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In Nomine Domini

In Nomine Domini

« Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité » (Jean XVIII. 37)


Le Livre du destin : extraits de l'ouvrage du Père Kramer

Publié par Jean-Baptiste sur 9 Août 2018, 08:02am

 

Sur ce blog, je vous ai parlé à plusieurs reprises de l'ouvrage du Père Herman Bernard Kramer, The Book Of Destiny, qui est considéré comme le meilleur commentaire de l'Apocalypse dans les milieux catholiques traditionalistes anglophones. The Book Of Destiny ou "Livre du destin", a d'abord été publié dans les années 50, avant d'être réédité par Tan Books en 1972. Il n'a jamais été traduit en français, ce qui explique qu'il soit beaucoup moins connu chez nous ; et les sédévacantistes de notre pays, qui ont traduit des livres sensationnalistes tels que "La maison battue par les vents", ne se sont jamais souciés de traduire l'ouvrage du Père Kramer, pourtant bien plus important.

Le Père Kramer a dédié toute sa vie sacerdotale à l'étude de l'Apocalypse, et le fait de parler plusieurs langues lui a permis de lire les meilleurs travaux disponibles dans plusieurs langues à la fois, ce qui l'a considérablement aidé ; on comprend alors le caractère inégalé de son œuvre jusqu'au XXème siècle. Il convient cependant de le lire en parallèle avec l'ouvrage du Père Sylvester Berry (théologien reconnu), The Apocalypse Of Saint John (1921) qui a bien mieux saisi la notion de "Grande Prostituée" et qui avait compris qu'une fausse Église s'établirait à Rome dans les derniers temps de l'Église.

Le Père Kramer n'a pas connu Vatican II et la crise de l'Église (en tout cas au moment où son ouvrage a été publié pour la première fois), mais en lisant les chapitres XII à XVIII on s'aperçoit que son commentaire évoque un pape élu durant une période trouble de rébellion et d'apostasie du clergé, qui doit s'exiler à cause de cette rébellion, et qui réapparaît ensuite pour rassembler son peuple ; en d'autres termes cela correspond exactement à la thèse de la survie de Paul VI.

L'intérêt majeur du livre du Père Kramer est d'expliquer en détail la symbolique du langage de l'Apocalypse, qui n'est pas différente de celle qu'emploient les autres livres bibliques. Ce langage peut même se retrouver dans les prophéties privées, par exemple le Secret de la Salette. Le ciel symbolise l'Église, les étoiles des prêtres, les anges des évêques,etc.

Dans mon ouvrage, La survie de Paul VI prédite par l'apôtre Saint Jean (2015), j'utilise ces clés de lecture, cette méthode de décryptage si l'on peut dire, pour commenter d'une manière plus précise les passages que le Père Kramer n'avait pas pu comprendre, faute d'avoir vécu la crise de l'Église : j'explique par exemple la figure de l'Ascension au chapitre 12 de l'Apocalypse, ou encore le fait que le rassemblement de tous les anges (évêques) dans le ciel (l'Église) symbolise un concile œcuménique (en l'occurrence Vatican II), durant lequel des évêques modernistes - fort nombreux - font défection. Même les frères Dimond n'avaient pas compris cela...

Le chapitre que j'ai le mieux commenté, dont j'ai le mieux saisi le sens, est le chapitre 12, qui résume toute la crise de l'Église.

Ici, pour la première fois, je publie en version gratuite la traduction en français de larges extraits de l'ouvrage du Père Kramer, afin de bien démontrer que nous ne pratiquons pas la technique dite de "l'appropriation", et que mon propre commentaire de l'Apocalypse se situe dans la droite ligne de celui du Père Kramer, à bien des égards.

Ces extraits sont disponibles en version papier dans mon ouvrage "In Nomine Domini", avec la traduction d'une partie des Controverses de St. Robert Bellarmin, et des articles de notre blog :

 

 

Le Livre du destin

 

 

LIVRE I

 

Le livre des sept sceaux

 

 

I. Introduction

    A. Auteur, but et mission

    1. Prologue, chapitre I, verset 1-3

     

    Verset 1

    Le mot « Apocalypse » est naturellement devenu celui du Livre, parce qu'il commence par ce mot, et le Livre est intitulé ainsi dans le Canon de l'Église et dans les plus vieux manuscrits grecs. Saint Irénée utilise le terme de « vision apocalyptique » en commentaire de ses révélations (V. 30, 3). Le terme signifie « révélation », à juste titre, parce que le Livre révèle des vérités inconnues de l'homme.

    Dans le Nouveau Testament, le mot « apocalypse » signifie presque toujours une révélation qui vient directement de Dieu le Père, de Jésus-Christ ou du Saint-Esprit (Rom. XVI. 25) ; (1 Cor. I. 7 ; Gal. I. 12 ; Eph. III. 3 ; 2 Thess. I. 7 ; 1 Pierre I. 7, 13). Cela correspond au dévoilement de vérités cachées qui demeurent enveloppées de mystère même après leur révélation. En substance ces visions sont une révélation, mais une révélation mystérieuse. Elles sont entourées d'une lumière prophétique, et leur contenu est essentiellement de nature eschatologique. Le mot dénote donc un mystère révélé mais non-encore entièrement dévoilé jusqu'à ce que l'Église soit confrontée aux faits concernés. Saint Paul suggère que toutes ces révélations sont difficiles d'interprétation (1 Cor. XIV. 26). On doit donc s'attendre à ce que ces révélations demeurent mystérieuses jusqu'à leur accomplissement.

    Le complément du nom « Apocalypse » précise sa signification. Si Jésus-Christ est la source de la révélation ou s'il en est l'objet, le mot a un sens différent. Ici, le premier sens est évident parce que le contexte de ce verset semble faire de Jésus-Christ la cause et le sujet, étant donné que Dieu Lui a fait ces révélations afin qu'elles soient transmises à Ses serviteurs. Le Christ parle en personne de nombreuses fois, et Il dicte les sept lettres. Le chapitre V le manifeste bien, parce que l'Agneau est celui qui fait ces révélations et en même temps celui qui les exécute (V. 9). Il a payé le prix de la rédemption humaine dans Son Sacrifice Sanglant, a acquis en Sa nature humaine toutes les prérogatives divines, et par Son Oblation Non-sanglante Il continue, étend et accomplit les triomphes de Ses prêtres. Il est la Tête de l'Église, le Maître et la figure centrale de l'histoire, le Roi des rois et le Vainqueur contre toutes les puissances diaboliques. Il se révèle ainsi dans cette prophétie. Cependant, il est vrai que les révélations se rapportent à Jésus-Christ et à Sa conduite de l'Église et du monde. Et le « mystère de Dieu » (X. 7) et le « grand jour du Dieu tout-puissant » souvent mentionnés par les prophètes ne concernent pas moins le Christ que le Père. D'où le fait que Jésus-Christ soit également l'objet de ces révélations, qui Le dépeignent dans Sa glorieuse Parousie. Le livre est donc une révélation de Jésus-Christ par Jésus-Christ.

    En vertu de Son Union Hypostatique, Il a acquis en tant qu'homme le droit à tout le savoir nécessaire à la médiation entre Dieu et l'homme, et a apporté les fruits de la Rédemption à tous les hommes. Il possède la prescience en tout ce qui regarde la direction et la destinée du monde. Le but de cette prescience est ici de faire connaître ce qui donne sécurité et consolation aux communautés chrétiennes et aux chrétiens individuels, dans tous les événements qui doivent bientôt affliger l'Église universelle. La fin de ce livre est donc d'être un message de consolation pour toutes les générations, en leur montrant les triomphes que le Christ va remporter à travers Son Église, grâce à la loyauté de Ses serviteurs fidèles.

    Le « mystère de Dieu » ici révélé doit « s'accomplir ». Ce n'est pas l'effet d'une fatalité aveugle, mais une partie du dessein de Dieu. Le mystère peut s'accomplir, parce que Jésus-Christ est mort sur la Croix, rendant possible une oblation perpétuelle dans l'Église ; par ce mystère, le Christ accomplira tous les décrets de Dieu. La victoire est si certaine que dans le premier âge de l'Église, Il révèle comme s'accomplissant de façon actuelle une suite d'événements qui conduisent à Son triomphe final et définitif.

    Ces révélations étaient urgemment nécessaires à cette époque, car les chrétiens pouvaient perdre courage après la mort des derniers apôtres, étant confrontés aux cruelles et imminentes persécutions. L'accomplissement de ces prophéties devait commencer peu de temps après, mais l'intervalle de temps séparant les nombreux événements à venir ferait l'objet d'une révélation future. Les mots έν τάχει n'annoncent pas un accomplissement immédiat de toute la prophétie, mais le commencement très proche de sa réalisation. Cela devait être clair, comme à toute époque critique. Le Voyant démontre qu'il a compris le délai de réalisation de toute la prophétie, quand il avertit les chrétiens d'attendre les desseins de Dieu (XIII. 10 ; XIV. 12). Les événements relatés devenaient actuels selon le temps divin, dans leur ordre propre et dans leur manière de réaliser l'accomplissement parfait de Ses intentions, les chrétiens devant se confier en Sa sagesse et en Sa puissance.

    Le fait d'envoyer l'ange à Saint Jean place le sceau de la vérité et de la fiabilité sur les prophéties rapportées, et sur les promesses faites aux fidèles. L'ange doit l'assister dans la réception entière des révélations, afin d'en expliquer toutes les parties obscures et inintelligibles, et de le guider afin qu'il les reçoive toutes correctement. Cela montre qu'il ne commença manifestement pas la rédaction du livre avant d'avoir reçu toutes les révélations.

    Le livre est une prophétie dans tous les sens du terme. Saint Jean est appelé un serviteur de Dieu, de même que les prophètes. Les révélations le placent au rang des prophètes, car en tant que porte-parole de Dieu, il rédige de nombreuses exhortations et prédictions. Il ajoute son nom à l'introduction, pour informer le lecteur que l'auteur d'un évangile est celui qui a reçu ces révélations. Cette information n'était pas nécessaire pour Jean l'Évangéliste ; mais pour Jean le voyant, elle l'était ; parce qu'il n'y avait pas de témoin humain de la réception des prophéties. On ne peut déterminer si l'ange, selon le texte, était un témoin visible. Le premier verset dit seulement, de façon brève, que la Révélation vient de l'esprit de Dieu, que le Christ est la cause efficiente de sa divulgation, et que sa fin est de dévoiler les mystères du futur. Les témoins sont Dieu, qui a fait ces révélations à Jésus-Christ et envoyé Son ange assister Saint Jean dans la réception de ces vérités et dans leur transmission aux communautés chrétiennes.


     

    Verset 2

    Saint Jean s'était porté témoin de la parole de Dieu de nombreuses fois durant sa vie longue et active. Cette expression peut avoir plusieurs sens. En tant qu'apôtre, il avait prêché la parole du Christ et de Dieu durant presque trois quarts de siècle. Il pourrait avoir écrit les trois épîtres avant l'Apocalypse. Et dans l'Apocalypse, il ne manque pas d'indications attestant qu'il a d'abord écrit l'évangile. Au chapitre dix-neuf il appelle le Christ LA PAROLE DE DIEU, sans donner de définition de cette appellation, comme il le fait dans le premier chapitre de l'évangile. Cela peut être le témoignage qu'il sous-entend. Il avait également témoigné de Jésus-Christ : il avait témoigné des paroles, miracles et prophéties par lesquelles le Christ a attesté de Sa divinité ; et il avait écrit un évangile qui a pour but spécifique de prouver cette divinité. Et parce qu'il avait été témoin des preuves données par le Christ Lui-même, il était capable de témoigner de la vérité des révélations de son Maître. « Voir » le témoignage signifie aussi l'« entendre ». Mais ce verset, lorsqu'on l'examine à la lumière du titre attribué au Christ au chapitre dix-neuf, semble se référer à l'évangile comme au « témoignage » spécifique auquel il se réfère. Ici, saint Jean utilise probablement ce mot pour exprimer la même chose que ce que ce mot exprime plus loin, à savoir qu'il avait témoigné aussi bien en actes qu'en paroles, par le martyre comme par le prêche et l'écriture. Il fut jeté dans un chaudron d'eau bouillante à Rome, mais préservé miraculeusement de la mort et de tout mal, il fut banni à Patmos. Par son martyre, il avait donné le témoignage le plus émouvant de sa foi en Jésus-Christ et de sa sincérité dans tout ce qu'il avait écrit et prêché.


     

    Verset 3

    Saint Jean emploie les propres mots de Notre-Seigneur quand il appelle bienheureux quiconque lit cette prophétie et quiconque l'entend. Mais ceux-là seulement sont bénis, qui l'entendent dans leur cœur et conforment leur vie à ses doctrines. La Vulgate ne suit pas le texte grec avec exactitude. Le texte suggère l'obligation pour ceux à qui les révélations étaient adressées, de les lire publiquement dans les églises, comme intégrées à l'office divin. Les lecteurs et auditeurs, dans ces congrégations, sont appelés « bienheureux » s'ils persévèrent tous. Cela indique que des épreuves terrifiantes s'approchent, de sorte que la tentation de se rendre et d'aspostasier sera très grande. Mais ceux qui prennent au sérieux ces avertissements et sont prêts à tout perdre, persévéreront.

    Les modernistes considèrent l'Apocalypse comme un livre de pure consolation, mais Saint Jean l'appelle une prophétie, et le range donc aux côtés des prophéties de l'Ancien Testament, car en vérité elle résume toute prophétie. Mieux encore, elle livre l'interprétation des prophéties obscures dispersées dans l'Ancien Testament.

    « Car le temps est proche » ne signifie pas que toutes les prédictions du livre sont imminentes, mais que le commencement des jugements l'est. Ces mots ajoutent un sens particulier au terme utilisé par le premier verset : έν τάχει (« bientôt »).

    Certains « critiques » prétendent que les trois premiers premiers versets ont été ajoutés plus tard par un disciple de Saint Jean. Or, les termes, les idées et le style sont trop nettement johanniques pour ne pas être authentiques. Ils ressemblent tellement aux versets 6 et 16 du dernier chapitre qu'ils sont avec certitude le produit de la même intelligence. Saint Jean les a probablement ajoutés comme brève introduction, après avoir fini le livre complet ; car les introductions s'écrivent ordinairement en dernier. L'apôtre écrivit certainement ces versets en ayant le livre complet en tête.


