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In Nomine Domini

In Nomine Domini

« Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité » (Jean XVIII. 37)


Suite de la controverse avec Adrien Abauzit

Publié par Jean-Baptiste sur 5 Juin 2021, 08:13am

 

Adrien Abauzit chez TV Libertés.

Ce n'est pas parce qu'on passe à la télé (dissidente) qu'on connaît la doctrine catholique 😁

 

 

Suite à ma controverse avec Adrien Abauzit sur facebook, notamment à propos de la doctrine de l'acceptation pacifique, ce dernier ne veut toujours pas reconnaître cet enseignement, et il est facile de deviner pourquoi, étant donné qu'il s'agit de l'une des objections inattaquables contre le sédévacantisme, et que j'ai déjà vu plusieurs sédévacantistes devenir modernistes ou grecs schismatiques lorsqu'ils ont pris connaissance de cette doctrine : tout simplement parce qu'ils ont constaté que le sédévacantisme lui était inconciliable ; et donc les uns ont reconnu Bergoglio, les autres se sont dit que la doctrine catholique était fausse.

Le cas le plus "comique" que j'aie vu était celui d'un sédévacantiste qui a fait une sorte d'amende honorable sur un forum traditionaliste, demandant pardon pour avoir contesté la légitimité de Wojtyla ou Bergoglio !

Mais j'ai vu aussi des discussions très intéressantes autour de ce thème, par exemple des sédévacantistes ont reconnu par eux-mêmes, sans aucune intervention de ma part, que l'acceptation universelle de Jean XXIII et Paul VI suite à leur élection était difficilement contestable (c'est peu de le dire), tandis que Wojtyla et ses successeurs, eux, ont fait l'objet d'une opposition massive de la part des vrais catholiques dès le début de leur pontificat, dans le contexte de la réforme liturgique.

Comme vous le savez, lorsque l'on évoque des sujets sur lesquels les gens sont en désaccord, les échanges sont souvent assez vifs, que ce soit dans le domaine de la politique, de la religion, et même à peu près n'importe quel domaine. Pourtant, de temps en temps voire assez régulièrement, il est nécessaire d'avoir de telles discussions : les oppositions d'idées sont une fatalité, une conséquence de la chute originelle...

Adrien Abauzit a de grosses lacunes, car il ne savait même pas que l'enseignement moralement unanime des théologiens faisait partie du magistère ordinaire universel ; et pour tenter de nier cette vérité, il me cite l'encyclique Mortalium Animos du Pape Pie XI ; or Pie XI n'a pas prétendu donner de définition exhaustive du magistère ! Son prédécesseur, le Pape Pie IX, dit bien que l'enseignement moralement unanime des théologiens fait partie du magistère ordinaire universel :

« Car, même s’il s’agissait de cette soumission qui doit se manifester par l’acte de foi divine, elle ne saurait être limitée à ce qui a été défini par les décrets exprès des conciles œcuméniques ou des pontifes romains de ce Siège apostolique, mais elle doit aussi s’étendre à ce que le magistère ordinaire de toute l’Église répandue dans l’univers transmet comme divinement révélé et, par conséquent, qui est retenu d’un consensus universel et constant [ou unanime et universel selon certaines traductions] par les théologiens catholiques, comme appartenant à la foi [ou à la morale]. » (Lettre apostolique Tuas Libenter à Mgr Gregor von SCHERR, archevêque de Munich et Freisingen, 21 décembre 1863, DS 2879)

 

Il en également question dans un article de Mgr Fenton, ou encore dans le manuel de Tanquerey :

"Le magistère ordinaire et universel est celui qui s'accomplit tous les jours à travers l'enseignement continu de l'Église parmi les peuples. Il inclut :

1. L'enseignement et les proclamations du corps des évêques.

2. La coutume ou pratique universelle associée à un dogme.

3. Le consensus ou accord des Pères et des théologiens.

4. La croyance générale des fidèles.

"Après la période patristique, les théologiens ont ordonné les doctrines contenues dans les Écritures et la Tradition, et les ont expliquées avec l'aide du raisonnement philosophique. Ces théologiens peuvent être considérés comme des témoins de la foi ou des docteurs privés. Ils ne doivent pas être méprisés, peu importe ce que les protestants, les modernistes ou d'autres leur reprochent."

