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In Nomine Domini

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« Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité » (Jean XVIII. 37)


Le Secret de la Salette & l'Apocalypse - PARTIE II : un châtiment de plus de trente-cinq ans

Publié par Jean-Baptiste sur 28 Février 2021, 20:19pm

 

Le mois dernier, au premier jour de l'année,  j'ai publié une vidéo intitulée « Le Secret de la Salette & l'Apocalypse – Partie I : la lutte finale ». Cette vidéo était notamment destinée à expliquer le sens de l'expression employée par Notre-Dame de la Salette à propos des « étoiles errantes », sachant que cette expression se retrouve dans l'épître selon Saint Jude et constitue en même temps une allusion au chapitre XII de l'Apocalypse. Comme nous l'avions vu, les ÉTOILES ERRANTES désignent le clergé prévaricateur de la fin des temps (les modernistes) acquis aux mensonges de Satan, en pleine conformité avec la métaphore du CIEL, dans le Livre de Daniel, qui évoque le clergé de l'ancienne Synagogue (l'image étant reprise dans l'Apocalypse pour être appliquée à l'Église).

 

Ici, j'aborde un autre aspect du Secret de la Salette, lorsque Notre-Dame annonce « un châtiment de plus de trente-cinq ans »...

 

 

 

CI-DESSOUS, la version texte :

 

Cette vidéo constitue la suite d'une première partie intitulée « Le Secret de la Salette et l'Apocalypse : la lutte finale (PARTIE I) ». Pour plus d'intelligibilité, nous vous conseillons de tout visionner dans l'ordre chronologique.

 

PARTIE II : Un châtiment « de plus de trente-cinq ans »

 

 

INTRODUCTION

Comme nous l'avons vu dans une première partie de notre exposé, l'Apocalypse selon Saint Jean dépeint le clergé par une métaphore du ciel : le ciel symbolise l'Eglise, les anges symbolisent des évêques, et les étoiles symbolisent des prêtres.

Ainsi, le Père Gallois écrit :

« La lecture de l'Évangile nous aide à comprendre que le royaume du ciel, ou le ciel, c'est l'Église du temps aussi bien que de l'éternité ».

« [Saint Jean] désigne l'évêque par le nom d'ange. L'évêque est en effet l'envoyé de Jésus-Christ auprès des hommes. [Ange signifie ''envoyé de Dieu'']. À l'époque où Saint Jean écrivait, l'évêque d'Éphèse était Timothée, disciple de Saint Paul ».

Il existe également d'autres figures. L'Eglise, par exemple, est aussi représentée sous la forme de la femme :

« L'Eglise est symbolisée par une femme, c'est l'épouse féconde de Jésus-Christ » (Gallois).

« Les anciens interprètes, à commencer par Hippolyte et Méthode ont vu dans la femme du chapitre XII, une figure de l'Église » (Kramer).

À cet égard le Secret de la Salette utilise le même langage que l'Apocalypse : un langage symbolique et énigmatique. Dans la première partie de notre exposé, nous avons parlé des « étoiles errantes », une expression employée par la Vierge au début de son Secret, pour désigner le clergé prévaricateur de la fin des temps. Cette expression fait allusion à l'épître selon Saint Jude, et au chapitre XII de l'Apocalypse.

Il faut rappeler que dans l'épître selon Saint Jude, les « étoiles errantes » désignent des infiltrés, qui provoquent des troubles au sein de l'Église.

Or, juste après avoir mentionné les étoiles errantes, la Vierge dit la chose suivante :

« Dieu permettra au vieux serpent de mettre des divisions parmi les régnants, dans toutes les sociétés et dans toutes les familles ; on souffrira des peines physiques et morales ; Dieu abandonnera les hommes à eux-mêmes, et enverra des châtiments qui se succéderont pendant plus de trente-cinq ans. »

Le terme de « divisions » n'est pas choisi au hasard : c'est encore une allusion à l'épître selon Saint Jude, où les infiltrés, que l'apôtre compare à des étoiles errantes, sont accusés de provoquer des divisions dans l'Église. Notre-Dame de la Salette cherche donc à nous faire comprendre que le clergé prévaricateur devait causer ce même genre de maux à la fin des temps.