     

    1. Les lettres aux Églises

     

    Versets 4-9

    Verset 4

    Le livre en son entier est adressé aux sept Églises d'Asie. L'Asie, aux temps apostoliques, signifiait l'Asie proconsulaire, une partie ce qui est actuellement appelé « l'Asie mineure ». De nombreuses raisons ont été avancées sur le fait de savoir pourquoi le Seigneur a choisi ces églises particulières pour qu'elles reçoivent les lettres les premières. La raison la plus probable et la plus naturelle sera évoquée au verset onze. Le sept est le chiffre sacré dans les rapports du Dieu tout-puissant avec les hommes, exprimant la perfection et l'universalité. C'est la somme du 3 et du 4, à savoir le nombre de la Sainte Trinité plus le nombre de la création visible. Cela comprend l'activité de Dieu Se manifestant Lui-même à travers la création visible, qu'il termina en six jours ou périodes de temps. Au septième jour, son but se réalisa, car l'homme, la couronne de la création visible, apparut. L'accomplissement de ce but se poursuivra jusqu'à ce que tout soit consommé. Le chiffre sacré SEPT résume donc toutes les révélations de Dieu. Ce livre, qui doit montrer l'achèvement des fins de Dieu dans la révélation, est adressé à SEPT évêques ou SEPT congrégations, et le contenu complet du livre est réparti en séries de SEPT.

    Les sept Églises représentent le royaume du Christ sur terre, comme le Temple visible incarnait la théocratie de l'Ancien Testament. Ces églises sont le « lieu de repos » de la Sainte Trinité, comme le Temple juif était le « lieu de repos » de Yahvé (Isaïe XI. 10 ; LXVI. 1). Dans l'Ancien Testament, le « lieu de repos » était situé dans une seule cité, la cité du peuple élu ; tandis que dans le Nouveau Testament tous les peuples devaient avoir des lieux de repos pour le Seigneur. Le livre n'est donc pas adressé à UN peuple ou cité ou nation, mais à un nombre qui représente le monde entier, le nombre de la perfection et de l'universalité. La signification de ces nombres devient plus claire tandis que les révélations se poursuivent. Satan, l'Antéchrist et la cité du faux prophète portent également le chiffre SEPT, en dérision du chiffre sacré. Le nombre de la Sainte Trinité est donc le SEPT. On le voit dans l'Ancien et le Nouveau Testament, possiblement pour indiquer que ces deux testaments sont l'oeuvre du Saint-Esprit ; car à travers les Septs Dons, Il conduit le monde à sa consommation et à sa destinée finale. Donc le livre, étant adressé à ces sept églises, est adressé à toute l'Église catholique.

    Dans toutes ses lettres, excepté celle aux Hébreux, Saint Paul exprime son affection envers ses disciples en leur souhaitant la grâce et la paix. Saint Pierre adopte également cette salutation dans ses deux lettres, et Saint Jean dans sa seconde lettre. L'Apocalypse est une lettre prophétique et devaient ressembler à la fois aux livres prophétiques de l'Ancien Testament et aux lettres apostoliques. Le terme de grâce se trouve seulement ici et dans le dernier chapitre. Le terme de « paix » a une signification menaçante, en rapport avec les terrifiantes révélations qui doivent être faites dans sa lettre prophétique.1

    Dieu est appelé « Celui qui est, qui était, et qui sera » ; c'est Son nom typique dans l'Apocalypse. Dans l'Exode (III. 14), Dieu révéla la première partie de son nom. Ce titre est ici donné au Père seul. L'ajout du titre de l'Ancien Testament, « Celui qui sera », fait allusion aux événements futurs rapportés dans ce livre. De même que le Père était le Créateur et le Gardien dans le passé, et le Guide à présent ; de même aussi il sera le Conducteur de toutes les évolutions de l'histoire et le Guide des âges futurs, tandis que l'Agneau est l'Exécutant de Sa Volonté.

    Les « sept esprits », ici, comme en III.1, sont le Saint-Esprit, qui apparaît en IV. 5 dans les « sept lampes » et en V. 6 dans les « sept yeux » de l'Angeau. Ces figures dénotent la diversité de Son activité externe dans l'Église ou Sa mission dans le monde ; et donc les « sept esprits » sont devant le trône de Dieu. Il S'est révélé à Isaïe de faço obscure (XI. 2), sous la forme des « sept dons » du Messie, et en Zacharie (IV. 10) sous la forme des « sept yeux ». Sa relation avec les sept églises est ici indiquée, parce qu'il soutient l'Église et la guide jusqu'à la consommation. Le sept lampes représentent les sept églises et l'Église universelle. Le Père et le Saint-Esprit ne sont pas nommés dans ce verset ; il leur est simplement donné ces titres descriptifs, comme signes de leur relation avec l'Église et de leur direction de sa destinée.


     

    Verset 5

    La grâce vient de Jésus-Christ, tout comme elle vient du Père et du Saint-Esprit. La divinité de Jésus-Christ est donc évoquée dans cette nouvelle expression de la triple personnalité divine. Les symboles de la « grâce » dans l'évangile et les épîtres de Saint Jean, ainsi qu'ailleurs dans cette lettre prophétique, sont « la lumière », « la vie », et « l'amour » ; et les figures de style correspondant à ces mots. Saint Jean parle des « sept églises » comme s'il n'y avait pas d'autres églises en Asie. Ces églises choisies par le Christ sont, suivant ses intentions, les types de toutes les églises de l'Asie et de l'Église catholique universelle. Le message complet qui doit être envoyé à chacune des sept églises comme à UNE SEULE église, révèle l'esprit des apôtres et exclut l'idée d'une multitude d'églises.

    Jésus-Christ est « le témoin, le fidèle », venu « rendre témoignage à la vérité » (Jean XVIII. 37). Ces mots rappelent ceux de Saint Paul à Timothée (1 Tim. VI. 13). Le Chist, jusqu'à la mort, a rendu témoignage à la vérité par Sa parole, Ses œuvres et Son martyre ; et les chrétiens peuvent êtres assurés que ce qu'IL va révéler est la pure vérité. Le trait caractéristique du Christ, en tant que témoin fidèle, signifie qu'il ne va pas seulement révéler dans ce livre les desseins de Dieu, mais va surveiller Ses disciples et les conduire de grâce en grâce, jusqu'au grand triomphe final. Le but et le résultat de cette nouvelle révélation est de donner à l'Église l'assurance absolue de la « paix » finale.

    Cet attribut de « témoin fidèle », gardien de la vérité, suggère le fait qui suit, Sa réssurection. Il est le premier-né d'entre les morts (Coll. I. 18), car la mort donna naissance à Sa vie immortelle. Et parce qu'Il estl le premier né à la vie glorieuse du corps, ses fidèles doivent le suivre dans cette naissance glorieuse. Cette nouvelle naissance est le modèle et la cause de toutes les autres (Thom) et c'est une consolation dans toutes les persécutions, et un encouragement à la persévérance jusqu'à la mort. Dans l'espoir confiant de sa fidélité, les Chrétiens auront la paix. De cette paix qu'Il S'est procurée par Sa mort, il suit l'idée que par Son abnégation, Il a vaincu le monde d'une victoire parfaite (Jean XVI. 33).

    Par Sa victoire sur le monde et sur la mort, le Christ a acquis le droit à un nom au-dessus de tous les noms (Hébreux I. 2-6), et celui d'être le « Roi des rois et Seigneur des seigneurs » (Apoc. XIX. 16). Aussi, l'Apôtre Le représente dans Sa triple dignité messianique de Prophète, Prêtre et Roi, ayant prêché la parole de Dieu, S'étant offert en sacrifice de mort, et étant ainsi devenu le Roi des rois.

    Mes heureux accomplissements de Sa triple dignité, pour les apôtres et les évêques à qui il adresse ce livre, sont contenus dans ces paroles qui forment la doxologie d'hommage au Christ : « qui nous a aimés » (1), « qui nous a lavés de nos péchés par Son Sang » (2), et « qui nous a faits rois et prêtres de Dieu » (3). L'amour du Christ, exprimé dans cette doxologie, était Son amour humain, l'affection naturelle de Son cœur rendu divin par l'union de la nature divine à la nature humaine en une seule personne. Dans la force de cet amour humain, Il dit : « Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jean XV. 13). De la première phrase susmentionnée, il s'ensuit l'heureuse conséquence que le Christ, par Sa mort volontaire, les a lavés de leurs péchés par Son Sang. Quelle tendre et ravissante joie doit avoir senti l'apôtre pur, vierge, en énonçant cette vérité ! Cela exprime le bel enthousiasme de ce noble esprit. Il est propre, parce que son bien-aimé, par un pur acte d'amour, l'a lavé dans Son Sang. Et il ne doit cela à personne d'autre qu'à son bien-aimé Seigneur et Sauveur ; et à Lui seul il souhaite rendre cet hommage ; et son hommage est satisfait.


     

    Verset 6

    Le troisième et plus grand accomplissement encore de la triple dignité du Christ, à l'égard des apôtres, est l'institution d'un royaume éternel au sein duquel ils sont rois et prêtres. Les vieillards l'expriment à nouveau en V. 10. Au sommet de la doxologie, Saint Jean place la prêtrise au-dessus de la royauté, l'élevant aux pieds de Dieu par l'expression « prêtre de Dieu et de Son Père ». Il rappelle donc aux évêques leur participation à la dignité royale et sacerdotale de Jésus-Christ (Hébreux IX. 11-12). Le dernier mot, « Son Père », évoque les autres paroles de Saint Jean prononcées par Notre-Seigneur à la Dernière Scène (Jean XIV. 23). Par le sang rédempteur du Christ, Saint Jean et les évêques ont été purifiés et sont devenus des prêtres agréables à Dieu. Le sacerdoce de Jésus-Christ signifie le Sacrifice eucharistique. Vaincu par tant d'amour, il ajoute simplement : « à lui la gloire et la puissance des siècles et des siècles ». Les deux seules parties de cette doxologie sont « la gloir et la puissance » ; mais elles comprennent et résument tout ce que le Voyant peut exprimer. Et il clôt la doxologie par ce mot : « Amen ! ». Une créature s'offrant à Dieu sans réserve ne peut Lui offrir que la louange et l'action de grâces ; cela exprime encore l'amour et la soumission, et c'est tout ce que Dieu demande. Les deux mots embrassent toute la création. Saint Jean désire que le Christ ait « toute gloire », à savoir l'hommage qui Lui est dû comme Dieu, et « l'empire », à savoir la soumission à Lui comme Chef de tous les peuples et royaumes de ce monde. Cela n'est rien que la justice et l'équité à Son égard, et ce serait la plus grande bénédiction pour le monde. Saint Jean, dans ce passage, se place à un rang égal à celui des évêques et des sept églises, car lui et eux sont prêtres de Dieu, et par le sacerdoce, rois et chefs du royaume du Christ.

    Ces idées directrices de l'Apocalypse sont contenues dans ces paroles : « Celui qui doit venir – le Prince et Chef – le Royaume – et la Prêtrise ». L'ordre, qui est cohérent dans l'Apocalypse, est la même que dans les toris derniers versets. Car ici, chaque idée se succède naturellement et nécessairement, de même que chaque chapitre se succède et évolue à partir du chapitre précédent, avec une chronologique naturelle et nécessaire. Cet ordre se poursuit jusqu'à l'épilogue. Nulle répétition, duplication ou parallélisme dans notre interprétation, parce que cela ne semble pas exister dans le texte. Après que l'action du grand drame commence, il y a un développement constant et un mouvement incessant vers l'avant.


     

    Verset 7

    Comme les prophètes de l'Ancien Testament, Saint Jean perd de vue la perspective du temps, et évoque la consommation finale, où toutes les prophéties convergent. La Parousie finale achèvera les triomphes de son Seigneur. Et tous ceux qui reçoivent les prophéties et prennent à cœur les avertissements qu'elles contiennent se rejouiront à la VENUE du Seigneur sur les nuées du Ciel. Saint Jean exprime par un cri de joie ce réjouissement si longtement gardé dans son cœur. La vision s'inspire de Daniel (VII. 13) et Saint Matthieu (XXIV. 30 ; XXVI. 64) et Saint Marc (XIV. 62). Les nuées représentent Sa divinité ainsi que les myriades d'anges à Son service. La phrase « tout œil Le verra » contient la doctrine de la réssurection de toute chair ; et « ceux-mêmes qui l'ont percé » fait allusion à l'évangile de St. Jean (XIX. 34) – St. Jean a devant l'esprit toute la scène de la passion se terminant par le percement de la lance dans le côté du Sauveur. Cette scène décrite par St. Jean lui-même (Jean XIX. 34) renvoie à celle de Zacharie (XII. 10) et à celle de Daniel. Cela indique qu'il a écrit l'évangile avant l'Apocalypse. Veut-il dire que le Christ apparaîtra avec Sa croix ? Probablement, parce que Notre-Seigneur semble le dire (Matthieu XXIV. 30). Sts Cyprien, Chrysostôme et Jérôme ont conclu que Ses cinq plaies, ici, seront des marques visibles de gloire. Ceux qui L'ont « percé » ne sont pas seulement ceux qui l'ont crucifié, mais tous les indifférents, les railleurs et autres ennemis de la croix. Ces paroles sont un avertissement afin de ne pas devenir infidèle quand la « grande tribulation » commencera.

    Le principal sujet de ce livre est exprimé au dernier verset. Tout le livre traite de la venue du Christ en tant que Juge. Il exécute Ses jugements à l'encontre de l'Église et du monde encore et encore, à travers les âges ; mais peu comprennent que ces événements sont des jugements. À la fin, cependant, tous Le verront. Alors les méchants se lamenteront sur eux-mêmes, et non sur leurs péchés, parce qu'ils n'auront pas écouté Ses autres jugements [qui auront précédé le Jugement Dernier], qui étaient seulement des actes de miséricorde les exhortant à se repentir et à faire pénitence. Ce verset semble prédire une apostasie de tribus entières et peut-être même de nations, quand le Christ viendra lors du jugement final ; et ils termineront leur carrière de péché qu'ils aimaient tant.

    L'antithèse fondamentale parcourant le livre comme une ligne rouge est ici annoncée en introduction. Les bons et les méchants sont assemblés en deux camps, qui composent l'Église d'un côté et les « portes de l'enfer » de l'autre. Les jugements les sépareront de plus en plus jusqu'à ce que la séparation soit complète. Dans le livre, les adhérents de l'ennemi : schismatiques, hérétiques, infidèles et partisans de l'Antéchrist, sont « de la terre ». Les fidèles sont « dans le ciel » ; ce sont les « habitants du ciel » et les « saints ». La mentalité des deux groupes est opposée. Les gémissements des méchants lors de la venue du Christ contrastent avec le réjouissement des fidèles.

    Le verset se termine par la double affirmation en grec « être certain » et en hébreu « amen », « ainsi soit-il ». Cela marque la solennité propre à ce grand thème, et le mot « amen » renvoie au Christ. C'est une confirmation solennelle par le Voyant lui-même de ce que le verset contient, ce qui revient à une confirmation par le Saint-Esprit Lui-même, sous la direction duquel Saint Jean écrit. L'assurance est double quant à la réalisation de tout ce qui est contenu dans le livre.


