèses !

On ne peut pas être survivantiste et en même temps dénier que les prêtres et évêques lefebvristes bénéficient d'une mission canonique. Du reste, contrairement à ce que m'a dit Laurent Morlier la Fraternité se comporte bien comme si elle en avait une puisqu'elle possède ses propres tribunaux.

Une fois encore, je répète que ma position théologique est la seule solution orthodoxe ; et la survie du Pape Paul VI est bel et bien une certitude de foi.

 

Mais Laurent Morlier, survivantiste de nom,

est sédévacantiste de fait !

 

 

 

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