AD. Tanquerey, A Manual of Dogmatic Theology, transl. by Rev. Msgr. John J. Byrnes, Desclee, New York, 1959, pp. 176-182.

 

En d'autres termes, les théologiens ont pris le relais des Pères de l'Église dans le rôle de l'explicitation de la doctrine, sachant que le Pape n'enseigne pas tout dans les détails ; et donc on doit parfois se référer aux théologiens pour plus de précisions, un peu comme le juriste qui se réfère aux décrets d'application pour mieux comprendre une loi.

La doctrine de l'acceptation pacifique fait bien partie des enseignements unanimes, au sens où tous les manuels de théologie qui en parlent la décrivent comme un critère certain. J'en avais même oublié un dans ma liste précédente :

Father Sylvester Berry, The Church of Christ; an apologetic and dogmatic treatise (1927)

Cicognani (Canon Law, 1947) ;

Le cardinal Billot (De Ecclesia Christi, Quaest. XIV Th. 29, § 3) ;

Le Père Smith (Dr Littledale's Theory of the Disappearance of the Papacy, 1896) ;

Le Père Connell (American Ecclesiastical Review, 1965) ;

Ferraris, qui était le lexicographe de l'Église de Rome, détail très important car il parle alors au nom de l'Église ;

Sylvester Joseph Hunter (Outlines of Dogmatic Theology, 1896) ;

Le cardinal Journet (L'Église du Verbe Incarné) ;

Dom Guéranger (L'anné liturgique, Vol XII, p.188)  ;

Ludwig Ott (Fundamentals of Catholic Dogma, 8-9; 299, 1953) ;

Wernz-Vidal (Jus can., II, p. 437, note 170) ;

Saint Alphonse de Liguori (Verità della fede, in Opere…, vol. VIII, p. 720, n° 9).

 

L'abbé Ricossa, dans le numéro 54 de la revue Sodalitium, reconnaît lui-même que tous les théologiens l'enseignent, mais il ajoute l'absurdité habituelle sur la Bulle de Paul IV, qu'il interprète totalement de travers :

« Ce qu'affirme Journet se retrouve chez presque tous les théologiens. Cette doctrine inclut une objection très grave contre tout sédévacantisme (y compris notre Thèse). L'abbé Lucien ne cachait pas cette difficulté(...). D'un côté, il rappelle que la Constitution Cum ex apostolatus du Pape Paul IV – qui, même si elle n'a plus de valeur juridique, reste toujours un acte du magistère – enseigne une doctrine contraire (la thèse de l'acceptation pacifique de l'Église comme preuve certaine de la validité d'une élection, est donc seulement opinion théologique). »

J'écrivais dans mon ouvrage de 2015 : « L'objection liée à la Bulle de Paul IV ne vaut rien, car comme nous le verrons, elle(...)ne se réfère pas à l'acceptation du pape par l'Église universelle, mais simplement au serment d'obéissance des cardinaux électeurs. »

Comme je l'ai expliqué dans mon article précédent,

la Bulle du Pape Paul IV ne dit pas qu'il puisse advenir qu'un hérétique soit reconnu par toute l'Église, elle dit qu'un hérétique peut être reconnu par tous les cardinaux !

Dans le monde francophone, j'ai été l'une des rares personnes à en parler, peut-être le seul ! Dans le monde anglophone en revanche j'ai vu même des sédévacanistes (plus prudents que nos français) se ranger à cette interprétation évidente.

Les termes de la Bulle sont sans ambiguïté : praestitam ab omnibus obedientiam, "la prestation d'obéissance rendue à lui par tous", ce qui se réfère à la cérémonie d'obédience des cardinaux dans la chapelle Sixtine (après l'élection du pape), et non pas à l'acceptation pacifique !!