     

    Verset 8

    Saint Jean ne se contente pas de formuler solennellement sa propre conviction et le témoignage du « Témoin fidèle » ; il ajoute le témoignage du Père. Il est la source de toutes choses créées et la fin pour laquelle tous ont été créés ; Il l'Alpha et l'Omega, le premier et le dernier de tout ce qui est décrété comme devant survenir ; Il est éternel, omniscient et tout-puissant, le Chef de tous : et donc les événements ne commencent pas à exister dans Son esprit, mais sont connus de Lui de toute éternité, et n'échappent pas à Son contrôle. Il connaissait l'issue de toute éternité, parce qu'Il est un pouvoir irrésistible, qui sera capable d'accomplir Ses décrets, et rien ne pourra les empêcher. Aussi, par le triomphe de Son Fils Jésus-Christ, le Père nous assure que toute la création parviendra à sa destinée finale.

    Cette venue dans les nuées du ciel fait allusion à la Shekina de l'Ancien Testament et fait du Fils l'égal du Père ; et le témoignage du Père confirme cette vérité. Saint Jean christianise le symbole de la shekina comme il a christianisé le terme gnostique de « logos ». Le texte fait clairement allusion à Isaïe (XLI. 4 ; XLIV. 6 ; XLVIII. 12), où le prophète mentionne la restauration ultime d'Israël après sa préservation sous la Captivité. À cette poque la même assurance solennelle était nécessaire afin de convaincre les Juifs de l'accomplissement indubitable de la prophétie. Le Voyant emploie l'alphabet grec parce que le livre s'adressait à des lecteurs grecs. L'Alpha et l'Omega apparaissent encore en XXI. XXII.


     

    1. Le commandement

      Vision préparatoire du Christ glorieux. 9-FIN

     


     

    Verset 9

    Le verset 9 commence avec la narration des visions qui composent le livre. St. Jean se décrit encore une fois comme celui qui a reçu les révélations. Dans l'évangile cette précision n'était pas nécessaire parce qu'il rapportait des faits historiques dont furent témoins des milliers de personnes autorisées, qui avait depuis longtemps témoigné de leur croyance en la véracité des évangiles en mourrant pour eux. Maintenant St. Jean s'apprête à raconter quelque chose dont il est le seul témoin. Il mentionne son nom comme le fait Daniel (VIII. 1 ; IX. 2 ; X. 2), soulignant ainsi la réalité des révélation et l'authenticité de leur paternité. Cet homme devait défendre la vérité et la fiabilité du livre. Il ajoute « votre frère dans la tribulation », afin de se placer au rang des évêques et d'attirer l'attention sur leur dignité apostolique et leur pouvoir, ainsi que sur leur participation avec lui dans les dons du sacerdoce et à certain degré dans la juridiction ecclésiastique. Le mot « frère » exprime très faiblement le sens du texte grec, qui signifie qu'il est véritablement un frère accoutumé à souffrir LA tribulation. La « tribulation » est la grande persécution romaine qui devait survenir avec une fureur renouvelée.

    Les évêques sont ses frères parce qu'ils partagent avec lui l'héritage du royaume spirituel du Christ, possédant ses pouvoirs et prérogatives sur terre et espérant accéder au royaume de gloire avec Lui dans le ciel. Le « royaume » est l'Église, comme cela a souvent été montré par le Seigneur Lui-même. St. Jean rappelle ensuite aux évêques la « patience » dans les persécutions, en quoi il est pour eux un brillant exemple. Son exemple manifeste la manière de supporter les persécutions. La patience signifie la constance dans les souffrances de la tribulation, comme il l'a endurée pour le Christ. Il leur suggère les huit béatitudes et toutes les autres promesses de récompenses faites par Notre-Seigneur.

    Il évoque son lieu d'exil, pour révéler le lieu où il reçut les révélations. Cela rappelle aux évêques sont martyre à Rome, au terme duquel il échappa miraculeusement à la mort. Il est venu à Patmos en exil, comme prisonnier du Seigneur, pour « la parole de Dieu et le témoignage de Jésus ». Eusèbe (III. 18) dit que sous Domitien, St. Jean fut jeté dans un chaudron d'eau bouillante à Rome, mais que, sauvegardé par la puissance divine, il fut banni à Parmos. C'est une petite île dans la mer Égée, au sud-est d'Éphèse, entre Naxos et Samos. L'île est stérile et malsaine. Pline (Histoire Naturelle IV. 12-13) dit que c'était un lieu fréquent d'exil. C'était le dernier lieu de séjour de Rome à Éphèse. L'île a la forme d'un croissant dont les pointes indiquent l'est.


    Verset 10

    St. Jean commence ici la narration des révélations. Il fut « ravi en esprit le jour du Seigneur ». La phrase suggère qu'il fut ravi ou élevé à un état d'extase ou d'inspiration. Il fut inspiré par le Saint-Esprit et en avait connaissance. Dans cet état, les sens deviennent inactifs ou sont élevés à un état de perfection surnaturelle leur permettant de voir des scènes cachées à l'oeil naturel (Augustin). Les événements qui allaient se révéler à la vision de l'Apôtre sont d'ordre mental (Concil d'Ancyra). Il était en communication avec l'esprit prophétique. Les visions eurent lieu le jour du Seigneur, le premier jour de la semaine, le jour auquel les chrétiens des temps apostoliques avaient l'habitude de rassembler pour « la fraction du pain », comme cela est évoqué dans les Actes (XX. 7). Cette règle du rassemblement pour le sacrifice le premier jour de la semaine est mentionnée par St. Paul (1 Cor. XIV. 2). Cela est expliqué dans le Didachè, et chez St. Ignace. St. Jean, en ce jour, n'eut pas le privilège de célébrer le Saint Sacrifice, mais fut transporté en esprit par le Seigneur pour en voir la réalité [du Sacrifice], qui dépasse ce que les sens peuvent atteindre.

    Il entend derrière lui « une voix forte », qu'il entend fréquemment au cours des révélations. La distinction est toujours claire entre « la voix semblable à celle du tonnerre » et « la voix forte ». Cette voix annonce le début des révélations. Cela peut être la voix de l'ange du verset un, ou la voix du Christ. Son rapprochement avec une trompette exprime sa force et son ton musical. C'est une allusion à Joël (II. 1), où les prêtres reçoivent l'ordre de souffler dans la trompette pour annoncer la venue des jugements du Christ. C'est également une allusion à l'épître de St. Paul aux Thessaloniciens (IV. 16). Ce n'est pas une trompette mais une voix assez semblable au son d'une trompette.


     

    Verset 11

    La voix de trompette enjoint à St. Jean d'écrire dans un livre tout ce qui va lui être révélé, et d'en envoyer une copie à chacune des églises nommées. Comme les sept églises sont représentées par les sept chandeliers d'or, comme encore ce nombre correspond aux sept dons du Saint-Esprit qui dirige l'Église universelle, et enfin comme il symbolise l'universalité, ces sept églises font allusion à l'Église catholique. Le livre est donc adressé à tous les chrétiens.

    Les sept cités nommées étaient situées dans l'est et au centre de l'Asie proconsulaire, qui comprenait l'ancien royaume de Pergame. Depuis Éphèse, évangélisée par St. Paul, l'Église s'est répandue le long des vallées du Méandre et du Lycos jusqu'aux autres cités phrygiennes : Hiérapolis, Laodicée et Chônai. Smyrne, Pergame, Thyatire et Philadelphie reçurent la foi à peu près au même moment, avec Troas, de St. Paul en personne. Cyzique, le port le plus important de Bithynie, était également un centre chrétien (1 Pierre, I. 1). Tralles et Magnésie reçurent des lettres de St. Ignace quelque 10 ou 15 ans plus tard, et devinrent ensuite d'importants centres chrétiens et des cités nombreuses. Toutes ces villes étaient dans le voisinage d'Éphèse. Pourquoi St. Jean, sur l'ordre du Christ, choisit-il les sept cités nommées dans le message ?

    Le fait qu'il ait choisi SEPT cités est très compréhensible, car il s'agit du nombre sacré de Dieu, et le nombre fondamental de l'Apocalypse. Et si ses paroles sont à prendre au sens littéral, c'est le nombre donné par le Seigneur Lui-même, et c'est Lui qui choisit des églises particulières. Peut-être que St. Jean était plus habitué à ces congrégations, ou elles étaient plus grandes à cette époque. Éphèse était la grand port, et de là la grande route romaine allait jusqu'à Smyrne et Pergame. Sardes et Laodicée étaient des capitales de district ou des sièges du gouvernement romain (Conventus). Mais Thyatire et Philadelphie n'étaient pas des cités importantes. De nombreuses autres cités, parmi celles mentionnées plus haut, auraient pu être choisies à la place des sept. Ces dernières ne correspondaient pas non plus à des divisions géographiques.

    Une explication semble-t-il naturelle provient des études de Ramsay. Les sept citées sont toutes situées sur la grande route circulaire qui relie les provinces d'Asie les plus riches, influentes et populeuses. Si un messager quittait Patmos, il débarquait à Éphèse et prennait la route de Rome jusqu'à Smyrne et Pergame, le long de la route impériale du courrier, qui allait de là jusqu'à Thyatire, Sardes, Philadelphie et Laodicée. Alors il reviendrait à la route centre de l'Asie mineure le long des vallées du Caystre et du Méandre, et atteindrait Éphèse. Mais pourquoi Saint Jean ommettrait-il Hiérapolis, Tralles et Magnésie, qui sont des cités plus importantes que Philadelphie ou Thyatire ? Ramsay suppose que chacune des sept cités étant un point de distribution du courrier, on pouvait se rendre dans toute l'Asie mineure depuis ces points, si le messager laissait une copie des révélations à chaque église en demandant que des copies soient faites pour être transmises à toutes les églises voisines. « C'était les meilleurs endroits du circuits pour sevir de centres de communication avec sept districts : Pergame pour le nord », comprenant Troas et Cyzique ; « Thyatire comme district intérieur au nord-est et à l'est ; Sardes pour la vallée de l'Hermos ; Philadelphie pour la Lydie supérieure et la Phrygies du nord ; Laodicée pour la vallée du Lycus et pour la Phrygie centrale ; Éphèse pour Caystre ainsi que pour la vallée et les côtes inférieures du Méandre ; Smyrne pour la vallée inférieure de l'Hermos et la côte ionienne du nord ». « Semé sur ces sept centres, l'Apocalypse allait se répandre dans leur voisinage, et de là jusqu'au reste de la province ».

    Cette explication ingénieuse n'explique pas tout. En termes pratiques, les sept citées ont certainement été situées d'une manière propice à la propagation du message à travers toute l'Asie proconsulaire. Mais si le but avait été de répandre les révélations aussi loin que possible à toutes les communautés chrétiennes en Asie, pourquoi ne pas avoir envoyé des copies aux cités de Galatie et de Grêce, qui avaient des églises chrétiennes d'importance égale ? Et pourquoi ne pas avoir envoyé des copies aux églises les plus importantes de toutes : Jérusalem, Antioche, et Rome ? Certainement ces chrétiens avaient-ils besoin d'être avertis autant que ceux de l'Asie proconsulaire. L'Apocalypse elle-même, étant inspirée et écrite sur ordre du Christ, dit explicitement que le Seigneur a choisi ces églises et dicté chaque lettre. St. Jean ne prévariquerait-il pas, en disant avoir reçu l'ordre d'écrire aux églises nommées, alors que le Seigneur lui aurait laissé le choix ? Notre-Seigneur évoque des raisons particulières dans chaque lettre qu'il ordonne d'écrire à St. Jean.

    L'explication de Ramsay est donc aventureuse, car Notre-Seigneur aura plutôt choisi les églises les plus propres à recevoir son message aussi bien sur le plan surnaturel que naturel. Ces sept églises et évêques ont probablement été coupables des manquements, fautes et vices énumérés dans les lettres, et ils étaient plus susceptibles d'avouer leurs méfaits si ceux-ci leur étaient reprochés. Durant n'importe quelle persécution, de tels méfaits auraient causé un désastre spirituel. Toute les communautés chrétiennes, toute l'Église profiterait d'un tel avertissement, à toute époque. Les manquements étaient visibles dans les églises énumérées par Saint Jean, et c'est principalement pour cette raison que ces sept églises ont été choisies pour recevoir le message du Christ. En même temps ces églises pourraient avoir été prééminentes en termes de vertus, ce qui est la force et la gloire de toute congrégation et de tout chrétien, le soutenant à l'heure de l'épreuve. Les sept églises ont donc été désignées comme des exemples de fautes très répréhensibles aussi bien que de vertus très recommandables ; et donc à travers elles toutes les congrégations du monde peuvent recevoir un avertissement très nécessaire contre le mal, et un encouragement à pratiquer la vertu sans crainte.2

    LIVRE II

     

    La bataille entre l'Église et le dragon

     

    1. La vision de la femme

     

    Chapitre XII

     

    Versets 1 et 2

     

    Un aspect du suprême conflit entre le Christ et Satan a été dépeint au chapitre XI. Le présent chapitre décrit un autre aspect du même conflit, montrant l'activité de Satan à l'intérieur de l'Église ; le dragon s'est acquis de nombreux partisans. Mais il est expulsé, et l'Église est purifiée de tous les scandales. Cette lutte au sein de l'Église est considérée comme terminée au chapitre XI. 1-2. Chronologiquement, on peut donc dire que les événements du présent chapitre précèdent ceux du chapitre XI. Satan échoue à détruire l'Église de l'intérieur, et cela donne lieu à la bataille contre les deux bêtes au chapitre suivant, où elles tentent, inspirées et poussées par Satan, de détruire l'Église de l'extérieur. Au chapitre XI, le Voyant [Saint Jean] décrit la bataille de l'Église contre ses adversaires à Jérusalem et son apparente défaite. Après cela, il raconte avec éclat la bataille contre Satan au chapitre XII et contre les deux bêtes au chapitre XIII. Probablement parce que le chapitre XIII est une continuation du thème évoqué au chapitre XII, les événements du chapitre XI ont été racontés avant le chapitre XII.

    [Note du traducteur : La vraie raison est que le chapitre XI est une annonce des événements des derniers temps de l'Église ; et les chapitres XII à XVIII évoquent la crise finale plus en détail, en décrivant les deux batailles du dragon : la première qui désigne le règne de la contre-Église à Rome, appelée « Grande Prostituée », et la seconde qui désigne le règne de l'Antéchrist. L'Apocalypse utilise les mêmes mots pour décrire deux événements à la fois, parce que le règne de la Babylone maudite qu'est la fausse Église est une préfiguration du règne de l'Antéchrist ; et les antipapes eux-mêmes sont des précurseurs de l'homme de perdition].