Mais quelle est cette période de « plus de trente-cinq ans » dont parle Notre-Dame de la Salette, et pourquoi dit-elle que Dieu « abandonnera les hommes à eux-mêmes » ?

 

SECTION 1 – Comment Dieu nous a-t-Il abandonnés ?

 

Que signifie l'expression « Dieu abandonnera les hommes à eux-mêmes » ? Dans les Saintes Écritures, en Matthieu XXVIII. 20, le Christ nous dit : « je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin des temps » ; alors comment réconcilier les paroles de Notre-Dame de la Salette avec les promesses du Christ ? Pourquoi et de quelle manière Dieu nous abandonnerait-il ? C'est ce que nous allons voir au cours de notre exposé...

Habituellement, les catholiques sont gouvernés par un pape, qui les confirme dans la foi, en leur enseignant la vérité ; or le pape est appelé « le Christ sur la terre ». Par conséquent, tant qu'il y a un pontife en exercice, les catholiques ne sont pas seuls ; en revanche, lorsqu'ils sont privés de sa présence, ce sont des brebis sans pasteur, en proie aux attaques des loups.

Comme nous l'avons vu dans la première partie de notre exposé, au cours de la crise maccabéenne, à la fin de l'histoire juive, le Temple de Jérusalem fut infiltré par de faux pontifes, des usurpateurs qui enseignaient l'erreur et pactisaient avec l'envahisseur grec, favorisant la corruption du culte. Or, l'Apocalypse et le Secret de la Salette prédisent la même chose pour notre époque.

La plupart des catholiques croient que l'occupant actuel du Vatican est un vrai pape ; mais la plupart des Juifs croyaient la même chose sous la crise maccabéenne : eux aussi pensaient que les usurpateurs du Temple étaient des pontifes légitimes.

Lorsque le Pape est présent pour confirmer les fidèles dans la foi, on ne peut pas dire que les fidèles soient « abandonnés à eux-mêmes ». Le mot « pape » signifie « père » ; et l'on appelle le Pape « le Père commun des fidèles ».

Dans le Secret de la Salette, l'expression « Dieu abandonnera les hommes à eux-mêmes » signifie donc que, pendant une période de « plus de trente-cinq ans », les catholiques seront séparés de leur chef – ils seront des brebis sans pasteur. Mais nous verrons qu'il ne s'agit pas d'une vacance pontificale.

Le Cardinal Manning, un ecclésiastique du XIXème siècle, prédisait en ces termes la prévarication actuelle : « Les écrivains ecclésiastiques nous disent qu'à la fin des temps, la ville de Rome apostasiera probablement de l'Église et du Vicaire du Christ ; et que Rome sera encore punie, car le Vicaire du Christ la quittera ; et le jugement de Dieu tombera sur le lieu duquel Il avait d'abord régné sur les nations du monde. Qu'est-ce qui rend Rome sacrée, sinon la présence du Vicaire de Jésus-Christ ? Qu'a-t-elle qui doive être cher aux yeux de Dieu, sinon la présence du Vicaire de Son Fils ? Que l'Église quitte seulement Rome, et Rome ne sera alors aux yeux de Dieu pas plus que la Jérusalem du passé. Jérusalem, la Sainte Cité, choisie de Dieu, fut renversée et consumée par le feu, pour avoir crucifié le Seigneur de gloire ; et la ville de Rome, qui a été le siège du Vicaire de Jésus-Christ durant 1800 ans, si elle apostasie, subira une condamnation semblable à l'ancienne Jérusalem » (The present crisis of the Holy See).

 

Qu'en est-il de l'orthodoxie des propos du Cardinal Manning ? Est-il seulement possible que la ville de Rome tombe dans l'apostasie ?

La question a été évoquée par Saint Robert Bellarmin. Dans le Livre IV du Pontife Romain, chapitre IV, ce dernier écrit :

« Non seulement le Pontife Romain ne peut pas errer dans la foi, mais l'Église particulière de Rome ne le peut pas plus ».