Pour rappel, voici des vidéos de cette cérémonie :

Cette cérémonie d'obédience fait partie de la procédure de l'élection du Pape, il en question dans le Traité de Jérôme Bignon (publié en 1605), que j'ai pris la peine de lire, car contrairement aux laïcs, prêtres et même parfois évêques qui écrivent sur la crise de l'Église sans connaître la doctrine catholique et les éléments d'histoire pontificale ou ecclésiastique, je ne fais pas le travail à moitié...

On trouve également de belles illustrations dans l'ouvrage "La Rome éternelle".

J'en parle depuis 2015, alors pour l'amour de Dieu, amis sédévacantistes, arrêtez de répéter n'importe quoi comme des perroquets, sans tenir compte de mes écrits !

 

Adrien Abauzit pousse la mauvaise foi jusqu'à nier que la doctrine de l'acceptation pacifique se trouve dans les manuels que je cite.

Je ne connais qu'une seule personne qui ait poussé la mauvaise foi aussi loin (sur un autre sujet), c'est le prêtre sédévacantiste à côté de chez moi, quand je lui ai montré les papiers de Mgr Guérard des Lauriers attestant que ce dernier croyait à la survie de Paul VI, en publiant en même temps le témoignage de son chauffeur ; il a refusé de reconnaître la vérité. Par la suite l'un de mes amis a confirmé l'authenticité de l'écriture (il a connu l'IMBC et a vu des lettres originales de Mgr Guérard des Lauriers), et nous avons également reconnu qu'elle était vraie lorsque Louis-Hubert Rémi a publié sur internet un autre papier de Mgr Guérard (dans un domaine différent).

 

Nous allons donc donner quelques citations à Adrien Abauzit :

« La portée de l'infaillibilité se réfère aux vérités qui peuvent être définies par l'Église avec une autorité infaillible. Certaines vérités sont directement soumises à l'autorité infaillible de l'Église par leur nature même [les vérités contenues dans l'Écriture et la Tradition] ; d'autres seulement indirectement, en raison de leur lien avec les premières(...).

« Cette portée secondaire ou indirecte de l'infaillibilité inclut spécialement les conclusions théologiques (a), les vérités naturelles (b), et les faits dogmatiques (c) (...).

« Un fait dogmatique est une vérité qui n'a pas été révélée, mais qui est si intimement liée à une doctrine de foi que sans la connaissance de ce fait,  il ne peut pas y avoir de connaissance certaine de la doctrine considérée. Par exemple, le Ier Concile du Vatican était-il vraiment oecuménique ? Pie XI était-il un pape légitime ? L'élection de Pie XI est-elle valide? Ces questions doivent faire l'objet d'une certitude avant que les décrets prononcés par un concile ou un pape soient acceptés comme infailliblement vrais ou liant l'Église. Il est alors évident que l'Église doit être infaillible pour juger de ces faits, et partant que l'Église est infaillible aussi bien dans sa croyance que dans son enseignement, il s'ensuit que l'enseignement unanime ou quasiment unanime des évêques et des fidèles pour considérer un concile comme oecuménique, ou un pape comme légitimement élu, donne une certitude absolue et infaillible de ce fait. »

Sylvester Berry, The Church of Christ, 1927

 

« Évidemment, nous avons une certitude humaine [quant à la légitimité de l'élu du conclave]. Ce type de certitude exclut toute crainte prudente du contraire [l'illégitimité de l'élu du conclave]. Mais dans le cas du pape, nous avons un plus haut degré de certitude – une certitude qui exclut non seulement la crainte prudente du contraire, mais même la possibilité de la crainte du contraire. En d'autres termes, nous avons une certitude infaillible... C'est un exemple de fait qui n'est pas contenu dans le dépôt de la Révélation, mais qui est si intimement lié à la Révélation qu'il doit être du ressort de l'autorité magistérielle de l'Église de le déclarer infailliblement. L'Église entière, enseignante et croyante, déclare et croit ce fait, et pour cela il s'ensuit que ce fait est infailliblement vrai. Nous l'acceptons de foi ecclésiastique (et non divine), suivant l'autorité de l'Église infaillible. »