     

    Verset 1

     

    Devant les yeux du Voyant, un grand signe, le premier des « signes » à venir, et le présage de quelque chose de capital qui va survenir dans l'Église. Ce signe est d'origine divine. Les « signes », selon la terminologie prophétique, sont des révélations de mauvaise augure à propos des événements à venir. Aussi, les apôtres demandèrent à Notre-Seigneur quel serait le signe de Sa venue (Matthieu XXIV. 3). Les pharisiens demandèrent « un signe du ciel » comme preuve de la divinité du Christ (Marc VIII. 11 ; Matthieu XVI. 1). Ce terme exprime donc les prodiges opérés par les forces diaboliques (Apocalypse XIII. 13 ; XVI. 14 ; XIX. 20). Dans la Septante, il décrit un phénomène céleste (Genèse I. 14). Le signe qui apparaît est GRAND, parce qu'il indique l'époque du jugement qui proclamera le « Grand Jour » du Dieu Tout-Puissant. Cela annoncera l'approche imminente des événements narrés aux chapitres onze et treize. Apparaissant dans le ciel, ce signe montrera le centre du combat désespéré de Satan et de ses hordes pour la possession du monde. Quand ce signe apparaîtra dans le ciel, l'avènement de l'Antéchrist sera proche. Au chapitre onze une verge, symbole de jugement, fut donnée à St. Jean ; et au chapitre douze cette action symbolique sera pleinement expliquée. L'interprétation de ce « signe » est donc très importante.

    Il y a des interprétations nombreuses et variées, certaines étant impossibles. Parmi ces nombreuses interprétations, il y en a une qui semble parfaitement logique et qui est conforme aux interprétations des anciens Pères. C'est celle du Père Gallois, O.P. ; mais étrangement, elle est passée inaperçue.3 Pour notre part nous l'adoptons, car elle est en pleine adéquation non seulement avec le contexte de ce chapitre mais avec tout le Livre [de l'Apocalypse].

    Le « signe » qui annoncera l'arrivée de terribles jugements pour l'Église et pour le monde est « une femme revêtue du soleil et la lune sous ses pieds, et sur sa tête une couronne de douze étoiles ». C'est la première « femme » à apparaître dans l'Apocalypse. Elle demeure dans la lumière et ses vêtements eux-mêmes sont de lumière, en tant qu'antithèse des forces ténébreuses, dont les intrigues sont obscures. Elle se tient dans une masse de lumière, qui la revêt entièrement, et sur un globe de lumière moins dense. Et sa tête est entourée d'un halo de globes plus petits. Elle ressemble donc au Christ (I. 13-16) et à Dieu (IV. 3) ; pourtant la lumière n'est pas la sienne, et n'émane pas de sa personne, comme elle le fait du Christ et de Dieu ; mais elle lui est donnée comme parure et ornement. Ces globes sont d'origine céleste, témoignages de dons divins. Elle a reçu la lumière comme sa dot, et à cause de cela le prince des ténèbres la persécute. Cette femme contraste avec la femme écarlate du chapitre XVII. 4.

    La femme du chapitre douze n'est pas la Très Sainte Vierge Marie. Les anciens interprètes, à commencer par Hippolyte et Méthode, l'entendaient comme une figure de l'Église. Hippolyte étant un disciple d'Irénée qui s'était associé à Polycarpe (ami et compagnon de St. Jean), cette interprétation devrait avoir une autorité supérieure à celle des Pères plus tardifs qui identifièrent cette femme avec la Vierge Marie. Selon les anciens Pères, la nature humaine de l'Église est ici décrite, tandis qu'aux chapitres quatre et cinq ce sont sa nature et ses prérogatives divines qui furent décrites. Dans l'Apocalypse, le ciel désigne l'Église, par son origine divine, sa constitution, ses dons et ses prérogatives. Au sein de ce ciel, l'Église apparaît maintenant en son caractère humain. La nature humaine de l'Église est revêtue de l'autorité divine, car la prêtrise est dotée de la lumière et du pouvoir du Christ. Les douze étoiles représentent les douze apôtres ; ou elles peuvent être le nombre mystique de Dieu, symbolisant les nations chrétiennes, qui opposées aux dix cornes couronnées de la bête, seront la gloire de l'Église à l'approche des jours de l'Antéchrist. Si ces étoiles représentent les douze apôtres, elles font allusion à Daniel déclarant que ceux qui enseignent à beaucoup les voies de la justice brilleront comme les étoiles (XII. 3). Elles symboliseraient donc bien l'exposition et l'illustration de la vérité divine par les apôtres, éclairant l'esprit de l'Église. La lune sous ses pieds [de la femme] a été entendue comme un symbole du caractère immuable de l'Église. Bien qu'étant constituée de frêles êtres humains, elle ne varie pas comme eux ou comme les phénomènes de la nature. La lune sous ses pieds représente bien son pouvoir d'édicter des lois disciplinaires s'accommodant aux changements de conditions dans la société humaine ; et ce pouvoir et droit est également d'origine divine.

     

     

    Verset 2

     

    Le « signe » apparaissant dans le ciel est une femme enceinte, criant dans le travail et les douleurs de l'enfantement. Cela a souvent été considéré comme le symbole du constant travail de l'Église en vue d'enfanter les fidèles du Christ, l'Église enseignante souffrant toujours de la malédiction du péché. Le reproche lié aux péchés de ses membres a toujours été imputé aux prêtres, qui subissent donc la malédiction prononcée sur Ève. En sauvant les âmes, l'Église souffre l'agonie, ou travaille à les enfanter spirituellement. Hyppolite et Méthode donnent une telle interprétation à cet aspect de la vision. Cependant, le texte demande une application plus spécifique à un événement futur indiqué par la prophétie, durant lequel l'Église souffre les plus grands tourments, à travers la plus grande crise de toute sa vie. Dans ce travail, elle donne naissance à une « personne » déterminée qui doit RÉGNER avec une verge de fer (verset 5). Cela indique donc un conflit engagé au sein de l'Église, afin de pouvoir élire quelqu'un qui doit « gouverner toutes les nations », comme il est clairement écrit. Conformément au texte il s'agit de toute évidence d'une ÉLECTION PONTIFICALE, car seuls le Christ et Son Vicaire ont un droit divin à gouverner TOUTES LES NATIONS. De surcroît, l'Église ne travaille pas dans la douleur à CHAQUE élection pontificale, celle-ci pouvant se produire sans trouble ni danger. Mais à cette époque-là, les grandes puissances pourront adopter une attitude menaçante afin d'empêcher l'élection du candidat logiquement attendu, par la menace d'une apostasie générale, de l'assassinat ou de l'emprisonnement si ce candidat est élu. Cela semble supposer un esprit extrêmement hostile de la part des gouvernements d'Europe à l'encontre de l'Église, et cela causerait une angoisse intense à l'Église, car un long interrègne dans la papauté est toujours désastreux, d'autant plus dans une période de persécution universelle. Si Satan tentait d'empêcher une élection pontificale, l'Église souffrirait d'un intense travail.

    Certains commentateurs voient dans ce travail celui de l'ancienne Synagogue donnant naissance au Christ. Une telle explication est impossible, car l'événement doit se produire dans le futur (cf. IV. 1). Méthode affirme à juste titre que la naissance du Christ est un événement du passé, tandis que St. Jean écrit dans l'Apocalypse des choses présentes et futures (Banquet des dix vierges – discours VIII. chap. vii). Mais l'explication que Méthode donne, à savoir que l'Église enfante des fils à Dieu par le baptême à toute époque, n'est pas conforme au texte, en ce sens que ces fils ne sont pas tous destinés à GOUVERNER les nations avec une verge de fer. Selon lui « les âmes éclairées reçoivent les traits, l'image et la virilité du Christ... et l'Église travaille dans l'enfantement jusqu'à ce que le Christ soit formé en nous, de telle sorte que chaque saint est un Christ enfanté par participation au Christ » (Dis. VIII. chap. viii). Si cela est vrai des chrétiens ordinaires (dans une certaine mesure), c'est d'autant plus vrai du Vicaire du Christ, qui a l'esprit du Christ, et enseigne et gouverne toutes les nations en Son nom. [NDE : L'enfant mâle désigne donc le Pape, et ici un pape spécifique, destiné par Dieu à régner durant une crise inouïe et à excommunier les partisans du dragon].

    2. La vision du dragon

     

     

    Verset 3

     

    Un second « signe » apparaît dans le ciel, ayant une relation hostile avec le premier. C'est un dragon rouge, horrible contraste avec la première figure de la beauté divine. Le dragon a sept têtes et dix cornes. C'est ce dragon rouge qui entraîne l'Église dans une grande détresse en ce temps-là. Le rouge est la couleur de la colère et du sang. Les commentateurs ont communément considéré que cela symbolisait le sang des martyrs, dont le dragon est teint, parce qu'il a engagé les persécutions qui ont répandu le sang des chrétiens, pour satisfaire sa colère contre Dieu et contre l'Église. Mais il peut y avoir une autre signification. Dans l'histoire ecclésiastique, il n'y eut nul ennemi de Dieu et de l'homme pire que le communisme, et étrangement le ROUGE est sa couleur emblématique. À cette époque-là, le communisme pourrait avoir gagné le contrôle des gouvernements d'Europe. Il créerait alors des difficultés quasi insurmontables contre la convocation d'un conclave et l'élection d'un pape.

    Burtain dit que l'expression grecque « est un objet infinitif gouverné par l'idée de désir impliqué dans la particule précédente » (parag. 389). Satan sait à quel point un long interrègne dans la papauté favoriserait son succès dans la reconquête de son ancien pouvoir sur le monde (cf. 2 Thess II. 7).

    Le dragon porte un diadème sur chacune de ses sept têtes, tandis que la femme ne porte qu'une couronne. Le diadème est l'emblème de la souveraineté ; et le diadème de l'excellence ou de la régence subordonnée (il est placé sur la tête par l'autorité suprême). Le dragon apparaît comme un « signe », de même que la femme. Dans son apparence extérieure, il n'est donc pas Satan, mais un symbole de Satan dans son activité politique, de même que la femme est le symbole de l'Église dans sa nature humaine. De même que l'Église est le Corps Mystique du Christ, les puissances diaboliques de ce monde constituent le corps de Satan4, dont il est l'âme. En tant que dragon, Satan pénétrera dans l'Église grâce à ces puissances diaboliques, interférant avec sa liberté, et peut-être par de secrètes suggestions, ayant depuis longtemps décidé du choix des candidats à l'épiscopat, il entreprendrait ensuite, par la menace, de troubler l'élection du candidat le plus digne de la papauté. Les sept têtes peuvent être sept puissances existantes et ayant emprise sur le monde à cette époque. Elles seraient alors les mêmes têtes que celles de la bête, mais deviendraient les dix cornes de son empire. La bête, au chapitre suivant, ne porte par des diadèmes sur ses sept têtes, ce qui indique que ces sept têtes, dont elle fait partie, servent quelqu'un d'autre qu'elle. Toutefois, ses dix cornes portent des diadèmes ; car ces cornes représentent dix rois qu'il nommera pour gouverner son empire sous son autorité. Il régnera donc sur le monde par l'intermédiaire de dix rois, comme Satan dirige le monde par l'intermédiaire de sept têtes ou sept empires.

    Les sept têtes suggèrent les sept péchés capitaux, desquels tous les autres péchés et vices découlent et que Satan utilise pour contrarier l'oeuvre du salut des âmes. Les dix cornes symbolisent les principales entités ennemies du royaume du Christ ici-bas, à savoir le judaïsme, le paganisme, l'hérésie, le schisme, le mahométisme, le rationalisme, l'agnosticisme, l'indifférentisme et le communisme. Satan dans ce chapitre et la bête au chapitre suivant ont les mêmes emblèmes, sept têtes et dix cornes, parce que la bête incarnera toutes les caractéristiques du dragon et exercera son pouvoir au service de Satan.

     

    Verset 4

     

    La queue du dragon précipite avec elle un tiers des étoiles du ciel, et les jette sur la terre. C'est un tiers du clergé [NDE : plus en réalité ; le tiers concerne uniquement les anges déchus]. Lors de la crise arienne (VI. 13), il y eut une grande apostasie des prêtres et des évêques ; les étoiles tombèrent du ciel en grand nombre. Lors du schisme grec, une grande étoile, le patriarche, tomba du ciel (VIII. 10); et une autre étoile tomba du ciel, qui conduisit à l'apostasie protestante (IX. 1). Avant l'apparition de l'Antéchrist, « un tiers » des étoiles devrait suivre le dragon. C'est une apostasie forcée, indiquée par le mot grec, qui signifie « traîner par la force ». La phrase suivante, « et les fit tomber sur la terre », l'exprime avec plus de précision encore. À travers les puissances diaboliques de ce monde, Satan exercera probablement sa tyrannie sur l'Église, plaçant le clergé devant l'alternative de la soumission au gouvernement ou du martyre par la mort ou l'emprisonnement, et imposera des mœurs anti-chrétiennes, de fausses doctrines, la compromission avec l'erreur, ou l'obéissance aux chefs civils en violation de la conscience de chacun. St. Jean avait évidemment à l'esprit les puissances antiques, qui persécutaient le peuple de Dieu. Le texte suggère que le clergé apostat, après sa défection, servira à la persécution de l'Église. Le verset 9 indique clairement que ceux qui refuseront le martyre se rendront à Satan. Le dragon leur fera accomplir sa volonté.

    Selon Bède le Vénérable, « Tyconius more suo tertiam partem stellarum quae cecidit falsos fratres interpretatur ». Bien que Tyconius fût donatiste, son interprétation de l'Apocalypse était très populaire. Origène exprime lui aussi cette opinion (Lom. iv. p. 306) « qui ... peccatum .. sequitur, trahitur a cauda draconis vadens post eum ». Ils suivirent probablement Méthode, qui dit de ces étoiles : « Et les étoiles que le dragon emporta avec sa queue, et qu'il fit tomber sur la terre, sont les hérétiques ; car vous devons dire que les étoiles, qui sont noires, obscures, et qui tombent, sont les assemblées des hétérodoxes ».

    Le verset semble faire allusion à Isaïe (IX. 15-16). La queue est un symbole de mensonge et d'hypocrisie. À travers de fausses doctrines et de faux principes, Satan trompera le clergé, qui aura l'esprit mondain, orgueilleux, hypocrite, avare et flagorneur. Cela semble prédire une longue période de paix, de croissance et de prospérité temporelle pour l'Église ; de sorte que beaucoup deviendront prêtres pour de mauvais motifs. Ils verront l'Église comme un moyen de satisfaire leur ambition et leur avarice, et penseront plus facile d'obtenir une position honorable dans l'Église plutôt que dans le monde. Dans les pays catholiques, les parents pressent souvent leurs enfants d'intégrer la prêtrise indignement, en raison de l'honneur qui lui est attaché, souvent par orgueil ou pour d'autres raisons indignes. De tels candidats n'ont pas l'esprit de sacrifice et de mortification du sacerdoce, et quand la persécution les « criblera comme le froment », ils seront comme du mauvais grain. Par leurs idées laxistes, ils infecteront le laïcat. Ils accueilleront volontiers une accommodation ou un changement de doctrine qui cautionnerait les vies tièdes qu'ils souhaiteront mener. Alors Satan fera une riche récolte. La signification symbolique de la queue du dragon semble révéler que le clergé mûr pour l'apostasie possédera les positions influentes dans l'Église, ayant gagné la préférence par l'hypocrisie, la tromperie et la flatterie.