Néanmoins, dans la suite de son analyse, après avoir expliqué que le Siège de Pierre semble avoir été divinement établi à Rome et qu'il ne puisse pas être transféré, le docteur écrit :

« Cela ne s'oppose pas à ce que, au temps de l'Antéchrist, Rome soit détruite et brûlée, comme on peut le déduire du chapitre XVII de l'Apocalypse. Car cet événement ne se produirait qu'à la fin du monde, et en outre, le Souverain Pontife est appelé le Pontife Romain et survivra quand même il ne vivrait plus à Rome, comme il le fit sous Totila le roi des Goths(...). Par ailleurs, Augustin et beaucoup d'autres commentateurs de ce passage disent que ce n'est pas Rome qui sera brûlée, mais la multitude des impies, c'est-à-dire la cité du mal ».

En d'autres termes, même si l'Église locale de Rome est indéfectible, cela ne s'oppose pas nécessairement à la destruction physique de la ville ; et plus encore, on voit que la survie du pape est considérée par Bellarmin comme une garantie de l'indéfectibilité. Par conséquent, si son clergé venait à prévariquer – ce qui est le cas actuellement – il suffirait que le pape soit en vie, pour que l'indéfectibilité fût sauve. Y compris dans l'hypothèse où le pape ne serait plus présent dans la ville de Rome. À cet égard la phrase de Bellarmin est très importante : « Le Souverain Pontife est appelé le Pontife Romain et survivra quand même il ne vivrait plus à Rome ». Il faut donc insister sur le fait qu'en cas de défection générale du clergé romain, la survie du pape constitue une garantie de l'idéfectibilité.

Mgr Fenton, un évêque qui a connu le concile Vatican II et les troubles du modernisme, a publié un très bon article sur l'indéfectibilité de l'Église locale de Rome ; je l'ai traduit et il est disponible gratuitement sur internet.

Cette doctrine est relativement peu connue dans nos milieux traditionalistes, au point que les sédévacantistes de l'entourage de Louis-Hubert Remy, lorsqu'ils en ont fait mention, l'ont confondue avec la doctrine de l'indéfectibilité de l'Église universelle. Or, Mgr Fenton ne parlait pas de l'Église romaine en tant qu'Église universelle, mais bien de l'Église particulière de la ville de Rome. En vérité, il n'est pas suprenant que les amis sédévacantistes de LHR se soient sentis perturbés, car leur position théologique n'est pas coniciliable avec cette doctrine ; ils ont donc préféré interpréter Mgr Fenton de travers, en y voyant un rappel de l'indéfectibilité de l'Église universelle, plutôt que d'y voir un exposé doctrinal sur l'indéfectibilité de l'Église particulière de Rome.

Notre but, ici, n'est pas de transformer notre exposé en dissertation théologique ; mais ces considérations sont nécessaires pour comprendre la suite de nos propos et démontrer leur orthodoxie.

 

Résumons les points à retenir :

1°) L'Église de Rome n'est pas seulement indéfectible en tant qu'Église universelle, elle l'est en tant qu'Église particulière ; ce qui veut dire qu'elle ne peut pas sombrer dans sa totalité en tant que personne morale.

2°) La destruction matérielle de la ville de Rome ne semble pas contredire son indéfectibilité, si tant est qu'elle doive survenir.

3°) La prévarication générale du clergé romain ne semble pas s'y opposer non plus, à une condition : la survie du pape. Quand même presque tout le clergé suivrait une fausse règle de foi (un antipape) ou tomberait dans l'apostasie, la survie du Souverain Pontife, en tant que gardien du dogme, assure à elle seule l'indéfectibilité du clergé romain. C'est la raison pour laquelle les commentateurs de l'Apocalypse cités par Cornélius a Lapide, lorsqu'ils évoquaient la prévarication de la fin des temps, n'envisageaient rien d'autre que l'exil du Souverain Pontife ; tout simplement parce qu'une défection du clergé romain s'oppose à toute autre hypothèse. En cas de défection du clergé romain, la seule sauvegarde de l'indéfectibilité se situe dans la personne du pape.

Plusieurs écrivains ecclésiastiques ont évoqué l'apostasie de Rome, mais ils se sont souvent représenté les événements actuels sous la forme d'une persécution physique ; or, comme nous l'avons expliqué au cours de la première partie de notre exposé, l'Apocalypse prédit deux phases distinctes : une persécution insidieuse avec l'infiltration de l'Église, puis la persécution physique des chrétiens par l'Antéchrist. Pour le moment, nous en sommes encore à la première phase.