R. P. Francis Connell, American Ecclesiastical Review, December 1965

 

« L'inévitable jeu des passions humaines, interférant avec l'élection du Vicaire du Christ, peut probablement rendre incertaine, quelque fois, la transmission du pouvoir spirituel. Mais quand il est prouvé que l'Église, toujours en possession de sa liberté ou la détenant à nouveau, reconnaît comme le vrai Souverain Pontife un pape jusque-là douteux, cette reconnaissance précise est la preuve qu'à partir de ce moment au moins, l'occupant du Siège apostolique est investi par Dieu lui-même. »

Abbé Guéranger, O.S.B., L'anné liturgique, Vol XII, p.188.

 

« On doit, par exemple, donner pleine adhésion à la proposition suivante : "Pie XII est le légitime successeur de St. Pierre" ; de la même manière (et d'ailleurs si l'aspect suivant est une chose formellement révélée ce sera un dogme de foi) on doit donner pleine adhésion à cette proposition : "Pie XII possède la primauté sur toute l'Église". Car, sans évoquer la question de savoir à partir de quel moment il est prouvé que cette personne a été légitimement élue pour prendre la place de St. Pierre, lorsque quelqu'un a constamment agit comme pape et a été reconnu comme tel en théorie et en pratique par les évêques et par l'Église, il est clair que le magistère ordinaire et universel donne un témoignage absolument clair de la légitimité de sa succession ».

Van Noort, Dogmatic Theology, 1957

 

 

Maintenant, étant donné qu'Adrien Abauzit nie également le rapport entre la doctrine de l'acceptation pacifique et la condamnation des hérésies des Wyclif et Jean Huss au Concile de Constance (en sa forme approuvée par le Pape Martin V), il est temps de citer ces hérésies, puis le commentaire du Père Smith :

 

« Ce n'est pas parce que les électeurs, ou une grande partie d'entre eux, ont acclamé telle personne d'après l'observation des hommes, que cette personne est légitimement élue ; ce n'est pas pour cela qu'il est le vrai et manifeste successeur et vicaire de l'apôtre Pierre, ou dans l'office ecclésiastique d'un autre apôtre. Par conséquent, si les électeurs ont bien choisi ou mal choisi, nous devrions le croire suivant les œuvres de celui qui a été élu : car c'est pour la raison précise que quelqu'un agit selon le bien de l'Église d'une manière pleinement méritoire, qu'il détient cette faculté de Dieu »

- 26ème erreur de Jean Huss

NB : Notez que les guérardiens nient la légitimité de Paul VI, au motif qu'il n'a pas pourvu au bien de l'Église. C'est littéralement ce qui est écrit dans la thèse de Mgr Guérard des Lauriers.

 

« [Les partisans de Wyclif] croient-ils que le pape canoniquement élu, qui a vécu quelque temps, après avoir exprimé son propre nom, est le successeur du bienheureux Pierre, possédant l'autorité suprême sur l'Église de Dieu ? »

- 24ème erreur de Wyclif

 

Citons maintenant mon ouvrage, puis le commentaire du Père Sydney Smith :

« L'expression "qui a vécu quelque temps", dans la condamnation de la vingt-quatrième erreur de Wyclif, se réfère à l'acceptation pacifique par l'Église universelle. Elle signifie que, à l'exception des cas où le Souverain Pontife n'a régné que très peu de temps (par exemple quelques jours), le pape règne suffisamment longtemps pour pouvoir être reconnu par l'Église universelle, et donc pour que le caractère canonique de l'élection soit connu des fidèles. Ce n'est pas une interprétation purement personnelle de ma part, car le Père Smith l'a très bien expliqué dans un ouvrage publié en 1891 (Dr Littledale's Theory of the Disappearance of the Papacy, by Sydney F. Smith, S. J., Farm Street, Berkeley Square, W. London). »