    Dans le langage scripturaire, le clergé est figuré par des étoiles. Daniel dit « ceux qui auront été intelligents brilleront comme la splendeur du firmament et ceux qui en auront conduit beaucoup à la justice seront comme les étoiles, éternellement et toujours » (XII. 3). Et d'Antiochus, il dit : « elle [la corne] grandit jusqu'à l'armée des cieux ; elle fit tomber à terre une partie de cette armée et des étoiles, et les foula aux pieds » (VIII. 10). Cela ne signifie pas le martyre des Juifs pieux, mais plutôt l'apostasie forcée de nombreux Juifs ; car il dit encore : « Par des flatteries, il gagnera à l'idolâtrie les violateurs de l'alliance ; mais le peuple de ceux qui connaissent leur Dieu tiendra ferme et agira » (XI. 32), signifiant l'apostasie des hypocrites. Notre-Seigneur dit aux fidèles : « Alors les justes resplendiront comme le soleil » (Matthieu XIII. 43).

    Dans la Genèse les patriarches, chefs des douze tribus d'Israël, sont également appelés des étoiles. Et les paroles de Daniel (VIII. 10) ne peuvent être restreintes aux prêtres de la persécution d'Antiochus, mais embrassent tous les martyrs. Si le peuple élu de l'Ancien Testament est figuré par des étoiles, c'est d'autant plus le cas des vrais croyants de l'Église de Jésus-Christ. La grande apostasie inclura donc probablement les laïcs aussi bien que le clergé. L'apostasie des laïcs est un constant processus d'élimination des tièdes et des indifférents dans les pays protestantisés ou acatholiques. Mais dans les pays catholiques, ces non-pratiquants ne sont pas expulsés de l'Église. Les voluptueux, les buveurs, les fornicateurs, les orgueilleux, les avares, les tièdes, les indifférents, et tous ceux qui ne sont pas prêts à souffrir tout ce que le monde peut leur infliger seront certainement conduits à l'apostasie par le pouvoir du dragon. Cela pourrait être la « révolte » dont parle St. Paul, cette apostasie complète, comme il en est aujourd'hui avec la persécution des chrétiens par les gouvernements communistes.

    Les prophètes condamnant les œuvres des prêtres et des faux voyants avant la captivité babylonienne évoquent les principaux maux susceptibles de causer une apostasie étendue dans l'Église, si ces maux gagnent du terrain. Chez le prophète Malachie (I. 7, 8, 12), on voit des prêtres et des fidèles offrir à Dieu des biens qui sont méprisables en eux-mêmes. Ce sont des prêtres qui ont négligé de prêcher la vérité (II. 7, 9) ou d'avertir le pécheur par le bon example (II. 9) ; au lieu de cela ils ont cherché la popularité, étant laxistes et esclaves du respect humain. Il y a désastre spirituel si les prêtres et le peuple vivent dans le péché aux yeux de tous, tout en se considérant innocents au point d'être indifférents lorsque l'Église dénonce leur malice ; ils méconnaissent le vrai sens des châtiments divins (II. 17). S'il y a des hypocrites parmi les prêtres, quand l'Antéchrist appraîtra ils apostasieront comme aux jours d'Antiochus (Daniel XI. 32). Ils apostasieront, tous ceux qui sont « sans foi », c'est-à-dire infidèles, injustes, indignes de confiance, profanant les choses sacrées (Sophonie III. 4). Ils suivront eux aussi le dragon, ces prêtres qui complaisent aux désirs du peuple qui veut entendre des « choses plaisantes » (Isaïe XXX. 10). Et ils tomberont, ceux qui craignent pour leurs intérêts et qui ne s'élèvent pas contre les méfaits dans l'Église (Amos. V. 13). De même ceux qui travaillent avec zèle, prêchent bien et administrent les sacrements, mais pour l'argent et la popularité ; ceux également qui remplissent leur devoir avec exactitude sur le plan extérieur, mais qui n'ont ni cœur ni charité dans leurs œuvres (Isaïe I. 11-15 ; LVI. 2-3). Ezéchiel donne comme raison principale à l'expulsion de l'Église la négligence dans l'accomplissement de son devoir, à cause de l'indifférence ou de la peur (III. 18-21). La tromperie, la prétention ou l'impureté seront éradiquées de l'Église (Jérémie XXIII. 11-17).

    Si des évêques pratiquent le favoritisme (Malachie II. 9), aiment les présents et les prennent (Amos V. 12), abhorrent ceux qui osent dire la vérité (V. 10), qualifient de « grands » les prêtres flatteurs et trompeurs (Isaïe XXXII. 5), ou calomnient les autres par esprit de gain ou de vengeance (XXXII. 7), alors ils sont les partisans du dragon. Si des évêques donnent des jugements, des faveurs ou des honneurs en échange de présents, de flatteries ou d'amitiés (Michée III. 11), détestent la candeur, et pervertissent le bien et la vérité (III. 9), ils corrompent les prêtres en récompensant la flagornerie et en punissant la sincérité ; ceux-là apostasieront (Jérémie XXIII. 2). Cela est exprimé plus clairement encore chez Ezéchiel (XXXIV. 2-6) : « Malheur aux pasteurs d'Israël, qui n'ont fait que se paître eux-mêmes ! Vous avez dominé sur elles [les brebis] avec violence et cruauté. » Si des évêques approuvent sans cesse de faux principes, si des prêtres les louent parce qu'ils sont dans leurs bonnes grâces, et si le peuple aime le laxisme, alors ils apostasieront tous (Jérémie V. 31).

    Les péchés et vices énumérés ci-dessus étaient ceux mentionnés par les prophètes comme causes de la venue des jugements de Dieu dans l'Ancien Testament (Jérémie XXV. 29). Mais Dieu ne permettrait probablement pas que nombre de ces maux règnent très largement dans l'Église.5 Cela semble être la promesse faite au prophète Jérémie (XXIII. 4). Pourtant cette promesse ne semble pas pouvoir être remplie avant la mort de l'Antéchrist. Durant la crise arienne et le schisme grec, et dans la période qui précéda la venue du protestantisme, nombre de maux parmi ceux évoqués plus haut existaient au sein du clergé. Ils pourraient donc bien se propager de nouveau dans certaines nations où l'Église n'a pas été purifiée, et se propager à d'autres nations. Et là où ils existent au moment où le jugement commencera, ils causeront certainement une grande apostasie. Sous le règne de Son Église, le Seigneur est plus exigeant qu'Il ne l'était sous le règne de la Synagogue, et donc les principales causes de l'apostasie du clergé semblent être révélées aux chapitres II et III, spécialement en III. 1-6, qui montre l'état de péché mortel de l'évêque, et en III. 15-22, qui révèle un état de tiédeur, de perte de zèle, ainsi que de perte de charité, d'esprit de pénitence et de sacrifice. La démocratie apostolique fondée par Notre-Seigneur semble avoir été remplacée par une monarchie absolue, au sein de laquelle l'épiscopat gouverne avec un despotisme oriental.6 Les prêtres seront probablement réduits à un état de servitude et de flagornerie. Le gouvernement par la raison, la justice et l'amour sera supplanté par la volonté absolue des évêques, dont chaque acte et chaque mot devront êtres acceptés sans mot dire, sans recours aux faits, à la vérité et à la justice. La conscience perdra son droit à guider les actions des prêtres, et sera ignorée ou condamnée. La diplomatie, l'opportunisme et d'autres tromperies seront présentées comme les plus grandes vertus. Et l'honnêteté et la simplicité, la droiture et la sincérité incarnées par Notre-Seigneur et Ses apôtres seront mal vues. L'hypocrisie et le faux-semblant deviendront le chemin le plus sûr de l'avancement. Il n'y a rien qui puisse décourager l'Église si largement et si rapidement que la certitude que le travail fidèle compte peu, et qu'une diplomatie étudiée est plus payante auprès des membres de l'épiscopat.

    Un éminent cardinal pourra se révéler très habile dans ses efforts contre le découragement des prêtres et des évêques. Satan le saura, et les puissances mondiales sauront elles aussi, qu'il sera le plus susceptible d'être élu pape, et que s'il venait à être élu, il convoquerait un concile général et exercerait sa juridiction suprême afin d'inaugurer des mesures de réforme. Satan espère faire une riche moisson des âmes, mais il sait que ses efforts seront réduits à néant. Donc il doit empêcher l'élection ou obtenir l'assassinat du pape une fois qu'il sera élu. Le jugement doit commencer « dans la maison de Dieu » (1 Pierre IV. 17). Le dragon cherchera partout à soumettre l'Église à l'État. Cette persécution est donc une soumission politique, et un tiers des prêtres et des évêques seront mûrs pour l'apostasie.7 L'intention de Satan est de soumettre le pape nouvellement élu aux intentions des puissances mondiales, ou de conspirer sa mort. Il pourra s'assurer que les cardinaux procèdent à l'élection en paix, pour mieux faire prisonnier le pape élu. Le dragon voudra intimider le nouveau pape en le poussant à la non-interférence, en le poussant à laisser les affaires du monde suivre leur cours. De cette manière, il « dévorerait l'enfant », absorberait la papauté et dirigerait seul le monde.8

    3. Délivrance de la femme. Sa fuite.

    Versets 5, 6

     

    Verset 5

     

    Elle mit au monde un enfant mâle, destiné à régir les nations avec une verge de fer. Le pape élu est viril et sans crainte. Il est destiné par la providence à contrecarrer les plans du dragon. Le texte de la Vulgate est au futur. C'est la manière la plus simple d'exprimer en latin la force du grec, avec l'infinitif. L'enfant « devait régner », ou était sur le point de régner avec « une verge de fer ». Celui que Dieu aura destiné à la papauté à cette époque inaugurera les réformes nécessaires. Un concile général décrétera les réformes, mais le Pape devra les faire appliquer. Ces décrets seront les « sept tonnerres » du chapitre dix. Le Pape ne peut pas être intimidé par les laquais du dragon, ni trompé par la flatterie et le sophisme. Sa vision est claire, et son caractère à l'image du Christ. Il va droit à son but. Le clergé laxiste de cette époque vantera la morale relâchée d'alors, et ne voudra pas de la pureté apostolique et de la vertueuse sévérité de l'Église ; il s'opposera aux décrets du pape avec un fanatisme délibéré [NDE : ce fut le cas avec Humanae Vitae et ce le sera encore lors du retour du Pape, avec ses réformes et décrets].

    L'expression « afin de dévorer son enfant » ne signifie pas nécessairement l'assassinat. Le dragon est une forme symbolique des puissances diaboliques, qui n'apprécieront pas l'existence d'un empire spirituel parmi eux et indépendant d'eux dans ses fonctions essentielles ; elles tenteront de soumettre cet empire à leur volonté et à leur service. Elles tenteront de faire de l'Église une « Église d'État » partout. Ce sera possible seulement si elles peuvent soumettre le pape à leurs volontés et le forcer à enseigner et à gouverner comme elles le désirent. Cela les conduirait littéralement à dévorer la papauté. Étant donné qu'elles y échouent, elles obtiennent l'assassinat du pape et il est « rendu à Dieu et à Son trône », de même que le Christ par Sa mort a été « retranché de la terre des vivants » (Isaïe LIII. 8).9

    [NDE : Plus loin le Père Kramer évoque une hypothèse autre que celle de l'assassinat, notamment aux chapitres XIV et XVIII de l'Apocalypse].

    Les paroles du Psaume II. 9 : « tu les briseras avec un sceptre de ver » sont dites du Christ. Mais dans notre texte, elles sont dites de Son Vicaire. La « verge de fer » est un symbole scripturaire de châtiment divin ou d'application de la loi, en vue de la séparation des bons et des méchants. Ici, il s'agit d'une allusion au chapitre XI. 1, où le « sanctuaire de Dieu » est mesuré avec « un roseau semblable à une verge ». Cet événement est donc montré sous un aspect différent dans chacun des trois chapitres. L'Église sera purifiée. Les bons accepteront l'application des lois divines ; mais les méchants se rebelleront et apostasieront.

    Cet « enfant » n'est pas le Christ à Son premier avènement, car il devait régner avec une « verge de fer », et quand il est sur le point de le faire il est retiré du monde. Ce ne fut pas vrai du Christ. Selon Ses propres paroles, Il n'est pas venu pour juger mais pour sauver. Les derniers mots du verset, il est vrai, font allusion à ce qu'Isaïe (LIII. 8) a dit du Christ. Il parle de la mort du Christ, qui le retira au pouvoir de Ses ennemis. Après sa glorieuse résurrection, Satan et toutes les puissances de l'enfer restèrent hors de Son chemin. Il ne fut pas tué à Sa naissance, et ne monta pas non plus au Ciel immédiatement après Sa mort, comme l'indique ici le texte à propos de « l'enfant ». Et Il ne s'éleva pas jusqu'au trône de son père afin d'échapper au dragon. Là encore, comme l'écrit Méthode : « Jean parle de choses présentes et à venir. Or, le Christ, depuis longtemps conçu, n'a pas été enlevé jusqu'au trône de Dieu quand Il est né, de peur que le serpent le blesse » (Banquet des 10 vierges ; discours VIII, chapitre vii). Mais cet « enfant » aura à peine le temps de purifier l'Église, avant d'être persécuté, emprisonné et martyrisé. Il n'est donc surement pas le Christ.10

    Les paroles « et auprès de son trône » se réfèrent au chapitre XX. 4 et 6 : « et ils règneront avec le Christ pendant mille ans ». Ce pape recevra le pouvoir de gouverner la destinée de l'Église immédiatement depuis le Ciel. Il accomplit la volonté de Dieu et perd sa vie à cause de cela ; et immédiatement, pour partie de sa récompense, il reçoit au Ciel le patronage de l'Église sur terre.

    [NDE : La figure de l'Ascension décrit en réalité l'exil et la réapparition de Paul VI, car le trône de Dieu fait allusion à l'Église hiérarchique comme le reconnaissait le Père Kramer, et donc l'enfant rendu au trône de Dieu symbolise le pape rendu à la papauté, à l'Église].