Citons les commentaires rapportés par Cornélius a Lapide :

« Rome, aux derniers temps du monde, retournera à son ancienne idolâtrie, à son pouvoir et à sa grandeur impériale. Elle chassera son pontife, apostasiera la foi chrétienne, persécutera terriblement l'Église, et répandra le sang des martyrs plus cruellement que jamais [c'est la seconde phase de la persécution] »

Malvenda, de Antechristo, lib. iv. cap. 5.

 

« La femme [la prostituée du chapitre XII] est la grande cité, qui règne sur les rois de la terre, par quoi on doit entendre la Rome impie, telle qu'elle était à l'époque de Saint Jean, et telle qu'elle sera de nouveau à la fin du monde »

Lessius, de Antechristo, demons. xii

 

« Nous confessons avec Bellarmin que le peuple romain, peu de temps avant la fin du monde, retournera au paganisme, et chassera le Pontife Romain »

Ebermann

 

Cornélius a Lapide en dresse la conclusion suivante : « De chrétienne qu'elle était, la ville de Rome redeviendra païenne ; elle chassera le Pontife chrétien, et les fidèles qui le suivent ».

 

Habituellement, les catholiques sont gouvernés par un pape, qui les confirme dans la foi, en leur enseignant la vérité ; or le pape est appelé « le Christ sur la terre ». Par conséquent, tant qu'il y a un pontife en exercice, les catholiques ne sont pas seuls ; en revanche, à la mort du pape, les chrétiens deviennent des orphelins. Les paroles de Notre-Dame de la Salette signifient donc que, pendant plus de trente-cinq ans, il n'y aura plus de pape légitime présent au yeux de tous sur le Siège de Pierre. Telle est la signification de l'expression employée par la Vierge : « Dieu abandonnera les hommes à eux-mêmes ».

Cela ne signifie pas qu'il n'y ait plus de pape vivant sur la terre, comme nous le verrons dans la suite de notre vidéo ; mais le vicaire du Christ n'est plus présent à Rome sur le Siège de Pierre ; d'où les paroles de la Vierge quelques paragraphes plus loin : « Rome perdra la foi et deviendra le Siège de l'Antéchrist ».

En Matthieu XXVI. 31, Jésus dit : « Je vous serai à tous, cette nuit, une occasion de chute ; car il est écrit : Je frapperai le pasteur, et les brebis du troupeau seront dispersées ». Lorsque le Christ est mort, ses disciples se sont trouvés désemparés et dispersés. Or, par une disposition de la providence, l'Église devait suivre la voie de son divin maître. Nous vivons actuellement la Passion de l'Église.

Si la foi était toujours enseignée du haut de la chaire de Saint Pierre, l'Antéchrist ne pourrait pas se manifester au monde : c'est la raison pour laquelle le diable a fait parvenir sur le trône du chef des apôtres, un usurpateur qui enseigne l'erreur ; et Dieu l'a permis à cause des péchés des chrétiens. À la seconde épître aux Thessaloniciens, Saint Paul déclare qu'il n'y a qu'une seule chose qui retienne l'Antéchrist ; beaucoup de prêtres et auteurs des deux derniers siècles y ont vu une allusion au pape. L'Antéchrist ne pourrait pas apparaître dans une période où l'Église est puissante, avec un pape légitime qui enseigne la vérité au monde. D'où la crise ultime en deux étapes, telle qu'elle est exposée au chapitre XII de l'Apocalypse : le règne de la contre-Église, c'est-à-dire de l'Église moderniste, sert de préparation à l'avènement de l'Antéchrist. La sécularisation des États, l'abandon de la pratique religieuse, qui correspondent à une apostasie presque générale, vont permettre la venue de l'homme de perdition à plus ou moins brève échéance.

Mais quelle est cette période de « plus de trente-cinq ans » dont parle Notre-Dame de la Salette ?

 

SECTION 2 – Les trois temps et demi de l'Apocalypse

 

Dans le passage du Secret de la Salette que nous avons cité, la Vierge dit que les châtiments se succéderont pendant plus de trente-cinq ans ; à quoi correspond cette période ?

Le chiffre trente-cinq n'est pas employé par hasard. Au chapitre XII de l'Apocalypse, Saint Jean annonce que la durée de la crise ultime doit durer « trois temps et demi » ; or, le chiffre trente-cinq équivaut à trois décenies et demi, c'est-à-dire à trois temps et demi.