Le Père Smith :

« Le principe qui vient d'être énoncé, à savoir que l'Église qui reconnaît un faux pape ne peut être qu'une fausse Église, loin de nous alarmer, nous indique le chemin sûr et facile dans le dédale qui nous est préparé. Il est vrai qu'une Église ayant reconnu un faux pape ne peut être une vraie Église, et pourquoi cela, sinon parce que la vraie Église ne peut reconnaître un faux pape ? Aussi, étant donné que nous savons pour des motifs certains et indépendants quelle est la vraie Église, tout ce qu'il nous reste à faire, c'est de nous interroger quant au pape auquel nous devons obéir, ou quant à un autre pape de l'histoire dont nous nous demandons si la vraie Église le reconnaît ou l'a reconnu ; si ce n'est pas le cas, nous pouvons savoir avec certitude, immédiatement et indépendamment de toute investigation historique détaillée, si le titre par lequel il a accédé au Siège de Pierre est valide ou non. De la même manière, s'il s'avère que la vraie Église s'est entièrement séparée d'un quelconque prétendant à la papauté, cet enseignement aisément acquis nous offre immédiatement la certitude qu'un tel prétendant n'avait pas un titre valide au Siège. Les seuls cas où l'application de ce principe est inutile sont ceux des papes dont les règnes furent si courts que l'Église universelle a difficilement eu le temps de donner des signes évidents d'adhésion ou de rejet, ou ceux des papes dont la vie a été trop courte pour montrer clairement si l'Église les a regardés comme légitimes ou comme des intrus. Mais ces exceptions sont rares et peu importantes ».

Autres citations : « Il est parfaitement clair que la grande majorité des papes(...), allant non seulement jusqu'au seizième siècle mais jusqu'à nos jours, ont reçu cette loyale adhésion et obéissance de la part de l'Église universelle, que Léon XIII reçoit actuellement, ce qui en soi est un signe si certain de la légitimité de son titre que nous pouvons même faire acte de foi qu'il est le vrai Vicaire de Jésus-Christ. Ce n'est pas une simple théorie, mais c'est la doctrine commune des théologiens catholiques, comme il apparaîtra suffisamment dans le passage qui va suivre, de Ferraris Bibliotheca, ouvrage de la plus haute autorité. Dans son article sur le pape (S.v. Papa, p. 949), Ferraris dit : il est de foi que Benoît XIV, par exemple, légitimement élu et accepté comme tel par l'Église, est le vrai Pape (doctrine commune parmi les catholiques). Cela est prouvé par le Concile de Constance, avec les décrets de la Constitution Inter Cunctos [sur la condamnation de Wyclif et de Jean Huss](...) ».

« On dira : "Oui, mais [Ferraris] parle seulement d'un pontife canoniquement élu, et comme tel accepté par l'Église ; son autorité ne peut donc être invoquée dans le cas d'une élection dont le caractère canonique est mis en doute" Toutefois, c'est une objection que Ferraris lui-même anticipe, et il y répond ainsi : par le simple fait que l'Église le reconnaisse comme légitimement élu, Dieu nous révèle la légitimité de son élection, le Christ ayant promis que Son Église ne sombrerait jamais en matière de foi ; or elle errerait dans une telle matière si ce principe était faux, car l'Église, en reconnaissant l'élu comme le vrai pape, le reconnaît comme une règle infaillible de foi ; tandis que [s'il n'était reconnu comme tel], il serait faillible ».