     

    Verset 6

     

    Les versets 4, 5 and 6 évoquent plus en détail ce qui est dit aux versets 7 à 15. Le verset 5 évoque l'assassinat du pape et les versets 7 à 14 en expliquent la raison. Le verset 6 parle de l'exil de la femme et du lieu de son exile. Le pape est assassiné mais les cardinaux sont sauvés.11 L'exil de la femme rappelle les paroles d'Isaïe (XXVI. 20) : « Va, mon peuple[...],cache-toi pour quelques instants ; jusqu'à ce que la colère ait passé. »

    Le sens du mot « désert » se trouve probablement chez les prophètes. Isaïe dit : « la steppe sera dans l'allégresse, et fleurira comme le narcisse » (XXXV. 1). Le prophète, par ces figures poétiques, donne aux Gentils le nom de désert, car ils sont privés des bienfaits de Dieu et sont un désert spirituel. Osée appelle la captivité parmi les païens de Babylone une demeure dans le désert : « voici que moi je l'attirerai, et la conduirai au désert, et je lui parlerai au cœur » (II. 16). Ezéchiel parle de la Captivité dans le même langage figuratif : « Et je vous mènerai au désert des peuples, et là j'entrerai en jugement avec vous face à face » (XX. 35). La Synagogue a donc été conduite au désert et a été purgée de ses inclinations à l'idolâtrie. Il semble donc assez logique d'interpréter le « désert » comme un pays non-catholique, plutôt que comme un désert à proprement parler ; mais ce serait une nation païenne plutôt qu'apostate.12 La providence préparera un lieu de refuge dans ce pays, afin de protéger l'Église durant le règne de l'Antéchrist.13 Le verset 14 corrobore cette conclusion. Le Grand Aigle protège ses citoyens ; et bien qu'étant une nation païenne, cette nation recevra et protégera l'Église. Elle sera suffisamment puissante et suffisamment indépendante pour maintenir sa liberté contre l'Antéchrist. Après avoir protégé l'Église durant la Grande Crise, elle recevra la grâce de la conversion. Les 1260 jours coïncident avec la même période durant laquelle les deux témoins sont actifs à Jérusalem (XI. 3) et également durant le « un temps, des temps et à la moitié d'un temps » du verset quatorze.

     

     

    4. La bataille dans le ciel

     

     

    Versets 7-12

     

    La narration des événements de la première partie du verset 4 commence maintenant dans tous ses détails. Le pape nouvellement élu, aidé par St. Michel et les cardinaux, ainsi que par les loyaux prêtres et évêques, mène le combat contre le dragon avec l'assurance d'une prompte victoire. Satan croit triompher au vu du grand nombre de suppôts qu'il s'est acquis dans l'Église, et au vu de l'assistance des puissances diaboliques de ce monde. Mais il va subir une défaite cuisante. Les évêques, les prêtres et les religieux vont partout obéir au pape et au concile, et accepter de bon cœur les décrets de réforme et de discipline.14 La bataille est intense et de courte durée [NDE : Elle sera en réalité beaucoup plus longue que ce que le Père Kramer croyait]. Le mauvais clergé emploiera toutes les rues pour se maintenir en position dans l'Église, sans faire pénitence et sans renoncer à son mode de vie païen, et poursuivra sa vie hypocrite, négligée, et sa compromission avec les doctrines du dragon. Par ces doctrines, Satan peut conduire le plus grand nombre d'âmes possible à la perdition, et donc il doit conserver ce mauvais clergé dans les paroisses et les diocèses les plus importants de l'Église.

    Cette bataille à laquelle Michel participe fut annoncée par le vœu de l'ange au chapitre X. 5. Cet ange est probablement St. Michel. Le jugement ne pourra être prorogé plus longtemps. Il a commencé dans la maison de Dieu. Et Michel s'assurera une victoire décisive. C'est en relation avec la mesure du sanctuaire, au chapitre XI. 1-2.

    La bataille de Michel et de ses anges avec Satan et ses hordes a été entendue par beaucoup comme l'apostasie des anges déchus et une bataille subséquente dans le ciel. Mais St. Pierre dit qu'ils furent « précipités dans l'enfer » (2 Pierre II. 4), et non pas sur la terre. Certains commentateurs peuvent imaginer que les esprits mauvais sont retournés dans le ciel et y ont attaqué les anges et les saints. H. B. Swete dit : « Comme l'Incarnation appelait une contre-manifestation du pouvoir diabolique sur terre, après l'Ascension l'attaque est supposée être menée dans le ciel » (p 153). Il dit plus loin : « encore moins peut-on accepter le commentaire de nombreux commentateurs latins, par exemple Bede : 'coelum ecclesiam significat'15, position qui jette une confusion sans espoir dans la symbolique du texte. » Le fait est que c'est l'interprétation de H. B. Swete qui est d'une confusion sans espoir, comme celle de nombreux interprètes. Celle de St. Bède ne créé aucune confusion, et elle est la seule qui rende possible une interprétation logique de l'Apocalypse. Si le « ciel » désigne l'Église militante dans l'Apocalypse, la bataille des esprits mauvais dans le ciel peut être facilement et logiquement expliquée. Les anges qui combattent sous l'autorité de Michel sont les prêtres et évêques fidèles à l'Église, tandis que les anges du dragon sont les prêtres et évêques qui vivent dans le péché. Peut-être que les deux témoins apparaîtront à cette époque-là avant l'entrée en scène de l'Antéchrist, et qu'ils prendront part à la bataille pour expulser le mauvais clergé de l'Église. La mission d'Élie sera, comme le déclara Notre-Seigneur, de « restaurer toutes choses ». Par dessus-tout, ils devront restaurer dans l'Église l'esprit apostolique de zèle et de pénitence, de simplicité et de droiture. Obéissant à leurs admonitions, les loyaux évêques appliqueront tous les décrets d'un concile général ou du pape martyr.

     

    Verset 8

     

    Les méchants, qui ne voudront pas faire pénitence, exposer leur vie au danger, perdre la faveur des puissances mondiales, ou encore abandonner une vie de mondanité et de luxe, quitteront l'Église. Au verset 4, le dragon les « précipite sur la terre », c'est-à-dire les séduit jusqu'à les conduire au péché mortel. Dans les premiers temps de l'Église, ceux qui convoitaient les sièges épiscopaux lucratifs devinrent Ariens, soumis à l'empereur. Les puissances mondiales demanderont l'abandon des droits de l'Église et la soumission aux gouvernements. Les évêques vénaux, en se compromettant, iront si loin qu'ils ne pourront plus être tolérés dans l'Église. Jérémie (XXVI. 2) rapporte que le culte extérieur n'était pas négligé mais mélangé à de l'idolâtrie (Voyez Ezéchiel VIII).


    Verset 9

     

    St. Jean, rempli d'allégresse, annonce la bonne nouvelle de l'expulsion du dragon et de tous ses partisans en dehors de l'Église [NDE : Il s'agit là d'une excommunication]. Il nomme le vieil ennemi de Dieu et de Son peuple dans toutes ses activités néfastes. En tant que dragon, il est le chef de toutes les puissances étrangères à Dieu ou hostiles à Lui, qui ont existé ou existeront, incluant le royaume de l'Antéchrist. Ces empires seront SEPT quand la dernière aura été établie. Elles installent toutes le culte de l'empereur et la suprématie dynastique ou suprématie d'état, dans les affaires spirituelles. Elles servent toutes l'usurpateur des droits de Dieu, le dragon. En tant qu' « ancien serpent », il est le premier séducteur de l'homme. Il fait tous ses efforts et emploie toutes les ressources possibles pour séduire ce monde qui au lieu de servir Dieu, le servira et le vénérera lui [le dragon, à travers la personne de l'Antéchrist]. Il réussira avec le clergé déloyal, mais pas avec ceux qui aiment Dieu sincèrement. Il est le « diable » parce qu'il est l'auteur et le propagateur de tous les maux du monde ; il est le père du mensonge, de l'hypocrisie, du bluff, de la flatterie ; par son envie le péché est entré dans ce monde qui appartenait à Dieu. « Satan » est l'adversaire de Dieu et de l'homme, n'ayant rien d'autre en vue que la ruine de toutes les belles œuvres de Dieu et du bonheur de l'homme ; il cherche donc à renverser le royaume établi par le Roi des rois et à établir son propre royaume du mal à sa place.

    Par l'expulsion des prêtres et évêques laxistes en dehors de l'Église, Satan est rejeté ; car par leur condescendance envers le péché et la tiédeur, la spiritualité et la vertu des jeunes prêtres sont compromises, et le mal est encouragé parmi les croyants. Satan peut faire plus de mal à l'Église indirectement, en employant les prêtres et les évêques, qu'en usant de son propre pouvoir. Les prêtres tièdes et indolents condamnent l'activité évangélique, et empêchent les prêtres zélés de sauver les âmes. S'ils travaillent, ils le font pour des raisons égoïstes. Comment les tièdes peuvent-ils incarner la piété ? Comment les avares peuvent-ils conduire au renoncement ? Comment les impures peuvent-ils conduire les jeunes [et moins jeunes !] à la pureté ? Comment les pécheurs peuvent-ils aimer Dieu ? Comment les indolents et ceux qui aiment leurs aises peuvent-ils élever leur esprit par une étude sérieuse ? Comment les hypocrites, les médisants, les malhonnêtes, ou ceux d'esprit diplomatique ou vengeur, peuvent-ils incarner les enseignements de Notre-Seigneur ? Quand ceux-là ne seront plus dans l'Église, une vie et une vigueur renouvelées naîtront dans l'Église, s'épancheront et fleuriront ?

    [ PASSAGE IMPORTANT ]

    La bataille de Michel et des prêtres et évêques fidèles contre les attaques du dragon rappelle la scène de Zacharie (III. 1-5), où Satan tente d'empêcher la restauration que le Pontife Jésus, grand prêtre, doit achever après la captivité de Babylone. Les prêtres, trompés par Satan, avaient manqué de courage [failli à leur mission] en mélangeant l'idolâtrie avec le vrai culte, et avaient donc privé le peuple de force, et de la source de la vie spirituelle. Alors devant Dieu, Satan essaya d'accuser le grand prêtre de n'être pas capable d'apporter le salut au peuple, d'être impropre à cette charge, parce qu'il portait des vêtements sales. L'ange lui dit : « n'est-ce pas un tison retiré du feu ? », c'est-à-dire : n'a-t-il pas souffert durant sa captivité ? Il est pur de toute veulerie. Il est revêtu de vêtements propres, symbolisant la purification de tous les péchés, et est investi de la grâce, qui est une armure impénétrable contre tout reproche. De la même manière, après l'expulsion du mauvais clergé de l'Église, il n'y aura plus matière à reproche contre la prêtrise. Et quand le clergé sera au sommet de la vertu demandée par le Christ, l'Église pourra contrer tout assaut » (p. 290-291).

    [NDE : Le Pape Paul VI sortant d'exil pour restaurer la théocratie juive est comparé au Pontife Jésus sortant de la captivité babylonienne pour restaurer la théocratie pontificale].

    [ PASSAGE IMPORTANT ]

     

    Verset 10

     

    Les versets 10 à 12 portent les annonces des versets 8 et 9 à leur apogée, la même pensée étant répétée avec plus d'allégresse. Le Voyant entend une voix dans le ciel, une grande voix. Cela peut être la voix d'un saint éminent, d'un cardinal ou du pape. Elle proclame l'arrivée du salut prédit par les anciens prophètes, en des termes lumineux et à travers de brillantes images. Un tiers de l'Église a été infidèle, le reste va apporter le salut au monde entier.

    Le pouvoir latent du Christ Eucharistique s'est manifesté par le zèle qu'il a inspiré dans le renoncement aux mondes et à ses attraits. Il a armé et motivé l'Église face au dragon, afin de le combattre et de l'expulser. À l'époque du paganisme romain, un seul empire au service de Satan combattait l'Église. Désormais le pouvoir du dragon est beaucoup plus étendu et irrésistible, dans toutes les organisations non-chrétiennes qui envahissent le monde et dans tous les gouvernements et empires non-chrétiens qui sont ligués contre l'Église. Mais l'Église a fait face au dragon sans crainte, et elle a rejeté ses partisans. Sa force l'a emporté contre la force du dragon. Maintenant cette force prévaudra.

    La souveraineté qui appartient à Dieu, notre Créateur et Rédempteur, doit être réassumée, parce que c'est la seule voie permettant la purification de tous les maux de l'Église. L'article définitif est employé, pour indiquer les résultats certains et prévisibles qui nous ont été promis par les prophètes bien avant la venue du Christ. Jusqu'alors ces prophéties n'auront été que partiellement accomplies, à cause de l'indifférence du peuple et du clergé. Mais ceux qui ont frustré la réalisation de ces prophéties sont en dehors [de l'Église] et ne peuvent plus freiner l'accomplissement des plans de Dieu.

    Inséparable de la souveraineté de Dieu est le pouvoir et l'autorité du Christ. Il est divinement nommé Roi de la « sainte montagne ». Quand ce pouvoir, caché dans Sa Présence Eucharistique, ne trouve dans l'Église aucun mal faisant obstacle au don de Son amour, Il inonde alors le monde d'un flot de grâces, le purge de toute malice et instaure la paix éternelle, la force et le salut du royaume de Dieu. Lorsque l'Église est guérie de toute faiblesse, le triomphe du pouvoir et de l'autorité du Christ est assuré. Alors nous entendons la voix de la victoire et de la jubilation sortir du tabernacle de Dieu.

    La phrase « L'accusateur de nos frères a été rejeté » fait allusion à Job (I. 6 ; II. 1). L'« accusateur » se réfère au succès dont se loue Satan à l'intérieur de l'Église. Il a conduit le clergé à accepter ses doctrines, les maximes du monde, et par leur acceptation il a anéanti l'esprit de pénitence et de sacrifice, la conséquence étant l'état d'hypocrisie, de tiédeur et de mort spirituelle. Avec un ricanement triomphant, il montre du doigt la vie de ceux que le Christ S'est choisi, les accusant devant la face de Dieu de le suivre lui, Satan, plutôt que le Christ. Il les a utilisés pour répandre des hérésies dans l'Église, et il a amassé un riche butin en termes d'apostasie. Or, sans être satisfait de cela, il lance une accusation contre toute l'Église. Il n'est pas logique et dresse des conclusions plus larges que les prémisses. Il souhaite se vanter devant Dieu d'avoir la plus grande partie de l'humanité à son service, et Dieu a permis la poursuite de ses folies afin de préparer une victoire plus large et plus décisive à Sa grâce et à l'Église. Si Satan pouvait haïr quelque chose plus que Dieu, ce serait l'Église catholique ; et il est actif jour et nuit afin de jeter l'opprobre sur elle. Mais cette haine est finalement réduite à une rage impuissante. L'Église est purifiée par l'expulsion de ses partisans [de Satan], et ses accusations sont rejetées, comme mensongères et invalides ».

     

    Verset 11

     

    Le moyen par lesquel les bons ont vaincu le dragon est le sang de l'Agneau, la vraie doctrine et une fidélité sans crainte au Christ, au péril de leurs vies. Le « sang de l'Agneau » signifie ici la même chose qu'en VII. 14, à savoir le sang qui découle du Christ eucharistique au Sacrifice de la Messe et inonde l'âme du chrétien, lui donnant la grâce et la force de faire une profession de foi intrépide en tous temps.16 Les fidèles sont alors guéris de l'anémie spirituelle et fortifiés, afin de rester impassibles face à la mort. Par leur témoignage public et en n'ayant pas « chéri leur vie face à la mort », ils ont vaincu le dragon. La dernière phrase signifie que le sang des martyrs a commencé à couler. C'est une référence au « dragon rouge », qui suggère que les puissances mondiales sont « rouges ». Tous les vrais croyants, sans crainte, rendent leur sanctification parfaite par la fuite de tout compromis avec l'erreur et le péché. Le sang de l'Agneau ne crie pas vengeance au ciel, mais demande la miséricorde et le pardon.