Souvent, les commentateurs ont adopté une interprétation purement littérale des trois durées qui figurent dans l'Apocalypse ; ils ont écrit que le règne de l'Antéchrist durerait trois ans et demi. Et nous l'admettons volontiers, sauf que le texte ne mentionne pas seulement le règne de l'Antéchrist. Comme nous l'avons expliqué précédemment, il mentionne également le règne de la fausse Église, qui constitue une période préparatoire. Ce sont les deux combats du dragon : le combat dans le ciel, et le combat sur la terre.

Au chapitre XII de l'Apocalypse, il est question à deux reprises du « refuge de la femme », qui consistue une métaphore de l'exil du Souverain pontife, en d'autres termes d'une translation de l'Église. Cet exil est évoqué au verset 6 et au verset 14. Le Père Berry, dans son commentaire, en tire la conclusion suivante :

« Ce chapitre indique que le refuge de l'Église durant 1260 jours aura lieu en deux occasions différentes : l'un au cours de la guerre interne contre l'Église, et l'autre après que le dragon a été chassé [la guerre externe]. »

Cette citation du Père Berry est très importante, car le Père Kramer, lui, n'avait pas compris cela. Son commentaire de l'Apocalypse est le meilleur disponible, mais cet élément lui a échappé.

Dans le Secret de la Salette, Notre-Dame cherche à nous faire comprendre qu'il ne faut pas uniquement compter la période du règne de l'Antéchrist, mais la période préparatoire. Par conséquent, lorsqu'il est dit, au chapitre XI de l'Apocalypse, que « les gentils fouleront aux pieds la ville sainte pendant quarante-deux mois », il faut l'entendre de quarante-deux années sous le règne de la contre-Église, et quarante-deux mois effectifs sous le règne de l'Antéchrist. Ces quarante-deux années du règne de la fausse Église correspondent à la période de « plus de trente-cinq ans » dont parle Notre-Dame de la Salette.

Certains risquent de nous objecter : « dans ce cas, pourquoi Notre-Dame de la Salette n'a-t-elle pas dit ''quarante-deux années'' » ? La raison tient à ce qu'elle a voulu établir un lien entre les « trois temps et demi » de l'Apocalypse et ce délai de « plus de trente-cinq ans ». Le Secret de la Salette, tout comme l'Apocalypse, est rédigé sous forme d'énigmes.

Les Saintes Écritures comportent des durées convertibles, qui font partie du prophétisme hébraïque, comme on le voit avec les semaines d'années de Daniel, sur l'avènement du Messie. Ce ne sont pas des semaines de jours, mais des semaines d'années. C'est la même chose au chapitre XII de l'Apocalypse.

 

Le chanoine Weber, dans Les quatre évangiles réunis en un seul, le dit explicitement : « Le mot jour, chez les Juifs, ne signifiait pas seulement une durée de vingt-quatre heures, mais fréquemment une durée plus ou moins longue. » En Saint Luc XIII. 32, Notre-Seigneur annonce sa résurrection trois mois à l'avance : « Allez, et dites à ce renard : voilà que je chasse les démons et guéris les malades aujourd'hui et demain, et, le troisième jour, mon sacrifice se consomme. Mais aujourd'hui et demain, et encore le jour d'après, il faut que je marche. Car il ne convient pas qu'un Prophète périsse hors de Jérusalem. » Le chanoine Weber commente ce passage ainsi : « Il s'agit ici de mois [et non pas de jours] ; et Notre-Seigneur annonce que le troisième mois son sacrifice sera consommé. Nulle puissance n'en devancera l'heure. »

 

Cette remarque ne vaut pas seulement pour le terme de « jours ». Dans le prophétisme hébraïque, les unités de temps sont convertibles et peuvent symboliser des durées plus longues. Si l'on prend l'exemple de la prophétie de Daniel sur l'avènement du Messie, il s'agit d'une reprise de la prophétie de Jérémie :

 

Le prophète Jérémie avait prophétisé la désolation de Jérusalem durant 70 ans, et la fin de la captivité à l'issue de ce délai, suite au décret du Roi Cyrus autorisant le retour des Juifs et la reconstruction du Temple (Jérémie XXIX. 10).