« L'Église ne peut errer lorsqu'elle reconnaît son chef. Elle ne peut pas plus reconnaître un faux chef, ni se séparer du vrai chef. Les motifs de cette affirmation nous ont été indiqués par Ferraris, mais il peut être utile de reprendre ses explications plus en détail. En vertu des promesses fondamentales de Notre-Seigneur, elle [l'Église] détient deux prérogatives : l'indéfectibilité et l'immunité contre l'erreur, ainsi que la présence permanente du Saint-Esprit, qui prévaut sur les mouvements du cœur et de l'esprit, et sur le cours des événements, afin d'assurer la continuité de ces deux prérogatives. Or le pontificat est un élément essentiel de la constitution de l'Église. Par conséquent, si le pontificat sombrait, l'Église perdrait ses caractéristiques essentielles et se révélerait non-indéfectible. Encore une fois, l'Église est préservée de l'erreur religieuse par sa dépendance à la voix infaillible de son Souverain Pasteur. Mais si elle pouvait errer en échouant à distinguer le vrai chef d'un faux, avec pour résultat de reconnaître ce dernier, elle serait désespérément exposée au risque d'errer dans la doctrine religieuse, en la recevant de lèvres fausses et dépourvues d'assistance [divine] »

 

Non seulement la doctrine de l'acceptation pacifique est enseignée par le Concile de Constance et par le magistère ordinaire universel comme nous venons de le voir, mais elle relève de l'évidence : pas de pape certain, pas de règle de foi certaine. S'il n'existait pas de moyen de connaître avec certitude la légitimité du pape, il n'y aurait pas de certitude sur son identité et donc son infaillibilité !

Comme vous le savez, depuis déjà plusieurs années, je fais moins de choses religieuses, car la plupart des catholiques sont d'une bêtise insondable ; alors à quoi bon se fatiguer ? Je suis malade depuis 10 ans, je suis las d'écrire pour des gens qui ne comprennent rien. Éric FAURE a raison : leur parler, c'est jeter des perles aux pourceaux. Je ne fais pas allusion à Adrien Abauzit particulièrement, car ce serait un manque de charité de m'en prendre à une personne, et sur certains points j'apprécie son travail, j'ai déjà regardé ses vidéos sur internet (il devrait se cantonner à la politique et à l'histoire !) ; mais le monde catholique, même dans nos milieux, est souvent d'une bêtise, d'une cécité surprenante.

Par exemple, certains croient que tout ce que dit le prêtre de leur chapelle, qu'il soit sédévacantiste, lefebvriste ou n'importe quoi, c'est la vérité universelle ! Je vais vous en donner une illustration abstraite, pour ne viser personne et ne risquer de fâcher personne : celui des "canonisations" de l'Église moderniste, une fois de plus. Typiquement, certains fidèles et certains prêtres vont regarder le dossier de la Fraternité comme quelque chose de brillant, au seul motif qu'il a été publié par la Fraternité : il a beau être d'une nullité surprenante, avec des erreurs quasiment identiques à celles des gallicans et des jansénistes (qui conditionnaient l'infaillibilité pontificale à la procédure), certains vont s'extasier devant ce papier simplement parce que c'est la Fraternité qui l'a publié : tout ce que dit la Fraternité, c'est la parole de Dieu. On peut faire le même  reproche aux sédévacantistes, avec les erreurs énormes de l'abbé Ricossa, Mgr Guérard des Lauriers ou d'autres, dont celle que je viens de mentionner au début de mon article...

Pour rappel, ce n'est pas la procédure qui fait l'infaillibilité d'une canonisation : l'infaillibilité vient de ce que l'acte est accompli par le Pape et qu'il intègre la discipline universelle (les prières publiques, en l'occurrence). Point final.

Ce sont les gallicans et les jansénistes qui conditionnaient l'infaillibilité pontificale au respect d'une prétendue "procédure", prétexte pour refuser d'obéir au pape.

Ainsi, dans un autre domaine, imaginons qu'un pape décide de définir un dogme, et qu'au lieu de recourir à la Bulle comme le font traditionnellement les papes pour les définitions, il recoure à une encyclique : ce serait une excentricité, mais cela ne ferait pas obstacle à ce que sa définition soit infaillible.

 

Je crois en avoir terminé avec cet article. Il est possible que j'aie oublié certains détails, si c'est le cas j'écrirai à nouveau, autrement le débat s'arrête là, l'ignorance me fatigue !

 

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