     

    Verset 12

     

    La « voix » appelle le ciel à se réjouir. Les « cieux » sont le séjour des bienheureux. L'Église est désigné par le « ciel » au singulier. Les bienheureux qui vivent dans les cieux sont intéressées par la victoire de l'Agneau sur terre, parce qu'elle apportera le règne universel du Christ. Ils savent que l'expulsion du dragon en dehors de l'Église est le « signe » de la victoire complète du Christ, qui est imminente. Ils sont invités à se réjouir d'avance de cette victoire positivement certaine.

    Les plans du dragon en vue de la destruction de l'Église de l'intérieur ont échoué(...).

    Les paroles « malheur à la terre » sont un puissant message adressé au monde. Satan va tenter de détruire l'Église de l'extérieur. Les puissances mondiales, les peuples et nations qui seront à son service lui prêteront main forte. Mais cela apportera sur eux toutes ces plaies énoncées au chapitre onze puis aux chapitres seize à dix-neuf, qui constituent l'accomplissement de la seconde malédiction et l'achèvement de la troisième. Néanmoins, les hommes seront si endurcis dans le péché et captivés par l'amour du vice, que Satan les gagnera aisément à lui grâce à l'Antéchrist et à son prophète. Les préjugés et les vices ont tant obscurci leurs esprits qu'ils seront incapables de croire qu'ils s'attireront des plaies en persécutant l'Église. La « mer » se compose des nations sujettes à l'Antéchrist. Ces nations aideront à lancer une guerre contre la « mer de crystal » composée des chrétiens laïques.

    L'expulsion du dragon en dehors de l'Église est décrite comme une descente sur la terre. Cela symbolise l'Église comme une institution surnaturelle, opposée au monde et à ceux qui vivent des vies purement naturelles. Satan n'étant plus capable de se soumettre l'Église, de l'infecter de fausses doctrines, d'en corrompre la moralité ou de lui imputer le péché, il va plonger le monde dans le péché aussi profondément qu'il le peut, car il sait que le temps qu'il lui est alloué est court. Sa défaite ne l'a pas privé de ses facultés naturelles, et il va les utiliser pour assouvrir sa vengeance à l'encontre de l'Église, en mobilisant toutes les organisations antéchristiques et en rassemblant toutes les forces diaboliques pour une attaque concertée contre les fidèles.

    Selon toute évidence, ce n'est pas la rébellion originelle des anges et leur chute en dehors du ciel qui est ici représentée. Conformément au verset 10, Satan accusa « ses frères (…) devant Dieu jour et nui ». Le terme de « frères » n'était pas l'appellation désignant le peuple élu de l'Ancien Testament. Au sens où il est employé ici, ce mot est né avec le christianisme. La race humaine existe déjà et la chrétienté est déjà établie quand Satan est rejeté en dehors du « ciel » avec ses anges.17 Un tel événement ne pourrait pas avoir eu lieu au commencement de la chrétienté non plus, puisque le verset 12 dit qu'il n'a « que peu de temps ». Cela fait maintenant près de deux mille ans qu'il rôde comme un lion cherchant à détruire l'Église de l'intérieur et de l'extérieur. Deux mille ans ne sont pas appelés un court moment dans le langage apocalyptique (cf. XX. 2, 3).

    5. La malice du dragon à l'encontre de la femme et de son enfant

     

     

    Verset 13 jusqu'à la fin

     

    Après que Satan et les puissances mondiales ont vu l'Église rejeter leurs prétentions, ils débutent la persécution dans toute sa force. Satan, sachant qu'il n'y a pas de temps à perdre, incite tous les gouvernements hostiles à l'Église à la combattre. L'opinion sera probablement divisée pour ou contre l'Église de Rome. Les cardinaux seront peut-être encore là après l'élection du Pape et le concile général, appliquant la réforme et ses décrets depuis leurs quartiers généraux. Le dragon, appelant au châtiment de ceux qui auront excommunié ses partisans, réclamera une invasion du Vatican par des forces militaires et l'assassinat du Pape. [NDE : Le Père Kramer reconnaît ainsi que l'expulsion des partisans du dragon en dehors du ciel symbolise une excommunication]. Tous les cardinaux présents seront en danger. La ville de Rome, le centre de l'Empire messianique, se tournera contre l'Église. Si Satan pouvait réussir à obtenir le meurtre de tous les cardinaux par une foule en furie, le pouvoir suprême de direction conféré à Pierre par Notre-Seigneur disparaîtrait, et il obtiendrait une victoire facile sur l'Église sans tête. Mais les cardinaux en appelleront aux gouvernements de leurs patries respectives.

     

    Versets 6 et 14

     

    Au chapitre onze, il est question de 42 mois et 1260 jours. Ces deux périodes semblent identiques, se rapportant à trois ans et demi. Il en va de même pour les 1260 jours et les « un temps, des temps et la moitié d'un temps » au chapitre vingt. Elles conduisent à penser que les cardinaux demeureront dans les quartiers généraux du Vatican après l'élection du Pape et la clôture du concile général destiné à appliquer la réforme et les mesures disciplinaires. L'accomplissement du travail du concile sera long, ce qui suggère que l'Église s'exprimera sur toutes les grandes questions du moment. L'Église réaffirmera probablement tous ses dogmes et principes moraux, contre le monde et le clergé réclamant des changements. L'ordre de la narration est probablement le même dans ce chapitre que dans d'autres parties de l'Apocalypse. Les versets 5 et 6 racontent brièvement les principaux événements, et les versets 7 à 14 évoquent la causse de la colère du dragon et de l'assassinat du pape. Le verset 14 poursuit ensuite la narration et décrit la façon dont la femme s'enfuit. Le Pape est assassiné immédiatement après la publication des décrets du concile, avant qu'il puisse les faire appliquer. Les gouvernements européens seront vraisemblablement tous hostiles à l'Église en raison de son élection et des décrets du concile, de telle sorte que les cardinaux ne pourront rentrer chez eux. Une seconde réunion des cardinaux s'ils rentrent chez eux et une seconde fuite semblent improbable.18

     

    Verset 14

     

    Tant au verset 6 qu'au verset 14, la femme s'enfuit dans « son refuge ». Cela suggère fortement une seule fuite. Elle se voit confier « deux ailes » d'un grand aigle. Cela sous-entend un secours par avion. Une bande armée d'assassins pourraient envahir le Vatican, vaincre les gardes, tuer le Pape et plusieurs des cardinaux et menacer les autres, qui en appelleraient aux gouvernements de leurs patries d'origine. Le « grand aigle » enverrait un avion puissant pour ramener ses citoyens à la maison. Les autres cardinaux survivants seraient inclus dans ce sauvetage. Le gouvernement de Rome, bien qu'étant soumis au dragon, pourrait autoriser le sauvetage par respect pour le gouvernement et les citoyens du GRAND AIGLE. Le gouvernement de Rome leur aurait promis la sécurité en vue de l'élection pontificale. Il inviterait alors les cardinaux survivants à fuir pour leur propre sécurité. Satan ne pourra pas empêcher cette fuite.

    L'« aigle » est l'emblème d'un gouvernement indépendant. Dans Ezéchiel (XVII. 3, 7), les rois de Babylone et d'Égypte sont appelés des aiges. Dans Isaïe (XL. 31), Dieu promet que ceux qui se confieront en Lui auront « des ailes pareilles à celles des aigles ».

    Les « ailes » du grand aigle permettront à la femme de fuir dans le désert. Le désert est une nation païenne qui n'a pas rejoint le camp du dragon, qui ne lui est pas soumise et qui n'est pas non plus une nation païenne. Dans le symbolisme prophétique, les nations apostates de Juda et d'Israël étaient appelées des prostituées. Le grand aigle, en tant que nation, n'a jamais été catholique. Le terme « aigle » suggère que la nation soit devenue grande par la conquête.

    Cet aigle protègera et abritera l'Église durant le règne de la Bête. Le lieu de refuge de la femme est le même qu'au verset 6, car il est appelé « son refuge ». Peut-être que quelques uns des cardinaux seront citoyens de cette grande nation, et qu'ils seront ramenés chez eux en sécurité. Le texte emploie l'article défini pour désigne L'aigle, « le grand ». C'est une manière de présenter l'aigle comme le plus puissant gouvernement de la terre, et ainsi il aura la force de défier le dragon. Plus tard il refusera de rejoindre l'Antéchrist et protègera l'Église durant sa domination sur le monde.

    Selon certains commentateurs, les 42 mois font allusion aux 42 générations de l'évangile selon Saint Matthieu, d'Adam jusqu'au Christ, et ce nombre est vu comme un nombre messianique. Le Christ est le nouveau David par excellence ; et comme l'Antéchrist est une imitation du Christ, il règne 42 mois. À ce titre le nombre serait donc seulement symbolique. D'autres lui prêtent une origine liée aux funérailles babyloniennes. Mais toutes ces théories brodent le sens de l'Apocalypse. La période est évoquée de trois façons différentes : en années, en mois et en jours, afin de rendre le sens littéral absolument certain. Évidemment, il s'agit de trois ans et demi de temps réel. Le temps évoqué au vereset 14 est indéfini, similaire à celui de Daniel (XII. 7) ; mais étant donné qu'en Daniel (XII. 11) cela semble signifier 1290 jours, ici cela se synchronise de même avec les 1290 jours du verset 6 et la même période du chapitre onze.

     

    Verset 15

     

    Le grand aigle protège l'Église de la « face du serpent ». Le serpent fait preuve d'arrogance à son encontre, ce qui est comparé à une rivière. Ce flot avec lequel il tente de détruire la femme est la calomnie. L'idée du SERPENT est employée afin de montrer la source de cette propagande contre l'Église, car Satan est le père du mensonge et le père de la tromperie depuis le commencement. Il trompe le genre humain. À l'époque de St. Jean l'Église souffrait de fausses accusations lancées par les Juifs et les païens. En tout temps cela a fait partie des méthodes d'attaque de Satan. Ce ne sera donc qu'un renouvellement de ses sempiternelles calomnies, par lesquels Satan incitera la nation qui accueillera l'Église de lui refuser l'asile. Toutes les organisations diaboliques de cette nation l'aideront dans sa vile campagne. Il y aura probablement des martyrs à cause de la furie des ignorants, et des hommes enclins aux préjugés et au crime. Cette figure de style associant la persécution à un fleuve amer est fréquemment employée dans les psaumes (Ps. XXXI. 6 ; CXXIII. 5 ff) et dans les prophéties (Is. XLIII. 2). Satan a toujours poussé les méchants à calomnier et persécuter ceux qui souhaitent servir Dieu. Quand la plus grande persécution de tous les temps aura été entamée, le monde devra se souvenir de ses ruses et ne pas se laisser séduire. Les Pères (Cyprien, Victorin) voient dans ce fleuve les décrets de Dèce, le fanatisme de la populace ou les forces de persécution en général. Lors des dernières persécutions de Dèce et Dioclétien, Rome voulait faire disparaître le nom même de Chrétien de la surface de la terre. Aussi, vu la manière dont certains commentateurs expliquent l'Apocalypse, St. Jean semble avoir écrit cette prophétie pour le quatrième siècle, de telle sorte que cela décrit exactement la persécution de Dèce et de Dioclétien. St. Jean n'écrivait pas à propos de son époque à lui mais à propos du futur, quand l'Empire Romain aurait disparu et quand les préparations finales pour la venue de l'Antéchrist seraient là. Le serpent inventerait alors les plus viles calomnies contre l'Église afin d'exciter le monde contre elle.

     

     

    Verset 16

     

    Le gouvernement du grand aigle gardera et protégera les cardinaux. Les autorités, sachant que les calomnies ne seront que l'arsenal de l'ennemi, ne leur accordera aucune crédibilité. De même, le peuple aura une compassion sincère envers les persécutés. La grande nation craindra peut-être les agents du dragon, car après avoir livré les autres nations entre ses mains, ils pourront organiser une révolution à l'aide de foules sans honneur, pour renverser le gouvernement.

     

    Verset 17

     

    Lorsque le dragon voit l'échec de sa campagne de calomnies, il entre dans une colère noire. S'il ne parvient pas à exterminer l'Église, il lancera une guerre contre les nations qui ne l'ont pas rejoint, afin d'anéantir les fidèles par une persécution sanglante. Il réussit à faire assassiner « l'enfant » qui devait régner sur les nations avec une verge de fer. Mais il ne parvint pas à détruire l’œuvre de ce « fils », qui devait purifier l'Église et expulser Satan. Cela conduit à l'apparition de l'Antéchrist et des deux témoins (XI. 2-3). Les événements de ce chapitre précèdent ceux du chapitre XI. Le dernier verset donne la raison de la venue de l'Antéchrist et relie ce chapitre avec le chapitre suivant, dans lequel sa personne et ses œuvres sont évoquées. Les six principaux personnages du grand conflit seront ensuite décrits : les deux témoins, la femme, le dragon, la bête et le faux prophète.

    « Le reste des enfants » de l'Église, ce sont les nations catholiques qui ne sont pas au service du dragon. Il lancera une guerre contre elles. Ceux qu'il combat sont les catholiques pratiquants qui gardent les commandements du Christ et témoignent de Lui, croyant tout ce qu'Il a révélé et enseigné. On peut inclure ceux qui sont en dehors de la bergerie mais qui jouissent de l'ignorance invincible, croyant sincèrement être de véritables chrétiens, trompés par de faux ministres de l'Évangile, qu'ils croient fiables. De tels ministres, en cas d'insincérité de leur part, seront soumis aux jugements de Dieu et punis ; mais le peuple qui aura été trompé sera épargné, en vertu de la miséricorde divine (Ezéchiel XIII). Certaines nations pourront mobiliser

     

    Verset 18

     

    Toutes les attaques de Satan contre l'Église ont profité à cette dernière. Même s'il parviendra à corrompre un certain nombre de personnes au sein de l'Église et à affaiblir ses défenses, ses plans échoueront quand les traîtres auront été chassés. Après l'apostasie du clergé et des laïques infidèles, l'Église se lèvera plus pure et plus forte que jamais, et Satan sera contraint de réorganiser toute sa campagne d'attaque. Et à cette fin, il s'arrête « sur le sable de la mer ». Cette mer se compose des nations et des peuples hostiles à l'Église. Il se tient auprès d'elle dans sa propre personnalité, et non plus sous la forme des puissances mondiales. Étant donné que ces puissances sont entièrement imprégnées de sa philosophie, il dirigera leur attaques contre l'Église, en tant qu'entité préternaturelle.19 Le monde sera alors nettement divisé entre ceux qui adoreront l'autel (XI. 1) et ceux qui hésiteront par ignorance et incertitude, ou qui seront adonnés aux turpitudes morales. Le dragon ayant échoué à utiliser à son profit les puissances mondiales ainsi que les calomnies et les mensonges, il fera sortir son champion de la « mer » à lui soumise, qui organisera le monde à sa guise dans un dernier effort pour contrarier l'oeuvre du Christ et mettre fin à l'existence de l'Église.