 

Chez Daniel, les 70 ans deviennent des semaines d'années, soit 490 années avant l'avènement du Messie, qui vient libérer les hommes de l'esclavage du péché et donc de la captivité des âmes, comme le Roi Cyrus a libéré les Juifs de la captivité des corps.

 

Le Père Herman Bernard Kramer, dans son commentaire de l'Apocalypse, s'était interrogé sur la possibilité que les « 42 mois » du chapitre XI s'entendent en années ; mais il avait rejeté cette hypothèse, à cause de sa difficulté à distinguer le règne de la fausse Église et celui de l'Antéchrist ; contrairement à son devancier le Père Berry, il avait une compréhension un peu moins bonne de la notion de « prostituée » dans l'Apocalypse, qui désigne une parodie de la véritable Église.

 

Dans un autre passage de son commentaire, le P. Kramer commet la même erreur à propos de la durée de l'invasion des sauterelles au chapitre IX. Pour comprendre le contexte, il faut savoir que ce chapitre décrit l'avènement de la révolte protestante, avec son cortège d'hérésies...

 

Le P. Kramer écrit :

« Les ''cinq mois'' pourraient être transposés pour signifier cinq siècles, mais une telle interprétation serait irréelle et improbable ».

Contrairement à ce que dit le Père Kramer ici, non seulement cette interprétation n'a rien d'improbable, mais c'est la plus logique. À l'époque de l'apôtre Saint Jean, une invasion de sauterelles durait cinq mois ; c'était l'un des pires fléaux naturels, car ces insectes ravageaient les cultures. Comme l'explique le Père Kramer lui-même, il s'agit d'une allégorie représentant le fléau des hérésies protestantes, qui ont provoqué dans l'ordre surnaturel les mêmes ravages que ceux des sauterelles dans l'ordre naturel. De même que les sauterelles détruisent les moyens de subsistance naturelle des hommes, les hérésies protestantes ont détruit leurs moyens de subsistance surnaturelle, en s'attaquant aux sacrements, qui communiquent la vie de la grâce.

À partir du chapitre IX, on entre dans la période de la fin des temps au sens large, c'est-à-dire dans les derniers siècles de l'Église ; et l'Apocalypse dédie la moitié de ses chapitres à cette période, parce que c'est la plus dangereuse. Les « cinq mois » d'invasion des sauterelles semblent donc symboliser les cinq derniers siècles de l'histoire ecclésiastique, qui devaient voir la prolifération des hérésies et une profonde perte d'influence de la part de l'Église.

Sous l'Antiquité, une invasion de sauterelles durait typiquement cinq mois. De la même manière, les trois ans et demi mentionnés au chapitre XII de l'Apocalypse constituent la durée-type de toute persécution, comme sous Antiochus Épiphane ou lors de la dévastation de Jérusalem par les Romains. C'est la raison pour laquelle il est d'autant plus logique d'interpréter ces durées dans un sens symbolique.

Mais il ne suffit pas de savoir à quoi correspond le délai évoqué par Notre-Dame de la Salette ; encore faut-il déterminer à partir de quand elle le fait débuter. Quel est le point de départ du délai ?

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, il ne s'agit pas du concile Vatican II. Comme nous l'avons vu précédemment, la Vierge fait débuter ce délai à partir du moment où Dieu « abandonne les hommes à eux-mêmes » ; et cette expression renvoie à l'avènement d'usurpateurs sur le Siège de Pierre, qui ne possèdent pas l'autorité apostolique. Ces usurpateurs sont comparables aux faux pontifes de la crise maccabéenne, qui pactisaient avec l'envahisseur grec. Les faux pontifes de cette époque : Jason, Ménélas, Alcyme et Lysimaque, avaient dû leur ascension aux intrigues de la secte de Bilga, comparable à la franc-maçonnerie aujourd'hui. Nous revivons les mêmes événements, sous une forme différente.

Mais quel est le dernier pape légitime sur le Siège de Pierre, et de quoi la Vierge parle-t-elle lorsqu'elle fait allusion à un pape qui « souffrira beaucoup », au cours d'une « crise affreuse » ?

C'est ce que nous examinerons dans une prochaine vidéo.

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