     

     

     

     

    Quelques commentaires sur les chapitres suivants :

     

    Chapitre XIV.14-15 :

    « La nuée en langage scripturaire indique une intervention directe de Dieu, comme durant la Transfiguration, l'Ascension, et le don des dix commandements. L'ange ressemble au Christ, car il vient en son nom et avec son autorité. Cela doit être sa voix que St. Jean a entendue du ciel au verset treize, car il vient accomplir la tâche précise dont ce verset est l'introduction : il vient moissonner la terre. La couronne d'or est l'emblème de l'autorité d'en haut, afin d'accomplir les volontés de Dieu. L'emblème de sa charge est dans sa main : en guise de sceptre, il a une faucille. Cela doit être St. Michel, qui dans le langage de l'Église règne sur les âmes qui doivent être sauvées [les élus]. La faucille affilée peut se rapporter aux décrets de l'Antéchrist. Au chapitre douze, St. Michel combattit afin d'expulser les méchants de l'Église, et maintenant il vient pour rassembler les saints. Notre-Seigneur a dit qu'il enverrait Ses anges pour récolter la moisson au jour prévu ».

    « Un autre ange sort du sanctuaire. Cela rappelle le chapitre XI. 1-2, où les vrais fidèles [les élus] sont cantonnés au sanctuaire. Cet ange vient avec la connaissance et l'autorité suprême. Cela peut être un grand saint ou le Pape qui a été élu avant que le « grand aigle » l'emporte en lieu sûr. La voix forte indique un cardinal ou le Pape. Les anges servent l'Église. Ici, celui qui est assis sur la nuée obéit au commandement de l'ange du sanctuaire, qui connaît l'état spirituel des fidèles et combien ils sont préparés pour les épreuves sanglantes qui s'apprêtent à être édictées par les sbires de l'Antéchrist. Cela rappelle le commandement prononcé au chapitre IX. 14. Seul quelqu'un ayant une connaissance profonde et une lumière particulière de la grâce serait capable de décider l'heure à laquelle ceux qui sont destinés au martyre sont suffisamment fortifiés par la prédication et les avertissements des trois saints, et par les souffrances endurées, afin d'être prêts à mourir pour le Christ. Ils accueillent la mort comme une libération du danger de l'apostasie, et ils désirent cela par amour pour Dieu. Ils sont mûrs pour entrer au paradis ».

    NDE : Ici la réapparition du Pape Paul VI est comparée métaphoriquement au Jugement Dernier (exactement comme dans les exorcismes suisses), parce que l'excommunication sera le dernier jugement prononcé par l'Église sur terre, la dernière séparation des bons et des méchants, et à ce titre une image de la séparation finale dans l'éternité. On nous reproche de croire aux exorcismes suisses mais ce qu'ils disent se trouve déjà dans l'Apocalypse, notamment quant à l'embrasement du Vatican au moment du retour du Saint-Père (nous en reparlerons).

    Exorcisme suisse 15 janvier 1985 : « Il dira cela d'une voix telle que c'est encore permis à un vieillard, pour se faire entendre de la foule, et des prêtres, des cardinaux et même des mauvais et des francs-maçons. Ils se mettront à trembler aux paroles d'un vieillard frêle qu'ils auraient préféré mort, mais qu'ils n'ont pas pu tuer. Ces paroles du vrai Pape Paul VI qui vit réellement et qui doit dire au monde ce qu'est la vérité, ce qu'est et doit être clairement et inviolablement l'Église véritable, qui se relèvera ainsi à la vue des mauvais et des bons. En présence du Vatican en flammes, ceci apparaîtra comme le symbole des flammes du Jugement final où le Très-Haut apparaîtra sous le signe de la Croix pour séparer les bons des mauvais ».

     

    Chapitre XVIII.4-5 :

    « St. Jean entend un autre voix venant du ciel, et avertissant les fidèles qui habitent la ville à partir. Il y aura certainement des catholiques dans la cité condamnée, jusqu'au jour de sa destruction. Ils sont avertis par leur pasteur. De même que Dieu a envoyé des anges et conduit Lot hors de Sodome, et de même qu'il a averti les juifs de s'enfuir de l'ancienne Babylone (Jer. LI. 6 ; Zach. II. 6-8), Il avertit ici les vrais fidèles de partir s'ils ne veulent pas être punis avec la ville » (p. 409).

    « Ce verset rappelle les paroles de Jérémie (LI. 9) adressées à Babylone. Les péchés de la Nouvelle Babylone sont d'une abomination telle qu'ils crient vengeance devant le trône de Dieu(...) ». Ensuite, l'auteur nous livre un élément essentiel : « Selon le texte grec, les péchés de Babylone ont été « attachés » au ciel. Le ciel désigne l'Église, et cette affirmation peut signifier que les mauvais habitants de la ville ont imputé leurs propres péchés à l'Église et l'ont accusée de toutes les perversités dont ils sont eux-mêmes coupables, ou l'ont blâmée pour la punition reçue, de même que les anciens païens blâmaient les chrétiens de toutes les calamités possibles » (p 409-410).

     

     

    Citations du Père Berry démontrant 

    que l'Apocalypse prédit l'avènement d'une fausse Église :

     

    « Sept, le chiffre de l'universalité, indique que dans cette bataille finale contre le règne universel du Christ, toutes les formes de péché et d'erreur seront dirigées contre l'Église. Les erreurs du modernisme, qui ont été décrites à juste titre commme la « synthèse de toutes les hérésies » [par le Pape St. Pie X] peuvent en être le prélude. Le chiffre sept est également approprié en ce que tous les péchés sont inclus dans les sept péchés capitaux. De même, toutes les erreurs ayant affligé l'Église peuvent être résumées à sept : le judaïsme, le paganisme, l'arianisme, le mahométisme, le protestantisme, le rationalisme et l'athéisme » (p. 122-123).

    « Le dragon se trouve dans le ciel, qui est ici un symbole de l'Église, le royaume du ciel et de la terre. Cela indique que les premiers troubles de ces jours seront inaugurés à l'intérieur de l'Église par des évêques, prêtres et peuples apostats – les étoiles entraînées par la queue du dragon » (p. 123).

    « La queue du dragon représente l'hypocrisie habile avec laquelle il parvient à tromper un grand nombre de peuples et de pasteurs – le tiers des étoiles. L'arianisme a égaré de nombreux évêques, prêtres et peuples. La prétendue Réforme [protestante] du seizième siècle en a égaré encore plus, mais cela ne peut se comparer au nombre de ceux qui seront séduits sous l'Antéchrist » (p. 123).

    « Les paroles de St. Paul aux Thessaloniciens [2 Thess. II. 6-8] peuvent être une référence à la papauté comme obstacle à la venue de l'Antéchrist : « Et maintenant vous savez ce qui le retient, pour qu'il se manifeste en son temps. Car le mystère d'iniquité s'opère déjà, mais seulement jusqu'à ce que celui qui le retient encore paraisse au grand jour. Et alors se découvrira l'impie, que le Seigneur (Jésus) exterminera par le souffle de sa bouche, et anéantira par l'éclat de son avènement » (pp. 121-122).

    « C'est un fait historique que les périodes les plus désastreuses pour l'Église concernent des époques où le trône papal était vacant, ou bien où des antipapes s'opposaient au chef légitime de l'Église. Ainsi en sera-t-il en ces jours mauvais à venir » (p. 124).

    « L'Église privée de son pasteur en chef doit chercher refuge dans la solitude, afin d'être guidée par Dieu Lui-même en ces jours éprouvants... En ces jours l'Église trouvera refuge et consolation dans les âmes fidèles, spécialement dans l'isolement de la vie religieuse » (p. 124).

     

     

    1NDE : On souhaite la paix à quelqu'un pour qu'il la garde ; donc si St. Pierre et St. Paul souhaitaient la paix à leurs disciples, cela signifiait en filigrane que des épreuves les attendaient, qui risquaient de troubler leur paix. C'est ce que veut dire le Père Kramer.

    2N.D.E : dans une communauté quelle qu'elle soit, les vices peuvent coexister avec les vertus les plus sublimes, à cause de la diversité de ses membres.

    3Note du traducteur : Le Père Berry l'a tout de même retenue et l'a faite sienne.

    4NDT : Le Père Kramer parle ici des nations hostiles à l'Église, anti-chrétiennes, telles que les nations communistes. En réalité il est plus probable que le dragon personnifie la franc-maçonnerie.

    5NDT : Depuis Vatican II, Dieu l'a permis !

    6NDT : En entendant parler de « démocratie apostolique », certains traditionalistes crieraient au modernisme et à l'hérésie ; mais ce que veut dire ici le Père Kramer, c'est que dans les premiers temps de l'Église, les apôtres et les autres disciples du Christ avaient des rapports cordiaux, pleins d'amitié, comme s'ils étaient égaux. La hiérarchie existait, et le jugement de Saint Pierre prévalait sur tous les autres ; néanmoins chacun demeurait « le serviteur des serviteurs ». Cependant, le terme de « démocratie apostolique » est effectivement erroné : l'Église est d'essence monarchique, tempérée de démocratie et d'aristocratie (le gouvernement parfait sur terre).

    7NDT : Plus d'un tiers en réalité. Le tiers vaut pour la chute des anges, mais les hommes sont d'une nature inférieure et donc ils apostasient en plus grand nombre.

    8NDT : Ici le Père Kramer cherche à comprendre l'expression « dévorer l'enfant ». Au verset 4 Satan tente de dévorer l'enfant mâle, mais n'y parvient pas : cela symbolise des efforts du dragon (la Loge maçonnique et les puissances ennemies de l'Église) en vue de l'élimination de ce pape dont parle le chapitre XII, ou en vue de sa compromission. Satan cherche à s'assimiler la papauté ; mais comme elle n'appartient qu'à Dieu, ses efforts sont mis en échec, et l'enfant mâle (le Pape) est rendu au trône de Son Père (Dieu), c'est-à-dire à l'Église hiérarchique. Il s'agit d'une figure de la réapparition du Pape Paul VI, après son emprisonnement au Vatican puis son exil.

    9NDT : Le Père Kramer échoue à comprendre l'image de l'Ascension, comme on s'en aperçoit plus loin, où il envisage une autre possibilité, à savoir que le pape n'ait pas été assassiné mais qu'il ait dû s'exiler. C'est en effet ce que le Pape Paul VI a dû faire, dans la nuit du 12 au 13 juillet 1981. Donc l'image de l'Ascension n'est pas un symbole de l'assassinat du pape mais de sa réapparition : une fois son exil terminé, il est rendu au trône de Dieu, qui symbolise l'Église hiérarchique (et spécialement la papauté) au chapitre IV de l'Apocalypse.

    10NDT : L'Écriture ne le dit pas explicitement, car elle annonce seulement que ce pape doit régner avec une verge de fer ; mais elle ne précise pas nettement que ce sera peu après la purification de l'Église qu'il mourrera. Cela dit une telle remarque semble inspirée (comme d'autres propos du Père Kramer) car tout indique que c'est bel et bien ce qui va arriver au Pape Paul VI peu après son retour (on le voit notamment dans des révélations de Bayside).

    11NDT : Ici, comme le Père Kramer ne parvient pas à s'expliquer que le Pape Martyr soit toujours en vie, il tente d'expliquer « l'exil de la femme » par l'exil des cardinaux ; mais par la suite il va émettre l'hypothèse que le pape ait pu survivre, ce qui revient à admettre que son interprétation de la figure de l'Ascension puisse être fausse ; et elle l'est, comme nous l'avons expliqué dans une note précédente !

    12NDT : Dans son sens relatif à l'exil du Pape Martyr, nous pensons pour notre part que le « désert » du chapitre XII livre une indication temporelle, et non pas spatiale : à savoir que le Pape s'exilera durant l'apostasie du clergé romain, figurée par la chute des anges ; or c'est bien durant la période de trouble liée à l'avènement du modernisme que Paul VI s'est exilé. Le désert symbolise le paganisme, qui est lui-même un genre d'apostasie étant donné que les premiers hommes ont connu la vérité à travers la religion primitive. Le terme de désert nous apprend donc que le Pape Martyr (Paul VI) devait s'exiler durant la grande apostasie dont parle Saint Paul, qui n'est autre que l'apostasie moderniste. Il y a également un sens relatif au refuge de l'Église dans la ville de Rome, ancienne capitale du paganisme.

    13NDT : Ce second exil (sous le règne de l'Antéchrist) ne doit pas être confondu avec le premier exil (sous le règne de la fausse Église ou Grande Prostituée). Le Pape Paul VI sortira d'exil pour réapparaître brièvement à Rome et excommunier le clergé moderniste, mais il devra s'exiler une seconde fois peu de temps après, afin de former son successeur et de nommer des cardinaux. C'est durant cet exile qu'il se produira une translation de l'Église, à ne pas confondre avec le transfert : la primauté étant perpétuellement attachée au Siège de Rome, ce Siège ne peut pas être transféré ; mais le pape peut s'exiler, et dans ce cas on parle de translation de l'Église. Par ailleurs, il faut savoir que Soeur de la Nativité a reçu révélation qu'un certain nombre de fidèles échapperaient à la persécution de l'Antéchrist en se voyant accorder un refuge dans le désert, au cours duquel ils seront rendus invisibles. Tout le monde n'est pas destiné au martyre...

    14NDT : Seule une minorité de catholiques suivront le vrai Pape (Paul VI), comme l'enseignent les exorcismes suisses et d'autres révélations privées. Toutefois ces révélations ne semblent pas avoir précisé ce qu'il en serait au sein du clergé. En tout état de cause, malgré le petit nombre de ceux qui suivront la vérité, ce sera une victoire de l'Église car cette dernière se relèvera d'un seul coup, au point de connaître une nouvelle Pentecôte, à savoir un mouvement apostolique et des conversions massives comparables à la situation des premiers temps évangéliques. Ce n'est pas le nombre qui compte car « la lumière a brillé dans les ténèbres ».

    15NDT : « Le ciel symbolise l'Église ».

    16NDT : À notre avis, il s'agit surtout d'une référence à l'Exode, lorsque les Juifs ont teinté les linteaux de leurs portes du sang de l'agneau, afin d'être épargnés par les châtiments divins. Un symbole de plus de la séparation à venir des bons et des méchants.

    17NDT : À mon sens c'est l'un des meilleurs arguments du Père Kramer. Satan a été condamné pour avoir combattu le mystère de l'Incarnation, mais le terme de « frères » au pluriel signifie qu'il combat tous les membres de la race humaine, pas seulement le Fils de Dieu.

    18NDT : L'Apocalypse décrit deux exils de l'Église parce qu'il devait y avoir un premier exil du Pape Paul VI durant le règne de la Grande Prostituée (il n'est pas terminé à l'heure où j'écris ces lignes), et un second exil de la papauté durant le règne à venir de l'Antéchrist. Paul VI lui-même s'exilera une seconde fois, afin d'instruire son successeur.

    19NDT : Le dragon, en tant qu'entité préternaturelle, poussera les nations antéchristiques à attaquer l'Église.

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